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Lorsque l'ecrivaine Ji-young Gong a entendu parler de cette affaire de pédophilie dans un établissement pour sourds-muets, elle s'est sentie obligée de mener l'enquête et d'entendre les témoignages des victimes.
Elle a alors découvert que tout avait été fait pour étouffer le scandale, dans un simulacre de procès qui refuse d'admettre le traumatisme des enfants et propose de l'argent aux familles.
Certaines des victimes étaient également handicapées mentales et toutes appartenaient à des familles totalement démunies qui n'eurent d'autre choix que d'accepter la compensation financière.
Pour redonner leur dignité à ces enfants maltraités et violés, elle choisit la littérature qu'elle estime capable de marquer durablement les esprits et de changer le monde.

Elle choisit de nous présenter Inho, chômeur venu de l'extérieur, devenu enseignant par hasard dans l'institution sans même connaître la langue des signes. A son arrivée, ce n'est pas le silence qu'il découvre, mais une nappe de brouillard, qui rend toute la ville aveugle. Les plus handicapés sont ceux qui refusent d'admettre la réalité, soit par conformisme, soit par corruption, soit par indifférence.
Dans ce monde aux accents kafkaiens, les bureaucrates et les institutions refusent d'assumer leurs responsabilités et il faudra la mobilisation des enfants et de quelques enseignants pour obtenir une couverture médiatique.
Si rien n'a été épargné aux enfants en terme de maltraitance, et l'auteure l'écrit explicitement pour mieux le dénoncer, ils possèdent cette sensibilité si précieuse qui manque aux adultes, coupables de les abandonner malgré leurs convictions.
Et Inho en paiera le prix, finalement repris par le brouillard.

Mais Ji-young Gong gagnera son combat, puisqu'à la publication du livre, une loi sera votée en Corée du Sud en 2011 , pour supprimer le délai de prescription pour les agressions commises sur des enfants de moins de 13 ans
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Je suis ravie que ce livre soit enfin traduit en français !  

Ce roman de Gong Ji-young est poignant mais aussi glaçant. Nous ressentons de la révolte, du dégoût mais aussi de la compassion. Il nous bouleverse par son histoire et par ce que le roman dénonce. Il est en effet inspiré de faits réels et nous plonge dans l'horreur vécue par de jeunes enfants malentendants : les agressions sexuelles et viols qu'ils ont subis dans une école privée par le principal et deux autres personnes. 

Nous retrouvons ici la plume très engagée de cette auteure coréenne qui met toujours en lumière des faits de société, des causes ou des combats importants pour elle (comme la peine de mort dans « Nos jours heureux » par exemple). 

Gong Ji-young dénonce ici plusieurs choses : tout d'abord les agressions en elles-mêmes, mais aussi la corruption qui sévit à tous les niveaux : les agresseurs ne sont pas tout de suite inquiétés puisque ce sont des personnes haut placées dans la ville, ils écopent de peines légères et continuent d'exercer malgré les horreurs qu'ils ont commises. Inho et Yujin se battent pour faire éclater la vérité et afin que les agresseurs soient punis, mais ils se rendent finalement compte que ce ne sont pas des choses faciles à réaliser. Ils se retrouvent face à des murs : face à la police corrompue, face à des habitants ne voulant pas croire que des « personnes aussi respectées et ayant beaucoup oeuvré pour la ville » puissent faire de telles horreurs, face à des avocats ou à des magistrats n'ayant d'yeux que pour leur carrière et prêts à tout pour avancer. 

L'auteure dénonce également la condition de ces enfants malentendants et des enfants handicapés mentaux : la mauvaise prise en charge au niveau éducatif (des professeurs ne connaissant pas la langue des signes), les mauvais traitements subis, le dédain auquel ils font face, le regard général de la société sur eux : ces enfants n'ont pas l'impression d'exister pleinement en tant que personne. 

J'ai été bouleversée par Inho et Yujin, ces deux belles personnes prêtes à tout pour aider ces enfants. Leur combat est admirable et nécessaire pour faire avancer la société. Yujin, cette jeune femme pleine de force et de courage, mène de front ce combat tout en s'occupant de ses petites filles, dont l'une d'elle à des soucis de santé. Difficile pour la jeune femme divorcée et ayant peu de moyens. Yinho quant à lui est très intéressant : personnage tiraillé par ces convictions d'un côté et par sa famille de l'autre, il a souvent des réflexions passionnantes sur la nature humaine et sur les devoirs d'un citoyen. 

Les petites Yeon-du et Yuri sont très touchantes et courageuses, elles forcent d'ailleurs le respect. 

Gong Ji-young a réussi avec brio à instaurer une ambiance très particulière, et ce dès le début du roman : Mujin, cette ville éloignée, plongée dans une brume épaisse, apparaît comme mystérieuse et inquiétante. L'école est elle aussi drapée dans la brume et se dérobe aux regards, nous donnant l'impression que ce qui s'y passe n'est connu de personne. L'école semble être un lieu inaccessible. 

L'ambiance est pesante, tout comme cette chape de brouillard, et il se forme une sorte de malaise, notamment dès les premières pages avec ce jeune enfant décidé à se suicider. Nous sommes tout de suite « plongés dans le bain ». Les chapitres sont courts, ce qui donne un récit haletant, comme pressé par les événements et par la gravité des choses. 

J'ai également beaucoup aimé cette boucle qui semble être bouclée, ou version plus pessimiste, l'impression de revenir à la case départ avec cette brume qui réapparait à la dernière ligne du récit. le roman s'ouvre et se ferme donc sur ce brouillard épais. 

Gong Ji-young nous prouve ici que la littérature est importante, elle porte des combats et permet de faire avancer les choses puisqu'ici la publication du roman et ensuite l'adaptation en film ont permis de remettre en lumière cette affaire de viol et de faire rejuger l'affaire (et augmenter les peines). 
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Ce roman de chez Philippe Picquier m'intéressait énormément depuis sa sortie, et c'est l'occasion pour moi de découvrir (enfin) la plume de Ji-Young Gong.
L'école Ja-ae a besoin d'un nouveau professeur, et c'est Inho – sur les conseils de sa femme – qui va accepter cette position. Lorsqu'il arrive dans cette petite ville coréenne perdue dans le brouillard, il n'imaginait pas que sa ville allait être bouleversée. Être professeur dans une école privée est déjà un grand changement pour lui, mais aussi parce que les élèves sont sourds et/ou muets. Il va devoir apprendre la langue des signes, à se rapprocher de ses élèves...
Mais sa vision du monde s'effondre lorsqu'il découvre que ces enfants innocents sont victimes de sévices et d'abus sexuels à répétition et depuis des années, par les personnes en charge de l'institution, et tout cela avec la complicité de membres de la police et de l'autorité.
Inho a peur : peur des personnes dirigeant l'école, peur de la police et du système, peur de se faire broyer... Mais il a surtout peur pour les enfants, et ce qu'il adviendrait d'eux si lui aussi ne disait rien. Alors, il va être le catalyseur d'un mouvement pour que la vérité éclate et que ces enfants trouvent enfin un peu de paix, et que leurs agresseurs soient punis.
Les enfants du silence est un roman tiré de faits réels : Ji-Young Gong nous parle de l'affaire de l'école de Gwangju Inhwa. Là-bas, un certain nombre d'élèves ont été violés et agressés sexuellement, et l'affaire a duré trop longtemps, et uniquement grâce à l'implication des familles, de certains professeurs, et d'autres personnes. Suite à cela, certains des coupables ont été jugés (certains plus sévèrement que d'autres) et l'école a fermée en novembre 2011. C'est suite à cela que la « Dogani Bill » a été adoptée : elle élimine le délai de prescription pour les crimes sexuels contre les enfants de moins de 13 ans et les femmes handicapées et augmente également la peine maximale d'emprisonnement à vie.
Cela ne va pas vous surprendre vu le sujet, mais Les enfants du silence est un livre très dur. Évidemment. J'ai eu le coeur brisé plusieurs fois devant le destin de ces enfants, devant la détresse de leurs familles et des enseignants qui ne savaient pas quoi faire pour les aider. Accomplir un acte pareil me révolte et me rend malade, c'est au-delà de ma compréhension. Les personnes qui ont violés ces enfants ont fait en sorte de ne pas être pris ou arrêtés pendant de (trop) longues années, détruisant d'innombrables vies. Car pour chaque enfant qui a témoigné, combien d'autres se sont réfugiés dans le silence, par peur, par honte ou sous la pression ? Ces enfants sont en plus porteurs d'un handicap, qu'ils soient sourds, muets ou les deux. Ces enfants ne pouvaient pas communiquer facilement, et quand ils le faisaient, on ne les croyaient pas. Rares sont les personnes qui ont osés porter cette affaire devant la justice, surtout avec les menaces et la corruption, mais il y a eu malgré tout un « mieux ». L'affaire a été portée au grand jour, il y a eu des arrestations, l'école a été fermée... Mais tout cela est-il suffisant pour aider ces enfants à se reconstruire ?
Les enfants du silence est bouleversant et déchirant du début à la fin, c'est une lecture que je recommande absolument. Mais le sujet très grave en fait un roman très dur...

(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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C'est suite à une critique élogieuse de ce roman (merci Fuyating !) que j'ai eu envie de le découvrir à mon tour.
Les enfants du silence c'est d'abord l'histoire (hélas vraie) d'enfants sourds placés dans un établissement spécialisé et subissant des agressions sexuelles de la part du principal et de deux autres responsables. Mais c'est aussi le récit de la dénonciation de ces actes et du procès qui suivra.
Les enfants du silence c'est également un récit bouleversant avec des passages à la limite du supportable. J'ai plusieurs fois été obligée de faire des pauses dans ma lecture pour faire redescendre la tension et le malaise que je ressentais. Pourtant très rapidement je reprenais le livre car j'avais envie de connaître la suite.
Lorsqu'on sait que grâce à ce livre et à l'émotion qu'il a suscité en Corée du Sud les peines des agresseurs sexuels ont été alourdies, on se dit que Les enfants du silence c'est aussi la preuve que la littérature tient une place importante dans notre société et qu'elle a le pouvoir de faire évoluer les choses. Elle permet de mettre en lumière des événements importants, des situations révoltantes et des comportements inacceptables qu'il faut faire changer. Un fort sentiment d'indignation m'a habitée pendant ma lecture et m'habite encore une fois le livre terminé. Il y a bien sûr les atrocités commises par des hommes sur des enfants handicapés mais il y a également le déni d'une partie de la population, le refus des autorités compétentes de s'impliquer et même la complicité de certains qui aident à camoufler les faits.
Au-delà du récit et du témoignage de l'auteure, il y a des qualités littéraires indéniables dans ce livre. Gong Ji-young réussit à mettre au service d'une noble cause son talent d'écrivain et c'est tout à son honneur.
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La littérature instruit, permet l'évasion et parfois dénonce.

Avec ce roman inspiré de l'histoire vraie d'enfants abusés dans une institution pour sourds-muets en Corée du Sud, les mots n'ont nul besoin d'être déguisés. C'est la vérité de la cruauté de l'homme et la sincérité des victimes qui nous bousculent. Les douleurs physiques et psychologiques sont extrêmes et le désarroi abyssal pour ces enfants rendus silencieux par les adultes et non à cause de leur infirmité. Car ceux qui sont sourds à la souffrance par cupidité, complaisance ou négligence sont, eux, handicapés du coeur. Dans ce récit, seul un professeur avec l'aide d'une amie engagée seront trouver le chemin pour redonner l'espoir à ces enfants. Parfois la communication n'a pas besoin de paroles pour toucher au coeur. le combat se révélera difficile mais aura le mérite d'avoir existé malgré la bêtise humaine et la corruption.
Une histoire scandaleuse et un roman particulièrement émouvant.
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Lors de sa parution en 2009, ce roman sud-coréen inspiré de faits vécus en 2006, a bouleversé une grande partie de la population. On y dénonce des abus sexuels perpétrés auprès de jeunes enfants sourd dans une institution privée qui devait leur livrer un enseignement académique. Cela était connu et se faisait avec la complicité de membres de la police et des autorités locales. Corruption, abus de pouvoir, viols et ça pour assouvir les besoins de pédophiles. Ça m'étonne toujours d'apprendre que des gens peuvent être si horrible avec des êtres sans défenses … Et dire que la réalité dépasse souvent la fiction !

Ji-young Gong a bâti son roman autour des témoignages qu'elle a recueilli auprès des victimes. Une lecture difficile ou rien n'est caché, âmes sensibles s'abstenir.
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Je venais de lire L'Echelle de Jacob, de cette auteure, et je voulais prolonger ma lecture dans son univers.
Les Enfants du silence est un livre très différent. Ici, quoique oeuvre de fiction, ou roman, il s'agit davantage d'une oeuvre documentariste. Les faits réels sont à la fois les instigateurs de l'élaboration de ce livre et ils sont présents à toutes les pages.
Le côté roman est très réduit. J'y mettrai le personnage du professeur par qui la vérité éclate mais qui par lâcheté, sauvetage personnel, ou familial, n'ira pas jusqu'au bout. L'auteur nous montre ainsi que la pureté n'existe pas, l'innocence non plus, surtout chez les adultes.
La réalité est là et on sait qu'il s'agit d'une "histoire vraie". Des enfants sourds voire aussi atteints de déficience mentale sont dans un centre spécialisé, honoré, financé, médaillé, dirigé par de gros pervers sournois qui violent atrocement ces enfants. Souvent issus de familles peu munies intellectuellement et financièrement. La situation décrite (vraie) est abominable. Abominable est un mot faible.
Puis, grâce à l'acharnement d'une jeune femme responsable du centre des droits (on notera que les autorités officielles de l'éducation nationale ne répondent pas, pensant surtout à leur carrière), le procès des bourreaux a enfin lieu.
L'auteur ne ménage pas ses efforts pour dénoncer la collusion, dans des conflits d'intérêts infinis, multiples, de la justice, de l'éducation, de la police, et des autorités territoriales.
Tiens, tiens, tiens... nous sommes en Corée du Sud dans les années 2010, mais cela résonne à mes oreilles, et me rappelle des histoires vraies, elles aussi, ici, en France.

La partie première du livre, ce qu'il se passe dans l'école, est décrite de telle manière que je n'ai pas trop été émue. Est-ce une volonté de l'auteur ? de rester froide, de décrire, durement ce qu'il se passe ? si c'est le cas, elle a réussi.
La deuxième partie, concernant le procès. Là, ce n'est pas l'émotion, c'est la colère, qui s'exprime contre un tel niveau d'injustice, une telle mascarade, une parodie du pot de fer contre les pots de terre. .
Et malgré ce beau livre qui rend hommage aux petites victimes, je vois tous les jours que les puissants restent impunis en Corée du Sud et ailleurs.
Merci à Gong Ji-young d'utiliser sa belle plume pour livrer ses combats contre l'injustice et pour plus d'humanité.




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Il serait naïf de croire que les livres peuvent changer le monde et pourtant, parfois, ils contribuent à l'améliorer. C'est le cas de Les enfants du silence, de Gong Ji-young, paru en 2009 en Corée du Sud, dont le retentissement a été tel qu'il a permis qu'une loi soit votée afin de durcir les peines pour les auteurs d'agressions sexuelles sur les mineurs et les handicapés. L'affaire dont s'est inspirée l'écrivaine coréenne est d'un sordide inimaginable, celle du viol répété d'enfants sourds dans une école privée, au vu et au su de toute une ville corrompue par l'argent. le livre est très documenté et ne lésine pas sur les détails les plus atroces, au risque d'écoeurer le lecteur. Il est certain que la romancière aurait pu sinon édulcorer, du moins faire preuve de moins de précision clinique mais il est évident qu'au moment de l'écriture, qui a dû être pénible, elle était animée par une colère sourde que l'on comprend facilement, notamment à cause du procès inique qui s'en est suivi et de la quasi impunité des tortionnaires. Malgré tout, Gong Ji--Young ne réussit pas tout à fait à mélanger les éléments de fiction, et notamment à faire vivre son personnage principal, autour des faits avérés. Il en résulte un certain déséquilibre dans le roman qui ne saurait cependant pas occulter la réalité, transcrite avec une crudité glaçante, qui explique sans doute que le livre a mis plus de dix ans à être traduit en français.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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C'est dans la ville de Mujin qu'Inho, tout juste arrivé de Séoul, va prendre ses fonctions de professeur au sein d'une école privée spécialisée. Les enfants sont sourds-muets, parfois même aussi handicapés mentaux. Peu de temps après sa venue, les élèves se confient à lui et il découvre avec effroi l'indicible.

Car les enfants sont victimes de mauvais traitements et d'abus sexuels répétés par la direction, sous couvert de la police depuis des années. Aidé de son amie Yujin, il décide de faire éclater la vérité. Mais les obstacles sont nombreux et la corruption gangrène la société coréenne.

Malgré l'appui des médias, le combat semble vain pour Inho et Yujin. En effet, les autorités sont toutes corrompues et les habitants de Mujin préfèrent fermer les yeux pour leur propre confort.

Basés sur une histoire vraie, l'auteure dénonce ici ces évènements tragiques qui se sont déroulés dans une institution en Corée. Son roman ainsi que l'adaptation cinématographique ont connu un fort retentissement dans son pays et ont permis de faire évoluer les choses puisqu'une nouvelle loi a été votée depuis.

Un récit révoltant, effarant, choquant et qui remue incontestablement. La plume fluide de Gong Ji-young nous ouvre les yeux avec cette lecture difficile mais nécessaire.

Un roman qui laisse sans voix.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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« Si on éliminait tous les humains de ce paysage, l'endroit serait un paradis, se dit-il. Un magnifique paradis…vide de sens. »

Le silence, il m'a habité longtemps après avoir terminé la lecture de ce roman. Roman écrit d'après des faits réels. Bien que j'aurais aimé que ça ne soit qu'une fiction, je dois me rendre à l'évidence, les horreurs racontées ici, elles se sont passées. Ce livre a marqué à vie la Corée, et il me marquera sans aucun doute de la même manière.

Nous suivons Inho, un homme au chômage depuis près de six mois dont la femme vient de lui dégoter un poste d'enseignant dans une ville de campagne, Mujin. Son épouse et sa fille restent à Séoul, il part seul. Dès le départ, rien de vas. Cet endroit est étouffé par la brume, qui semble prendre vie en se glissant dans chaque recoin. Une enfant qui disparait dans le brouillard, un autre qui se fait renverser par un train…L'école pour laquelle il va travailler est un établissement privé spécialisé dans l'enseignement des enfants sourds-muets. Inho a appris un peu de langue des signes mais il se rend vite compte que personne ici ne la maîtrise. Les autres enseignants lui crache de faire en sorte que les élèves ne fassent pas de bêtise, mais que de toute façon ils sont trop bêtes pour apprendre quoi que ce soit.
Lors de son premier cours, l'un de ses élèves est en pleurs. Inho apprend que son petit-frère vient d'être renversé par un train. Les enfants sont émaciés, leurs yeux dévoilent une colère mêlée de peur. Quelque chose cloche.
Un jour, une de ses élèves est absente. Il la retrouve le soir en train de se faire malmener par la femme en charge de l'internat. Horrifié, il la sauve de ses griffes et tout commence. Je ne vais pas tout vous dire mais il est question des crimes les plus odieux et inhumains qui soit : l'abus de pouvoir, le viol et la violence sur des mineurs, qui plus est, porteurs d'un handicap.

Ce livre a été un choc, plusieurs fois ma gorge s'est serré, tant l'horreur de ce que je lisais me choquait. Émotionnellement, j'étais à bout après avoir tourné la dernière page. L'injustice, la folie de l'espèce humaine, l'extrémisme religieux, la suprématie indécente de l'argent et du pouvoir étaient là, devant mes yeux. Heureusement, de magnifiques personnages vont se battre avec et pour ces enfants. Tout comme Inho, j'ai senti dans mon coeur un « immense bloc de glace se briser dans un vacarme assourdissant. »

Ce roman est paru en 2009 en Corée et il était grand temps qu'il soit disponible pour les lecteurs français. Plus que jamais, ce genre de lecture est nécessaire. Gong Ji-young raconte ces événements avec beaucoup de fragilité, de force et de justesse. L'autrice dévoile dans leur horreur brute ces immondices jusqu'à alors cachées.

Un roman qui nous rappelle à tous notre condition d'être humain doué d'empathie, dont l'existence est en partie définie par nos actions et notre pouvoir d'aider l'autre.

« Il ne fait qu'un avec ces enfants. Cela compte beaucoup pour lui. Alors qu'il est venu à Mujin à la recherche d'un gagne-pain, il se rend compte qu'une lumière brille en lui, une douce lumière qui confère de la dignité à son existence. »

Un roman à ajouter absolument à votre liste de livres à lire.
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