La ruse est myope : elle ne voit pas plus loin que son nez. Voici pourquoi elle tombe souvent dans le piège qu’elle tend aux autres.
Si ces lois et ces raisons ont été peu étudiées jusqu’à maintenant, c’est parce qu’un homme atteint d’amour à mieux à faire que de suivre d’un œil savant les impressions qui se glissent dans son âme, les sentiments qui le figent comme dans un sommeil, les yeux qui deviennent aveugles ; que de remarquer à partir de quel moment le pouls, puis le cœur commencent à battre plus fort, comment du jour au lendemain naît un dévouement jusqu’au tombeau, le goût du sacrifice, comment petit à petit le moi disparaît pour passer en lui ou elle, comment l’intelligence s’émousse ou s’affine d’une façon extraordinaire, comment la volonté s’adonne à la volonté de l’autre, comment la tête se penche, les genoux se mettent à trembler, comment viennent les larmes, la fièvre…
"Mais cette délivrance ne dura qu'un temps : il fallait bien guérir un jour, après quoi il avait de nouveau en perspective le travail quotidien. Ne pouvant le supporter, Oblomov donna sa démission."
Le coeur, quand il aime, a son intelligence propre, (...) il sait ce qu'il veut et devine ce qui va se passer.
Autrefois, on ne se pressait pas d’expliquer à un enfant le sens d’une vie compliquée et grave ; on ne l’ennuyait pas avec les livres qui font naître une multitude de questions, rongent l’esprit et le cœur, raccourcissent la vie.
Toujours, il faisait ses préparatifs, toujours il était sur le point de vivre, toujours il brodait son avenir des couleurs de son imagination ; mais à chaque année qui passait, il était obligé de modifier son plan et de laisser de côté un lambeau de sa broderie.
- Mais tant que les maitres jurent, ça va, reprit monotonement le même laquais. Que Dieu leur donne la santé, aux maitres qui jurent! C'est quand ils se taisent qu'ils sont redoutables.
- La vie, c'est une obligation, un devoir, dit Olga, et les obligations sont souvent pénibles, ce qui n'empêche pas qu'il faille les accomplir.
La société ne gagnait rien à sa présence , et ne perdait rien à son absence .
La famille des Oblomov avait jadis été riche… Seuls, les domestiques qui avait blanchi à son service se passaient les uns aux autres la mémoire fidèle du temps qui n’était plus, et la chérissait comme une relique.