Quand on ne sait pas pourquoi on vit, on vit n’importe comment, au jour le jour ; on se réjouit de chaque journée passée, de chaque nuit venue noyer dans le sommeil l’ennuyeux problème de savoir pourquoi on a vécu cette journée et pourquoi vivra-t-on demain.
Pour lui la vie était la vie et la science était la science .
peut-être Illioucha comprend-il déjà que son père ne comptera jamais les gerbes de blé qu'on a fauchées, et ne sévira pas s'il en manque, mais que par contre, si on tarde à lui donner le mouchoir qu'il réclame, il criera au désordre et mettra la maison sens dessus dessous.
...Illioucha restait donc à la maison, mélancolique, et, comme une fleur dans une serre, il grandissait sous verre, lentement, mollement. Et ses forces, qui pourtant cherchaient à se déployer, ses forces refoulées se fanaient...
La position allongée n'était pas pour Oblomov un besoin comme elle l'est pour un malade ou quelqu'un qui a sommeil. Ce n'était pas un hasard, comme pour un homme fatigué; pas non plus une volupté, comme elle peut l'être pour un paresseux : c'était l'état normal.
La vie quotidienne côte à côte ne se laisse pas vivre impunément ; il faut, de part et d'autre, beaucoup d'expérience, de logique, de cordialité, pour ne retenir que les mérites du compagnon, et ne pas se laisser blesser ou piquer par ses défauts.
A toutes ces lubies s'ajoutaient encore le retour d'une puérile timidité, la crainte d'on ne sait quel danger tapi dans sa vie quotidienne. Cela parce qu'il avait perdu tout contact avec le monde extérieur.
Même de nos jours, le Russe, au milieu de la réalité sans fantaisie qui l’environne, aime croire aux séduisantes légendes du passé. Et il se peut fort bien que pendant longtemps encore il refuse d’y renoncer.
Jadis vous étiez frais comme un jeune concombre, et maintenant que vous êtes toujours assis, Dieu sait à quoi vous ressemblez. Vous devriez vous promener un peu dans les rues, voir le monde ou autre chose...
Je veux bien que l'on dépeigne un voleur, une femme déchue, un imbecile berné, pourquoi pas ? Mais qu'on n'oublie pas, au milieu de tout cela, l'homme !
Il ne faut jamais désespérer : quand tout sera moulu ,il viendra de la farine .