le titre du roman,
le bal mécanique fait référence à un tableau de
Paul Klee, l'artiste apparaît comme l'un des personnages centraux de ce roman de plus de 600 pages. Bâti comme un puzzle ou une constellation, ce récit en deux livres (I et II, présent et passé) s'ouvre à chaque chapitre avec le titre d'une oeuvre, le nom de l'artiste et sa date de création. Ainsi, l'auteur évoque par exemple « Fontaine » de
Marcel Duchamp, plusieurs oeuvres de Klee, en passant par une vanité de Philippe de Champaigne, « La maison jaune » de Gabriele Münter, ou encore, « La piscine » de Hopper. Chaque oeuvre évoque un moment du roman, une phrase, l'évanescence ou la rémanence d'un souvenir, une fragrance, une musique.
C'est suite au décès de son père, artiste peintre réputé et à la découverte de la collection Gurlitt en 2014 (collection de toiles spoliées par le IIIe Reich) que le personnage principal, Josh, va chercher à démêler son histoire familiale qu'il imagine, au fil de son enquête, extraordinaire. Mais la fin du roman montre, une fois de plus, combien les ancêtres peuvent être sublimés alors que la réalité est souvent bien plus ordinaire, décevante ou tout simplement humaine. A travers cette enquête familiale et artistique, entre peintures et photographies, correspondance et voyages, les personnages et les histoires s'entrecroisent.
La première partie du roman se déroule aux Etats-Unis et en France, au 21ème siècle (un seul chapitre correspond au XXe siècle et à la guerre de Corée). Josh, ex-architecte, concepteur-animateur vedette d'une émission de télé-réalité et sa femme Vikkie, ex-psychologue, préparent les épisodes de leur émission. Ainsi, le lecteur assiste aux coulisses de l'émission, mais aussi au direct du plateau, aux soucis du monde de la télévision. Cette première partie est très jargonnante, truffée de références psychologiques et même biochimiques (testostérone, ocytocine et autres hormones) ou encore télévisuelle. le lecteur, à mon avis, peut ne pas vraiment trouver d'intérêt aux quatre premiers chapitres, à moins d'apprécier la télé-réalité. Fort heureusement, l'univers de la peinture apparaît au cinquième chapitre éveillant ainsi la curiosité du lecteur.
La seconde partie du roman est chronologique et se déroule en Europe, à travers l'Allemagne, la Suisse et même l'Union soviétique, de 1901 à 1937. Elle nous fait découvrir l'histoire de Théodor et Luise Grenzberg, ancêtres de Josh. Théodor devient marchand de tableaux et ami de
Paul Klee.
Ce roman dont la trame historique est réelle met en scène des artistes tels que Gropius, Hannes Meyer, Gunta Stözl,
Otto Dix mais surtout la vie au Bauhaus à Dessau où enseigne Klee. On assiste à la vie nocturne d'un Berlin d'avant-garde, juste après la Première guerre mondiale avec ses vies dissolues, la drogue et l'inflation, la vie artistique très riche et la montée de l'antisémitisme et du nazisme.
Ce roman, riche de références artistiques est très foisonnant et peut sembler parfois confus. Comme dans son troisième roman,
Les Simples, l'auteur veut peut-être trop documenter ses récits, au risque de perdre ses lecteurs. Il faudrait parfois, pour reprendre le jargon de la télé-réalité inhérent à ce récit « purger » les chapitres de son trop plein de bavardages et créer davantage de liens entre les multiples références qui, telles des pièces de puzzles, constituent le portrait de famille initial.
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