Ce n’est qu’avec le recul que l’on saisit la portée de ces petits évènements; que toutes les futilités de la vie prennent corps et vous poursuivent la nuit.
Je ne peux pas mourir. Pas déjà. Pas maintenant. Je n'ai pas le temps.
Ce n'est que lorsque les puissants médicaments cesseront de faire effet, lorsque les tubes et les machines auront été retirés, que nous saurons si notre Nadja nous reviendra ou si elle a disparu à jamais.
Bien sûr, le mieux serait qu'elle se réveille ; mais même la situation actuelle vaut mieux que de la perdre. Je préfère avoir une enfant branchée à des tubes aux soins intensifs que pas d'enfant du tout. L'équation est à la fois très simple et d'une incommensurable cruauté.
Nous étions une famille assez ordinaire et c’était une matinée comme toutes les autres, une matinée banale, l’une de ces journées auxquelles on n’attache aucune signification particulière avec la conviction qu’elles ne changeront pas le cours de notre vie. Simplement une journée de plus à supporter, à vivre.
- Les réseaux sociaux vont transformer notre société en profondeur. Ils vont nous transformer en profondeur. Et pas nécessairement en bien. Outre notre addiction aux likes, nous risquons de devenir de plus en plus passifs. Comment évolue notre vision du monde si nous expérimentons les choses à travers un intermédiaire au lieu de les vivre ? C'est un peu comme lire des informations sur la couleur bleue, mais ne jamais la voir. Nous vivons à travers une lentille d'appareil photo, il y a toujours une couche entre l'individu et la réalité. Une membrane. Je crois qu'il existe un risque que les nouvelles technologies nous abrutissent. Qu'elles procèdent à un lavage de cerveau et nous plongent dans une sorte de..
- De torpeur?
La vie traînasse, tel un vieil âne fatigué, mais la. Mort arrive en un éclair. La mort n'a besoin que d'une seconde, d'un mètre, d'un souffle.
Facile ? Tu te moques de moi ? Qui a dit que la vie était facile ? Et qui te dit que la voie la plus facile est la plus juste ?
Il m'a envoyé plusieurs SMS depuis que je l'ai insulté devant les enfants l'autre jour. J'ai reçu le dernier ce matin, lorsque je roulais vers Stuvskär après mon passage au commissariat. Il se prétend inquiet pour mon "âme immortelle".
Ma colère a été telle que j'ai manqué de jeter le téléphone par la fenêtre de la voiture. Non, mais pour qui se prend-il ? Mon âme immortelle ? La seule partie de mon corps qui intéresse Karl-Johan se trouve entre mes jambes et si j'ai bien compris, ce n'est pas là le siège de l'âme.
Ma mère parle toujours trop. On dirait que les mots jaillissent de sa bouche sans passer par son cerveau. Comme des oiseaux qui s'échappent d'une cage.
Pourquoi tout va de travers quand on s'efforce de faire de son mieux ?