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Citations sur Partir avant le jour (40)

Avec le temps, j'ai pu constater qu'appeler le diable est inutile, parce qu'il ne nous quitte jamais d'une semelle.
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Elle était lointaine parce qu'elle était belle. Entre elle et moi, il y avait de grands espaces. Un jour qu'elle venait de nous quitter, je me glissai à sa suite dans l'escalier et voyant son ombre sur le mur, j'y collai mes lèvres.
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Tous les hommes ont connu cet instant singulier où l'on se sent brusquement séparé du reste du monde par le fait qu'on est soi-même et non ce qui nous entoure.
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J'avais beau me dire que ma mère avait l'air de dormir. Les personnes endormies respirent. De même, c'était en vain que je chuchotai : " Maman ! " Elle n'entendais pas, je le savais et je savais aussi qu'elle était devenue une autre femme que celle qui me parlait naguère. Elle ne pensait plus les mêmes choses, elle ne me voyait plus, et plus je la regardais, plus elle m'apparaissait différente. Elle était devenue quelqu'un de majestueux comme une reine, séparée de moi par de grands espaces, absorbée dans une méditation qui demeurait secrète. Je chuchotai encore : " Maman ! " mais d'une voix si basse que même éveillée elle ne m'eût sans doute pas entendu. J'avais peur de la déranger. C'était cela, exactement : j'avais peur de déranger quelqu'un en train de réfléchir. Je crois que l'idée que je me trouvais devant une morte ne m'effleura pas. Je me trouvais devant une personne inconnue qui avait les traits de Maman et qui gardait une immobilité de pierre, mais qui ne faisait pas peur. La mort était venue dans la maison quelques heures plus tôt, mais à présent elle n'était plus là. Au bout d'un moment, j'appuyais mes lèvres sur le front de ma mère et sortis.
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Ils habitaient à trois, le père, la mère et la fille, une toute petite villa qu'un jardin étroit séparait de la route. Le père ressemblait à un blaireau en chapeau de paille. La mère, opulente personne, conservait les attitudes royales de la belle femme qu'elle n'était plus, hélas. Son teint approchait de la couleur d'un cigare. Toute sa dignité semblait avoir pris refuge dans un double menton sur lequel s'appuyait un visage immobile aux lourdes paupières cernées de bistre.
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Je fréquentais alors une librairie de la rue de la Pompe tenue par deux demoiselles qui m'avaient pris en amitié et me prêtaient des livres. Un volume de la collection Nelson sous le bras, je courais jusqu'au square Lamartine et là, assis sur un banc, je tournais les pages avec une avidité d'autant plus mystérieuse que je ne comprenais pas grand-chose à ce que je lisais, mais je comprenais quelque chose, et ce quelque chose me ravissait. Dumas père, Edmond About et Victor Cherbuliez étaient les trois auteurs que les demoiselles Chavanon jugeaient aptes à m'ouvrir l'esprit sans y verser de poison. Des titres me reviennent à la mémoire comme Le Comte Kostias, Miss Rovel, L'Aventure de Ladislas Bolski, Le Nez d'un notaire et bien entendu Les Trois Mousquetaires avec cette étrange histoire de Milady dont je n'arrivais pas à deviner ce qu'elle avait pu faire de si mal, mais dont le supplice m'intéressait. J'adorais lire un beau récit de supplice.
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Une nuit, vers 1911, je fus réveillé par le murmure que faisaient mon père et ma mère en bavardant d'un lit à l'autre, et je compris qu'ils parlaient de moi.
" Il dessine sans cesse, disait mon père. Tu as remarqué comme il tire la langue quand il est occupé. Quel drôle de petit bonhomme ! Je pense qu'il a un don.
- Il est sage, dit ma mère.
- Oui, mes ses notes en arithmétique sont effrayantes. Te rends-tu compte qu'il ne sait même pas faire une addition ? "
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Parfois, j'étais admis à aller voir un ou deux blessés en convalescence, mais je les quittais pénétré d'effroi. Ils étaient jeunes, ils me souriaient sans rien dire et, quand ils le pouvaient, me tendaient la main. J'essayais, sans y parvenir, d'imaginer que je pourrais me trouver un jour dans le même état. La guerre demeurait pour moi quelque chose d'incompréhensible, parce que j'avais gardé de mon enfance cette idée absurde que les aînés doivent nécessairement avoir raison ; or, la guerre était leur oeuvre, on peut même dire qu'elle était et qu'elle est encore le chef-d'oeuvre de la bêtise humaine.
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Un peu plus loin, à la laiterie, j'excitais la gaieté de la patronne en chantant ce que chantait ma bonne, Jeanne Lepêcheur : Par un soir de folie...
Ce sont les seules paroles que j'ai retenues. A peine savais-je parler.
Jeanne Lepêcheur était jeune et peut-être jolie. En tout cas elle plaisait. Je crois qu'elle devait m'aimer beaucoup, j'ai encore dans l'oreille le son de sa voix à la fois douce et un peu sourde : " Allez, viens, Joujou. Viens, mon gros Joujou." C'était ainsi qu'elle m'appelait et jusqu'à l'âge de quinze ou seize ans le nom me resta.
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A cette époque, mes parents et leurs enfants habitaient Le Havre. Ce fut ma mère qui se rendit au port pour accueillir Willie, mais il était changé au point qu'elle eut du mal à le reconnaître, et il y avait ceci d'effroyable, c'est qu'il était devenu à peu près idiot.
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