– Il m’a expliqué, j’ai tout noté, répond-elle en attrapant une feuille noircie de notes. Voilà, il faut allumer en appuyant sur le bouton vert, puis on clique sur la planète et on va taper sur le gogole. Et après on fait du surf sur l’oued.
Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants.
Chaque soir, en me couchant, j’effectue le même rituel depuis soixante ans : je prends mon épouse dans mes bras et je la serre en remerciant le Ciel de nous avoir mis sur le même chemin. On se souhaite une bonne nuit. Elle se blottit, je sens son odeur et mon cœur se met à bondir comme au premier jour. On ne prend jamais l’habitude d’aimer. J’ai compté, on a partagé ce moment vingt et un mille huit cent soixante-quinze fois. Ce n’est pas rien… Hier soir, mes bras étaient bien vides, et mon cœur encore plus.
"T'as le sourire de Mickey sous ecstasy à chaque fois que tu le vois ou qu'on te parle de lui."
Je crois de plus en plus que le bonheur est fait de petits bouts ramassés sur son chemin.
- On n'est pas morts, répond Pierre, mais notre vie est derrière nous.
- N'importe quoi! s'exclame Moundir. Mon arrière-grand-daron, il a cent deux ans, et mon petit frère, il est mort quand il avait trois ans. On peut pas savoir combien de temps ça va durer. La vie, elle est là, elle est pas hier, elle est pas demain...
L'eau est tellement froide qu'elle paraît bouillante, je vais me désagréger, on ne retrouvera que mes dents, des enfants les prendront pour des coquillages et s'en feront des colliers. Voilà, je vais terminer en collier. Sur ma tombe, on gravera "C'était un bijou".
Je préfère rire, je préfère vous faire rire. Parce que, voyez-vous, la vie est une histoire drôle. Sinon, qu’est-ce qui pourrait bien expliquer cette chute si absurde ? Ce n’est pas pour rien si l’acronyme de « maison de retraite » est MDR…
Rien ne ressemble plus à un vieux qu'un autre vieux, un peu comme les bébés ou les caniches abricot. Ils ont tous les mêmes cheveux - qu'ils soient vrais ou synthétiques -, le même dos voûté, les mêmes lunettes, les mêmes tremblements et les mêmes regrets plein la voix.
En remettant tout à plus tard, je m’assure qu’un « plus tard » aura bien lieu.