Lu en 1994, il éveille pourtant en moi un tas de souvenirs. Il est tellement ancré dans ma tête que je peux encore me voir assise, en train de le lire et vous préciser que c'était durant les vacances scolaires de 1994.
J'avais entamé ce livre en juillet, au moment où les températures avaient atteint des chiffres records (je ne vis pas aux Caraïbes, mais en Belgique et nous ne sommes pas réputés pour notre climat méditerranéen). Il faisait tellement chaud que tout le monde s'enfermait, tentures closes.
Dans la maison de mes parents (je vivais encore chez eux, à cette époque là), il faisait frais (merci les épais murs de pierre), mais moi, je m'étais installée dehors, à l'ombre ( il faisait très chaud, même à l'ombre), et je lisais le livre. Ou plutôt je le dévorais ! Au diable la canicule, le roman était trop bon et je ne voulais pas être dérangée durant ma lecture.
Ce roman est prenant et si vous le commencez, ne venez pas vous plaindre de ne pas réussir à la lâcher ! Oubliez aussi le film, il n'arrive pas à la hauteur du livre (mais ce n'est que mon humble avis).
Darby Shaw n'a rien d'une héroïne sans peur, ni d'un agent secret à la 007, c'est juste une brillante et opiniâtre étudiante en droit.
Pourtant, elle prend des risques pour résoudre cette affaire de double assassinat (mais pas dans la rue Morgue). On tremble pour elle, on croise les doigts pour qu'il ne lui arrive rien, bref, on s'identifie à elle.
L'auteur a su rester crédible avec son héroïne et ne pas en faire une Super Woman aux pouvoirs décuplés, sinon, le roman aurait foiré et la sauce n'aurait jamais pris entre Derby et les lecteurs.
Non, que du contraire, Derby est comme vous et moi, sauf qu'il lui arrive des trucs... peu banals.
C'est quand même elle qui établira un lien entre les deux assassinats des deux plus hauts magistrats de la Cour suprême et qui, avec l'aide d'un journaliste du
Washington Post, défiera un ennemi invisible aux moyens illimités, un gouvernement soucieux d'étouffer l'affaire et des tueurs prêts à la liquider au premier faux pas.
Oh, ce n'est pas rien, vous savez ! Moi, confortablement installée dans mon fauteuil de jardin, sous une chaleur écrasante, je n'ai rien d'autre à faire que de trembler pour Derby, mais c'est elle qui se tape tout le boulot et prend les risques.
Pour réussir ce type de roman là, l'auteur devait prendre garde de rester crédible aux yeux de son lecteur. Comme je vous le disais, le héros n'est pas Super Woman mais une citoyenne lambda, et, de ce fait, elle ne doit pas se comporter comme James Bond si l'auteur veut que le lecteur ait une chance de s'identifier au héros.
A ce niveau là
John Grisham s'en tire fort bien et le résultat est très convaincant.
Bon, entre nous et juste entre nous, Darby Shaw a tout de même une chance de cocue puisque, à chaque fois, c'est elle qui remarque qu'elle a les tueurs à ses trousses. La logique pure et dure aurait voulu qu'elle ne le remarquât pas. Gageons qu'elle a regardé tous les James Bond...
Ce point de détail est une broutille pour un roman qui m'a fait garder la tête bassée, plongée que j'étais dans ma lecture, au point que la neige aurait pu tomber sans que je le remarque.
Vous l'aurez compris, le livre se lit très bien, très facilement et tient en haleine le lecteur jusqu'au bout. de plus
John Grisham sait toujours faire apprécier pleinement sa connaissance du milieu des avocats.
La fin est aussi réussie que le reste et demeure vraiment rassurante dans le sens où tout est bien qui finit bien. Happy end, ça fait du bien, de temps en temps.
Finalement ce thriller de
John Grisham est diablement efficace et distrayant.