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3,92

sur 618 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ora marche sur les chemins de Galilée en compagnie d'Avram. Elle marche pour éviter la mort d'Ofer son 2ème fils.
Celui-ci après 3 ans d'obligations militaires vient d'être libéré en 2000 et a rempilé pour une opération d'envergure de 28 jours alors qu'il devait randonner avec sa mère pour fêter sa libération.
Elle marche pour ne pas rester immobile, pour n'être pas une cible, pour ne pas être retrouvée car « si on ne la retrouve pas, s'il est impossible de l'atteindre, alors Ofer ne risque rien. »
Elle parle aussi pour ramener Avram à la vie.
Pendant les 28 jours de leur périple dans des paysages splendides et sauvages, parsemés de tombes, stèles, plaques en mémoire de jeunes tombés au combat elle raconte l'histoire de 3 adolescents de 16 ans, Ora, Ilan et Avram qui se sont rencontrés alors qu'ils étaient à l'isolement dans un hôpital pendant la guerre des Six Jours; elle raconte l'état Avram quand il est revenu d'Egypte où il a été torturé puis son hospitalisation et ses interrogatoires par le Shabak. Elle raconte comment Ilan et elle s'en sont occupé et leur culpabilité face à Avram.
Elle raconte qu'elle les aimait tous les 2 mais a épousé Ilan
Elle raconte la naissance de son 1er fils Adam, puis celle du 2ème, Ofer, fils biologique d'Avram élevé par Ilan. Elle raconte pour que Avram connaisse Ofer, pour qu'il ne l'oublie pas.

Un chef-d'oeuvre. Une très belle écriture, très poétique qui mêle sans transition passé et présent.
800 pages en compagnie d'Ora. 800 pages dans la tête et le coeur d'une femme, ses peurs, ses regrets, ses doutes, ses espoirs … 800 pages qui témoignent de l'insécurité permanente dans un pays en guerre depuis si longtemps et des ravages sur les êtres.
Un livre complexe, puissant, pesant, poignant, sombre et lumineux …
J'ai cheminé en compagnie d'Ora, elle ne m'a pas quittée … rarement un livre m'a autant imprégnée.
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Plutôt que d'attendre la mauvaise nouvelle chez elle, Ora, femme solaire qui traverse et porte tout le dernier roman de David Grossman, est persuadée que les messagers porteurs d'annonce des soldats de Tsahal tués à la guerre vont bientôt sonner à sa porte –
Ora décide donc de partir. Partir pour faire une randonnée dans les montagnes de Galilée, randonnée qu'elle projetait justement de faire avec son fils Ofer, qui devait être démobilisé à cette période, mais qui a décidé de participer à une ultime opération militaire pleine de danger.
Dans son périple elle embarque Avram - un peu malgré lui - l'un des deux hommes qu'elle aime, tandis que l'autre, Ilian, qui a élevé leurs deux enfants, l'a brusquement quittée pour partir en Amérique du Sud avec leur premier fils Adam.

650 pages pour retracer une équipée maladroite, qui traverse les monts de Galilée, mais aussi récit, bribes par bribes, d'une vie de famille : Ora va raconter à Avram ce qui fait sa vie de tous les jours, et lui parler notamment d'Ofer, ce jeune homme de vingt ans dont Avram ne connaît rien jusqu'ici, mais qui est lié à Avram par un lien tout particulier qu'on va découvrir peu à peu.

Un fil se tisse entre eux deux jour après jour, comme celui qui relie leur itinéraire chaotique, sans but ni trace, mais aussi fil du récit où l'on découvre Adam tout petit, puis Ofer trois ans plus tard, et leur vie de famille à tous les quatre pendant que Avram, soldat de Tsahal, saisi par les troupes égyptiennes, subissait les pires tortures dans les prisons adverses.

Fil d'araignée aussi constituant une toile, qui pourra peut-être - si on y croit un peu - conjurer le sort et protéger Ofer tant qu'Ora parlera de lui. « Les souvenirs délicieux lui reviennent en force, par vagues, pleins de vitalité, insufflant la vie à Ofer, quelque part, là-bas."
Fil d'angoisse également, qui court d'un bout à l'autre de ce roman très puissant, où l'on s'attend à tout moment à entendre La mauvaise nouvelle qu'on pressent en permanence.

Une question taraude le lecteur. « A quel moment … ? » Quelques mots modestes à la fin de l'ouvrage explique que la littérature a anticipé sur la réalité : pendant que David Grossman écrivait son roman, son deuxième fils Uri, de l'âge d'Ofer, qui participait à une opération militaire au Liban, a été tué dans les tous dernier jours de cette guerre absurde.

David Grossman a-t-il trouvé la force nécessaire pour terminer son récit ? En quoi la brutalité de cette nouvelle a-t-elle influencé son écriture ?


On ne peut que s'incliner devant un tel livre. Reprendre le fil de l'écriture après une telle tragédie n'allait pas de soi. « Ce livre a été pour moi le moyen de choisir la vie » a-t-il dit dans une interview au magazine LIRE.

Et pourtant ce livre est tellement riche ! Il y a tout d'abord ce prologue où le destin des trois personnages principaux se scelle. Grossman sait magnifiquement décrire les errances de jeunes de 16 ans, comme il l'a fait dans « Quelqu'un avec qui courir ». Il y a surtout ce personnage extraordinaire d'Ora, femme universelle, personnage mythique et symbolique qui évoque les mythes grecs, dotée d'une force vitale ancestrale, qui défend seule face à ces trois hommes l'idée d'une société sans guerre ni violence, mais aussi de ce personnage d'Avram qui est un peu le double sensible d'Ora. Des personnages secondaires, comme Sami la chauffeur israélien, ont une présence incroyable. Et puis on est immergé dans la vie israélienne quotidienne : Grossman réussit à nous faire passer le courant d'angoisse qui court dans toutes les veines de chaque israélien dans l'attente d'un attentat. On découvre en effet peu à peu les troubles de cette société israélienne toujours perturbée par un sentiment de méfiance, d'inquiétude qui pousse à des réactions immédiates et non réfléchies.


Et puis il y a encore les paysages magnifiques lors de cette fugue en Galilée sur avec ces sentiers piqués d'euphorbes et de genêts.

Bien que le récit soit tout sauf linéaire (on passe de Ofer à l'âge de 20 ans à celui de sa naissance, puis à ses lubies de petit enfant et ses jeux avec Adam …) comme l'itinéraire sinueux suivi par Ora et Avram, l'écriture est si palpitante qu'on suit pas à pas ces deux personnages si attachants.
Et l'auteur réussit même à nous ménager une fin ouverte …


« Une femme fuyant l'annonce » est donc un roman très dense, riche de la tragédie vécue en parallèle par son auteur, qui illustre toute la complexité d'une famille juive et israélienne, qui essaie de préserver à tout prix la paix au milieu d'un climat de guerre, mais qui insiste aussi sur la beauté de la nature.
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Chef d'oeuvre. On vit cette randonnée, on plonge dans les souvenirs. on appréhende cette éventuelle annonce avec notre héroïne. Une histoire tout en sous entendus, des personnages brisés. un roman tout en délicatesse, un petit bijou
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Un beau roman sur la quête d'une Israélienne, mère de 2 grands garçons aptes au service militaire, qui tente de garder intacts ses souvenirs d'eux enfants et qui essaie de fuir les ardeurs militaristes de son pays lors d'une randonnée dans la campagne de Galilée en compagnie d'un amour de jeunesse.
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J'ai beau être un homme, je me suis vraiment retrouvé dans cette femme qui raconte sa vie, son mari, et qui cherche par un moyen peut être farfelue à préserver son fils engagé dans une intervention armée. La longue promenade avec le père de son fils qui lui fut capturer pendant la guerre du Kippour. J'ai vraiment apprecié le style. C'est un grand livre qui traite de plusieurs points de la vie en Israël.
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Dès le prologue, on constate une puissance narrative, David Grossman ne fait pas qu'écrire et conter, il transbahute son lecteur sur un terrain miné qui tord les tripes. Il ressort de chaque personnage une extraordinaire humanité, une sensibilité singulière, un esprit divin.
Je n'ai pu me détacher de ce chef d'oeuvre à la construction si parfaite qu'elle en est bien rare. Comment aborder le conflit Israélo-Palestinien sans tomber dans une gigantesque lourdeur ? C'est un homme ayant perdu son enfant tombé au Liban qui nous offre cette oeuvre colossale, sans trébucher dans le sentimentaliste, juste un hymne admirable, une éloquence de toute beauté. Un conflit abordé au travers d'une mère, Ora, fuyant de chez elle afin d'éviter l'éventuelle annonce des messagers de la mort alors que son fils s'est porté volontaire pour se battre, une manière de conjurer le sort ne pouvant se résoudre à l'attendre. Pas d'annonce, pas de mort. C'est en ayant le ventre lacéré par ses entrailles que débute une élégie maternelle lors de son voyage en Galilée avec l'un de ses amours de jeunesse, une introspection du destin de trois personnes brutalisées par un combat survivant dans la noirceur des sévices moraux et physiques.

Ora ou l'aura absolue, souveraine dans son royaume d'Israël fait de cendres et de poussières, d'une force admirable, les étincelles d'une souffrance immarcescible. de cette guerre qui consume, incendie les âmes, calcine les espérances jaillit ce roman flamboyant , éblouissant.

Un livre coup de poing monumental et d'une profonde maitrise dont on ne ressort pas indemne face à l'évidence que la guerre coule dans les veines, nourrit dès la plus jeune enfance ceux d'une « terre promise », mais à qui ?
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Comme je suis heureuse d'apprendre que David Grossman vient d'obtenir le prestigieux Man's booker prize.
Il est rare de lire un livre comme celui-ci... une chef d'oeuvre de littérature. Tout y est le style, la finesse, l'émotion, les sentiments, les impressions, l'histoire, les descriptions, les portraits...!
Ora, la belle Ora, qui cherche à fuir l'annonce de la mort de son fils est d'une générosité extraordinaire, tout en elle frisonne, raisonne. "Elle n'avait pas la force de jouer les héroïnes". Hors des murs de la société, sac à dos sur la montagne en Galilée, elle part avec Avram, l'homme de sa jeunesse. Durant leur périple, elle peut se laisser aller aux souvenirs, à la colère, à la tristesse, à la compassion. Elle soliloque. Elle cherche dans son intimité le pourquoi, la raison. Les voix off sont là pour laisser la place au deuil.
Nous la suivons intimement à travers les paysages magnifiques de ce pays. Ora, au plus près de la nature, crapahute pour mieux s'entendre.
De ce périple, elle sortira en sachant mieux appréhender et apprivoiser ce deuil.
Un livre où chaque phrase semble être un chef d'oeuvre.
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Un chef d'oeuvre total. Un chef d'oeuvre qui brûle, qui se consume d'actualité. Total car c'est à la fois une grande histoire d'amour, un Jules et Jim israélien et contemporain, une plongée dans un pays blessé et incandescent qui ne ressemble à aucun autre, une célébration de la maternité, une résistance obstinée au malheur et au destin. La scène d'entrée résonne comme un moment d'anthologie de la littérature. Confinés dans un hôpital, trois jeunes adolescents, Ora, Avram et Ilan se cherchent, s'approchent, se découvrent, corps et âme, et préfacent leur vie. Une vie de fractures, de fidélité, d'amitié, d'amour et de déchirures, de culpabilité, de retrouvailles et d'inquiétudes. Ora et Avram vivent enfin, à rebours et au mi-temps de leur existence, leur immense histoire d'amour, longtemps contrariée. Ils se trouvent et se retrouvent lors de cette longue randonnée en Galilée qui est à la fois celle d'Ora qui fuit l'annonce de la mort de son fils Ofer, lequel a décidé de prolonger son service militaire par une opération dangereuse dans les territoires occupés. Une randonnée qui offre à Avram, dont la vie a été brisée presqu'irrémédiablement par son arrestation et sa torture par les Égyptiens lors de la guerre de 1973, à la fois une renaissance et un apprentissage d'une paternité qu'il a toujours refusée. Elle lui offre une vie lui qui a perdu la sienne, qui a vu ses rêves terrassés par les horreurs et l'imbécillité de la guerre. Il apprend, par petites touches, à aimer ce fils, Ofer, qu'il n'a jamais vu et à vivre enfin l'amour d'une vie. Une mère et une père qui peu à peu partagent l'angoisse de perdre leur enfant. Un livre sur une femme mais aussi sur les hommes, sur l'amitié inouïe qui lie Ilan et Avram, le premier partant, au risque de sa vie, à la recherche du second en plein Sinaï, lequel se trouve à quelques centaines de mètres, perdu, seul, gibier désespéré, et pour lequel Ilan ne peut rien. Un livre d'hommes qui font la guerre parce qu'ils n'en ont pas le choix et qui en acceptent les codes et les innommables dérives, provoquant ainsi, dans la famille d'Ilan et d'Ora, une fracture finale. Les hommes d'un côté, la femme qui ne peut renoncer à, ses valeurs de l'autre. Et puis toujours, la peur des hommes d'être pères. La fraternité des frères, Adam et Ofer qui créent leur propre alphabet. David Grossman signe un magnifique roman sur les fractures : fractures entre deux peuples, fractures de couple, fractures intimes. Ora essaye de trouver la manière de les réduire et d'affronter la peur de chaque instant de voir par un attentat sa vie en éclats. Elle est l'image de la résistance, de la résistance humble et inflexible. Il y a de très belles pages au début sur sa relation avec Hassan, son chauffeur palestinien, à qui, mère avant tout, elle fait prendre des risques inconsidérés. En fuyant l'annonce, elle résiste à la noirceur du destin. En enlevant Avram pour qu'il la suive dans cette incroyable équipée, elle résiste à l'impossibilité pour lui de vivre un amour rédempteur et résiste à son refus obstiné d'être père. En n'acceptant pas les dérives de la guerre, le traitement inhumain et dégradant infligé presque par inadvertance à un vieux prisonnier palestinien et en faisant éclater sa famille, elle résiste au pire de la guerre. En passant des journées dans un bus, faisant des aller-retours entre son point de départ et son terminus, elle résiste à la peur de chacun et de chaque instant de voir sa vie éteinte par un attentat. En Israël, des romans peuvent être des plaies vives. Zeruya Shalev a été victime d'un attentat et David Grossman, pendant l'écriture d'Une femme fuyant l'annonce a perdu son fils dans la guerre du sud Liban. Leur écriture atteint alors un seuil inouï de gravité et d'intimité. Au moment où j'écris ces lignes, la situation en Israël est bien pire encore qu'elle ne l'était au moment de l'écriture du roman de David Grossman. Et pourtant, plus que jamais le message d'Ora, Ora'leh conserve sa puissance, elle qui indique une voie que peu admettent et qui est celle de l'humanité tout simplement, qui est celle de la conscience, de l'amour à l'état pur. Paul Auster la compare à Emme Bovary et à Anna Karénine et il a raison. Ora est plus vivante que tant de vivants. Ora, Ora'leh…
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Très (trop) gros livre, qui fait voir les Israéliens de l'intérieur.
Une femme préfère fuir de chez elle plutôt que d'attendre la nouvelle que son fils est mort. Elle part en randonnée avec le père de cet enfant, et pendant qu'ils marchent, c'est toute leur vie qui est évoquée.
C'est très psychologique, très réaliste, très intéressant, très profond. Mais le récit est déstructuré (comme les souvenirs, les pensées), et il y a peu d'actions.
Si le roman avait été un peu moins long, je l'aurais trouvé parfait !
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Tout a déjà été dit. Ce livre est définitivement ancré en moi tel une souffrance et un bonheur rarement atteints
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