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sur 1152 notes
La petite histoire
L'on se trouve au fond des bois avec une femme en mal d'enfant et son mari bûcheron vivant chichement. Nous sommes en Pologne en 1942 pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un train passe régulièrement tout près,...un train de marchandises. Un jour un paquet est lancé comme une bouteille à la mer par une lucarne d'un wagon du convoi 49. Un précieux paquet enveloppé d'un châle et d'espoir. le début d'un bouleversement...
Mon avis
Un magnifique récit d'un conteur hors pair qui parle au coeur et aux tripes avec cette fable amère (ou à mère) et douce grâce à une plume juste et sensible. A mettre en réseau avec le bébé tombé du train de Jo Hoestlandt qui parle de Shoah, de camps d'extermination, d'amour filial, de vie et de mort, de guerre et de petits bonheurs.
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L'Amour qui règle ses contes

Pour évoquer encore l'holocauste auquel sa famille a payé un lourd tribut, pour dire la force des femmes avides de donner le lait ou simplement l'amour à la vie qui grandit, pour dire la force contagieuse de cet Amour qui pousse les hommes à l'espoir malgré tout, à l'oubli de soi jusqu'au combat parfois, pour enfoncer magistralement son clou Grumberg choisit la simplicité limpide du conte pour "adulenfants".

Son histoire de pauvre bûcheronne
qui accueille l'enfant
rejetée hors l'horreur par son père
en désespoir de cause
bûcheronne démunie prête à tout
mais pour du vrai amour
tombé du ciel ou d'un train d'enfer
son histoire à Grumberg
oh mon Dieu qu'elle est belle...
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Pauvre bucheron et pauvre bucheronne vivent dans les bois au bord d'une voie ferrée nouvellement construite sur laquelle ne roule qu'un train de marchandises. Parfois, à travers de petits barreaux, des mains font signe à pauvre bucheronne et jettent des bouts de papier. Mais pauvre bucheronne ne sait pas lire. Un jour, elle trouve un bébé dans la neige, juste au bord des rails.

Un conte pour raconter la déportation des Juifs. Cela pourrait sembler irrespectueux, c'est au contraire brillant. Ce petit livre d'à peine cent pages est un condensé d'humanité face à l'horreur de l'époque.
Court, percutant et émouvant sans une ligne de pathos. Une performance, une réussite.
Un livre qui devrait être lu dans toutes les écoles.

Vous l'avez lu ?

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Petit conte dont on devine la triste période.
Petit bijou dont on ne ressort pas indemne
petit livre qui se lit d'une seule traite et sans respirer. On retient son souffle de peur de bousculer un destin déjà fragile.

un livre contre l'oubli aussi, à lire chaque année pour ne pas oublier l'horreur vécu par d'autres. Et pour plus qu'aucune mer n'ai à choisir entre ses deux enfants.
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Il était une fois.....et tout peut arriver, le mauvais comme le meilleur.
Aborder une tragédie humaine par le conte, c'est peut-être simple mais c'est efficace et remuant.
Tous les mots sonnent juste.
Il faut croire aux contes, ils sont vrais.
Pour la jeune génération blasée par cette histoire ressassée d'un massacre, je me réjouis que ce petit texte soit devenu une lecture scolaire pour cette mémoire précieuse à ne pas oublier.
Sans prétention en une centaine de pages, ce conte poétique nous bouleverse.
Comment avec des mots aussi simples pouvons- nous accéder à l'impensable?
Mélangeant la folie des hommes et sa plus simple humanité.
Réjouissons- nous d'avoie accès à ce superbe texte pour nous souvenir et espérer.


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L'écriture symbolique contemporaine est la source de mes lectures préférées. le centaure dans le jardin, le rapport de Broddeck, Épépé, La métamorphose, Little Big Bang ... le plaisir de construire du sens encore davantage que dans une lecture plus traditionnelle. L'impression d'avoir accès à une"vérité" plus grande, plus globale parce que symbolique et métaphorique. le conte de Grumberg est de cet ordre. Il raconte la shoah à travers un conte minuscule à la Grimm. Il en ressort que ce qui importe ce sont les liens que les gens tissent indépendamment de toute considération d'appartenance.
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Dans ce conte pour adultes, Jean-Claude Grumberg évoque avec subtilité et pudeur la Shoah qui a pourtant assassiné son père et son grand-père.
Pologne - Février 1943. du convoi 49 qui file à travers la campagne, une enfant est jetée par son père dans l'espoir fou de lui laisser une chance de vivre. Une vieille et pauvre femme la recueille. Inutile d'en dévoiler davantage…
Saisi(e) par l'économie de mots, vous serez happé(e) dès les premières lignes de ce récit. Je l'ai dévoré en à peine lus d'une heure, retenant mon souffle. Les destins croisés de la bûcheronne, de son mari, de l'enfant trouvé, de son jumeau et de sa mère, de son père… tout témoigne de la douleur mais aussi de cet indicible espoir qui habite certains d'entre nous, préservant la vie là où on la pensait perdue.
J'ignore comment l'on réussit à se construire dans une telle absence paternelle mais ce dont je suis sûre c'est que l'écrivain qu'est devenu Jean-Claude Grumberg possède l'écriture vibrante de la sensibilité des êtres forgés par les drames inconcevables de l'existence. Pudeur, sobriété, tendresse, densité et force concentrent dans ce conte bouleversant un hymne à la vie, à l'amour.
En prolongement, je ne saurais que trop vous conseiller l'album-phare de Ruth Vander Zee, « L'étoile d'Erika ». Il relate le destin poignant d'une femme, Erika, ayant réellement échappé par miracle à l'Holocauste grâce à sa mère. Prisonnière d'un wagon, elle décide et accomplit le geste, courage inouï, de propulser son bébé hors du train, vers la vie… L'auteure donne la parole à cette enfant qui a grandi.
Subtils. Forts. Inoubliables. Dans ma bibliothèque intérieure, ces deux chefs-d'oeuvre sont à jamais indissociables.
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Très vite lu mais qui reste en mémoire.
Une façon poétique, légère , naïve (c'est un conte!!) de parler de l'Horreur.
"Voilà la seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vie raie. L'amour, l'amour offert aux enfants , aux siens comme à ceux des autres. L'amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue."
A lire et à faire lire
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Je me demande souvent comment nous avons pu, nous civilisation humaine, arriver à un tel degré d'horreur et de barbarie. Sur notre planète, les êtres vivants, hormis l'homme, sont incapables d'exterminer en masse leurs semblables ou même, dit autrement, de ne pas considérer leurs semblables comme leurs semblables, qu'ils soient belliqueux ou pacifistes envers eux. Bien sûr le règne animal connaît son lot de cruauté, souvent conséquence de la loi du plus fort, règle implacable et froide qui dirige la nature. La mère délaissant son plus fragile rejeton, le félin jouant avec sa proie, les mâles tuant les petits qui ne sont pas les leurs, le viol au sein de la même espèce voir entre espèces différentes, l'infanticide, etc.

Mais jamais, dans ces situations que nous trouvons atroces, l'animal ne prend plaisir à ce qu'il fait, c'est son instinct qui parle. Pour assurer la reproduction et la pérennité de son espèce, tous les coups sont permis, et s'ils marchent, le succès se propage.

Alors évitons de minimiser involontairement nos actes en affirmant que la cruauté est dans la nature, celle que nous engendrons n'a rien de similaire. Elle est atroce parce que nous le voulons bien.

Vivre en sachant qu'hier, qu'aujourd'hui et que demain ces actes barbares continueront à proliférer parce qu'ils sont inscrits profondément en nous me saisit d'une tristesse qui n'a d'égal que la joie d'être avec les miens et de les chérir.

Le pire et le meilleur fait vibrer notre monde. Si seulement nous pouvions naturellement nous concentrer sur ce qu'il y a de meilleur en nous et délaisser le reste, j'aurai un peu d'espoir quant à l'avenir que nous offrons à nos enfants.

Aimer reste l'unique chose que les monstres ne peuvent pas nous prendre, ni sous la mitraille, ni dans l'horreur des camps, ni dans l'abomination des exterminations de masse.

Le petit livre de Grumberg est une pépite qui montre cela avec talent.
Lien : https://dartemisaupaysdesliv..
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Jean-Claude Grumberg est né en 1939. Il est dramaturge, scénariste et écrivain. Enfant, il a assisté à Paris à la rafle de son père et de ses grands-parents. Ils ont tous été déportés et ne sont jamais revenus. Ce traumatisme est présent dans toute son oeuvre.
Alors que nous venons de célébrer le soixante-quinzième anniversaire du débarquement et qu'une enquête de l'Ifop révèle qu'un français sur dix (oui, vous avez bien lu !) déclare n'avoir pas entendu parler de la Shoah, comment faire pour ne pas oublier ? Et si un conte était une des réponses, s'il permettait de convaincre que La plus précieuse des marchandises était l'être humain, quelles que soient ses origines, ses croyances.

Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n'est pas le Petit Poucet !
Pas du tout.
Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule.
Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s'abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale. La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.

Ainsi commence La plus précieuse des marchandises. le ton est donné, le contexte, posé. Ce conte, si tant est qu'il en soit bien un, débute dans un bois et se poursuit dans un camp de concentration. Il y a des bûcherons, mais aussi des nazis et ceux que l'on appelle "les sans-coeur", les juifs. Dans ce bois, il y avait un couple de bûcherons, très pauvres. Chaque jour, à l'orée de la forêt, la bûcheronne voit passer un train. Elle ignore ce qu'il transporte, ramasse les petits papiers jetés par les fentes des wagons, mais comme elle ne sait pas lire, elle imagine un monde merveilleux. Elle espère qu'un jour, quelque chose lui arrivera de ce train, peut-être de la nourriture. Aussi, quand un père transporté finit par comprendre quel funeste sort les attend, il prend au hasard un de ses jumeaux et, lorsque le train s'immobilise, lâche par la lucarne du wagon La plus précieuse des marchandises enveloppée dans un châle brodé d'or et d'argent. Pauvre bûcheronne qui n'a jamais pu avoir d'enfant récupère cette précieuse marchandise qu'elle considère comme un cadeau des dieux du train qui lui offrent le bonheur d'être enfin mère. Mais pauvre bûcheron comprend que cet enfant est de la race des sans-coeur.

Qui d'autre que Jean-Claude Grumberg pour avoir l'audace d'utiliser cette forme littéraire pour conter une telle horreur, pour dire l'indicible en une centaine de pages ? Il a l'art de la formule, il sait attirer l'attention par des détails qui confinent au merveilleux. La plus précieuse des marchandises est sinistre pour l'adulte, mais probablement très marquant pour l'enfant. Difficile de ne pas y voir une volonté pédagogique de son auteur pour contrer tous les sondages et rétablir une vérité de notre Histoire, n'en déplaise aux négationnistes.

Voilà, vous savez tout. Pardon ? Encore une question ? Vous voulez savoir si c'est une histoire vraie ? Une histoire vraie ? Bien sûr que non, pas du tout. Il n'y eut pas de trains de marchandises traversant les continents en guerre afin de livrer d'urgence leurs marchandises, ô combien périssables. Ni de camp de regroupement, d'internement, de concentration, ou même d'extermination. Rien, rien de tout cela n'est arrivé, rien de tout cela n'est vrai, affirme Jean-Claude Grumberg dans son épilogue. La seule chose vraie, vraiment vraie, ou qui mérite de l'être dans cette histoire, car il faut bien qu'il y ait quelque chose de vrai dans une histoire sinon à quoi bon se décarcasser à la raconter, la seule chose vraie, vraiment vraie donc, c'est qu'une petite fille, qui n'existait pas, fut jetée de la lucarne d'un train de marchandises, par amour et par désespoir, fut jetée d'un train, enveloppée d'un châle de prière frangé et brodé d'or et d'argent, châle de prière qui n'existait pas, fut jetée dans la neige aux pieds d'une pauvre bûcheronne sans enfant à chérir, et que cette pauvre bûcheronne, qui n'existait pas, l'a ramassée, nourrie, chérie, et aimée plus que tout. Plus que sa vie même. Voilà.
Voilà la seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vie vraie. L'amour, l'amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L'amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue.

Que dire après cela, si ce n'est, Vive l'amour !
La plus précieuse des marchandises est un récit à lire, à relire et surtout à offrir.
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