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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si Strasbourg, jusqu'alors, était considérée comme une ville où il faisait bon vivre et que le monde enviait, de terribles revers de fortune allait la plonger dans un terrible chaos. Essuyant durant quatre longues années des périodes de sécheresse, de grand froid ou de crues, la cité se trouve alors, en cette année 1528, démunie de ses principales ressources. Famine, maladies et désarroi touchent de plein fouet la populace... Parce qu'elle sait qu'elle ne pourra subvenir à son nouveau-né, c'est les yeux débordant de larmes qu'Enneline, la femme du graveur, le jette du haut du Pont du Corbeau. de retour chez elle, la voyant prostrée et accablée, celui-ci la rassure en lui disant que c'était la seule chose à faire. Non loin de là, Jérôme, attablé, vient juste de terminer son assiette. Son plat : sa petite fille ! Toujours assise, Enneline commence à taper du pied par terre. Puis, elle se lève, sort de chez elle et commence à danser sur la place, devant les yeux ébahis de son mari et de Jérôme. Ce dernier, accablé lui aussi, la rejoint sur la piste improvisée, bientôt suivi par d'autres hommes... Un "mal" qui va se propager de plus en plus et dont nombre d'instances vont se cogner la tête pour le soigner...

La danse serait-elle devenue, en cette année 1528, à Strasbourg, une véritable maladie qui touche de plus en plus de gens, aussi bien les femmes que les hommes ? Oui, à en croire les historiens qui recensèrent plusieurs manifestations importantes de manie dansante, aussi bien à Erfurt en juin 1237, à Aix-la-Chapelle en 1417 et en Alsace en 1417 et 1518 (au total une vingtaine d'épisodes entre 1200 et 1600). Une épidémie dansante dont les causes restent encore inconnues. En 2018, Jean Teulé reprend cet incroyable épisode historique dans son roman "Entrez dans la danse" qui, l'année suivante, sera adapté en bande dessinée par Richard Guérineau. Si ce fait divers, aussi incroyable qu'étonnant, nous laisse pantois, Guérineau y apporte une touche personnelle en y ajoutant une touche onirique et en transposant les délires visuels d'Enneline. Il dépeint parfaitement l'incompréhension des hautes autorités (qu'il s'agisse des médecins, des élus ou des religieux) concernant cette maladie et le choix expéditif d'y remédier. Graphiquement, le trait est maîtrisé et adroit, les décors en parfaite adéquation avec l'époque et des couleurs plutôt vives qui contrastent avec l'ambiance tragique et le drame à venir.
Un album à la fois passionnant et terrible...
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« Quand je pense qu'il y a quelques années, Erasme avait écrit à propos des Strasbourgeois : 'La discipline des Romains, la sagesse des Athéniens et la sobriété des Spartiates.' » (p. 23)
Plus rien de cette dignité en 1518 dans la population, chez les 'gueux' (sic).
Après quatre années d'intempéries à Strasbourg, les habitants souffrent de la faim, au point de noyer les bébés pour abréger leurs souffrances, et de manger leurs enfants. Un mal étrange gagne ensuite certains : ils dansent, de manière frénétique et incontrôlable, des jours durant.
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Les grandes instances sont perplexes.
Un médecin est formel : il ne s'agit pas d'épilepsie. Pas non plus d'hystérie, réservée aux femmes. CQFD.
L'astrologue ne se mouille pas, expliquant les faits par une « mauvaise conjonction des astres, un néfaste alignement des étoiles ».
L'église sait comment y mettre un terme : « des chaussons de fer chauffés à blanc, ça va les calmer. » Car chez ces gens-là, monsieur, on ne réfléchit pas, on menace, on punit, on fait payer. « Chercher à comprendre constitue une atteinte blasphématoire à la sphère divine ! » Soit...
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L'album est signé Richard Guérineau, "d'après Jean Teulé".
Je ne sais pas s'il a repris certaines des phrases du texte éponyme, mais on reconnaît la patte de Teulé : anecdotes historiques et cruelles, anti-cléricalisme - ceci illustré de scènes et de propos crus, qui allègent le côté dramatique, mais dont l'accumulation est lourde dans certains romans.
L'inscription de cette page d'Histoire dans des menaces de guerres de religions (musulmans au sud, et luthériens à l'est) est également intéressante.
J'ai admiré le dessin de Guérineau : traits fins, jolis visages, sens du détail, reconstitutions réalistes d'une ville médiévale et de sa cathédrale, couleurs expressives.
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La naïveté des 'experts' et l'approximation des remèdes proposés auraient pu m'amuser il y a encore moins d'un an. Hélas, on voit que la médecine et les dirigeants (politiques aujourd'hui, religieux au XVIe siècle) sont tout aussi désemparés lorsque survient une nouvelle maladie, mais n'en imposent pas moins leurs idées fantaisistes.
Le parallèle se précise et le malaise s'accroît avec cette formule proche du 'quoi qu'il en coûte' : « Ça coûtera ce que ça coûtera à la municipalité, mais il ne faut pas qu'ils crèvent de faim ! »
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J'ai aimé deux personnages en particulier : Melchior Troffea, amoureux attentionné, et le 'maire' (Ammeister) qui s'oppose habilement à un évêque bien assis sur sa fortune tandis que la population crève de faim.
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Merci aux auteurs de BD qui adaptent avec talent les intrigues de Jean Teulé - je n'ai plus le courage de lire ses romans, trop lourds, trop crus, souvent à vomir (les tortures dans 'Je, François Villon' et 'Darling', pourtant mes deux préférés).
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Cette contagion ( ? ) a réellement existé en 1518 à Strasbourg, ville du SERG à l'époque. Les récoltes sont mauvaises trois ans de suite. La famine et les épidémies sévissent. Enneline, femme du graveur Troffea, se met à danser dans la rue sans raison, et sans s'arrêter. Petit-à-petit, d'autres Strasbourgeois mourant de faim dansent sans discontinuer. Au bout de 15 jours, l'ammeister (échevin ) réunit des autorités pour statuer sur les danseurs. Les médecins et l'évêque ne sont pas d'accord : épilepsie ? action du diable ?
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Cette BD de Richard Guérineau, dont j'adore le graphisme, est tirée du roman historique du même nom de Jean Teulé, dont je reconnais "la patte".
Ce phénomène est la danse de Saint-Guy, je ne le connaissais pas. Les médecins n'ont pas trouvé l'origine de ce mal, qui a fait à Strasbourg entre 400 et 2000 victimes. Cette danse, appelée aussi chorée, et qui a été déclenchée dans quelques villes à différentes époques entre 1200 et 1600, avait un rapport avec Saint Guy, soit une guérison miraculeuse, soit des déclenchements autour de la date de la Saint Guy.
On ne connaît pas ce qui provoque les symptômes ( nourriture ou autre ? ).
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Ce qui est intéressant, c'est que les auteurs accentuent à peine l'avidité de l'évêque à grosse bague, avide d'impôts et de simonies, alors que le peuple crève de faim.
Sur ce, nous avons les affiches placardées par les partisans huguenots de Martin Luther qui dénoncent les abus de chantage financier des autorités catholiques ( pas de rachat financier de vos péchés, pas de paradis ! ), phénomène dont se sert l'ammeister pour rabattre sa superbe à l'évêque.
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Bref, un bon moment passé avec cette BD offerte pour mon anniv par nos enfants :)

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En 1518, à Strasbourg, plusieurs dizaines de personnes ont été victimes d'une étrange épidémie, appelée 'fièvre dansante'. Elles étaient prises d'un irrépressible besoin de danser, ce qu'elles firent sans arrêt pendant plusieurs jours, parfois jusqu'à l'épuisement ou l'arrêt cardiaque. Cette épidémie reste encore inexpliquée, bien que des phénomènes comparables aient sporadiquement été observés ailleurs.

Ces fait ont été repris par Jean Teulé, à sa façon, avec « Entrez dans la danse ». Et sa façon, c'est un style remarquable, des récits cash et très trash.
Bien que n'ayant pas lu le roman, je devine qu'avec cette BD qui s'en inspire, Richard Guérineau est resté fidèle à son esprit.
Le haut clergé catholique y est fidèlement décrit - intolérant et motivé par le gain - et les détails cruels, tristes, scabreux sont très présents.

Les dessins et les coloris sont très expressifs, tant pour les décors que pour les personnages. Les mouvements de ces derniers sont remarquablement restitués.

Cette BD m'a donné envie de lire l'ouvrage de Jean Teulé, dont la qualité d'écriture ne m'a jamais déçu (et aussi de découvrir l'oeuvre de Guérineau).
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Pauvreté, famine, mort qui rôde et qui est donnée, folie. Voilà l'enchaînement de départ de cette histoire, avec la particularité que cette folie s'exprime par une danse sans fin, une transe qui prend peu à peu tout ceux qui ne peuvent plus supporter la vie. Les autorités politiques ne savent pas comment gérer la situation. Les religieux y voient une marque du diable. Les avis des médecins sont circonspects. Les proches des "danseurs" ne savent pas quoi faire pour sauver ceux qu'ils aiment. le dessin est très réussi, souligne les corps souffrants (le peuple) et repus (les autorités). L'impuissance face à l'incompréhensible, l'irraisonné, structure ce récit, et l'on comprend peu à peu que tout cela va peut-être mal finir. A vous de découvrir comment les pas de danse s'arrêtent.
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Jean Teulé s'est inspiré d'un épisode historique réel, qui m'était totalement inconnu jusque là.
Au moyen-âge, dans des conditions d'extrême famine, la population d'un village fait face à un phénomène très étrange. Suite à un choc émotionnel, causé notamment par la perte d'un enfant ou d'un proche, une partie des habitants du village se mettent à danser sans pouvoir s'arrêter ni se contrôler.

Face à ce phénomène, deux visions s'opposent, la Médecine qui prône la danse jusqu'à l'épuisement, et la Religion qui prône la mise à l'écart des danseurs, prétendument possédés par le Diable.

Beaucoup de sentiments se mélangent, le desespoir, l'incompréhension, la colère. Rien n'est expliqué à la fin, on comprend juste que la mère de famille, la première touchée par ce phénomène, a sombré dans la folie et que c'est peut-être "mieux " que de vivre dans l'horreur de voir ses enfants mourir les uns après les autres.
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1518, la famine touche durement la vile de Strasbourg. Enneline, la femme du graveur, comme tant d'autres avant elle, se dirige vers le Pont du Corbeau du haut duquel elle va jeter son nouveau né dans les eaux faute de pouvoir le nourrir. Cette situation fait partie du pire car certains se sont même nourris d'êtres humains, la population a touché le fond et pourtant rien n'augure ce qui va arriver. Enneline pris d'une sorte de folie sort de la maison et se met à danser sur la place devant son mari et d'autres habitants étonnés par tant de laisser-aller, pourtant elle sera rejointe peu à peu par de nombreuses personnes. Dansant sans s'arrêter même devant les injonctions religieuses et les tentatives de solution des autorités.
Une folie qui ne trouve d'explications nulle part.

N'ayant pas lu le roman éponyme je découvre donc ce récit qui m'a paru tendre vers le fantastique alors qu'il est issu d'un fait divers bien réel. Une épidémie de danse qui toucha toute une ville et reste inexpliquée, voilà une histoire qui pourrait être captivante mais ma lecture s'est faite plus par curiosité que par véritable enthousiasme. Les dessins illustrant les mots de Jean Teulé par contre sont complètement envoûtant et c'est ce qui a sauvé ma lecture, la mise en scène de ce drame de façon presque grotesque s'adapte parfaitement à ce que j'aurais imaginé à partir du texte. 
​​​​​​​Je suis toutefois un peu déçue par la narration attendant à chaque page une tragédie qui n'arrive qu'en bout d'ouvrage et est à peine perceptible. Un récit difficile à comprendre alors pour apprécier cette BD il ne faut pas trop aller chercher une quelconque explication et rester spectateur d'une folle danse qui dura plusieurs jours.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Ceci est une BD tirée du roman de Jean Teulé. Je n'ai pas lu le roman mais j'imagine qu'il doit bien le refléter car j'ai trouvé que la BD entrait bien dans le sujet, je n'ai pas eu l'impression que c'était survolé. J'ai bien aimé le personnage du maire, un homme gentil et proche de ses villageois et qui a pour seul désir que ceux-ci retrouvent une vie normale. Dans ce village, il y a un couple, dont la femme est prise par ce mal et dont le mari ferra tout pour la sortir de ce sortilège. Les personnages sont attachants et l'histoire surprenante.
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J'ai passé un bon moment avec bande dessinée "Entrez dans la danse". J'ai trouvé l'histoire originale et ai beaucoup aimé les dessins et les couleurs. J'ai aimé plonger dans ce morceau d'Histoire qui met en avant le cynisme de l'église par rapport à la famine qui décime la population. Quelle sombre époque, mais quel bel exutoire celui de la danse !

Bien entendu, mon avis est celui d'une personne qui n'a pas lu le livre original. Si cela avait été le cas, peut-être que mon ressenti aurait été différent.

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