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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me suis lancé dans cette lecture pour deux raisons.
Une bonne : Hoang le Nguyen propose sur une plateforme controversée une série de vidéos très instructives et assez pointues sur les mathématiques, l'algorithmique et l'informatique : science4all. Ce jeune homme dispense ses connaissances avec une bonne humeur et un enthousiasme assez rares pour ce genre de vulgarisation (enfin, il est quand même difficile d'appeler cela vulgarisation, c'est d'un bon niveau).
Une mauvaise : il y avait le mot intelligence, alors dans ce moment de crispation covidique, je me suis dit ...
Turing à la plage, c'est vraiment un bouquin sympa, même s'il manque la plage ! En huit chapitres, les deux coauteurs nous proposent un tour d'horizon des bases de l'intelligence artificielle telles que théorisées par Alan Turing au vingtième siècle.
La première partie du livre est une réflexion très intéressante et très ardue sur la notion d'algorithme (du mathématicien Perse Mohammed Al-Khawarizmi , VIII e siècle, latinisé en Algorithmi). Ce passage par les mathématiques est indispensable pour bien comprendre toute cette partie du livre et en rebutera plus d'un, qui préfèrera la plage et je comprends...
En gros : nos tâches habituelles cognitives ne nécessitent que la répétition de « programmes », d'enchaînement d'instructions simples conduisant à un résultat. Et, tenez vous bien, il est scientifiquement prouvé (par Turing lui-même) que l'on peut créer une machine capable d'apprendre des algorithmes et de les exécuter à la demande : c'est la « machine de Turing »
C'est là que cela devient intéressant : Turing et son mentor Church ont démontré qu'il existait des « machines de Turing » universelles capables d'exécuter n'importe quel algorithme typique d'une autre machine, pour peu qu'elle dispose des informations nécessaires. Un câblage (hardware) permettant de mettre en oeuvre tous les algorithmes (software). Un ordinateur me direz-vous ?
Mieux car dès 1950, il imagine des algorithmes qui se comportent comme des enfants : apprenant de leurs expériences, s'améliorant, résolvant des problèmes de plus en plus nombreux . . . On appelle cela aujourd'hui l'IA, l'intelligence artificielle.
Cette notion d'IA a embrassé des sens différents au cours du vingtième siècle : machine experte, capable par exemple de battre un maître au jeu d'échec, la définition la plus drôle étant celle de M. Mc Carthy : « Dès que ça marche, plus personne n'appelle ça de l'IA ».
S'ensuit 3 chapitres assez ardus sur les langages de programmation très très intéressants mais franchement réservés à des scientifiques car mêlant problèmes philosophiques et sémantiques à leur mise en équation logique. Ici, la plage, ce sont des galets pointus, ça pique !
Ceci débouchant sur la deuxième partie du livre, ouverte par « The question » posée par Turing lui-même : « Les machines peuvent-elles penser ? ».
Ecueil numéro un : que veut dire « penser » ? Ecrire un poème, jouer au go, reconnaître quelqu'un sur une photo ?
Ces chapitres, consacrés au « deep learning », à l'auto apprentissages des machines modernes, sont plus abordables et soulèvent les questions que chacun doit se poser à propos de cette intelligence artificielle avant qu'il ne soit trop tard.
Exemple : Les drones étatsuniens qui actuellement ne délivrent la mort que sous la commande active d'un brave soldat défenseur de la démocratie calfeutré dans un bunker au Kansas sont près d'être supplantés par des machines qui le feront « toutes seules ». Les enseignants, les médecins sont en passe d'être avantageusement (en terme de coût...) remplacés par ce genre de machines à la mémoire insurpassable et aux algorithmes toujours améliorés, capable d'oeuvrer avec distanciation physique (quelle aubaine ! )...
Ce livre ouvre le questionnement, mais aurons-nous le loisir de participer à l'élaboration d'une réponse ?
En littérature de science-fiction, Frank Herbert dans « Dune », avait ouvert la voie à une réponse qui me faisait sourire du temps où je découvrais la saga de Muad'Dib : le Jihad Butlérien. Ce n'était pas si incongru que cela finalement.
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J'ai lu naguère l'excellente biographie de Andrew Hodges consacrée à Alan Turing, le présent livre parut chez Dunod « Turing à la plage » n'est pas une biographie, mais un ouvrage utile pour réfléchir à la révolution attachée au développement de l'intelligence artificielle. Les idées de Turing en la matière servent de fil conducteur aux auteurs pour développer en 10 chapitres équilibrés l'essentiel des questions posées par les origines, le fonctionnement, les perspectives et les dangers liés à l'usage de l'IA en général. Les auteurs tous deux scientifiques de haut niveau rappellent les principes sur lesquels reposent le fonctionnement des IA et en dresse l'historique. Quelques concepts mathématiques et techniques ardus à comprendre pour le commun des mortels sont mis à la portée de tous : La notion d'algorithme, le théorème d'incomplétude de Godel, l'algorithme ultime de Hilbert, le fonctionnement d'une machine de Turing etc. Mais il ne s'agit pas seulement d'un livre qui décrit la technique et les principes scientifiques, il évoque aussi les problèmes philosophiques posés par l'usage de IA, les limites de leur développement et d'une manière très intéressante les auteurs comparent le fonctionnement du cerveau humain aux algorithmes sur lesquels s'appuient les IA. Il est mis en évidence les différences entre le langage naturel, qui conduit souvent à des quiproquos ou des ambiguïtés et le langage informatique utilisé pour communiquer avec les machines qui lui ne laisse aucune ambiguïté. L'analyse de la manière dont les IA réalisent leurs prouesses permet d'en savoir plus sur le fonctionnement de notre propre cerveau. Et si le cerveau n'était en fait qu'un instrument basé sur des interactions chimiques aptes à résoudre des problèmes complexes, mais très limités finalement par rapport à la capacité de calcul des ordinateurs qui grâce aux progrès technologique et scientifique pourraient un jour s'avérer supérieures en tout point aux capacités humaines ?

Jusqu'à une époque récente on avait beaucoup de mal à admettre la supériorité des machines sur le cerveau humain, il a fallu qu'un ordinateur batte le champion du monde d'échecs Garry Kasparov pour s'apercevoir qu'un seuil était franchi. Depuis des progrès immenses ont été réalisés. Aujourd'hui nous sommes forcés d'admettre la supériorité de l'intelligence artificielle dans de nombreux domaines. Cependant nous nous réfugions encore derrière un dernier bastion, la capacité humaine à créer, imaginer, réaliser des oeuvres d'art qu'il s'agisse de peinture de musique ou de littérature. Mais ce livre nous conduit à penser que ce pré carré commence à se fissurer de toute part et la prédiction de Turing nous inquiète « À un certain point, nous devons nous attendre à ce que les machines prennent le pouvoir ». Un chapitre est consacré au danger que représente l'IA pour l'humanité.

Un livre de plage pour bronzer intelligemment et se préparer à la révolution qui s'annonce.

Je regrette de ne savoir à qui adresser mes remerciements pour cet envoi anonyme qui ne comportait ni mot d'accompagnement ni bordereau d'envoi (Une intelligence artificielle ?).

— « Turing à la plage », Rachid GuerraouiLé Nguyèn Hoang, Dunod (2023), 207 pages.
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Pour la boutade, je déconseille vivement la lecture de ce livre à la plage… Si la collection de Dunod se veut vulgarisatrice, ce titre demande une petite connaissance de base (sur le vocabulaire au moins) et un minimum de concentration ; pas question de perdre le fil pour aller se baigner toutes les 10 minutes et la crème solaire indice 50+ est requise… Vos méninges vont chauffer.
Car il est question ici de mathématiques, d'algorithmes, de codage, de langage de programmation. Pleins de gros mots donc, d'idées, de théories, de théorèmes et d'hypothèses vraisemblables jusqu'à preuve du contraire.
Avant d'en arriver au robot - que l'on appelle IA de nos jours - les auteurs rafraîchissent nos savoirs en matière d'outils et de notions mathématiques : ce fut un moment délicat pour moi… Puis ils nous confrontent avec les champs des possibles générés par ces notions et ces outils. Et là, beaucoup de scénarios dignes de grands auteurs de SF peuvent éclore.
Au moment où ChatGPT fait les gros titres et que les IA de textes, de comptabilité, de création musicale, de création d'images, jusqu'aux IA de recrutement RH font frémir, il est grand temps de revenir aux fondamentaux.
Le tout n'est pas de rejeter le concept en bloc - d'autant que c'est impossible car les IA sont déjà bien ancrées -, mais de les comprendre pour en détourer les contours, et appliquer, en toute connaissance de cause, son libre-arbitre.
Cet ouvrage peut être inquiétant. Il est aussi extrêmement instructif et nous amène à réfléchir non plus en termes d'algorithmes (quoique…) mais en termes d'éthique et de philosophie. Bref, une révolution est en cours…
Et ce texte a été rédigé par mes petits doigts et ma petite tête, promis, juré, craché !
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