Que dire de ce roman historique se déroulant pendant la guerre d'Indochine ? Eh bien que le décors ainsi que les intentions de l'auteur promettaient un livre passionnant. Mais la déception fut grande à la fin.
Si je devais donner un titre à ma critique, je pense que "survol" serait le plus adéquat. Tout d'abord "survol" de la période décrite. Certes, on ne peut pas en vouloir à l'auteur de ne pas s'aventurer dans de longues descriptions qui ne seraient pas indispensables à l'intrigue, malgré un effort intéressant de "vulgarisation historique" pour les non-initiés. Mais ce "survol" d'épisodes de cette guerre, où les personnages font leur (fade) apparition, ne parvient pas à convaincre le lecteur sur les intentions de l'auteur, c'est à dire de créer une trame sur un fond historique ou bien l'inverse.
Car ma plus grande déception vient du peu de profondeur des personnages, et ce du début à la fin. Pourtant, les ressemblances à certains moments avec l'affrontement cinématographique entre un tireur d'élite russe et un officier allemand dans le "Stalingrad" de J.J. Annaud promettait un savoureux récit riche en intensité avec des protagonistes complets. Mais ce qui aurait pu faire la force de ce roman se retourne au contraire contre lui du fait que l'on ne s'attache pas aux personnages ! Même les raisons dévoilées tout au long de notre lecture pour justifier la présence de ceux-ci dans le bourbier indochinois et leurs choix sur leurs positions ne parviennent pas à nous émouvoir, comme si l'auteur n'était pas allé au bout de son sujet.
Le morcellement des évènements - et donc de la vie des héros - est à mon sens ce qui gâche le plus ce roman. On en revient au "survol" de l'intrigue, sans avoir le temps de "se poser" suffisamment pour ressentir les émotions des individus, qui doivent forcément être intenses mais qui sont mal retranscrites.
Donc, pour résumer mon sentiment une fois le livre refermé, je dois avouer que je suis resté sur ma faim ! Il y avait tellement à faire, et je ne doute pas du talent de l'auteur. Etant passionné par l'Indochine et son histoire, je ne m'attendais évidemment pas à un roman pour érudits ou spécialistes, mais après avoir lu, entre autres,
Jean Hougron et
Paul Couturiau dans la même catégorie de romans, je ne peux qu'espérer que Mr Guez aura un jour l'idée de retourner dans cette région du monde qu'il a dû malgré tout bien étudier, et de là nous conter une histoire plus riche en émotions et moins morcelée que ce "Dernier tigre rouge"...