AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Écrits intimes: Carnet, cahier, feuillets 1929-1938 (50)

11-8-35


Extrait 2


Toujours le désir de tout lire : Michelet, la Bible, Taine, Carlyle, Toulet etc. Allons ! du calme. Il faut bien qu’il y ait toujours des choses nouvelles à lire.

Nature, grand organe lent, puissant, plein de sève et de vie – avec toi, en toi –
   Mais les villes te cachent
Être peintre et peindre les céréales avant la moisson – les saignées des carrières
   Ah ! exprimer tout cela dans un poème grand et lent.
   Mais cela ne peut être donné (réussi) qu’à un très grand.
Commenter  J’apprécie          60
16.2.29


Chanter

De moi sortira ma voix de basse :
Tu verras que je dirai de belles choses !
Ma voix sera grave et sombre,
Et pourtant ceux qui chanteront avec moi
Auront la joie.
Je dirai de belles grandes choses
Qui seront un enchantement
Des choses larges comme ma voix,
Sur un rythme lourd
Et large aussi.
Je dirai le monde
Dans son détail et dans son tout.
Je dirai la Nuit
Et peut-être un jour la lumière
Si j’arrive à la comprendre.
Je chanterai, je chanterai,
je bercerai.
Je chanterai.
Avec moi chantera le monde
Avec moi chanteront les hommes,
Chanteront jusqu’aux étoiles,
Et partout on ne verra,
On ne verra que la joie
Que la joie partout, partout.
Commenter  J’apprécie          41
22.2.29


Extrait 2

Peut-être pour cela me faudra-t-il retrouver la lutte et la vie.
Mais il ne faut pas que je me laisse aller – il faut que je réagisse, que j’aie à nouveau horreur du facile – c’était une véritable obsession, une sensation physique, voir « Hantise » − le goût du plus difficile, de l’abrupt, que je retrouve cette tension !
Que vaut tout ce que j’ai écrit dernièrement. Réagir contre ma sentimentalité. Je le serai toujours assez – tendre à plus d’intellectualité, même à l’hermétisme – car je ne serai jamais trop ni l’un ni l’autre.

Mais cela mettra en valeur ce que l’effusion trop libre pourrait rendre idiot.
Commenter  J’apprécie          20
Le vers régulier! maximum d’artificiel, aussi loin que possible de la vraie prononciation. Claudel: maximum de réel, de
simple, de vrai, de vivant, aussi près que possible de la vraie
prononciation – ce qui semblait être contraire à toute prosodie.
Vers régulier: chose écrite.
Vers claudélien: chose parlée.

Oui, qu’importe l’école? Rien de plus pauvre que le Parnasse,
de moins poétique, et Leconte de Lisle est un vrai, un pur, un
grand poète.
Commenter  J’apprécie          10
11-8-35


Extrait 1


Tandis que les poèmes de Rimbaud, surtout les Ill., sont une exploration, ceux de Cocteau sont une construction.

Autre projet – Homme et les Bêtes dans la nature.
Le fond de l’œuvre de Cocteau : la peur


Lu La vie tragique de Van Gogh de Piérard – Pas d'autre intérêt qu’anecdotique.
Van Gogh devient un thème facile pour mauvais littérateurs.
Il me semble que l’on peut rapprocher (équivalence) Van Gogh et Trakl (celui-ci sans le feu).
Commenter  J’apprécie          10
22.2.29


Extrait 1

J’ai honte de mes poèmes. Ils sont trop faciles. Je l’avais déjà bien senti dernièrement.
En 27 je me disais toujours : c’est trop facile ! Il faut tendre à ce qui est difficile, toujours plus difficile. Ce n’est pas que ce qui était difficile est devenu facile. Non ! ce qui était difficile le reste. Ou bien les limites reculent toujours. Il faut les reculer. Ce n’est pas que je me suis réalisé, arrivé à l’état auquel je tendais – je ne crois pas.
Même alors, il faudrait tendre à arriver à mieux – pénétrer plus avant. Je n’ai plus cette ambition – cette hantise de la corde raide, cette sensation en moi de l’abrupt, cette tension. En moi, maintenant tout est plus mou.
Commenter  J’apprécie          10
30.1.29


Il est temps de reprendre le carnet pour voir un peu clair. Mais si je n’ai rien noté ces jours-ci, c’est que rien ne pouvait guère l’être.
Hantise, obsession, saturation même de la poésie. Insomnie tourmentée dans la salle trop chauffée et enfumée. Des vers repassent toute la nuit à travers ma tête. Parfois, rarement, sensation de la poésie et contentement. Moi toujours à la recherche. Doute de moi, toujours.
Avec T. nous discutions du fait même d’écrire. Lui, dilettante, n’écrit pas pour ne pas se rendre malheureux.
Pour moi, obligation d’écrire.
Il ne croit pas en somme à la poésie.
Il m’a fait de justes critiques, manque de précision dans mes poèmes.

Il m’est apparu plus nettement que jamais que je n’ai pas d’idées. Chaque fois que je risque une idée générale, je dis une bêtise. Je vis dans un monde de sensations, de sentiments, d’aspirations – et au fond les idées m’intéressent très peu. Les idées ne sont rien. Pour T., elles sont tout.
Ô, je ne prétends pas être un penseur… et j’aime beaucoup mieux me croire poète uniquement.
Commenter  J’apprécie          10
12.1.29


Extrait 3

Suis-je donc le seul à me ronger ainsi ? Non ! ce n’est pas possible.
Relu Claudel, cet après-midi. Beaucoup de belles choses, profondeur, souffle. Mais il n’est pas assez complet, il ignore le « gouffre ». Pas de tourment, de vraie inquiétude. Si, dans les poèmes de départ.
Peut-être trop serein maintenant.
Et pourtant c’est un grand poète. Mais c’est un Latin, je me sens étranger à lui, tout en l’aimant.
Avec Rilke si semblable à moi, je me sens chez moi.
Commenter  J’apprécie          10
12.1.29


Extrait 1

Doute toujours, doute ! Ce matin j’ai repris mes poèmes : j’en ai lu quelques-uns. Et je les ai trouvés nuls, nuls. Des mots, mais aucun courant. Pas même un sens. Rien. De pauvres défroques. Aucune poésie. Même pas moi à travers.
Ô toujours être à se demander : suis-je ou ne suis-je pas ? et ne pas pouvoir savoir. Peut-être un génie et peut-être pas même poètereau de 20e ordre, un écrivaillon quelconque, moins que quelconque, ridicule dans sa prétention. Quand je trouve quelque chose à mes poèmes, c’est que les connaissant je me mets par avance dans l’état d’âme que j’ai voulu exprimer. Mais quand je me détache d’eux, essayant de me les représenter inconnus et imprimés, comme un lecteur, alors je n’y trouve rien.

Et que d’imperfections de détails. La ponctuation surtout est si difficile ! Et la mise en vers, à la ligne. Il m’arrive souvent de m’apercevoir après, qu’en coupant ou en ne coupant pas, l’effet n’est pas celui que je croyais.

Et quand je compare mes pauvres vers à ceux de Rimbaud ! si forts, si pleins, je dirais presque divins, ou inspirés. Ô alors, quel désespoir !

Les angoisses de Brigge, ses « expériences », je les ai connues – mais moins fortes, à l’état moins pur, il est vrai que Brigge est une fiction. J’ai tremblé souvent pour de telles rencontres et pourquoi ?
Mais il y a en moi mon gros bon sens, tout ce que j’ai de vulgaire, de grossier, de gros – qui m’empêchent de ressentir ces frissons d’une façon aussi aiguë.
Commenter  J’apprécie          10
Satan – la notion de Satan = notion de quelqu’un qui accélérerait la
marche du temps ? – Voir: Lautréamont.
accélérer le temps, n’est-ce pas détruire?

Contre le temps, Baudelaire dresse ses poêmes, voulus « rêves de
pierre», témoignages de son passage, accouplé au temps.
Baudelaire maudit le temps, ricane, l’étreint, parfois se redresse collé
à lui.

Van Gogh? le temps tourbillon
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (7) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1220 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}