Le premier nom qu'on se grave dans le cœur grandit avec l'écorce.
La vie ne s'arrête que pour moi et les regrets ne pèsent pas lourd en face de cette constatation. Il faut donc aborder la mort dans un état de grande humilité.
Nous étions très jeunes, trop jeunes, venus avant terme à la guerre qui faisait de nous des prématurés de l'âge adulte.
Car toutes les femmes qui ont aimé un homme en deviennent le conservatoire et le musée.
L’inattention des vivants est confondante. En fait, on ne voit que ce qui s’inscrit dans le champ des œillères de nos préoccupations du moment. L’as-tu remarqué? Lorsqu’on possède une voiture neuve, fût-elle d’un modèle rare, on ne voit plus que les voitures de cette marque. Après mon accident de Tripoli, quand je marchais avec des cannes, Paris était peuplé d’infirmes. Il y a cent fois plus de barbus si l’on se laisse pousser la barbe. On ne fait que projeter autour de soi son petit cinéma intime.
La mort est une chose trop sérieuse pour l'affronter à la sauvette.
Le remords est une tentative piteuse de modifier le passé.
Je voudrais avoir, comme les animaux, l'instinct de mes besoins, tout deviendrait évident et facile, au lieu de balancer entre l'impatience des désirs superficiels et la recherche confuse des besoins profonds.
La beauté donne au malheur une dimension déconcertante.
Je voudrais aussi casser la gueule de ce porc marchand de porcs qui conduit comme un cochon, qui vous envoie dans le fossé et qui vous nargue ensuite avec une cigarette planté dans son groin de verrat sournois. Oui, j'aimerais !