Le Japon

Ce sera sans doute une tâche longue et assez difficile que de dissiper les impressions défavorables que le Japonais conserve envers nous, sans qu'on puisse l'en blâmer. Cependant leurs préjugés sur ce point ne sont pas insurmontables, et si nous échouons dans nos efforts pour les faire disparaître, ce sera uniquement parce que nous n'aurons pas su leur prouver par notre conduite que la civilisation de l'Occident ne corrompt pas ceux qu'elle atteint.

On ne permettait l'entrée de Decima qu'aux membres d'une seule secte ecclésiastique, ceux de la Montagne de Koja et qu'aux femmes d'une seule classe, au nombre des plus méprisables. Le soir on fermait les grilles, et on ne tolérait aucun rapport entre la factorerie et la ville après le coucher du soleil. Il en était de même pendant notre séjour, mais nous allions et venions des établissements au vaisseau sans le moindre obstacle, et nous ne fûmes pas exposés à ce rigoureux examen de nos personnes que les vieux auteurs hollandais dépeignent avec tant d'amertume.

Il sera bon de remarquer, en considérant la situation actuelle des Hollandais dans l'empire, combien ils ont peu gagné à tenir une conduite qui non-seulement les a discrédités aux yeux des Japonais, mais qui les a placés sur un pied d'infériorité morale à l'égard de toutes les autres nations qui peuvent maintenant s'établir dans une position fort différente.