Après avoir lu quelques quatrièmes de couverture sur ce livre, je pensais m'immerger dans l'austérité de la grande crise économique de 1929 et ses conséquences. Je pensais que ce serait lourd et difficile à digérer..... Pas du tout.
Dès le départ
Woody Guthrie nous convie à une fête de la vie, la vie comme pulsion plus forte que tout, que la misère, que les différences sociales. Ce désir qui nous fait nous lever le matin pour parcourir le monde, ce désir qui est la preuve renouvelée de notre présence au monde.
Car la première « scène « de ce livre est une scène d'amour ….. D'une puissance, d'une beauté à couper le souffle. Loin d'être dans la position du voyeur, nous somme témoin là, de la force qui habite ce couple, cette force qui dans un même désir se concrétisera dans la grossesse d'Ella.
Mais si le roman commence par cette scène, c'est peut être pour nous faire comprendre qu'à la base de toutes actions et de toutes vies, si petites soit elle, il y a ce même désir, cette même fusion, cette même recherche d'unité.
La maison existe, vibre, pétrie par la nature, protéiforme tantôt sécurisante, tantôt inquiétante. Tike et Ella connaissent tout du pays où ils vivent, la moindre touffe d'herbe, le moindre courant d'air, ils lisent dans la nature comme dans un livre. Ils ne sont rien seuls et la nature n'est rien sans eux, ils sont avec elle, elle est en eux.
Si il n'y avait pas au milieu de tout ça le système capitaliste et sa logique mortifère, ils s'en sortiraient très bien comme ça. Il y a bien d'un côté la vie, si rude soit elle et de l'autre un système économique qui ne vise qu'à les tuer, à les rabaisser et à les humilier.
Tike dégringole le peu qu'il avait réussi à gravir ….de fermier, il devient métayer. Plus de terre à louer, pas de terre à acheter ou alors la plus dure à exploiter, il devient une paire de bras à louer, il n'a pas d'autre avenir …...sauf peut être cette maison de terre qu'il faudra construire de A à Z.
Il faut se laisser porter par le rythme, les énumérations, la fougue de ce livre pour en ressortir trempé dans le vif argent, près à aimer la vie, près à créer sa vie.
Woody Guthrie était un musicien qui influença entre autre
Bob Dylan. Ce livre m'a fait pensé au film « Inside Llewyn Davis « , à la bio de
Neil Young et à cet autre film « Alabama Monroe « C'est la grande crise des années 30 qui alimenta l'art et la révolte des années 60. Guthrie appelait sa guitare « machine à tuer les facistes » l'Art sera toujours un cri, une jouissance, un désir. L'Art sera toujours l'expression de la liberté.