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sur 47 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman du chanteur folk Woody Guthrie, très engagé auprès des opprimés et décédé aujourd'hui.
Mention spéciale au traducteur car il a fallu retranscrire l'argot d'alors. Une lecture grave, brute, dure, mais au combien réaliste même en ce XIème.
L'histoire se déroule au Texas dans les années 30 et dépeint la vie certes éprouvante mais aussi le bonheur d'un couple Ella et Tike fermiers/métayers qui malgré les embûches de la vie (financières, étatiques, climatiques), ne cesse d'espérer et de croire à une vie meilleure et à devenir propriétaire de leur maison.
Roman bouleversant que je conseille vivement.

Remerciements à BABELIO et aux éditions FLAMMARION pour cette découverte.
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Quand on pousse la porte de la cabane en bois de Tike et Ella May, on se demande comment ils arrivent encore à se taquiner, à faire l'amour, à rêver, leur maison en bois suinte la misère, la crasse, elle est envahie par les insectes, l'humidité, et il n'y a même pas de cuisine. le jeune couple d'agriculteurs vit dans un univers en tous points hostiles dans le Texas des années 30. Dehors, rien ne pousse et la Grande Dépression fait des ravages.
Un jour, un petit livre arrive par la poste. Un livre qui explique comment construire seul une maison en pisé, mélange de paille et d'argile. Mais comment trouver l'argent pour acheter un lopin de terre ? C'est cette idée obsédante, « La maison de terre » dont ils rêvent qui traverse ce roman sombre et lumineux à la fois.
Les descriptions sont crues, sensuelles et poétiques. La sexualité et l'humour sont omniprésents et l'argot truculent des personnages très en verve est un régal.
Woody Guthrie a le sens du détail, il pourfend le système capitaliste sans misérabilisme, ce célèbre chanteur et guitariste folk américain, s'est largement inspiré de son propre parcours pour écrire cette histoire universelle, celle des hommes pauvres qui veulent garder leur dignité.
On se prend à rêver d'une adaptation au cinéma ou d'un huis clos au théâtre.
Je remercie Babelio et les éditions Flammarion pour cette belle découverte d'un livre sortie des cartons il y a peu de temps et qui rend honneur à son auteur, un écrivain de talent tout simplement...
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Un tel livre, c'est comme si le ciel vous tombait sur la tête. Cri de misère et de colère dans le Texas rural des années 30, "La maison de terre" est aussi un texte baigné de sexualité primitive... J'en suis encore toute secouée.

Dans un coin perdu et venteux au bord des falaises du Caprock, au nord du Texas, Tike Hamlin et sa femme Ella May sont locataires d'une bicoque en bois qui part en lambeaux. En plus du ciel, c'est le toit qui risque de leur tomber sur la tête. Ils aimeraient avoir une habitation décente mais, jeunes métayers, ils n'ont pas les moyens de louer mieux, à moins de quitter leur terre natale, ce que Tike veut à tout prix éviter. Un prospectus leur donne l'idée de construire une maison en pisé, mélange de paille et d'argile. Oui, « une maison en terre. Mais pas un pouce de terre pour la construire. » Trop fiers pour demander de l'aide au père d'Ella May, vont-ils arriver à acquérir ce fameux terrain face à des propriétaires cupides ?

Je ne connaissais pas du tout Woody Guthrie (1912 -1967) avant d'entamer ce livre. La postface signée par Johnny Depp et Douglas Brinkley m'a éclairée sur la biographie de ce chanteur folk originaire du Texas. Ses textes et chansons contestataires lui valurent de figurer dans la liste noire du McCarthysme. "La Maison de Terre" est l'édition posthume d'un manuscrit datant de 1947. Il s'y fait la voix des pauvres et des déshérités, dans une Amérique profonde touchée de plein fouet par la Grande Dépression.

Cette maison de terre, rêvée, espérée, est une utopie qui permet à Tike et Ella May de supporter le présent en se projetant dans un avenir plus clément. le mirage d'un abri solide où leur enfant à venir serait protégé du besoin et des intempéries, dans cette région régulièrement dévastée par des ouragans. À l'opposé, la sordide cabane en bois, rongée par la pourriture et les termites, stigmatise leur frustration et leur colère face à la pauvreté de leur condition. Or s'ils parlent et se plaignent beaucoup, ils mènent peu d'actions concrètes pour s'en sortir.

Woody Guthrie nous projette crûment dans le quotidien du couple, alimenté de pulsions sexuelles et de taquineries mutuelles. Ce huis clos centré sur Tike et Ella May, puis dynamisé par la confrontation avec Blanche, une infirmière venue aider pour l'accouchement dans la dernière partie du livre, pourrait donner lieu à une formidable pièce de théâtre. La mise en situation repose sur des dialogues employant un argot et des tournures symptomatiques de l'origine sociale et géographique des protagonistes. J'imagine quel casse-tête cela a dû être pour le traducteur, qui s'en sort pourtant bien... En même temps, une certaine poésie se dégage des descriptions de la nature ou du labeur des fermiers, avec des accumulations de mots et des phrases répétitives comme des paroles de chanson.

Le tout constitue une oeuvre atypique, sombre et dérangeante, mais toujours d'actualité face aux catastrophes naturelles ou économiques qui ravagent la planète. Merci à Babelio et à Flammarion pour cet éprouvant voyage dans un Texas bien différent de celui que je connais.
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C'est la bouche pâteuse, les yeux brûlants et la peau asséchée que j'écris ces quelques lignes pour exprimer le talent de Woody Guthrie. Son écriture franche, crue, campagnarde, sauvage, empreinte de tendresse, m'a entraînée avec force au coeur de cette ambiance désertique, hostile, sans eau des grandes plaines de l'Ouest du Texas.
Et aux côtés de Tike et Ella May, j'ai sué, j'ai pleuré, j'ai trimé, j'ai espéré, j'ai souffert, j'ai galéré, j'ai ri, j'ai abandonné, j'ai râlé, j'ai hurlé, j'ai aimé, j'ai joui, j'ai désespéré, je me suis révoltée, j'ai tenu bon. J'ai été un être humain, tout petit face à la force de la nature et aux tempêtes de vent.
Woody Guthrie nous confie la vie d'un couple vivant dans une masure de misère rêvant de peu, d'une simple maison en terre qui les protègerait des éléments. L'histoire pourrait être banale est ennuyeuse. C'est sans compter la poésie des mots de l'auteur, la douceur des émotions qui unit le couple, la beauté des paysages dans des terres pourtant hostiles, la folie qui menace l'homme quand il a mal.
L'intensité de chaque instant est magnifiquement décrite et nous fait osciller entre bonheur et peine, entre foi et désespérance. C'est parce que Woody Guthrie connaît cette terre et la douleur d'y vivre qu'il peut à ce point nous transmettre les sensations contrastées qu'on ressent à y habiter.
Ce livre est aussi un appel à plus d'égalité, une dénonciation des injustices, un combat pour la reconnaissance des droits des opprimés. le combat de toute la vie de l'auteur.
Je ne connaissais pas Woody Guthrie, ni comme artiste-musicien, ni comme auteur. Ce livre, offert par une amie, m'ouvre tout un univers musical, engagé, littéraire, poétique. J'ai envie d'en savoir plus sur cet homme qui a baptisé sa guitare "machine à tuer les fascistes". Un grand homme, c'est certain.
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Critique effectuée dans le cadre de Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Flammarion

Je connaissais le songwriter Woody Guthrie grâce à son disciple Bob Dylan, et bien que je n'aie pas écouté ses chansons depuis longtemps, je me souvenais de son style simple et poétique, pour autant que je puisse en juger en langue américaine.

Ce roman possède une voix singulière. Il nous raconte la vie de misère dans les années 30 d'un couple, Tike et Ella Maie, lors de la Grande Depression, dans l'état du Texas.
On pense à Steinbeck bien sûr, mais la voix de Woody Guthrie est un mélange très surprenant d'âpreté et de poésie, ces deux sensations étant très souvent liées d'une façon très intime et même charnelle, ce qui fait de cet ouvrage un moment de lecture très intense.
Les conditions de vie du jeune couple sont dépeintes avec fatalisme et précision, Woody Guthrie nous fait ressentir physiquement la saleté, la puanteur, l'hostilité de la nature. L'attitude du couple, buté, imperméable au monde extérieur qui n'est qu'adversité, est un peu effrayant dans son entêtement qui semble suicidaire, jusqu'à ce que l'on comprenne que ce désir de maison, leur maison, est devenu pour eux le symbole de leur survie.
Tous deux ne manquent pas de pulsion de vie, sans doute assez désespérée, que l'auteur sublime dans les scènes érotiques où la sexualité s'exprime brut et sans détour, insatiable, lorsque les corps peuvent enfin n'avoir ni Dieu ni Maître. L'amour physique est le seul espace où Tika et May sont des individualités à part entière, dans lequel ils peuvent s'exprimer sans entrave, être libres enfin, et cette faim l'un de l'autre jamais assouvie est une perpétuelle reconquête d'eux-mêmes et de leur dignité.
Au fil des pages, on est saisi par la poignante détresse de cette histoire simple et terrible, la justesse avec laquelle Woody Guthrie décrit de façon détaillée le destin impitoyable de l'homme face à l'implacable cruauté du « progrès » et de ses représentants véreux et voraces.
Pour moi, Woody Guthrie possède le souffle puissant du romancier et cette lecture fut une belle surprise.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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C'est sans connaître ce monsieur Woody Guthrie que j'ai entamé ma lecture de la maison de terre. Je découvre alors un auteur qui a indéniablement un talent pour l'écriture. Entre poésie et rythme, sa plume nous berce, nous secoue et nous emmène dans les contrées arides mais époustouflantes des plaines du Texas. Un cadre aux allures de désert où tout semble désolé, les descriptions sont d'un réalisme étonnant, on sent le vent et la poussière, on voit ces boules d'herbe rouler et tourbillonner sur ce sol sec et parfois rocailleux. Un milieu aux conditions de vie difficile, les fermiers s'entassent dans de petites maisonnettes en bois prêtes à s'écrouler telle la maison du petit cochon qui ne résiste pas au souffle puissant du vilain méchant loup.
Le vilain méchant loup a ici plusieurs visages : le vent et la poussière, la pluie, le froid, les insectes qui se faufilent à travers les interstices malgré les tentatives désespérées des occupants pour les calfeutrer.
La maison de terre c'est un aperçu de la vie quotidienne d'un couple de ces fermiers, une vie que Woody Guthrie a lui-même connue. Pour encore plus de réalisme, il retranscrit les dialogues dans un langage familier, le langage des gens de là-bas, de ces gens simples qui luttent au quotidien pour leur survie.
Car il n'y a pas que les éléments auxquels ces gens doivent faire face. le dernier visage du vilain méchant loup est celui de ces grands propriétaires, de ces banquiers, de ces capitalistes qui s'approprient les terres et réduisent les fermiers à l'indigence. Woody Guthrie dénonce ce fléau, à l'instar de John Steinbeck, le système capitaliste, la spoliation des fermiers contraints au métayage puis soit au départ vers d'autres régions d'espérance ( comme dans Les raisins de la colère) soit à rester et se battre. Et c'est cette option dont Woody Guthrie nous parle.
Car il y a une solution : la maison de terre. Comme au Mexique. Ces maisons faciles à construire et qui protégeraient leurs occupants du vilain méchant loup.
On apprend d'ailleurs dans l'excellente postface du livre que Woody Guthrie a consacré une bonne partie de sa vie à faire la promotion de la maison de terre.
Tout au long de ce roman, la maison de terre est l'obsession de notre jeune couple, leur rêve, leurs espoirs.
Autant être franche, il ne se passe pas grand chose dans ce roman. le lecteur est plongé dans l'intimité du couple et devient lui-même un habitant de la maisonnette en bois. Il y a même un petit côté voyeuriste notamment lors de cette scène d'ébat sexuel qui a bien failli avoir raison de moi. C'est cru, pas un brun romantique, jusque dans les détails. Heureusement il n'y en a qu'une comme celle-là. Passé le cap, on se laisse embarquer par le rythme du style et on se prend d'affection pour ces deux personnages dont on ressent très bien l'attachement et l'amour.
La cerise sur le gâteau, c'est cette postface corédigée par Johnny Depp et Douglas Brinkley dans laquelle ils nous racontent la vie de Woody Guthrie, analysent ce roman La maison de terre et nous expliquent les conditions et raisons de sa publication si tardive.
J'ai découvert donc en Woody Guthrie un auteur talentueux, un homme courageux et engagé à travers ses chansons mais aussi ses actions.
Un très beau et touchant moment de lecture pour lequel je remercie Babelio et les éditions Flammarion.

Lien : http://0z.fr/87eTB
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Cette maison de terre a bénéficié d'une promotion inattendue, mais qui pourrait en allécher plus d'une, d'un certain Johnny Depp qui assure la postface (avec Douglas Brinkley) de l'ouvrage. Quant à moi, l'évocation de Steinbeck qui aurait loué Guthrie, m'aura bien plus convaincue.

Nous sommes dans les années 30, dans le Texas où un couple d'agriculteurs, Tike et Ella May, tente de survivre sur une terre aride alors que la jeune femme est enceinte et que la maison menace de s'effondrer. La situation est dramatique car c'est l'époque de la Grande Dépression où le petit peuple vit dans la misère et où les récoltes sont maigres. de plus, le Dust Bowl, sorte de tempête de poussière, ravage la région. Woddy Guthrie est un familier du phénomène puisque lui-même a dû lutter pour sa survie et celle de sa famille. Il donne à ses personnages les traits du peuple, ceux qui gardent un mince espoir d'obtenir un lopin de terre pour y accueillir un foyer.

Pendant la plupart du récit, c'est l'accouchement de Lady (Ella May) avec Blanche, une sage-femme improvisée qui vient au secours d'un couple seul et désemparé. Alors qu'Ella May se refuse à donner le jour à un enfant dans la baraque de fortune, Tike vit des moments d'excitation, animé de grands projets pour leur fils, leur vie à trois qui assurément se fera plus florissante lorsque leur hypothétique future maison se construira.

Alors, il ne faut pas se leurrer, le texte est plein d'argot mais c'est représentatif du parler de l'époque. Tike m'a agacée à vouloir manger à tous les râteliers : il lorgne sur sa femme impotente puis envisage de se taper la sage-femme. Son air revêche de grand homme indispensable m'a énervée et je crois que je l'aurais tenu bien plus éloigné que ce qu'il n'était. Alors oui Tike est un manuel et c'est ce qu'a l'air de chercher Ella May mais ce genre de brutes épaisses qui se croient irrésistibles me répugnent plus qu'autre chose.

Pour la téléportation dans le Sud des années des années 30, pour le langage très fleuri, j'ai apprécié de suivre ces personnages quelque part voués à camper la misère, débrouillards autant qu'idéalistes.

Un grand merci à Babelio pour ce Masse Critique une fois de plus réjouissant ainsi qu'à Flammarion pour l'envoi !
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L'histoire de la publication de la Maison de terre m'a beaucoup plus intéressée que le roman en lui-même. Ecrit en 1947 par le chanteur folk Woddy Guthrie, ce roman n'avait jamais été publié. Bien qu'achevé, Guthrie l'envisageait plutôt comme un scénario, il le fit passer à une de ses connaissances à Hollywood, le projet n'aboutit pas. La Maison de terre est laissée aux oubliettes et Guthrie se consacre à la musique. Car c'est à celle-ci que Guthrie doit sa renommée. À travers elle, Guthrie exprime sa révolte et son désir de justice sociale. Ces dernières années, l'Université s'est penchée sur les archives de Woody Guthrie, c'est ainsi que le manuscrit de la Maison de terre a refait surface. Auteur prolixe, on dénombre environ 1400 chansons, et je n'en connaissais qu'une seule : « This land is your land » qu'ont chanté Bruce Springsteen et Pete Seeger, ancien complice de Guthrie décédé le mois dernier, lors de l'investiture de Barack Obama en 2009. D'ailleurs cette chanson colle particulièrement bien à l'univers du roman.


Dans les années 30, au nord du Texas, le long de la mythique route 66, Tike Hamlin et son épouse Ella May sont fermiers. C'est un paysage désolé qui entoure les protagonistes, le pays est dévasté par les tempêtes de poussières successives. le couple qui attend son premier enfant veut construire une maison de terre, qui résisterait à tout. Dans ce huis-clos, au sein même de cette maison de bois tombant en ruine, et dont ils veulent s'échapper, nous partageons l'intimité de Tilke et Ella May, leurs chamailleries, leurs ébats et leur rêve d'une vie meilleure qui se heurte à la dure réalité économique.


C'est un roman atypique que celui-ci, je l'ai trouvé très fort. J'ai adoré le style très musical, les dialogues endiablés, il y a un travail énorme de la part du traducteur pour restituer l'argot, la truculence du langage des personnages. Dommage qu'il ne se passe pas grand chose…La scène de sexe inaugurale est aussi extrêmement longue que crue si bien que j'ai failli refermer le livre une bonne fois pour toutes, du coup cet agacement ne s'est pas vraiment dissipé pendant le reste de ma lecture.


Je remercie les éditions Flammarion et Babelio pour m'avoir permis de découvrir un auteur qui nous propose une vision différente de l'Amérique, qui avec la crise des subprimes trouve un écho de nos jours.

Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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Dans les années 30, au Texas. Tikey et Ella May sont un jeune couple qui viennent de s'installer dans leur cabane en bois. Mais celle-ci est fort délabrée et quelques bourrasques de vent manquent de la faire s'écrouler. Ella May est enceinte et elle rêve d'avoir une maison de terre après avoir lu un petit livre qui explique comment construire une maison en pisé.

J'avoue que le début m'a un peu rebuté avec le langage argotique des jeunes amants. Cependant, ce patois rend la peinture des protagonistes plus vrais, plus réalistes. Au fil des pages, leur grande complicité, aussi bien spirituelle que sexuelle, apparait. L'auteur n'hésite pas à décrire entièrement une scène d'amour pour montrer leur parfaite entente. Et même si parfois quelques disputes viennent émaillés le tableau, elles renforcent l'ensemble car on les sent bien soudés. Les dialogues sont remarquables car on saisit l'essence des personnages : ils jouent des rôles, se taquinent mais ils ont des rêves simples dans leur misère quotidienne : un abri pour eux et l'enfant qui arrive.

Je ne connaissais pas Woody Guthrie (1912-1967) en tant que chanteur de folk et encore moins en tant qu'écrivain ! La postface de Douglas Brinkley et Johnny Depp m'a bien éclairée sur le contexte économique et social ainsi que sur le leitmotiv de Guthrie. le Dust Bowl qui a frappé les Grandes Plaines des Etats-Unis a ravagé les espaces agricoles par la sécheresse. Woody Guthrie est un homme très engagé et cette maison de terre était pour lui la solution ; un abri facile à faire et très résistant. Il avait à coeur de le faire savoir dans ses chansons et dans cet ouvrage remis à jour dans la collection de l'auteur.

Il reprochait à Steinbeck le manque de réalisme dans le dialecte des Joad, il essaie de raconter sa propre expérience, celle du Dust Bowl, en essayant d'être plus prêt de la réalité que le célèbre écrivain. C'est très réussi, peut-être manque-t-il simplement un style plus prenant mais ces personnages ne manquent pas de tempérament.

Merci à Masse Critique et à Flammarion pour cette découverte.
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Ils ne rêvent pas d'une maison bleue mais d'une maison de terre.
Car ils habitent une masure infâme, rongée par les termites, le vent et la poussière. Ce sont de petits fermiers qui louent leur terre et leur cabane mais qui arrivent à peine à survivre. Bientôt, ils seront métayers, tout en bas de l' échelle et à la merci des grands propriétaires terriens.
Et si le couple est solide, s'ils font l'amour avec fougue, s'amusent comme des enfants, ils sont aussi tous deux rongés par la colère.

Et c'est Woody Guthrie, chanteur folk et combattant des causes désespérées qui leur donne la voix.
Le roman est intense, poétique, original avec ses litanies, ses descriptions de paysages ravagés, ses longues listes d'objets du quotidien, ses dialogues en argot , son langage cru.
On pense à un Zola du Far West, mais qui connaît intimement ses personnages et partage leurs difficultés et leur sentiment d'injustice.
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