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Je n'avais encore jamais lu jusqu'ici de roman western. Et bien je peux dire que La Captive aux Yeux Clairs a été une sacré belle découverte!
On y suit la fuite de Boone, 17 ans, fuyant son père violent et quittant le Kentucky pour suivre les traces de son oncle Zeb, trappeur dans l'Ouest, en territoire peaux-rouges. En cours de route, il fait la rencontre de Jim, partant lui aussi pour l'aventure et la liberté. Petit-à-petit, accompagné de Summers, trappeur aguerri, ils parcourront le fleuve Missouri sur un bateau de contrebande dans lequel Jourdonnais, le patron, cache Teal Eye, jeune Indienne blackfoot qu'il compte rendre à son père pour qu'il lui ouvre des routes toujours plus vers l'ouest. Ils s'enfonceront dans les terres encore sauvages, chassant castors et bisons pour les échanges de fourrure. Ils rencontreront les Blackfeet, fuiront les Sioux, sauront tout des différentes tribus indiennes dont ils partageront le territoire.
Même si elle est finalement peu présente dans le livre, Teal Eye sera celle qui guidera les pas de Boone - garçon puis homme rustre, renfermé, tenant à sa virilité mais aussi compagnon fidèle - à travers plaines et montagnes, car il passera des années à tenter de la retrouver, n'ayant jamais pu l'oublier. C'est elle aussi qui sera à l'origine du drame que vivra Boone.
Les descriptions de cet Ouest sauvage sont grandioses et ont, dit Bertrand Tavernier responsable de cette collection au sein d'Actes Sud, beaucoup influencé le cinéma western des années 50 et 60. Ce n'est pas surprenant: l'évocation des paysages, la description du comportement de ces trappeurs devenus à moitié sauvages, l'atmosphère, les bruits, le silence, et les rencontres avec les Indiens, tout ça est d'un visuel extraordinaire.
Boone, attaché à ces territoires indiens et sauvages, refusera de comprendre qu'on veuille les envahir, les exploiter, y faire venir les chemins de fer et l'agriculture; c'est pourtant la fin d'une ère qui s'annonce, et le début de l'Amérique moderne, exploitée et bientôt surexploitée.
J'ai hâte de lire les deux suivants de cette trilogie Big Sky qui abordent cette longue chevauchée vers l'Ouest, les premiers "settlement" et cette transformation irréversible du paysage américain.
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Premier volet publié en 1947 de la saga "The Big Sky" , dont les cinq volumes ont été traduits en français dans la collection L'Ouest,le vrai chez Actes Sud, orchestrée par Bertrand Tavernier.

Avant de s'y plonger, jeter un oeil à quelques cartes des Etats-Unis faisant état de « la conquête de l'ouest » permet de se remettre en mémoire et de mesurer l'ampleur, le gigantisme et la violence de cette expansion territoriale menée à un rythme stupéfiant, portée par l'espoir et baignée de sang.

Les trois figures tutélaires de cette conquête : la Terre, le Pionnier, et l'Indien, sont bien au coeur de « La captive aux yeux clairs », dont l'action se déroule entre 1830 et 1843.

Le territoire nord-américain est déjà « civilisé » en gros jusqu'au fleuve Mississipi. Boone Caudill quitte à 17 ans son Kentucky natal vers le Missouri pour fuir un père violent et vivre la vie rugueuse et libre des trappeurs. Quand il y reviendra 13 ans plus tard, appelé par sa mère, il aura compris que la vie aventureuse de chasseurs de castors qu'il a menée en territoire indien avec Jim Deavins et Dick Summers est amenée à disparaître, sous la pression démographique et commerciale des immigrants arrivés en masse, prêts à prendre « la route de l'Ouest » (le tome 2).

Pas de trame narrative pleine de rebondissements dans cette « captive aux yeux clairs », mais plutôt une succession de scènes fortes de chevauchées, de combats, de lutte pour la survie, de fraternité autour de personnages très incarnés, Summers le trappeur expérimenté que la maturité amènera à poser le fusil, Caudill le taiseux sans Dieu, Teal Eye la douce indienne chère à son coeur…

Et surtout une nature grandiose, omniprésente, sauvage, féroce, galvanisante qui prend vie sous la plume magistrale et incisive de A.B. Guthrie qui rend compte avec force et mélancolie d'un monde révolu.

Une lecture très marquante, qui donne envie de lire la suite (« la route de l'Ouest », entamée sitôt refermée « la captive » !), et pourquoi pas de voir le film qu'Howard Hawks en a tiré en 1952.
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"The big sky" est celui qui déploie sa voûte au-dessus des territoires de l'ouest, celui qui enveloppe les hommes et leur rappelle leur finitude.

"Les plaines se déroulaient à leurs pieds, des kilomètres et des kilomètres de plaines qui partaient rejoindre le ciel au bout du monde, dans un air si pur et si beau que le regard était pris de vertige." p. 393

En 1832, Boone Caudill quitte sa maison pour fuir un père violent et surtout pour éprouver sa liberté. Il rejoint un groupe de trappeurs en route vers le Haut-Missouri, région habitée par les Indiens Blackfeets. le chef de l'expédition, Dick Summers espère commercer avec eux, et pour se préserver d'un accueil sanglant, il ramène à bon port une jeune indienne, Teal Eye, la fille d'un chef Blackfoot. Boone s'aguerrit jour après jour et devient un véritable trappeur, amoureux du grand ouest et de la liberté qu'il lui procure.

"La rivière était large et encore haute, mais plus calme maintenant le long de la rive dégagée et presque débarassée de tout objet flottant. Les marins se remirent à chanter, tandis que le soleil descendait derrière les collines et une rognure de lune apparut, aussi pâle que la voile. Des bécassines marchaient sur les rives, certaines gris perle comme le manteau de Bedwell, d'autres avec le ventre rouge. Des engoulevents gémissaient dans le ciel et, provenant des collines qui formaient une crête mouvante à l'ouest, Boone entendait les cris d'un animal, faible, tremblotant et solitaire. Un petit frisson le parcourut, du bas jusqu'en haut du dos, agitant les poils de sa nuque. Tout cela faisait que la vie valait la peine d'être vécue." p. 136

Le grand ouest n'est pas exempt de dangers, entre les indiens, le froid, et surtout la recontre avec soi-même dans une prise de conscience vertigineuse de ses propres limites.

"Une terre brute, vaste et solitaire, trop grande, trop vide. Elle rapetissait l'esprit, le coeur se serrait, le ventre se nouait, sauvage et perdu sous une étendue de ciel si gigantesque que le paradis faisait peur." p. 202

Porté par un souffle épique incomparable, les aventures de Boone et de ses amis brillent d'une richesse incroyable. Chacun devra assumer ses choix de vie, ses sentiments, son vécu mâtiné d'un passé torturé, et son avenir, incertain sous l'immensité du Big Sky. Par la profondeur des personnages et des thèmes rencontrés, Guthrie nous prouve admirablement que le genre du western ne se résume pas à un simple combat entre cow-boy et indien. Il s'interroge également sur cette époque qui meurt jour après jour : c'était le temps où les castors et les bisons pullulaient dans les grandes plaines, mais années après années, les trappeurs constatent une modification de leur habitat. Les colons s'aventurent là où ils s'imaginent rencontrer des espaces vierges et prospères, les bisons se font rares, les grands espaces évoluent irrémédiablement. Par ces thématiques, Guthrie a pu être considéré comme le fondateur de ce que l'on nomme "L'école du Montana", ces écrivains qui témoignent de l'amour des grands espaces et des rapports avec l'environnement.
Une pépite que laquelle il faut se ruer !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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La conquête de l'Ouest comme si nous y étions, mais au lieu d'aller de l'Est en Ouest en chariot et de faire le cercle lors des attaques, on va voguer sur le Missouri.

Nous sommes en 1830, toujours avec des fusils à silex, les six-coups qui peuplent nos films western ne sont pas encore inventés.

Le territoire est dangereux, peuplés d'Indiens, de bisons, de castors…

Les paysages sont décrits de façon majestueuse et mon seul regret sera de ne pas les voir en vrai, tant l'auteur les décrit avec force et passion. Mon imagination a fait le travail.

Chez Guthrie, tout est fait avec justesse, sans dichotomie aucune entre les pionniers qui seraient tous gentils et les Indiens tous méchants. Non, non, avec l'auteur, on ne mange pas de ce pain-là et tout est réaliste dans les portraits de chacun qu'il dresse avec finesse.

Je suis juste restée étonnée que les Indiens, dans le roman, ne se soient pas plus inquiétés que ça des massacres de bisons que l'on accomplissait déjà à cette époque. Pensaient-ils aussi que les bisons étaient inépuisables et que l'on pouvait en décimer des tonnes sans que cela ait un impact dans le futur ?

Anybref, dans ce roman dense, l'auteur fait parler sa plume comme d'autres font parler la poudre : ça claque. Les paysages sont grandioses, bien décrits, les trappeurs sont sauvages comme le gibier qu'ils chassent, tout le monde pue le chacal mouillé, les territoires Indiens ne sont pas encore envahis comme ils le seront ensuite…

Comme Boone, on s'en désole à l'avance, on a le coeur serré. C'est la fin d'une époque, le début d'une nouvelle ère et les colons sont tout fous à l'idée de prendre et d'exploiter à mort ces territoires sauvages sur lesquels les Indiens vivent et se déplacent.

Ça commence à sentir mauvais pour les prochaines années…

Un grand roman sur la conquête de l'Ouest où tout est authentique.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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1832. Lassé de se faire battre par son père, Boone Caudill lui met une raclée et le laisse à terre. Agé d'à peine 17 ans, il part vers l'Ouest, rejoindre son oncle Zeb. Avec Jim rencontré en chemin, il voyage à bord d'un bateau remontant dans les territoires indiens puis devient trappeur, risquant sa vie chaque jour pour quelques peaux de castors. La vie au grand air, les somptueux paysages, la nature sauvage et exigeante, des femmes et du whisky de temps en temps, voilà qui peut attirer certains hommes mais cela ne peut durer qu'un temps, soit on se pose, soit on perd son scalp...
N'étant pas fan du petit écran ni du grand, je n'ai jamais vu ce western qui fait partie des meilleurs, dit-on. Mais par conséquent, je n'avais pas d'images préconçues et les descriptions très riches d'A.B. GUTHRIE ont aisément créé les paysages et les personnes dans mon esprit. Je n'ai malheureusement pas pu lire ce livre aussi vite que je l'aurais voulu et de ce fait, au début certains passages descriptifs m'ont paru trainer en longueur. Mais j'ai vibré tout au long de ce roman avec Boone, Jim et leurs amis dans ce qui sont les prémices de la Conquête de l'Ouest.
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The Big Sky
Titre français : The Big Sky - Volume 1 : La Captive Aux Yeux Clairs
Traduction : Jean Esch
Préface : James Lee Burke
Postface : Bertrand Tavernier

ISBN : 9782330064525

Né dans l'Indiana, le 13 janvier 1901, Alfred Bertram Guthrie, mieux connu sous le nom de A. B. Guthrie, demeure à ce jour l'un des maîtres de ce que l'on nomme le western. En 1949, il devait d'ailleurs recevoir le Prix Pulitzer pour le second tome de "The Big Sky", publié en anglo-américain sous le titre de "The Way West" (et que vous pourrez retrouver aussi bien chez Denoël sous le titre "Oregon Express" que chez Babel-Actes Sud sous celui de "The Big Sky - Volume II : La Route Vers L'Ouest"). Vint ensuite un troisième volume, "Three Thousand Hills / The Big Sky - Volume III : Dans Un Si Beau Pays", qu'Actes Sud a également réédité. Ajoutons à ce trio très connu le genre mi-western, mi-policier qu'imagina Guthrie avec sa série "Chick Charleston."

Aux Etats-Unis, pour autant que nous le sachions et Bill DeBlasio n'ayant pas encore annoncé, au jour où nous tapons ce texte, d'autodafé pour tous les livres traitant de la Conquête de l'Ouest par les colons anglo-saxons, "The Big Sky" et les romans dans lesquels on retrouve certains personnages du premier volume, sont tenus, et à juste titre, pour un hommage poignant et authentique aux pionniers certes mais avant tout au pays qu'ils conquirent et aux différentes tribus indiennes qui en furent les premiers maîtres.

Blancs ou Indiens, Français ou Anglo-saxons, tous sont représentés aussi bien avec leurs qualités que leurs défauts dans cette "Captive aux Yeux Clairs", qui n'a pas grand chose à voir avec le film éponyme (et par ailleurs excellent) de Hawks. Mais le lecteur sera avant tout ébloui par les magnifiques descriptions de cet Ouest américain encore libre de tout "progrès" (le roman débute en 1830, à l'époque où les fusils à silex l'emportaient encore sur les toutes nouvelles armes à barillet), par le naturel avec lequel Guthrie nous y fait pénétrer ainsi qu'on entrerait dans quelque Paradis perdu, sans anges mais aussi sans démons, et par la majesté avec laquelle se déroulent ces pages, magnifiées par leur simplicité, à l'image de quelque fleuve puissant, mais paisible lorsqu'il n'est pas en crue, cruel et sans pitié lorsque la fureur le saisit.

Bon, c'est sûr : certains trouveront cela bien lent. D'abord, où sont les cow-boys ? Et puis, les Indiens ? Et enfin la Cavalerie ? ...
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Les Indiens, toujours aussi habiles à se fondre dans le paysage, sont évidemment présents. Les Big-Bellies (les Gros-Ventres) attaquent sauvagement l'expédition fluviale du marchand de fourrures Jourdonnais, un Français au demeurant très sympathique, qui a découvert, on ne sait trop ni où, ni comment, une adolescente de douze ans, Teal Eye, ainsi nommée en raison de la couleur de ses yeux, semblable au bleu du plumage de certaines sarcelles, fille d'un chef Blackfoot (Pied-Noir), dont il prend grand soin d'abord, comme je l'ai dit, parce que ce n'est vraiment pas le mauvais homme, ensuite parce qu'il espère ainsi, en la ramenant à son père, s'attirer la sympathie des Pieds-Noirs et pouvoir chasser en toute tranquillité sur leurs terres. Puis, on les revoit, tout d'abord en la personne d'une sorte d'errant un peu simplet, rebaptisé "Pauvre-Diable" par les trappeurs qui le recueillent, et ensuite avec Red Horn (Corne Rouge), lequel n'est autre que le frère de Teal Eye - notons d'ailleurs que tous deux sont en fait des Piegans, subdivision des Pieds-Noirs. de temps à autre, si mes souvenirs sont bons, des Sioux - très redoutés par tous - se pointent à l'horizon pour en découdre mais, pour l'instant, on s'en tient là.

Les cow-boys (le mot, si exotique à nos yeux, signifie littéralement "vachers") ne sont pas encore là attendu que l'Ouest est encore vide de tout Blanc, à l'exception des trappeurs et chasseurs.

Quant à la célèbre Cavalerie, eh ! bien, l'armée des Etats-Unis commençant à peine à construire ses forts, il est clair qu'elle brille par son absence.

L'intrigue fait entrer en scène un jeune homme de dix-sept ans, Boone Caudill, un brun nerveux et encore ignorant de cette prairie où ce taciturne au caractère entier, qui en a plus qu'assez de son ivrogne de père et gardera toute sa vie une haine profonde de toute forme d'autorité, que nous voyons s'enfuir à pied de la ferme familiale, en pleine nuit, dans le but d'atteindre Saint-Louis et d'y trouver du travail, rêve de faire sa vie. Sur la route, il se lie d'amitié avec un joyeux rouquin, qui a bien dix ans de plus que lui et aime d'autant plus à parler que, au moment où on le rencontre, il a accepté d'amener un cercueil à Saint Louis afin qu'on puisse inhumer le mort auprès des membres de sa belle-famille. Ce rouquin, qui, on le découvre assez vite, sait aussi bien réfléchir avant d'agir (ce qui sera toujours très difficile à Boone, caractère introverti, certes mais impulsif) que parler et plaisanter pour mettre à l'aise, se nomme Jim Deakins. Avec ses yeux clairs et son sourire étincelant, il est l'un des personnages les plus sympathiques du roman.

Après diverses mésaventures (le père de Boone a envoyé des gens à sa recherche car il est encore mineur), Jim parvient à le faire évader de la prison où on l'avait enfermé et tous deux éperonnent leurs chevaux (je crois bien que Jim en a volé un, c'est vrai) pour fuir Saint-Louis et voyager de compagnie.

Vous décrire leurs multiples aventures et l'amitié profonde qui se lie entre eux (amitié qui atteint à son sommet lors d'une expédition où, prisonniers d'un hiver trop froid, ils risquent bien de mourir de faim) n'est pas mon propos. Mais une chose indispensable doit être mentionnée : lors de leur expédition fluviale aux côtés du Français Jourdonnais et de son équipage, Boone est fasciné par la toute jeune Teal Eye et n'aura de cesse, après la fuite (ou l'enlèvement de celle-ci, l'explication n'est jamais donnée), de la retrouver là-bas, tout au loin, dans l'Ouest. Il l'épousera selon les rites piegans et en aura un fils, malheureusement aveugle.

Les Anciens disaient déjà que le Temps fuyait et, même si les Anciens ne sont plus là pour nous le répéter doctement en latin, le Temps n'a pas renoncé à fuir. Lorsque s'achève le roman, en 1843, Boone, à nouveau seul pour des raisons que vous découvrirez par vous-même si cela vous chante, retourne à la ferme qui l'a vu naître et que son père a quittée pour le Grand Voyage dont nul ne revient. Mais, malgré l'accueil chaleureux que lui font sa mère, bien vieillie, son frère, Dan et ses neveux, Punk et Andy - Cora, sa belle-soeur, ne peut pas le souffrir "parce qu'il ressemble à un Indien"), Boone reste un homme de l'Ouest, un trappeur, un chasseur. Si l'Ere des Trappeurs s'achève bien que, obstiné comme toujours, il se refuse à l'admettre, si une nuée de colons est prête à s'abattre, grouillante de ses milliers de sauterelles, sur l'Ouest lointain, si les forts tant réclamés ne cessent plus de pousser comme des champignons, si l'Industrie pointe enfin le bout de son terrible nez pointu, Boone le Taciturne ne peut échapper à ce qu'il est : il a toujours voulu vivre libre et il veut mourir libre. Toutefois, avant de quitter la région, il lui reste à rendre visite à Dick Summers, trappeur d'expérience qui avait longuement vécu avec Bonne et Jim et leur avait appris tout ce qu'ils devaient savoir pour devenir de bons chasseurs et se maintenir en vie en territoire indien. Quelques années plus tôt, Dick, sensiblement plus âgé qu'eux, avait jugé plus raisonnable de repartir vers la "civilisation" parce qu'il sentait l'âge s'emparer de lui. Il s'est marié et sa femme attend d'ailleurs un bébé.

Lorsque Boone arrive chez Dick, les retrouvailles sont semblables à ce que l'on connaît du caractère des deux hommes. Mais Dick le Sage comprend d'instinct que Boone en a gros sur le coeur ...

Ici s'achève ce premier tome qui ne donne qu'une envie : lire ceux qui suivent.

Au-delà de l'intrigue, on peut dire sans exagération que "The Big Sky" est un hymne fastueux à la Nature en général et au continent américain en particulier, un hymne aussi à la Liberté à condition toutefois de ne pas en faire n'importe quoi. Si nos gaucho-bobos osaient le faire sans tenir compte de leur haine habituelle de la civilisation américaine, ils parleraient même d'écologie. Ils en auraient même plein la bouche. Pourtant, à bien y regarder, notre trio de chasseurs respecte-t-il tant que cela la Nature ? Oui et non.

Oui parce qu'ils tuent avant tout pour manger. Non parce qu'ils le font aussi pour se procurer des ressources et aussi parce que, à certains moments, ils donnent l'impression de penser que cette pléthore d'animaux à abattre (à commencer par les bisons) n'aura jamais de fin. Contrairement à une légende tenace, ce n'est pas Buffalo Bill qui inventa la chasse sans fin des bisons. Sans doute organisa-t-il des "safaris" meurtriers mais la pratique existait avant lui, sans l'aspect "safari." Songez en effet que William Cody naquit en 1846, c'est-à-dire un an avant que ne s'achève ce premier tome de "The Big Sky."

Ce qui étonne, par contre, c'est que Guthrie ne fait guère s'inquiéter les Indiens de ce carnage. Encore moins tenter de s'y opposer. Là aussi, y a-t-il idée reçue, acceptation trop facile de la Fatalité ou, tout simplement, parti pris ? Pourtant, Guthrie est également décrit comme un historien.

Néanmoins, tel quel, "The Big Sky" reste une oeuvre à lire et à faire lire car, sans conteste, elle rend justice à la splendeur du continent américain. Et Boone, malgré ses défauts (qui sont nombreux) symbolise l'Homme libre (sans aucune pointe de rousseauisme, ouf ! nous voilà soulagés !), amoureux de la Liberté mais qui, à force de n'en faire qu'à sa tête, court le risque de faire perdre cette liberté tant respectée à un pays tout entier. Guthrie pose d'ailleurs la question dans le dernier tiers de cette fresque puissante dédiée à son pays et à tous ceux qui participèrent à le faire ce qu'il est, Indiens compris. Bonne lecture ! Gens pressés s'abstenir ! ;o)
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J'ai eu une envie de western et sur les conseils de mon libraire et devant une aussi jolie couv., me voilà lancée dans ce premier volume, heureuse de me lancer dans une nouvelle saga.
Le début partait bien et puis quel ennui, chaque page était laborieuse. J'aime l'histoire en soi, mais le style me laisse froide. Les scénarios sont plats, les personnages sans grand intérêt, le ton est monocorde, je m'endors. Les différents chapitres ne m'invitent pas à poursuivre l'histoire. C'est une succession de faits qui ne m'accrochent pas.
J'aime les descriptions, mais là, il y en a trop. Je me surprends à sauter des lignes. A mon grand regret de n'avoir pu pénétrer ce classique, je rends les armes page 206, je n'ai pas la force de terminer les 300 pages restantes.
Une prochaine fois peut être, sait-on jamais.
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Lors de chroniques précédentes, nous avons eu l'occasion d'aborder (un peu) la littérature "western", c'est ainsi que nous avons pu découvrir (ou redécouvrir") deux chefs-d'oeuvre du genre 1000 femmes blanches et Mémoires d'un visage pâle. Voici aujourd'hui un autre roman, tout aussi passionnant, La Captive aux yeux clairs, par A.B. Guthrie.
A.B. Guthrie (1901-1991) est un écrivain américain, scénariste et historien, auteur de nombreux romans dont une série "western" intitulée The big sky, nom générique issu du premier roman The big sky (en français La Captive aux yeux clairs)
La série comprend six volumes, dont quatre traduits en français : La Captive aux yeux clairs (The big sky - 1947), La Route de l'Ouest (The way West - 1949), L'irrésistible ascension de Lat Evans (These thousand hills - 1956) et Dans un si beau pays (Fair land, fair land - 1982). Restent encore inédits en France Arfive (1971) et The last valley (1975).
Le nom ne doit pas vous induire en erreur. le film éponyme (1952) d'Howard Hawks (un des monuments du western, au demeurant), s'il est bien tiré du roman, n'en utilise qu'une partie, et escamote certains personnages-clé du livre, à commencer par Dick Summers, l'un des héros.
Boone Cauhill, un adolescent de 17 ans qui fuit un père violent et borné, Jim Deakins, un aventurier, et Dick Summers, un trappeur pour qui les routes et forêts de l'Ouest n'ont pas de secret, remontent le fleuve Missouri vers la région où habitent les indiens Blackfeet (Pieds-Noirs). Ils amènent avec eux une jeune indienne, Teal Eye, qu'ils comptent échanger contre l'accès à de nouveaux territoires.
Tel est le point de départ de la Captive aux yeux clairs. C'est une extraordinaire épopée qui commence. Nature hostile, rivalités entre Blancs et Indiens, entre Indiens de diverses tribus (Blackfeet et Sioux, entre autres), paysages inoubliables, le roman tout entier est un poème à la célébration d'un monde - paradis perdu - qui est en train de disparaître. Les héros, qu'ils soient blancs ou Indiens en ont conscience, parce qu'ils vivent en osmose avec cette nature sauvage, et certains d'entre eux (Boone, par exemple), feront le choix de rester avec les Indiens pour préserver, le plus longtemps possible, un certain mode d'existence, une certaine conception de la vie, dans la liberté et la dignité.
La fin d'une Amérique, et le début d'une autre, tel est le prix du progrès. Mais c'est la Nature qui en fait les frais, tout comme toute une civilisation d'Amérindiens. Ce roman pose aussi quelque part le problème de la conscience des Américains - et de leur responsabilité - face à leur passé.

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Il fallait bien un titre pour inaugurer les déceptions de 2022, et ce sera donc ce western de A.B. Guthrie, "La captive aux yeux clairs". Pourtant, le dealer de romans me l'avait présenté comme un chef d'oeuvre de la littérature américaine, premier tome d'une fresque sur l'ouest américain au 19e siecle.

Pourtant, tout avait bien commencé, avec une première partie racontant la fuite d'un jeune homme de la maison parentale à Saint-Louis, avec rencontre d'un acolyte et évasion de prison. Mais dès la 2e partie, ça s'est gâté...

Embarqués sur un navire qui remonte le Missouri, les deux hommes déjà connus se lient avec un troisième qui va leur apprendre les bases du métier de trappeur. Apparaît aussi une jeune indienne transportée sur le navire, prisonnière privilégiée dont le capitaine veut faire un cadeau. Cette jeune femme aura une place centrale dans l'histoire, même si elle n'y apparaît que peu d'ailleurs...

Sur le fond, il y avait tout pour me plaire. le roman raconte les luttes contre les Indiens, les Blancs en grande majorité convaincus de leur supériorité face à des cultures et traditions très différentes de la leur. Mais c'est la forme qui m'a rebutée. Un style littéraire froid, sec, une histoire faite d'ellipses narratives, de descriptions par touches qui n'ont pas réussi à me rendre les personnages attachants.

Au final, "La captive aux yeux clairs" mérite sûrement les avis très positifs que j'ai pu lire et entendre, mais en matière de western, je vais plutôt me tourner vers Larry McMurtry pour découvrir la jeunesse ses chouettes gaillards de "Lonesome Dove" !
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Ce western est un peu particulier. Il est à la charnière entre deux époques. Celle qui annonce la grande vague de la conquête. L'Ouest est encore un monde animal, vierge et encore libre, lorsque les héros du récit s'y rendent pour vivre en trappeur, tuer des bêtes sauvages, vendre les peaux, commercer avec les tribus indiennes et dormir sous les étoiles. La force du roman s'incarne dans ce désir de virginité et de fantasme de pureté sauvage. le personnage principal, le jeune Boone Caudill, rêve de solitude, d'une vie sous le « big sky », vivant dans une nature généreuse en proies et en terres inoccupées. Cette ode à la nature fait toute la richesse du récit qui annonce paradoxalement la fin d'un monde, où ceux qui cherchent à fuir la civilisation sont aussi les premiers à entamer ce monde sauvage et annoncer sa colonisation.
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