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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
AAAAAHHHHH ! Ça c'est du polar comme je les aime ! le genre de livres qu'on ouvre un soir avant d'aller dormir et qu'on ne referme plus avant d'avoir tourné la dernière page au petit matin et qui vous aura coûté une nuit blanche et énormément de plaisir. D'ailleurs l'appellation roman noir conviendrait peut-être mieux, quoiqu'il s'agisse, au sens le plus noble et le plus strict de l'expression, d'un roman policier.

Aiguisons votre fibre d'enquêteur... voyons, voyons. Si je vous dis qu'il s'agit d'un p'tit gars né exactement le 27 mai 1894, mort en 1961, qui a fait la guerre, qui a eu des démêlés avec les autorités de son pays, hum ?... qu'est-ce que vous me dites ?... Louis-Ferdinand Céline. Ouais, pas mal, tout colle, les indices semblent révélateurs, mais je vous dis non, vous faites fausse route.

Le 27 mai 1894, aux deux antipodes de l'Atlantique sont nés deux monstres de la littérature. L'un s'appelle Céline et l'autre c'est évidemment Dashiell Hammett. Leurs lignes de vie sont incroyablement ressemblantes, si ce n'est qu'on a reproché à l'un d'être un peu trop à gauche et à l'autre un peu trop à droite.

Effectivement, hormis ces quelques points communs, on n'a évidemment pas tout à fait affaire au même bonhomme. Celui qui nous intéresse aujourd'hui avait une paire de couilles absolument énormes et a fait mille trucs dangereux dans sa vie, au premier rang desquels on peut citer le fait de se déclarer communiste en pleine chasse aux sorcières et de refuser systématiquement de balancer des gens et de se trouver des alibis, alors même qu'il n'avait absolument rien à se reprocher, juste par principe, parce qu'il n'aimait pas qu'on l'oblige à dire ce qu'il n'avait pas envie de dire.

Ça lui a coûté à peu près tout ce qu'il possédait, ça lui a flingué sa carrière littéraire, mais, rien à faire, il ne plia pas. Bref, j'ai beaucoup d'admiration pour l'homme, (sauf peut-être son côté alcoolique très prononcé) et peut-être plus encore pour l'écrivain.

J'ai souvent exprimé ici mes regrets de voir des romans policiers au scénario impeccable, avec tous les ferments d'un sublime morceau de littérature, malheureusement gâchés, ou partiellement gâchés, par une écriture trop faible ou des facilités de style.

Ici, rien de tout ça, et c'est ce qui en fait le prix à mes yeux. Vous êtes menés de main de maître tambour battant sur la piste d'un criminel, ça, c'est tout à fait ordinaire de nos jours, mais rien n'est lâché quant au style, nerveux, incisif et pourtant littérairement solide, ce qui est déjà nettement plus rare. Selon moi, la très, très grande classe en matière d'écriture policière.

Le livre a été écrit en 1934. Non, vous ne rêvez pas, 1934, quatre-vingts piges et ça sent encore le frais comme si vous veniez de le déballer. La traduction française de 1950 est elle un peu moins fraîche mais encore très convenable et Gallimard a malgré tout eu l'excellente idée de le faire retraduire récemment pour en restaurer tous les sucs intimes, délicats et inestimables qui avaient passé au soleil. Donc, pourquoi se priver ?

L'Introuvable qui est-ce ? Clyde Wynant. Un original, un inventeur, un fou disent certains. Peut-être un brin timbré, certes, mais suffisamment génial pour gagner grassement sa vie de ses inventions. Son ex-femme, Mimi, et sa fille, Dorothy aimerait bien lui remettre la main dessus, mais depuis que sa secrétaire particulière Julia Wolf a été retrouvée abattue de plusieurs balles de révolver, l'oiseau s'est envolé.

Il ne communique plus que par lettres ou par télégrammes, qu'il fait transiter soit par son avocat Macaulay, soit par son fils Gilbert, soit par quelque autre procédé qui interdit toujours de le localiser.

Heureusement, par hasard, se trouve à New-York un ancien détective, Nick Charles, qui connaissait bien la famille avant le divorce et même l'avocat. L'inspecteur Guild, chargé de l'affaire, aimerait bien que Nick Charles reprenne du service pour l'aider à voir un peu clair dans cet imbroglio.

Or lui aussi paraît louche, car il semble bien avoir fricoté naguère avec Mimi, l'ex-femme, qui s'est remariée avec un certain Jorgensen. Et qui est ce Jorgensen ? Que cherche Dorothy à vouloir allumer Nick ? Quelle relation unissait la victime Julia Wolf et l'introuvable Clyde Wynant ? Nunheim, un trois-quarts malfrat de troisième zone semble avoir accidentellement appris quelque chose sur l'affaire. Pourra-t-il monnayer ces informations ? En aura-t-il le temps et le loisir ? Qui d'autre avait intérêt au meurtre ? Pour quel mobile ? C'est ce qu'évidemment, je ne veux à aucun prix vous révéler.

Du grand Dashiell Hammett, du grand polar, avec des dialogues excellents, une peinture sociologique et psychologique des plus raffinées mais ce n'est bien évidemment que mon avis, et j'ai bien conscience qu'il vaut mieux parfois qu'il soit introuvable car il ne signifie pas grand-chose.
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Polar au style cinématographique truffé de bon mots, d'humour et pas mal imprégné d'alcools.
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Débutée en 1929, la carrière romanesque de Dashiell Hammett s'achève cinq ans plus tard avec un dernier opus : « L'introuvable ». Il incombe à ce dernier roman la lourde tâche de succéder aux merveilleux « Faucon maltais » et « la clé de verre ». Mais Hammett aime surprendre. Il n'y a dans ce livre ni ville aux mains de gangsters et de politiciens corrompus, ni détective « dur à cuire ». Nous quittons les bas-fonds pour la suite luxueuse d'un hôtel new yorkais. C'est un couple fortuné qui va mener le jeu dans un récit léger plein de mystère et d'humour.

Nick et Nora Charles sont un peu à l'image des Jonathan et Jennifer Hart de la série « Pour l'amour du risque » : un couple riche et glamour entraîné dans une aventures rocambolesque. Nick, le narrateur, est un ancien détective privé qui gère désormais la fortune de son épouse Nora. Il est doué d'un humour mordant et d'un goût prononcé pour les cocktails. le couple est installé à San Francisco et séjourne à New York pour la période des fêtes. Nick croise la fille d'un ancien client dans la salle d'un restaurant. Elle lui demande de retrouver son père Clyde Winant qui est introuvable depuis quelques temps. le lendemain, Julia Wolf, l'assistante de Winant est retrouvée à son bureau criblée de quatre balles de calibre 32. C'en est fini de la tranquillité de Nick Charles. le voilà enrôlé contre son gré dans une nouvelle enquête. Nora sera à ses côtés pour démêler un mystère pétri de mensonges et de folies.

Une intrigue chargée de mystère, un homme introuvable et un meurtrier à identifier… Ce roman est plus classique et attendu que les précédents. Ce couple mondain riche et cultivé fait penser à celui formé à la ville par Hammett et Hellmann. le papa du « hard boiled » se fait plus conventionnel et plus hollywoodien. Certaines scènes semblent avoir été écrites pour le cinéma. Les dialogues sont drôles, vifs et percutants.

Je ne conseillerais pas à un lecteur qui souhaiterait découvrir l'oeuvre de Hammett de commencer par "l'introuvable". Et pourtant…. Des personnages attachants (entre le savant fou, l'avocat véreux et l'escroc à la petite semaine, etc), de nombreux traits d'humour et une histoire bien ficelée en font un roman très agréable à lire, tout à la fois léger et brillant. Un digestif savoureux pour évacuer la noirceur des titres précédents.
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Quelle découverte ! Tombé par hasard sur ce livre, mon attention fut retenue par la couverture (édition Gallimard de 2005), à défaut du titre et de la quatrième de couverture. Faisant confiance à mon premier ressenti, je finis par l'acheter. Quelques jours plus tard, ayant une petite heure devant moi, je décide d'entamer sa lecture… pour le lire intégralement sur la même journée ! Je fus très rapidement happé par l'enquête et par les personnages (notamment la famille ex-Wynant). Découpé en court chapitre, ces derniers distillent les indices pour l'enquête et soutiennent le rythme de l'histoire. Après l'avoir refermé, je décide de me pencher sur l'actualité de l'auteur… Quelle claque, ce roman fut écrit dans les années 30 et l'auteur n'est plus de ce monde. Pourtant, ce livre garde toute sa fraicheur ! Hâte de voir l'adaptation cinématographique et de découvrir d'autres romans de cet auteur. A lire absolument !!
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Nous avons déjà rendu compte ici même de la Clé de verre, de la Moisson rouge, et de The Maltese Falcon [le Faucon maltais], du même auteur. On retrouve dans ce nouveau volume, dont le prix n'excède pas une quinzaine de francs, les qualités et l'originalité des précédents. Il semble même que l'écrivain ait pris plaisir à souligner délibérément l'emploi de certains procédés qui lui sont propres. Il fait dire à son narrateur, qui n'est autre que le détective lui-même : « I just tell you what happens: I don't explain it. » (Je ne fais que vous raconter ce qui se passe, je ne l'explique pas). Et après une soirée passée dans un speakeasy, Nora, la femme de Nick Charles, le héros, s'exclame avec enthousiasme : « I don't understand a thing that was said or a thing that was done. They're marvellous. » (Je n'ai pas compris un mot de ce qu'ils ont dit, ni un seul de leurs gestes. Ils sont épatants.)
Nous sommes un peu dans le même état d'esprit que Nora. Les héros parlent, rient, s'embrassent sur la bouche, s'engueulent, s'entretuent, se complimentent et s'offrent sans arrêt des boissons frelatées. Et nous n'y comprenons rien. Ou pas grand chose. Et c'est épatant. Il y a pourtant un crime. Et un criminel. Et Nick Charles les découvre. Mais pas par les méthodes orthodoxes. Au contraire de Sherlock Holmes, qui ne devinait jamais, Nick Charles devine beaucoup. Et il affirme que, dans la réalité, il est bien rare que les « déductions » du policier cadrent exactement. Et nous avons tendance à le croire.
Un roman bien vivant — un peu rude, un peu rêche, comme le whisky américain. Il n'y a guère qu'une chose un peu gênante, c'est que tous les personnages sont plus ou moins cinglés. Mais ça aussi, c'est peut-être un peu comme dans la réalité. Celle de notre époque.
Régis Messac
Les Primaires, n° 69, septembre 1935

Lien : https://www.regis-messac.sit..
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