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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bizarrement, c'est un des titres les plus connus de Peter Handke avec La Femme gauchère, mais, après lecture, ce n'est pas du tout mon préféré et, même plus, je ne le trouve pas emblématique de ce que l'on peut trouver chez cet auteur, véritablement hors du commun.
La traduction m'a déjà semblé moins léchée que d'habitude.
Mais c'est sans doute une impression d'absence de finitude de ce récit qui me l'a fait noter avec un bémol. Le quatrième de couverture ajoute même à l'histoire me semble-t-il.
La situation est à la limite de l'absurde : un ancien gardien de but reconverti en employé d'une entreprise, perd son boulot et va commencer une errance avant tout névrotique. Il ressent tout de manière exponentielle, étranglera au passage une caissière de cinéma et, je ne dévoile rien puisque le quatrième de couverture le révèle avant moi, ses déambulations chaotiques iront jusqu'à assister à l'arrêt par un autre gardien de but d'un pénalty concédé à l'équipe adverse. Comment détricoter les fils du quotidien qui nous paraissent emmêlés sans raison. La réponse est étonnante.
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Une nouvelle étape dans le labyrinthe de Peter Handke.
Cette fois-ci, Bloch, le protagoniste, ancien gardien de but de football, part à la dérive. Il quitte son boulot, ou est viré (ce n'est pas clair), erre dans la ville, recherche une femme, la tue, et part pour la campagne, le long de la frontière, où il connaît la gérante d'un hôtel. On dirait qu'il fuit, mais il n'a pas le comportement cohérent du fugitif. Au contraire, il se fait remarquer, se bagarre. Il commence à se sentir traqué, probablement à tort. Les pensées de Bloch commencent à se déliter, à déformer les faits, à devenir incohérentes. Bloch débloque, si j'ose dire.
Tout cela nous est raconté par une voix off, qui décrit aussi bien les actes de Bloch que ses pensées. C'est ce qui est étrange et fascinant chez Handke. Il décrit les événements de façon apparemment réaliste, voire froide, et il en ressort une sorte d'indétermination, voire de mystère. C'est probablement très juste. Serions-nous capables de dire de façon certaine la vérité sur tous nos actes? Nos actions ne nous échappent-elles pas dans une certaine mesure? Voilà semble-t-il ce que Handke tente de saisir et de nous montrer.
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Un ancien gardien de but, au cours d'une ahurissante cavale qui débute par l'abandon de son travail et le meurtre d'une femme, s'enfonce peu à peu dans un délire paranoïaque.
Le monde est rempli d'objets dont la principale raison d'être est de produire du sens et des indices ; ces indices deviennent peu à peu des injonctions auxquelles il est sommé d'obéir, mais peuvent être autant de pièges à éviter ; s'y adjoignent au fil du temps des troubles de plus en plus nombreux, tels qu'un manque total d'affects, la déformation spatiale, le besoin compulsif de prononcer les noms des diverses choses qui rencontrent son champ de vision : "la table" - "la chaise"- "l'armoire" ; la montée d'une formidable agressivité.
C'est une plongée au sein d'un univers mental psychotique que nous offre là Peter Handke. Son défi était de nous faire vivre, par l'intermédiaire d'un narrateur extrêmement proche du personnage principal, le flux de pensées d'un fou et de le rendre accessible au lecteur dans une grande immédiateté.
Nul doute qu'une étude très poussée des troubles mentaux n'ait été nécessaire à l'auteur pour l'écriture de ce roman qui cependant ne ressemble nullement à un essai clinique mais constitue bel et bien une oeuvre littéraire aboutie. Nous sommes dans l'intimité psychique et sensorielle d'un fou. Nous sommes le fou.
Et le délire du personnage n'est pas sans relation, comme on peut le déduire du titre, de la principale qualité que doit posséder un gardien de but : celle d'interpréter les gestes des joueurs sur le terrain avant le coup de pied fatidique, comme autant de signes à élucider.
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Difficile de résumer ce livre tant il est dense et troublant.
Joseph Bloch en est persuadé en arrivant à l'usine où il travaille comme monteur, il est licencié.
Va alors suivre pour cet ancien gardien de but qui a du jouer à un très haut niveau puisqu'il a fait des matches internationaux, une descente aux enfers abrupte.
Il va errer d'abord dans sa propre ville, dans laquelle il va tuer une jeune femme qui tenait la caisse du cinéma dans lequel il se rendait fréquemment.
Puis dans un village proche de la frontière qui lors de son arrivée est en émoi après la disparition d'un enfant.
Un livre tout d'un trait, sans chapitre, qui nous enferme de plus en plus dans la solitude et les méandres du cerveau délirant de Joseph Bloch
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Un roman étrange, déjà lu il y a très longtemps et dont je gardais un bon souvenir, mais qui cette fois, m'a dérangée.

On suit Bloch, ancien gardien de but international allemand, qui par un simple regard de son contremaître se crut licencié de son emploi.

Il part à la dérive, assiste à des séances de cinéma, erre sans but, suivant des personnes repérées dans la foule, prenant des bus sans savoir où ils se dirigent et finissant par assassiner l'ouvreuse du cinéma, sans faire exprès apparemment.

Il quitte alors la ville pour partir à la campagne retrouver une  de ses anciennes amies devenue gérante de restaurant, mais même là, ses troubles perdurent. Il imaginent des choses sur les habitants du village ou voyageurs de passage, jusqu'au jour où, accompagnant l'un d'eux à un match de football, il fixe son attention sur le gardien de but.

Et là, enfin, son esprit et le monde semblent se reconnecter ! 

Ce roman semble une plongée dans un esprit dérangé, qui se nourrit lui-même des petits dérèglements de la vie, incohérences des passants, recherche d'un sens aux mouvements irrationnels d'une foule, besoin irrépétibles de planifier ce qui l'entoure, d'écrire ce qu'il voit et qu'il entend.

Un roman que je qualifierais de gris, ce gris qui embrume les années 70, cette brume qui opacifie les contours des êtres et des choses, entre liberté effrénée des années 60 et  années-fric des 80. LEs années 70 : années de crise et de questionnements ... 

Un roman qui m'a cependant donné envie de me replonger dans la littérature allemande de ces années-là! 

A suivre donc 


Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Les deux premières phrases contiennent en germe tout ce qui va suivre dans ce roman. Dans la première, Bloch, autrefois célèbre gardien de but, est informé qu'il est congédié. Dans la seconde, Handke précise que c'est ainsi que Bloch interprète le fait qu'une seule personne lève les yeux sur lui lorsqu'il pénètre là où les ouvriers font la pause.

Le livre est l'histoire d'un homme qui a perdu la clé pour décoder les signes en provenance de la réalité, qui souffre de perturbations dans l'interprétation du monde extérieur, ce qui crée une sensation de panique et d'angoisse. De nombreux passages du roman montrent le personnage pris dans une confusion de ses perceptions (le bruit des cloches vient-il du film qu'il regarde ou de la réalité ?), dans des hallucinations et des déformations de la réalité qui ont sur lui un impact émotionnel disproportionné (par exemple dans le passage où il découvre des mouches sous un oreiller). Il a perdu la clé des code sociaux : il aborde les autres sans raison, il fait des gestes sans se rendre compte qu'ils seront interprétés d'une certaine façon. Dans le même temps, il fait preuve d'une attention anormale aux détails, d'une hypertrophie des perceptions , comme par exemple lorsqu'il remarque les grains de poussière frappant les vitres du tram. Son comportement est souvent bizarre et incohérent et bascule même dans la folie lorsque pris d'une impulsion subite, il tue la caissière de cinéma qui l'avait invité chez elle. Néanmoins le comportement de Bloch garde une part de rationalité : après le meurtre de la caissière, il fuit avec une certaine logique. Il quitte la capitale et part aux marges du pays pour un village frontalier où habite une ancienne amie. L'écriture simple, froide, clinique et très dense de Handke convient parfaitement à son sujet.

On peut se demander quelle est l'intention réelle de l'auteur dans ce livre. On pourrait voir en Bloch une métaphore de l'homme contemporain ou du moins de Handke lui-même, en écrivain inadapté au monde, seul, en butte à l'hostilité de ses congénères (dans le roman, plusieurs scènes de bagarres dans lesquelles Bloch est mêlé), un peu dans la lointaine continuité de Kafka. Je ne suis pas sûr que cela soit son intention première. Handke cherche à décrire par les mots un état psychique de malaise et de peur et s'interroge sur la difficulté du langage à refléter la réalité, sur son sens réel lorsqu'il est si souvent soumis à des rituels, sur la charge de sens que les mots portent en eux sans que nous en ayons conscience, sur les quiproquos et les larges marges d'interprétation laissées par le langage.

Lire ce roman peu épais avec attention permet de bien en saisir toutes les nuances et subtilités.
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Ancien gardien de but, licencié de son travail, Joseph Bloch erre dans la ville suite à son licenciement se transforme en fuite en avant suite au meurtre qu'il va commettre.

Sous forme d'un roman policier, Peter Handke, Nobel de littérature, dépeint la société allemande de son époque et ses travers a partir des actions parfois extravagantes du narrateur.

L'auteur dépeint par l'angoisse de son narrateur les peurs qui peuvent être ressenties par une personne qui se retrouve en dehors de la société.
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Depuis son prix Nobel en 2019, j'étais curieuse de lire Handke. Malgré les quelques avis mitigés voire négatifs que j'avais vu passer, je sentais qu'il pouvait me plaire. C'est confirmé; ma première incursion dans son oeuvre est un succès !

L'intrigue de L'angoisse du gardien de but se résume par l'errance d'un homme. Il quitte son boulot, déambule en ville, commet un meurtre, s'enfuit et se réfugie dans un village frontalier. Tout, des banalités du quotidien au crime crapuleux, est décrit sur le même ton incongru. J'ai d'abord eu l'impression d'un rêve, puis j'ai accepté cette réalité fictionnelle, celle d'un être déréglé. Chaque objet, chaque geste, chaque son est sujet à interprétation de la part du personnage et du lecteur. le souci du détail signifiant dans un monde incompréhensible.

Après cette lecture, je n'ai eu qu'une envie : enchaîner avec un autre livre de Handke. Ce que j'ai fait avec La femme gauchère.
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