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Dans le même registre, on tirera meilleur profit à lire Un homme qui dort de Georges Perec (ou toute la production de Jacques Sternberg, distillateur d'un absurde enchanteur).
L'un, pas le novateur de l'homme endormi, vous plongera dans une torpeur pélagique, l'autre éveillera en vous un enchantement insoupçonné.
A déconseiller enfin particulièrement aux amateurs de fouteballe (qui, de toute façon, lisent assez peu).
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Un livre court mais d'une grande densité. le personnage principal, Joseph Bloch est un ancien footballer, gardien de but, qui a visiblement joué à un haut niveau et qui garde toujours de l'intérêt pour ce sport et des liens dans ce milieu. Il travaille actuellement en tant que monteur. Persuadé qu'on vient de le licencier, à partir d'un indice tenu, il erre ici ou là, sans but apparent. Il finit, sans l'avoir décidé, par commettre un meurtre : il étrangle une jeune femme avec qui il a passé la nuit. Il décide de fuir dans un village près de la frontière, où une de ses relation est gérante d'auberge. Là aussi il se ballade sans but, entre perceptions exacerbées, surinterprétations du moindre événement, impulsions incontrôlables, et une sorte d'inquiétude inexprimable. Un match de football termine le livre.

Le personnage principal du roman, Bloch ne renvoie que peu de choses au lecteur, il semble être une sorte de regard qui observe avec une espèce d'acuité pathologique les objets, les décors, en donnant la sensation d'être extérieur à ce qu'il voit, et qui n'a pas de véritable signification, où alors cette dernière s'est perdue en route pour le personnage, qui essaie désespéramment de la retrouver, par exemple en nommant les choses. Mais les noms peuvent devenir interchangeables et trompeurs. Il reste à la surface, comme si les choses et les êtres étaient sur des planètes différentes et inaccessibles, sans véritable réalité. Où alors, c'est la réalité de Bloch qui s'est dissoute en chemin, et le monde qu'il essaie de pénétrer lui renvoie cette défaillance. On pense à un moment à une entrée possible du personnage dans une forme de schizophrénie, on peut aussi évoquer l'idée d'un auteur qui essaie de pénétrer un monde à jamais hors d'atteinte, dans une tentative vouée d'avance à l'échec de l'enfermer dans des mots. Les deux peuvent coexister, comme d'ailleurs d'autres interprétations sans doute.

Une expérience étrange et dérangeante, pas forcément gratifiante de prime abord pour le lecteur, mais ce n'est probablement pas le but de l'auteur. A tenter pour les téméraires et curieux.
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Il s'agit du récit des faits et gestes (dans une sorte de voix off) et du monologue intérieur d'un homme qui ne va pas bien dans sa tête. Bloch commence par tout quitter sans vrai raison (il croit avoir été licencié) puis, comme il a tué une caissière de cinéma, prend la fuite à l'autre bout du pays. Bloch se révèle plus qu'un peu dérangé, il a de sérieuses difficultés de communication avec tous ceux qu'il rencontre, il est obsédé par le moindre bruit, interprète et surinterprète tout, s'interroge pour pas grand-chose sur les convenances linguistiques, pour finalement réagir de façon inadaptée. le style est plutôt aride, la lecture laborieuse, à la fin, en dehors des 5 dernières pages (qui justifient le titre), je dois avouer que je n'ai lu qu'en diagonale tant je trouvais fastidieuse la description clinique des menus faits et gestes de Bloch, à la fois minimaliste et détaillée. Les pérégrinations et les pensées de Bloch sont passablement décousues ce qui enlève toute fluidité au texte. C'est pénible dès les premières lignes, et ça ne s'arrange pas au fil de la lecture car la paranoïa de Bloch ne fait qu'empirer. Si le but de l'auteur était d'écrire comme aurait pu le faire Bloch, c'est très réussi, mais c'est assez désagréable à lire. La chute donne son sens au texte, mais tellement tard que c'est difficile de l'apprécier, ce que j'aurais certainement fait s'il y avait eu une centaine de pages de moins !
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Bizarrement, c'est un des titres les plus connus de Peter Handke avec La Femme gauchère, mais, après lecture, ce n'est pas du tout mon préféré et, même plus, je ne le trouve pas emblématique de ce que l'on peut trouver chez cet auteur, véritablement hors du commun.
La traduction m'a déjà semblé moins léchée que d'habitude.
Mais c'est sans doute une impression d'absence de finitude de ce récit qui me l'a fait noter avec un bémol. Le quatrième de couverture ajoute même à l'histoire me semble-t-il.
La situation est à la limite de l'absurde : un ancien gardien de but reconverti en employé d'une entreprise, perd son boulot et va commencer une errance avant tout névrotique. Il ressent tout de manière exponentielle, étranglera au passage une caissière de cinéma et, je ne dévoile rien puisque le quatrième de couverture le révèle avant moi, ses déambulations chaotiques iront jusqu'à assister à l'arrêt par un autre gardien de but d'un pénalty concédé à l'équipe adverse. Comment détricoter les fils du quotidien qui nous paraissent emmêlés sans raison. La réponse est étonnante.
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Une nouvelle étape dans le labyrinthe de Peter Handke.
Cette fois-ci, Bloch, le protagoniste, ancien gardien de but de football, part à la dérive. Il quitte son boulot, ou est viré (ce n'est pas clair), erre dans la ville, recherche une femme, la tue, et part pour la campagne, le long de la frontière, où il connaît la gérante d'un hôtel. On dirait qu'il fuit, mais il n'a pas le comportement cohérent du fugitif. Au contraire, il se fait remarquer, se bagarre. Il commence à se sentir traqué, probablement à tort. Les pensées de Bloch commencent à se déliter, à déformer les faits, à devenir incohérentes. Bloch débloque, si j'ose dire.
Tout cela nous est raconté par une voix off, qui décrit aussi bien les actes de Bloch que ses pensées. C'est ce qui est étrange et fascinant chez Handke. Il décrit les événements de façon apparemment réaliste, voire froide, et il en ressort une sorte d'indétermination, voire de mystère. C'est probablement très juste. Serions-nous capables de dire de façon certaine la vérité sur tous nos actes? Nos actions ne nous échappent-elles pas dans une certaine mesure? Voilà semble-t-il ce que Handke tente de saisir et de nous montrer.
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Le titre, curieux, et l auteur, controversé et prix Nobel, m ont donnés l envie d ouvrir ce livre. 150 pages, c est bien évidemment très court. Mais c est touffu, dérangeant et assez nébuleux.
Bon, les 50 premières pages, c est là où je me suis dis, je fais quoi, je lâche, je continue...(?!)
Suite incompréhensible de faits, monologue du personnage qui semble atteint d un dérèglement mental, c est plutôt incompréhensible.
Et, sans savoir vraiment comment ni pourquoi, j ai suivi avec avidité les pensées décousues et les pérégrinations de Bloch jusqu au bout, sans me poser de questions cette fois.
Lecture dérangeante, on y retrouve le climat de l oeuvre de Beckett, la déconstruction du langage, la déprime, l inutilité.
Je le dis, je n ai pas tout compris.
C est une expérience, un lâché prise obligé (ou alors on referme et on passe très vite à autres choses).
L ambiance est particulière, tout comme le reste. Peut-être faut il laisser décanter, j écris ce billet peut-être trop tôt, et pourtant je le conseillerais, tout en louchant sur "la femme gauchère" que je pense lire également.
Ce n est que mon ressenti bien entendu...
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Un ancien gardien de but, au cours d'une ahurissante cavale qui débute par l'abandon de son travail et le meurtre d'une femme, s'enfonce peu à peu dans un délire paranoïaque.
Le monde est rempli d'objets dont la principale raison d'être est de produire du sens et des indices ; ces indices deviennent peu à peu des injonctions auxquelles il est sommé d'obéir, mais peuvent être autant de pièges à éviter ; s'y adjoignent au fil du temps des troubles de plus en plus nombreux, tels qu'un manque total d'affects, la déformation spatiale, le besoin compulsif de prononcer les noms des diverses choses qui rencontrent son champ de vision : "la table" - "la chaise"- "l'armoire" ; la montée d'une formidable agressivité.
C'est une plongée au sein d'un univers mental psychotique que nous offre là Peter Handke. Son défi était de nous faire vivre, par l'intermédiaire d'un narrateur extrêmement proche du personnage principal, le flux de pensées d'un fou et de le rendre accessible au lecteur dans une grande immédiateté.
Nul doute qu'une étude très poussée des troubles mentaux n'ait été nécessaire à l'auteur pour l'écriture de ce roman qui cependant ne ressemble nullement à un essai clinique mais constitue bel et bien une oeuvre littéraire aboutie. Nous sommes dans l'intimité psychique et sensorielle d'un fou. Nous sommes le fou.
Et le délire du personnage n'est pas sans relation, comme on peut le déduire du titre, de la principale qualité que doit posséder un gardien de but : celle d'interpréter les gestes des joueurs sur le terrain avant le coup de pied fatidique, comme autant de signes à élucider.
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J'ai découvert Peter Handke avec ce magnifique petit roman au titre étonnant, "L'angoisse du gardien de but au moment du penalty". Pour ceux qui aiment le foot et la littérature, autant prévenir, on n'y parle pratiquement pas de football. On sait simplement que le personnage principal, un certain Bloch, suivi tout le long du récit par le narrateur, était gardien de but. Il y est au contraire beaucoup question d'angoisse. Nous la ressentons admirablement par une identification du narrateur au personnage. Nous percevons les pensées de Bloch, nous l'accompagnons dans ses multiples sensations et ses brusques changements d'humeur. le plus remarquable dans ce roman est la perception sonore. Bloch est une oreille ultrasensible. Son environnement nous est surtout donné par les sons et les paroles, des plus virulentes aux plus infimes. Bloch devait être un bon gardien de but, à l'affût du moindre geste, du moindre signe annonciateur d'un danger ou d'une frappe. Plus que son errance, c'est le portrait quasi intérieur de Bloch qui impressionne dans ce récit.
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Difficile de résumer ce livre tant il est dense et troublant.
Joseph Bloch en est persuadé en arrivant à l'usine où il travaille comme monteur, il est licencié.
Va alors suivre pour cet ancien gardien de but qui a du jouer à un très haut niveau puisqu'il a fait des matches internationaux, une descente aux enfers abrupte.
Il va errer d'abord dans sa propre ville, dans laquelle il va tuer une jeune femme qui tenait la caisse du cinéma dans lequel il se rendait fréquemment.
Puis dans un village proche de la frontière qui lors de son arrivée est en émoi après la disparition d'un enfant.
Un livre tout d'un trait, sans chapitre, qui nous enferme de plus en plus dans la solitude et les méandres du cerveau délirant de Joseph Bloch
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Le titre de ce roman m'a longtemps intrigué mais repoussé à tort en pensant qu'il y était question de football. Alors qu'il s'agit avant tout d'une tentative d'illustration littéraire de l'expérience d'un morcellement schizophrénique. Il propose de pénétrer dans l'esprit d'un personnage en rupture avec le monde qui l'entoure et qui entame une errance pathologique. A moins qu'elle ne soit surtout existentielle à la façon de L'étranger de Camus qui lui sert manifestement de modèle. Fugue dissociative qui n'est pas sans rappeler Cosmos de Gombrowicz (écrit 3 ans avant) mais dans un registre beaucoup plus clinique, au scalpel, à travers une écriture en apparence réduite au miminum et quasi factuelle.

Le début du roman peut rebuter par cette extrême simplicité descriptive et narrative. Une sorte d'anti-style qui cherche à suivre les pas de cet homme qui à partir d'une interprétation probablement erronée de départ (il se croit licencié à son travail parce que ses collègues l'ont ignoré à son arrivée) va se mettre à trouver des signes dans chaque objet ou situation qu'il croise sur son chemin. Tout capte son attention, sans filtre. Et subtilement, progressivement, on sent la réalité basculer à travers des glissements sémantiques, le monde se désorganiser autour de lui alors même qu'il tente de le maîtriser. Il entre également en collision avec les autres par ses différentes tentatives inadaptées d'entrer en communication. On le rejette, on le frappe. Et l'intrigue est d'autant plus étrange qu'il y sera question du meurtre d'une caissière de cinéma et de la disparition d'un enfant. Quel est son rôle dans tout ça? Je n'en dis pas plus... le titre fait référence à l'ancien métier de cet homme devenu depuis ouvrier sur un chantier et à la manière dont cet écho à son passé permettra peut-être une résolution de la crise à l'arrivée. Mais c'est surtout une métaphore de son angoisse existentielle. Handke fait le portrait d'un schizophrène mais surtout d'un homme qui dans une situation extrêmement stressante et déréalisante se met à observer le monde avec une acuité tellement puissante qu'elle l'exclut d'une société dont les codes apparaissent par contraste encore plus fous que lui-même.

C'est une expérience de lecture très troublante et que je recommande
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