Sitara, une petite afghane de dix ans, voit sa vie bouleverser en avril 1978 quand un coup d'état renverse le président Daoud Khan. le chef de l'Etat, sa famille et les personnes présentes au Palais présidentiel ce jour-là, sont massacrés. Les parents et le petit frère de Sitara font malheureusement partie des victimes.
Sitara s'en sort, miraculeusement sauvée par un militaire qui la cache puis lui fait quitter le Palais dans le plus grand secret. L'homme la cache un temps chez lui, auprès de sa famille, avant de la déposer chez Antonia, une américaine travaillant à Kaboul. La jeune femme est une employée de l'ambassade américaine qui vit dans la capitale afghane avec sa mère Tilly.
Antonia, Tilly et Sitara apprennent alors à se connaître et à se faire confiance. Les deux américaines savent qu'elles doivent faire sortir la petite fille du pays au plus vite pour sa sécurité. Tilly fait appel à un couple de hippies pour les faire passer, elle et Sitara, au Pakistan. Une fois la frontière passée, elles s'envolent pour l'Amérique. Entre-temps, Sitara a pris l'identité de sa soeur décédée, Aryana, née deux ans avant elle aux Etats-Unis quand ses parents y résidaient. Cette soeur qu'elle n'a jamais connu va lui permettre d'émigrer en toute sécurité.
A son arrivée, Aryana est placée un temps dans une famille d'accueil avec deux autres enfants. Tilly étant décédée peu de temps après son retour au pays, c'est Antonia qui se charge seule de l'éducation d'Aryana.
Trente ans plus tard, Aryana est devenue chirurgienne spécialisée en oncologie. Antonia est désormais retraitée mais elle conserve des activités associatives.
Aryana ne vit que pour son métier qui la passionne. Elle fait passer Adam, son conjoint qui veut se lancer en politique, au second plan. le choix de carrière de son compagnon n'emballe pas Aryana qui ne souhaite pas entrer dans la lumière au risque d'être contrainte de se dévoiler.
Car sa vie entière repose sur un mensonge et seules elle et sa mère adoptive connaissent la vérité.
Au fond du coeur d'Aryana vit encore Sitara, cette petite orpheline qui a débarqué dans ce grand pays inconnu trois décennies plus tôt.
Ce qu'Aryana a désormais, elle l'a bâti de ses mains et avec l'aide d'Antonia. Pourtant, son passé frappe à sa porte et se fait bien présent. Quand les Etats-Unis ont été attaqués le 11 septembre 2011, son pays d'adoption a envahi son pays de naissance. Depuis, elle ne cesse d'être torturée par ce qui s'est passé le 28 avril 1978 : qui a tué ses parents et son petit frère et où sont leurs corps ?
Le roman de
Nadia Hashimi traite d'un épisode méconnu de l'histoire afghane : le coup d'état d'avril 1978 ayant abouti à l'invasion russe qui a duré dix ans. Cet évènement fondateur est rarement évoqué. Ici, à la manière d'une Anastasia Romanov – Aryana évoque elle-même la princesse russe au cours du récit -, l'héroïne survit à un massacre et semble en être l'unique survivante. A la lecture de ses pages on comprend que le passé, aussi loin qu'il soit enfoui, n'est jamais enseveli totalement et peut ressurgir à chaque instant. Sitara, que sa nouvelle identité protège, n'est pas libre. Ce travestissement n'est qu'une couverture qui cache une blessure profonde.
Nadia Hashimi, révélée par le sublime roman
La perle et la coquille, nous entraîne ici sur les pas de Sitara devenue Aryana qui panse chaque jours les plaies d'un passé traumatisant. C'est la vie qui fait avancer Sitara, et son besoin d'avancer pour ceux qui ne sont plus là.
J'ai trouvé ce récit bouleversant de justesse. Comme on a espéré que la jeune Sitara s'en sorte et puisse quitter son Afghanistan natal, on ne peut qu'admirer l'Aryana passionnée qu'elle est devenue par sa seule volonté. Sa quête de vérité va l'inonder autant qu'elle va la sauver.