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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une découverte pour moi. j'ai aimé l'écriture simple mais élégante, légère, illustrée de Marlen Haushofer et on se laisse porter par le récit de cette femme dont on ne sait pas bien finalement si elle est enfermée dans un carcan social d'une époque ou si elle vacille entre une vie normale et une légère pathologie . Et finalement peu importe car elle est bien attachante par ses efforts à se créer un monde autour d'elle qui lui permet d'aller du lundi au dimanche puis de repartir le lundi suivant....
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C'est l'histoire d'une femme entre deux âges , mariée , deux enfants ,(seule la fille vit encore avec ses parents , l'ainé est déjà sorti du nid )qui vit péniblement entre deux "mondes" : celui du bas , avec son mari et sa fille et celui du haut qui correspond à la partie secrète de son être .

En bas , elle assume , péniblement son rôle de femme , de mère , et d'être à part entière, avec ce que cela implique d'engagement dans le monde ;
en haut ,dans sa mansarde , elle se réfugie dans son être intérieur et laisse courir librement son imagination à travers son "passe-temps" favori : le dessin !
En ce lieu de refuge , libérée des contraintes sociétales et du regard de l'autre , elle s'adonne à son activité artistique,au pouvoir salvateur pour son équilibre mental ......Un fil directeur obsessionnel dans sa créativité traduit par cette phrase laconique :

"Je voudrais peindre un oiseau qui ne serait pas le seul oiseau sur terre "

On aura bien compris que cette quête là , c'est la sienne : retrouver le contact avec le monde !

A travers un courrier qui lui est adressé régulièrement dans une enveloppe jaune , et dont elle va découvrir le contenu de façon "ritualisée" lorsqu'elle se retrouvera dans sa mansarde , on découvrira une partie de sa vie consignée dans ce journal intime qui lui revient par le plus grand mystère : dès lors le lecteur possèdera l'éclairage nécessaire pour appréhender le personnage dans toute sa complexité !

Ainsi on découvrira qu' un choc émotionnel survenu lors des premières années de son mariage l'ont rendue sourde .
Pendant plus de deux ans , sa vie s'est retrouvée en marge : reléguée au fin fond d'un coin de montagne par son mari , elle ne retrouvera l'ouie qu'à travers un nouveau choc émotionnel .........Lié à la rencontre d'un individu inquiétant , recherchant la surdité de cette femme pour verbaliser le poids de sa conscience : malgré le danger encouru par ce rôle de confesseur , cette relation lui devient nécessaire , la ramenant à reprendre une place "utile" dans le monde ! Un jour où le danger s'avère imminent , l'instinct de survie reprend le dessus et elle retrouve l'usage de son sens ! Elle s'enfuit ....laissant l'individu à ses tourments !

La vie reprendra son court , avec cette fracture qui la divise en deux , dans ses actes , ses pensées et sa notion de l'espace temps .
Sa vie d'en bas , mécaniquement réglée , ne laissant aucune place au vagabondage de l'esprit.....s'occupant avec acharnement à des tâches répétitives telle la scansion d'un mantra pour ne pas s'écarter du fil tenu qui la maintient dans les schémas névrotiques garde-fous , l'aidant à tenir en respect la folie qui la guette sournoisement tapie dans l'ombre .....avec un besoin maladif d'expier "la faute existencielle"! le style du livre s'accorde merveilleusement bien à cette rigueur drastique dans son rythme scandé , mécanique ! Les sentiments semblent inexistants , aucun affect , juste une énonciation de faits avec beucoup de distanciation :

Je décidai de réunir mes dernière forces pour combattre cet assombrissement , je courus à la salle de bain , remplis un seau d'eau, saisis une serpillière et allais m'agenouiller sur le parquet vitrifié du salon.Je ne pris pas le balai, je rampais sue les genoux pour netttoyer tous les coins que le balai n'atteint pas .Ce fut un grand bienfait car je cessai de penser .ce travail est merveilleusement astreignant , il faut se déhancher pour passer sous les armoires , pour déplacer les meubles ,le dos vous fait mal et les vous brûlent vous brûlent .Il n'y a rien de mieux pour les pensées importunes ."

Plus loin encore :
"Je chargeai les tapis sur mon bras et les remportai dans la maison.La matinée était vraiment finie .J'allais dans la salle de bain me laver la figure et les mains en me félicitant de mon travail.Je sentais bien que j'exécrais cette besogne mais je savais à quel point elle m'était nécessaire "

Et encore :
"d'un seul coup , j'eus très froid.Ce 'était pas surprenant car j'avais transpiré en battant les tapis et je ne m'étais pas changée.J'eus l'impression que je ne pourrais plus me lever .Je pensais alors à mon lit et me dit qu'il ne tenait qu'à mopi de m'y allonger .Mais cela aurait naturellment bouleversé tout mon système, il ne pouvait donc en être question."

A travers ces extraits , on prend conscience de l'extrême fragilité psychique de cette femme, de la culpabilité de vivre même ,et qui tente de garder contact avec la réalité par une discipline de fer qu'elle s'impose ....Hum, on n'est pas loin de PADRE PIO et des grands mystiques fervents pratiquants de l'autoflagellation !

Un roman glacé qui parle d'absence à soi , au réel , de l'impossibilité de communiquer , du poids du passé , du grand vide ou du trop plein de l'être intérieur .....de la solitude des êtres qui se tiennent sur le fil ....aujourd'hui on écrirait "borderline" !

Marlen Haushofer réussit brillamment à traduire cet état : à lire les jours de "positive attitude" !!!
Mais je suis encore sous le choc de ce talent pour exprimer les méandres du cerveau "fracturé" ......
J'ai adoré et j'entends bien continuer avec MARLEN HAUSHOFER
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Huit jours de la vie d'une femme de quarante-sept ans, du dimanche au dimanche, comme une ronde bien huilée en apparence. Son fils aîné a pris son indépendance, sa fille est en vacances à la neige, ne reste donc à la maison que la narratrice et son mari, avocat.
Leur routine fait partie du "système" que la narratrice a mise en place pour échapper à ce qu'elle appelle ses "pensées de mansarde", la mansarde étant "la chambre à soi" où elle dessine et réfléchit. L'espace où elle prend aussi connaissance des courriers qui arrivent quotidiennement, livrant  de façon morcelée des pages d'un journal intime d'une époque qu'elle estime révolue. Époque lointaine où elle est soudain et inexplicablement devenue sourde, ce qui lui vaudra un exil forcé, en forêt, dans une quasi solitude. Là, elle connaîtra une expérience intense, que chaque lecteur pourra interpréter à sa façon
Petit à petit, nous prenons ainsi conscience de la force souterraine qui anime cette femme et qu'elle annihile consciencieusement, se pliant à des rituels bourgeois auxquels elle n'adhère pas.
Paru pour la première fois en 1969, ce roman pourrait aussi bien se dérouler de nos jours tant il est moderne et embarque son lecteur dès les premières phrases.221 pages piquetées de marque-pages
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Après ma lecture du "Mur invisible" qui m'a énormément plu (et parlé durant ce confinement !), j'ai poursuivi ma découverte de l'oeuvre de Marlen Haushofer avec "Dans la mansarde". Je ne résumerais pas le roman, car ça a déjà été fait dans d'autres critiques, mais comme dans "Le mur invisible" on retrouve une héroïne d'un certain âge qui se penche sur sa vie, et qui subtilement nous offre de nombreuses réflexions sur le statut de la femme, la maternité, le statut d'épouse, le passé qui nous rattrape, le sentiment incommunicabilité avec les autres, la famille que l'on subit... C'est amené par petites touches, tout en évoquant un quotidien assez classique, qui pourrait paraître ennuyeux si il n'était ponctué de ces éclats réflexifs de notre héroïne et de son inclinaison à se réfugier dans cette mansarde, qui m'a évidemment évoquée "Une chambre à soi" de Virginia Woolf, un lieu qui n'appartient qu'à notre héroïne. Un joli roman, assez lent à lire, mais personnellement c'est cette lenteur qui m'a beaucoup plu, et cette figure féminine finalement très contemporaine (le roman fut publié en 1969).
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Cherchant à capturer au mieux les oiseaux sur papier, la narratrice s'échappe physiquement et mentalement dans la mansarde de sa maison. Un refuge pour cette femme mariée entre deux âges dont le quotidien routinier est quasi immuable. A priori, on serait tenté de croire qu'il ne se passe pas grand chose et que ses états d'âme tout comme ses observations sont anodins.

Sa routine est soudainement brisée par d'étranges enveloppes qu'elle reçoit. Il s'agit de son journal intime qu'elle tenait dans sa jeunesse alors qu'elle s'était retrouvée brutalement atteinte de surdité. Son mari avait décidé alors pour elle d'une convalescence dans un endroit au coeur d'une forêt.La narratrice peut donner l'impression d'être en partie absente de sa vie, elle se conforme aux choix et à la volonté de son mari. Son manque d'émotions et son détachement vont lentement se fissurer.

Dans ce récit qui s'étale sur huit jours précisément, la fracture entre son existence bourgeoise et ses réflexions intimes se dessine lentement. le couple, la maternité, la famille et les difficultés qu'elle éprouve sont autant de thèmes abordés dans ce roman.
Cette lecture troublante distille un trouble grandissant renforcé par le contraste entre les descriptions de la nature et les propos de la narratrice.

Le mur invisible de Marlen Haushofer avait connu un beau succès sur les blogs et je m'étais promise de revenir vers cette auteure.C'est chose faite !
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D'un dimanche à l'autre, nous allons suivre la vie quotidienne de la narratrice. Mariée à Hugo, un gentil époux qui s'intéresse beaucoup aux livres de guerre et dont la vie est très réglée, la femme mène une existence plutôt ordinaire. Elle a deux enfants, Ferdinand et Ilse. le garçon a quitté la maison.
En apparence, tout est lisse, mais les choses bouillent à l'intérieur. Elle aime depuis toujours se réfugier dans la mansarde, son lieu intime, où elle dessine et tente de créer un oiseau qui ne donnera pas l'impression d'être seul au monde. On retrouvait déjà l'idée de cet oiseau sous la forme d'une corneille albinos dans le Mur invisible, oiseau rejeté par les autres.
Chaque jour, elle reçoit les pages d'un ancien journal qu'elle a tenu autrefois, quand elle était atteinte de surdité et qu'elle passait sa convalescence dans une maison de garde-forestier, au coeur des montagnes. Là encore, on retrouve les paysages et l'atmosphère du Mur invisible, même si c'est dans une moindre mesure.
Autour d'elle, il y a le personnage de la baronne, à qui elle rend visite régulièrement mais à contre coeur : ce qui l'unit à cette femme, c'est qu'elle se soit blottie contre elle lors d'un bombardement. La vieille femme et laide et folle. La narratrice en a peur, mais va la voir quand même. Elle évite de lui offrir des fleurs.

Elle reçoit aussi la visite d'une gentille femme, très propre sur elle, dont la vie de famille semble parfaite. Il y a d'autres personnages, la figure imposante de la conseillère, sa belle-mère qui l'a toujours détestée.
Quand elle se replonge dans son passé à travers les pages du journal, on apprend comment elle a croisé dans la nature un être à l'apparence et au comportement très anormal, avec qui elle a passé un pacte : ce solitaire a besoin de parler, de cracher tout ce qui le tourmente et, comme elle sourde, elle se rend dans sa cabane, s'assoit en face de lui et le voit s'égosiller. Ces rencontres sont troublantes, voire terrifiantes. On se dit que ce peut être un assassin, un violeur... Je l'imaginais sorti de la colline a des yeux.
Le contraste entre le rythme fade des journées (ménage, cuisine...) et ce qui se passe intérieurement met en valeur la complexité de cette femme en qui le lecteur pourrait se reconnaître.

Le rêve est très présent. Il fait surgir de nombreuses images (encore plus dans Sous un ciel infini).
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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Dans la mansarde de Marlen Haushofer est un roman très étrange. Bien sûr, on peut y trouver une critique de la situation à laquelle la femme est cantonnée dans la société bourgeoise des années 60. Cette illustratrice qui n'exerce plus son métier, le dessin étant devenu un hobby, d'après son mari; ses journées réglées sur la vie de son mari, ces visites qui l'ennuient, le ménage pour ne pas penser, les enfants.
Mais il y a plus, ce qui pourrait être une chronique ennuyeuse prend une tournure étrange grâce aux courriers qu'elle reçoit pendant la semaine que le roman couvre, et qui nous éclairent sur ce qui lui est arrivé d'incroyable il y a 17 ans. Qui est-elle vraiment ?
Une héroïne qui présente de grandes similitudes avec celle du Mur invisible : la solitude, la vie dans la forêt, la routine et le sentiment d'étrangeté par rapport aux autres. Impressionnant. Comme une métaphore de l'isolement et de la difficulté à être avec les autres.
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La narratrice mène une vie bourgeoise auprès de son époux et de ses deux grands enfants. Quand elle a terminé les tâches ménagères qu'elle s'impose, elle se réfugie dans la mansarde de sa maison où personne d'autre ne monte. Elle y dessine des oiseaux.

Sa vie est chahutée quand elle commence à recevoir des enveloppes contenant le journal intime qu'elle a tenu alors qu'elle vivait cloîtrée dans une cabane dans la forêt autrichienne, mise à l'écart par sa famille qui ne supportait pas sa soudaine surdité.

« Dans la mansarde » est un texte délicat qui aborde la maternité et la vie conjugale avec beaucoup de liberté.

A lire au grenier.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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"Si l'on fixe sur moi un regard plein de curiosité, je n'y attache pas davantage d'importance que si un corbeau me regardait. Seulement, les corbeaux, eux, sont des oiseaux discrets et qui savent se tenir." (180)

Moins radical que "Le mur invisible", plus gouleyant que "La porte dérobée", cette troisième variation de Marlen Haushofer sur la partition des troubles psychiques se lit calmement en compagnie d'un vol d'oiseau. Des images poétiques se dessinent çà et là en couleurs : un arbre "qui peut absorber et éteindre les désirs", un miroir qui pleure, une poitrine bourrée de sciure. La narratrice, portée par sa sensibilité artistique, vit dans un monde riche en perceptions. Elle paraît indolente, se prêtant à des jeux sociaux dont elle n'est pas actrice, rendant visite à des êtres qui lui sont attachés pour des raisons qui ne la concerne pas.

"Elle ne remarque jamais ce qui se passe en moi parce que je ne suis qu'un objet à ses yeux. Il faudrait se tirer une balle dans la tête pour lui montrer qu'on en a assez." (95)

Mais cela ne l'empêche pas d'être intérieurement vivante, ne cherchant à ressembler à personne, ne se conformant à aucun statut. Loyale avec elle-même, elle tord le cou aux apparences, quitte à se retrouver en porte-à-faux avec son entourage, en retrait, isolée par sa lucidité dans ses "pensées mansardières". Elle compose avec sa situation, n'en veut à personne. Et nous dit avec force que ne pas accepter la réalité – des êtres, des situations, des sentiments – c'est trahir.

"J'aimerais qu'il me fût permis une fois de voir vraiment; de voir les choses telles qu'elles ne se montrent jamais à nous. C'est pour cette raison que j'aime tant aller me coucher car pendant les secondes du passage de veille à sommeil, il n'y a que des images, il n'y a ni temps ni pensée, seulement des images puis l'effacement et l'inconscience totale." (75)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Huit chapitres, huit jours pour raconter l' existence triste et solitaire d' une femme de la bourgeoisie autrichienne, dans les années soixante.
À travers la vie monotone d'une mère au foyer, l'écrivaine , avec subtilité et talent, décrit la fêlure quotidienne du couple, la complexité des relations familiales, la blessure de l' enfance. l'‘ héroïne aime se réfugier dans sa mansarde pour dessiner et lire un journal qu'elle a rédigé, dans le calme et l'isolement, lors d' un drame psychologique.
Un roman attachant, agréable à lire où affleurent l' angoisse, la peur et l' amour.
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