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La narratrice, à laquelle l'auteure a choisi de ne pas donner de nom, est une femme au foyer qui mène une vie simple, elle s'occupe de son mari, de ses enfants, de sa maison.
Lorsqu'elle en trouve le temps, elle aime se réfugier dans la mansarde pour dessiner des oiseaux, des insectes, des poissons.
Une enveloppe marron trouvée un matin dans sa boîte à lettres va bousculer ce quotidien.
C'est dans la mansarde, son refuge, qu'elle lit ces pages.
Qui ? Pourquoi ? Elle ne comprend pas, comment le journal qu'elle a écrit quinze ans plus tôt dans des circonstances particulières, peut se retrouver sous ses yeux.
Qui a découvert ce texte ? Où l'avait-elle laissé, perdu ?
Au fil des réceptions les questions deviennent de plus en plus angoissantes et la ramènent au temps qu'elle a passé dans une cabane isolée, après avoir perdue momentanément l'ouïe.

Ce livre m'a beaucoup émue. J'ai été touchée par cette femme qui parle peu, qui observe sans jamais porter de jugement.
Elle ne trouve pas sa place dans ce foyer qui est pourtant le sien. C'est « Dans la mansarde » qu'elle se sent revivre. Elle n'est cependant pas malheureuse, ni résignée, tout au plus indépendante et secrète.

Ce roman est lent, il se passe peu de choses, il est magnifiquement écrit.
Marlen Haushofer m'a entraînée dans la tête de son personnage, j'ai partagé sa solitude, ses doutes, ses émotions.
Un livre magnifique.
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1er billet- mai 2013- Réactualisation le 19 avril 2024

Une femme, épouse bourgeoise, mère de famille, se réfugie régulièrement dans une mansarde pour lire le courrier qui lui est adressé. Or ce qu'elle trouve dans les enveloppes, c'est, épisode après épisode, le journal qu'elle tenait du temps où devenue sourde, elle avait été reléguée par son mari dans une cabane, au coeur de la forêt autrichienne....
Les mêmes thèmes chers à Marlen Haushofer: la solitude, la peur, la difficulté de vivre, l'hypocrisie des relations, la solitude dans les rapports de couple...

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Chronique réactualisée le 19 avril 2024


Les romans de Marlen Haushofer mettent fréquemment en scène la solitude d'une femme au sein de son couple. Ainsi Dans la Mansarde, une femme, épouse bourgeoise, mère de famille se réfugie régulièrement dans une mansarde pour lire le courrier qui lui est adressé. Or ce qu'elle trouve dans les enveloppes jaunes, c'est, épisode après épisode, le journal qu'elle tenait du temps où, devenue sourde, elle avait été reléguée par son mari dans une cabane, au coeur de la forêt autrichienne. Avec ce texte, Marlen Haushofer réunit les thèmes qui lui tenaient le plus à coeur : la peur, la solitude, la mémoire, l'hypocrisie des relations.

En plus de la solitude pathétique dans le couple de l'héroïne, il y a sa différence, sa marginalité à cause de sa surdité subite et sans origine physique…qui la mettent à l'écart de son couple. Elle dérange. Marlen Haushofer décrit de façon très dense les méandres et les tourments mentaux, intérieurs d'une femme qui, quelque part ne trouve pas réellement sa place dans l'existence. La solitude revêt mille costumes, entre la maladie physique, la pauvreté, la laideur, le handicap, et dans cette histoire, il s'agit d'un profond mal de vivre. Dans les mots de cet écrivain, il y a l'obsession de la mort, du néant. Il ne faut pas oublier que cette femme a vécu les bombardements, la seconde guerre, et le nazisme.

Son idée du couple est noire : la réunion de deux individualités qui ne se comprennent pas ou si mal. Ainsi l'héroïne de la Mansarde dit les choses suivantes en parlant de son époux, tout au début du roman : Il ne se rend pour ainsi dire pas compte de ma présence et ne m'adresse pas la parole mais il faut que je sois dans la pièce. le mariage envisagé comme un échappatoire à la solitude : un pis-aller…j'ai épousé un homme aux moeurs bourgeoises, je m'occupe d'un intérieur bourgeois et dois me comporter en conséquence. Mes extravagances hors des règles d'une vie bourgeoise se limiteraient à passer la soirée dans la mansarde.

Quand deux êtres sont ensemble et qu'un seul pleure, rien de bon ne peut en sortir.
L'auteur décrit la difficulté de vivre, d'adhérer à son existence : Non seulement je ne pouvais pas entendre mais j'osais à peine parler car je ne savais pas à quoi ma voix se ressemblait. J'avais vraiment le sentiment de ne rien avoir à faire sur cette terre. (…) Pauvre Hubert (le mari de l'héroïne) , il ne peut pas être comme son père. Il n'aime pas les femmes, il a seulement besoin d'elles. Il n'aime pas non plus vraiment la vie, il la prend comme un devoir que lui aurait donné un maître d'école inconnu, comme un travail dont il ne peut venir à bout, quelque mal qu'il se donne. Et il s'en donne !

Il est aussi beaucoup question de tourment mental, comme cette surdité qui apparaît à priori sans raison physique ni précise : Pourquoi moi ou cette étrangère qui est en moi ne voulons-nous plus nous entendre ? Et pourquoi ce refus alors que j'avais enfin ce que j'avais toujours voulu avoir, une famille pour moi seule ? (…) Je reste assise à attendre que cette étrangère en moi condescende à réentendre.


L'héroïne exprime de façon bouleversante ses difficultés à vivre à deux et son impossibilité à s'assumer seule : "mon unique partenaire, c'est Hubert. de nombreuses femmes trouveraient que c'est un partenaire impossible. Il me convient. Il est là sans être vraiment présent et jamais il ne s'approche trop de moi."

J'aime ce livre pour une réflexion qui me convient, et que je trouve très juste sur le sentiment de se sentir vivant, indépendant, tout en souhaitant la proximité humaine :
"J'aime bien la solitude dans une pièce mais pas dans toute une maison . Quand on est seul dans une pièce, on a toujours la ressource de frapper à la porte voisine et de demander si l'on peut entrer quelques instants. Et celui qui est à l'intérieur répond (…) Après avoir passé un petit moment avec lui, je retrouve la force de repartir et de rester dans ma chambre."

L'être humain doit parler, semble-t-il, s'il ne veut pas perdre la raison.
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Une semaine dans la vie d'une femme autrichienne, chaque chapitre dédié à une journée. La narratrice raconte le quotidien lent, sans surprise, et elle se raconte sans y prendre garde. Son refuge, c'est la mansarde où elle peint et où elle marche sans crainte de déranger son époux. Quoi qu'elle fasse, cette femme tente d'échapper au passé et aux souvenirs qui pourraient ébranler le précaire équilibre du présent, renverser le statu quo d'une existence pétrifiée. « le passé, quel qu'il soit, doit être liquidé. C'est une démarche douloureuse devant laquelle toute ma vie, je me défile. » (p. 48) Hélas, un oiseau lui rappelle son enfance entre des parents malades, un grain de poussière ravive le souvenir des deux ans durant lesquels elle a perdu l'ouïe. Et justement, le courrier du jour lui apporte les pages du journal qu'elle a écrit pendant ces mois de silence. « Les médecins […] ont dit qu'il n'y avait pas de cause organique à ma surdité. J'aurais seulement oublié comment l'on entend. Cela me reviendra peut-être. » (p. 58) Qui envoie ces courriers, et pourquoi ? En se relisant, des années après, la femme se rappelle la solitude et le détachement de ce qui faisait son monde. Comme elle, le/la lecteur·ice se demande comment elle a retrouvé sa place. Mais l'évidence se fait : cette place est restée perdue, et celle qui est revenue du silence n'était pas tout à fait la même. On comprend alors les terribles efforts qu'elle fait pour ne jamais regarder en arrière. « Il m'est parfois importun d'avoir en tête autant d'images cachées qui peuvent surgir à tout moment. » (p. 115)
La quatrième de couverture parle d'un roman d'une étonnante modernité, et c'est tout à fait juste. On flirte par moment avec le fantastique tant l'étrangeté de cette femme est considérable. Dans son intérieur figé, auprès d'un époux hautement prévisible et d'enfants évanescents, la narratrice marche sans cesse sur des oeufs et ne trouve pas le repos. Elle lutte contre ses pulsions de liberté et rêve de s'affranchir des chaînes qu'elle s'est laissé passer au cou. La mansarde, alors, tout autant partie de la maison que refuge mental, est le lieu de tous les possibles, mais aussi celui de tous les interdits. « Les choses et les pensées qui concernent ma vie dans la mansarde n'ont pas à pénétrer dans le reste de la maison. » (p. 26) J'ai découvert Marlen Haushofer avec le mur invisible, autre lecture tout à fait inoubliable.
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Une découverte pour moi. j'ai aimé l'écriture simple mais élégante, légère, illustrée de Marlen Haushofer et on se laisse porter par le récit de cette femme dont on ne sait pas bien finalement si elle est enfermée dans un carcan social d'une époque ou si elle vacille entre une vie normale et une légère pathologie . Et finalement peu importe car elle est bien attachante par ses efforts à se créer un monde autour d'elle qui lui permet d'aller du lundi au dimanche puis de repartir le lundi suivant....
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Une ville d'Autriche-1967.
Une femme reçoit chaque jour durant une semaine son journal intime rédigé durant une période où elle était sourde, vivait recluse et éloignée de sa famille.
Après avoir « le mur » qui fut une véritable révélation pour moi en 2020, je me suis plongé avec envie dans ce livre.
On y retrouve ses thèmes de prédilection : la nature, la solitude, les incapacités des êtres à communiquer.
Chaque personnage vit dans son monde et il y quasi aucun échange entre eux.
La surdité de l'héroïne est le symbole (apparent) de cet isolement
Il ne passe quasiment rien dans ce livre, excepté des petits évènements de la vie quotidienne mais c'est tout le talent est de Marlen Haushofer de nous captiver au-delà de cette banalité et de cette noirceur du quotidien.
On s'attache en effet à la narratrice qui s'interroge sur les autres et sur elle-même. Les différents portraits des personnages sont très cinglants (avec parfois une touche d'humour) mais elle désamorce toute méchanceté par une lucidité sur elle-même.
Ce roman est d'une criante actualité dans une société où les (vrais) échanges diminuent proportionnellement aux moyens de communications. La personne sourde est finalement celle qui communique le plus avec le monde extérieur car elle met en situation de comprendre les autres.
Ce livre de M. Haushofer m'a touché car elle arrive à mettre en situation des sujets tels que le rapport à l'autre ou la société de consommation dans le cadre d'un quotidien qui pourrait être le nôtre... J'aime cette littérature qui nous pousse à nous interroger sur soi-même.
Je recommande !
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Dans ce roman, on suit le quotidien d'une quinquagénaire mère au foyer dont les enfants sont adolescents voire adultes et vivent leurs vies de leur côté. le récit s'oriente principalement sur la vie de couple et l'entretien de la maison, entrecoupé de souvenirs soulevés par l'arrivée impromptue dans la boîte aux lettres d'extraits de journaux intimes de jeunesse de la narratrice, que cette dernière s'empresse de dissimuler dans un tiroir de meuble de la mansarde, sa pièce maîtresse, son atelier où elle vient régulièrement dessiner des oiseaux.
Le récit s'étire sur une semaine, le temps que chaque extrait de journal soit envoyé, lu et aussitôt détruit.

J'ai adoré le mur invisible, j'avais la sensation qu'il se dégageait une certaine sérénité de ce livre. A contrario, Dans la mansarde m'a considérablement angoissée et plusieurs jours après l'avoir terminée, cette lecture m'évoque encore un sentiment de malaise. le style magnétique du Mur invisible n'a pas opéré avec Dans la mansarde – les deux livres ont été traduits par des personnes différentes. Dans le mur invisible, le détachement émotionnel de la narratrice peut être perçu comme une force qui lui permet de survivre dans un milieu hostile, exempt de toutes relations humaines. La narratrice de Dans la mansarde présente ce même trait de caractère alors qu'elle est entourée de sa famille et de ses amis. Elle observe sa vie, son entourage, ses proches, avec un détachement quasi pathologique. Elle exprime régulièrement son absence de sentiments – ni haine, ni amour – son acceptation d'un ennui certain, cette routine incessamment répétée. La narratrice expulse sa rage sous-jacente dans les tâches ménagères de la maison qu'elle ne déléguerait à personne d'autre, quand bien même son mari lui proposerait d'embaucher un femme de ménage.
Toutefois, le discours lisse et presque monotone entraîne progressivement, suite à la lecture des souvenirs reçus par voie postale – on ne sait et ne saura jamais comment – , une discrète évolution dans la psyché de la narratrice.

Si les éditeurs d'Actes Sud estime dans la quatrième de couverture que Dans la mansarde est « le plus subtil et le plus abouti » des romans de M. Haushofer, à mon sens, il n'égale pas le mur invisible et s'apparente d'avantage mais de manière plus développée à Nous avons tué Stella.
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C'est l'histoire d'une femme entre deux âges , mariée , deux enfants ,(seule la fille vit encore avec ses parents , l'ainé est déjà sorti du nid )qui vit péniblement entre deux "mondes" : celui du bas , avec son mari et sa fille et celui du haut qui correspond à la partie secrète de son être .

En bas , elle assume , péniblement son rôle de femme , de mère , et d'être à part entière, avec ce que cela implique d'engagement dans le monde ;
en haut ,dans sa mansarde , elle se réfugie dans son être intérieur et laisse courir librement son imagination à travers son "passe-temps" favori : le dessin !
En ce lieu de refuge , libérée des contraintes sociétales et du regard de l'autre , elle s'adonne à son activité artistique,au pouvoir salvateur pour son équilibre mental ......Un fil directeur obsessionnel dans sa créativité traduit par cette phrase laconique :

"Je voudrais peindre un oiseau qui ne serait pas le seul oiseau sur terre "

On aura bien compris que cette quête là , c'est la sienne : retrouver le contact avec le monde !

A travers un courrier qui lui est adressé régulièrement dans une enveloppe jaune , et dont elle va découvrir le contenu de façon "ritualisée" lorsqu'elle se retrouvera dans sa mansarde , on découvrira une partie de sa vie consignée dans ce journal intime qui lui revient par le plus grand mystère : dès lors le lecteur possèdera l'éclairage nécessaire pour appréhender le personnage dans toute sa complexité !

Ainsi on découvrira qu' un choc émotionnel survenu lors des premières années de son mariage l'ont rendue sourde .
Pendant plus de deux ans , sa vie s'est retrouvée en marge : reléguée au fin fond d'un coin de montagne par son mari , elle ne retrouvera l'ouie qu'à travers un nouveau choc émotionnel .........Lié à la rencontre d'un individu inquiétant , recherchant la surdité de cette femme pour verbaliser le poids de sa conscience : malgré le danger encouru par ce rôle de confesseur , cette relation lui devient nécessaire , la ramenant à reprendre une place "utile" dans le monde ! Un jour où le danger s'avère imminent , l'instinct de survie reprend le dessus et elle retrouve l'usage de son sens ! Elle s'enfuit ....laissant l'individu à ses tourments !

La vie reprendra son court , avec cette fracture qui la divise en deux , dans ses actes , ses pensées et sa notion de l'espace temps .
Sa vie d'en bas , mécaniquement réglée , ne laissant aucune place au vagabondage de l'esprit.....s'occupant avec acharnement à des tâches répétitives telle la scansion d'un mantra pour ne pas s'écarter du fil tenu qui la maintient dans les schémas névrotiques garde-fous , l'aidant à tenir en respect la folie qui la guette sournoisement tapie dans l'ombre .....avec un besoin maladif d'expier "la faute existencielle"! le style du livre s'accorde merveilleusement bien à cette rigueur drastique dans son rythme scandé , mécanique ! Les sentiments semblent inexistants , aucun affect , juste une énonciation de faits avec beucoup de distanciation :

Je décidai de réunir mes dernière forces pour combattre cet assombrissement , je courus à la salle de bain , remplis un seau d'eau, saisis une serpillière et allais m'agenouiller sur le parquet vitrifié du salon.Je ne pris pas le balai, je rampais sue les genoux pour netttoyer tous les coins que le balai n'atteint pas .Ce fut un grand bienfait car je cessai de penser .ce travail est merveilleusement astreignant , il faut se déhancher pour passer sous les armoires , pour déplacer les meubles ,le dos vous fait mal et les vous brûlent vous brûlent .Il n'y a rien de mieux pour les pensées importunes ."

Plus loin encore :
"Je chargeai les tapis sur mon bras et les remportai dans la maison.La matinée était vraiment finie .J'allais dans la salle de bain me laver la figure et les mains en me félicitant de mon travail.Je sentais bien que j'exécrais cette besogne mais je savais à quel point elle m'était nécessaire "

Et encore :
"d'un seul coup , j'eus très froid.Ce 'était pas surprenant car j'avais transpiré en battant les tapis et je ne m'étais pas changée.J'eus l'impression que je ne pourrais plus me lever .Je pensais alors à mon lit et me dit qu'il ne tenait qu'à mopi de m'y allonger .Mais cela aurait naturellment bouleversé tout mon système, il ne pouvait donc en être question."

A travers ces extraits , on prend conscience de l'extrême fragilité psychique de cette femme, de la culpabilité de vivre même ,et qui tente de garder contact avec la réalité par une discipline de fer qu'elle s'impose ....Hum, on n'est pas loin de PADRE PIO et des grands mystiques fervents pratiquants de l'autoflagellation !

Un roman glacé qui parle d'absence à soi , au réel , de l'impossibilité de communiquer , du poids du passé , du grand vide ou du trop plein de l'être intérieur .....de la solitude des êtres qui se tiennent sur le fil ....aujourd'hui on écrirait "borderline" !

Marlen Haushofer réussit brillamment à traduire cet état : à lire les jours de "positive attitude" !!!
Mais je suis encore sous le choc de ce talent pour exprimer les méandres du cerveau "fracturé" ......
J'ai adoré et j'entends bien continuer avec MARLEN HAUSHOFER
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Huit jours de la vie d'une femme de quarante-sept ans, du dimanche au dimanche, comme une ronde bien huilée en apparence. Son fils aîné a pris son indépendance, sa fille est en vacances à la neige, ne reste donc à la maison que la narratrice et son mari, avocat.
Leur routine fait partie du "système" que la narratrice a mise en place pour échapper à ce qu'elle appelle ses "pensées de mansarde", la mansarde étant "la chambre à soi" où elle dessine et réfléchit. L'espace où elle prend aussi connaissance des courriers qui arrivent quotidiennement, livrant  de façon morcelée des pages d'un journal intime d'une époque qu'elle estime révolue. Époque lointaine où elle est soudain et inexplicablement devenue sourde, ce qui lui vaudra un exil forcé, en forêt, dans une quasi solitude. Là, elle connaîtra une expérience intense, que chaque lecteur pourra interpréter à sa façon
Petit à petit, nous prenons ainsi conscience de la force souterraine qui anime cette femme et qu'elle annihile consciencieusement, se pliant à des rituels bourgeois auxquels elle n'adhère pas.
Paru pour la première fois en 1969, ce roman pourrait aussi bien se dérouler de nos jours tant il est moderne et embarque son lecteur dès les premières phrases.221 pages piquetées de marque-pages
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Après ma lecture du "Mur invisible" qui m'a énormément plu (et parlé durant ce confinement !), j'ai poursuivi ma découverte de l'oeuvre de Marlen Haushofer avec "Dans la mansarde". Je ne résumerais pas le roman, car ça a déjà été fait dans d'autres critiques, mais comme dans "Le mur invisible" on retrouve une héroïne d'un certain âge qui se penche sur sa vie, et qui subtilement nous offre de nombreuses réflexions sur le statut de la femme, la maternité, le statut d'épouse, le passé qui nous rattrape, le sentiment incommunicabilité avec les autres, la famille que l'on subit... C'est amené par petites touches, tout en évoquant un quotidien assez classique, qui pourrait paraître ennuyeux si il n'était ponctué de ces éclats réflexifs de notre héroïne et de son inclinaison à se réfugier dans cette mansarde, qui m'a évidemment évoquée "Une chambre à soi" de Virginia Woolf, un lieu qui n'appartient qu'à notre héroïne. Un joli roman, assez lent à lire, mais personnellement c'est cette lenteur qui m'a beaucoup plu, et cette figure féminine finalement très contemporaine (le roman fut publié en 1969).
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Cherchant à capturer au mieux les oiseaux sur papier, la narratrice s'échappe physiquement et mentalement dans la mansarde de sa maison. Un refuge pour cette femme mariée entre deux âges dont le quotidien routinier est quasi immuable. A priori, on serait tenté de croire qu'il ne se passe pas grand chose et que ses états d'âme tout comme ses observations sont anodins.

Sa routine est soudainement brisée par d'étranges enveloppes qu'elle reçoit. Il s'agit de son journal intime qu'elle tenait dans sa jeunesse alors qu'elle s'était retrouvée brutalement atteinte de surdité. Son mari avait décidé alors pour elle d'une convalescence dans un endroit au coeur d'une forêt.La narratrice peut donner l'impression d'être en partie absente de sa vie, elle se conforme aux choix et à la volonté de son mari. Son manque d'émotions et son détachement vont lentement se fissurer.

Dans ce récit qui s'étale sur huit jours précisément, la fracture entre son existence bourgeoise et ses réflexions intimes se dessine lentement. le couple, la maternité, la famille et les difficultés qu'elle éprouve sont autant de thèmes abordés dans ce roman.
Cette lecture troublante distille un trouble grandissant renforcé par le contraste entre les descriptions de la nature et les propos de la narratrice.

Le mur invisible de Marlen Haushofer avait connu un beau succès sur les blogs et je m'étais promise de revenir vers cette auteure.C'est chose faite !
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