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C'est un curieux roman, dont l'ancrage dans une réalité réinventée, laisse la place au rêve, en donnant la parole à un héros romantique digne du Grand Meaulnes.

La scène inaugurale a lieu de nos jours, dans le cimetière d'une cité imaginaire qui peu à peu ferme ses portes, chasse les étrangers, dans un climat de défiance, alors que la crainte fait resurgir les comportements les moins dignes dans la population .
Sebastian vient s'y recueillir sur la tombe d'Agathe, décédée quelques années plus tôt lors d'une manifestation, à une période où quelques-uns croyaient encore pouvoir changer le cours des événements . La stupeur et l'effroi le gagnent lorsqu'il se reconnaît sous les traits d'une statue de gisant, accompagné de la jeune femme qu'il aimait.

Une deuxième énigme voit bientôt le jour : qui est Kathryn Petersen, retrouvée dans la rue, rouée de coups par la milice, amnésique, et qui ressemble tant à Agathe?

Alors que la situation politique est de plus en plus tendue, Sebastian envisage de s'échapper, en entraînant dans sa fuite une centaine de sans papiers, voués à un sort funeste. C'est avec son associé Dimitri, et avec l'aide d'une chanteuse lyrique qui bénéficie pour un temps encore de la clémence des dirigeants, qu'il échafaude un projet fou.

La cité imaginaire, le romantisme des sentiments passionnés du narrateur, le refus de la fatalité et l'espoir d'un avenir meilleur : on est dans une ambiance intemporelle, aux frontières de la réalité.
Il y a quelque chose de la tragédie antique dans cette histoire d'évasion, une histoire de cheval de Troie à l'envers, un projet porté par des sentiments forts, de la jalousie, de la haine, de l'amour, qui voudraient justifier toutes les trahisons.

L'écriture est magnifique : c'est le type de récit que l'in voudrait faire durer, que l'on déguste lentement phrases après phrases, éventuellement relues pour mieux en apprécier la musique.

Une très belle découverte de cette rentrée 2016

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Mardi 1er novembre : en ce jour de Toussaint j'ouvre ce livre et me retrouve dans un cimetière, avec Sebastian qui vient, comme chaque jour depuis trois ans, se recueillir sur la tombe d'Agathe, son aimée, son épouse, qui pour échapper aux rafales de mitraillette dela milice s'est empalée sur les grilles de l'Opéra royal. Agathe, ballerine, étoile, évanescente et décidée qui a pris part à la manifestation interdite par le tyran qui gouverne cette cité fortifiée de Karlotta-Pietra, bientôt fermée aux étrangers. Il faut partir, vite. Plus que sept jours, et la ville sera close sur elle-même. Sebastian, couturier célèbre, et son ami Dimitri vont devoir très vite quitter ce pays inhospitalier. Mais Sebastian vit un moment effroyable et magique : il sauve des griffes de miliciens une jeune femme qu'ils allaient laisser pour morte. Aidé d'un ami , il la transporte chez lui et vit une sorte de rêve magique et douloureux : la jeune femme étendue là n'est autre que Agathe !
Dans quelle dictature sommes-nous ? Il nous semble reconnaître des accents de l'ancien Empire austro-hongrois dans les descriptions, la musique, les mots . Un pays qui glisse résolument vers l'isolationnisme et le rejet des étrangers. Qui construit un mur autour de ses frontières et ne veut rien savoir des migrants, peut-être ?
Dans cet étrange ballet virevoltent les maîtres du jeu social au son de la valse sous les lambris dorés tandis que, en secret, pour une centaine de sans-papiers, Sebastian et ses amis fomentent l'évasion du siècle : l'organisation d'un défilé nautique, grandiose, à la gloire du pays mais qui aura pour but de faire disparaître comme par magie sept embarcations par les écluses secrètes sur les canaux de l'empereur Pierre VII . Un tableau magnifique va se peindre sous nos yeux, avec décors et costumes théâtraux dans une dramaturgie inattendue. Car tout ne se passe évidemment pas comme prévu par Sebastian.

Étrange et fascinante lecture qui mêle un romantisme préraphaélite aux accents les plus noirs de la dictature, le suspens d'un thriller aux délicates nuances d'un tableau impressionniste, le fantastique à l'effroyable.
Comme j'aimerais être scénariste et écrire la version adaptée au cinéma pour la soumettre à un metteur en scène!
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Avez-vous déjà fait un rêve où une histoire se déroule dans un monde imaginaire fait de passé combiné au présent et au futur ? Un rêve tellement ‘'réel'' que vous avez des difficultés à reprendre pied dans la réalité lorsque vous vous réveillez ? Ce roman est exactement cela : onirique, une histoire intemporelle. Jusqu'à la dernière ligne et le dernier mot, il ne vous lâche pas : amour, filiation, amitié, arts, beauté d'une nature et d'une ville baroques, totalitarisme, résistance et traîtrise se côtoient dans une histoire qui va crescendo et un brin fantastique et magique. ‘'Se retrancher de repères identifiables, c'est finalement élargir le champ de la projection pour le lecteur. (…) Mais il faut veiller à rester sur la crête, à ne pas trop s'éloigner, pour éviter de basculer dans la science-fiction, le conte ou le fantastique. (…) J'essaye de ne jamais perdre de vue le fait que mon histoire doit rester dans les eaux de la fiction. C'est très difficile. C'est une sorte d'alchimie qui se produit entre les lieux, les attitudes des personnages et leurs sentiments.'' (interview de l'auteur)

Stéphane Héaume écrit aussi des textes pour des compositeurs de théâtre lyrique : son style musical et lyrique convient parfaitement à ce roman, sorte d'opéra baroque, de tragédie antique ; il y a en même temps de la légèreté dans les passages sur l'amour, l'amitié, la beauté et de la lourdeur dans la transcription de l'atmosphère pesante de cette ville promise à l'enfermement et de la peur omniprésente. ''C'est une écriture essentiellement axée sur la description des sens. (…) J'ai retenu le principe fondamental de la musique tonale : rythme, harmonie, mélodie.'' (interview de l'auteur).


‘'J'écris en étant porté par mes rêves ; mes rêves intimes se déroulent inconsciemment, indépendamment de toute mode. Je recherche un enchantement.'' Pari réussi, M. Héaume…


Je remercie les éditions Serge Safran et Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur. J'avais choisi ce roman dans la liste des livres proposés dans le cadre de l'opération Masse critique parce que je ne connaissais pas Stéphane Héaume. Une belle découverte et sa bibliographie m'en promet d'autres, même si je préfère, en général, les histoires ancrées dans le réel.
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Stéphane Héaume déroule une tragédie antique, unité de lieu, d'action et de temps. Cela pourrait être n'importe où, n'importe quand.
Carlotta-Pietra ville fortifiée en bordure de mer est sous le joug d'un tyran qui ne veut rien d'autre que de fermer la ville et la mettre à sa botte. « Les portes de la ville fermeraient dans sept jours. » Certains arrivent à s'enfuir juste avant la fermeture physique des portes, d'autres y laisseront la vie, les autres restent.
C'est dans cet état de tension que Sebastian styliste de mode de renommée mondiale et son associé Dimitri décident de partir.
Le plan est rôdé, mais un caillou va se glisser dans les rouages. Sebastian sauve une femme d'une baston. Hagard, il découvre que c'est le sosie parfait de sa femme, tuée pendant des émeutes, qu'il vient d'enterrer. Il la ramène chez lui pour la soigner et est de plus en plus certain que c'est Agathe.
Le projet initial de fruite est remis en cause Sebastian et Leos, échafaudent un nouveau plan on ne peut plus audacieux, grâce à l'historique de la ville.
Je ne dévoilerai pas plus les arcanes de l'histoire, si ce n'est que Sebastian perdra une seconde fois sa douce et belle Agathe.
Un livre que j'ai non pas dévoré, mais lu avec gourmandise, dégusté. Les mots qui me viennent en parlant de l'écriture de Stéphane Héaume sont délicatesse, musicalité. « Qu'est-ce qui cogne ? Qu'est-ce qui tape contre mes tempes ? Qu'est-ce qui bas, me bouleverse et me brise ? » Quel beau livret ! L'amour constant, l'amitié, la félonie, celle qui semble tirer quelques ficelles où, pour le moins, tout converge, le héros, les méchants... le décor est grandiose, baroque, les personnages attachants. L'ambiance lourde laisse percer la peur. J'aime cette antinomie entre le décor et l'action.

Serge Safran, fidèle à sa ligne éditoriale, m'a offert un grand coup de coeur pour cette nouvelle rentrée littéraire.
J'ai tellement aimé l'écriture de Stéphane Héaume que j'ai retenu « le contemplateur » à la bibliothèque.
Je découvre la rentrée littéraire avec un gros coup de coeur.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Merci à Babelio et aux éditions Serge Safran (premier livre de cette maison d'édition pour moi) de m'avoir permis de découvrir ce beau roman.
L'écriture de Stéphane Héaume est merveilleuse, d'une grande élégance, finesse, poésie, très travaillée. Les descriptions notamment sont magnifiques.
Le personnage de Sebatian est attachant et la référence à Bruges-la-Morte dont je connais uniquement l'adaptation musicale magnifique par Korngold en opéra est remarquablement reprise dans le roman et avoir mis un extrait en exergue est très pertinent.
La dose de fantastique est très bien dosée par l'auteur et le personnage du double féminin est fascinant. L'aspect politique du roman est bien traité, tout comme la critique de cette société autocratique. Les rebondissements sont nombreux et la construction narrative est très efficace.
Pour résumer, c'est une très belle découverte que cet auteur français très peu médiatisé et ce roman à côté duquel je serais passé sans cette opération Masse critique.
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Ce livre est magique! Envoûtant et sublime! Une véritable pépite qui se déguste au fil des pages et ne vous lâche plus jusqu'à la fin. Tout commence au coeur d'une ville fortifiée du nom de Karlotta-Pietra. L'état s'empare du pouvoir à l'aide de sa milice et les portes de la ville vont très bientôt se fermer et nul ne pourra plus sortir. Il est temps de fuir et d'échapper à la dictature.Sebastian Wimer, le héro, créateur de mode et styliste accompagné de son ami Dimitri échafaudent un plan pour s'enfuir. Cependant, un soir en rentrant, Sebastian va voler au secours d'une femme agressée et la ramène chez lui pour la cacher. Quand il découvre son visage il n'en revient pas : il s'agit du portrait de sa femme morte il y a trois ans lors d'une manifestation. Elle n'a pas pu survivre à ce terrible drame ayant été touchée par balle pendant la fusillade qui a éclaté et s'est ensuite empalée sur les grilles du jardin du Palais. Est-ce vraiment possible? Entre réalité et fiction, nous voilà pris au piège dans cette course contre la montre pour fuir la ville, le retour du passé et l'amour pour la femme de sa vie Agathe morte et réapparue... les rebondissements s'enchainent de plus en plus vite d'une écriture majestueuse, sublime, magnifique et poétique qui vous ensorcelle et vous emmène dans des paysages d'une beauté à vous couper le souffle. Que c'est bien écrit! L'histoire est génialissime et se déroule entre amitié, colère, trahison et amour. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un moment inoubliable. J'ai été conquise et j'ai refermé ce livre avec regret tellement j'ai pris mon temps pour le lire et ne pas le dévorer. C'est un véritable coup de coeur de cette rentrée littéraire et je vais suivre de près cet écrivain qui a une très belle plume. Un très grand merci à babelio sans qui je serai passée à côté d'un si beau roman.
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Quel roman, les amis, quel roman ! Un grand merci à Zazy qui me le prêta, car franchement, j'ai pris un pied monstre et me suis régalé du début à la fin. L'histoire est folle folle folle -comme dirait Bertand Belin, aucun rapport mais ça me faisait plaisir d'en parler- et l'écrin somptueux. Ce que j'aime par dessus-tout, outre cette histoire, c'est l'écriture de Stéphane Héaume et l'ambiance qu'il crée. Bien que son roman se déroule de nos jours, et qu'il soit donc parfaitement contemporain -ce qui, vous l'avez remarqué est une répétition-, par la grâce de l'écriture, les descriptions des personnages, leurs vêtements, leur élégance, leur langage, leur port, leur distinction, les descriptions des lieux, cette ville close à l'histoire dense, ... il a un air d'intemporalité très forte. On pourrait invoquer ici quelques grands noms de la littérature qui ont ce talent, sans vouloir comparer mais juste pour l'inspiration, des écrivains de diverses époques que je ne citerai pas ici, chacun pourra ainsi mettre les noms qui lui viennent à l'esprit.

L'écriture donc est magnifique, travaillée, belle, châtiée ; lisez cela : "Le canal exhalait un parfum doucereux, cette odeur si troublante que l'on ne percevait qu'en hiver et qui ce soir prenait un sens étrange car souvent l'on disait qu'il sentait le sang frais." (p.37), ou bien ceci : "Soucieux de circonscrire cette régression -ou, au contraire, planifiant son maintien (qu'en savions-nous ?)-, le gouvernement avait décidé, au nom du passé, de redonner à Karlotta-Pietra son statut de ville close. Rappelant les conflits dont elle était toujours sortie victorieuse, le président avait annoncé aux habitants cette mise en quarantaine sous prétexte de veiller au bien général. Fallacieuse promesse." (p.25) J'adore ça, quel plaisir de lire de belles phrases, bien construites, sans faute de quoi que ce soit, des phrases avec du sens, qui même lorsqu'elles décrivent des lieux ou des personnages ne sont jamais ennuyeuses, au contraire, elles enjolivent l'action qui suit.

L'histoire maintenant : elle est réjouissante, originale, forte en tensions et rebondissements. Les rapports entre les protagonistes sont admirablement décrits, si bien qu'à part Sebastian dont on ne doute jamais vraiment de l'honnêteté, tous les autres à un moment ou un autre nous incitent à la prudence, à tort souvent... Critique des nationalismes, des intégrismes de tout genre, l'ouvrage pousse à l'extrême les idées et comportements de certains chantres de l'isolationnisme et du repli sur soi.

Mon premier roman de l'auteur et de l'éditeur aux couvertures safran que je brûle d'envie de connaître un peu plus tant l'un que l'autre. Merci Zazy.
Lien : http://www.lyvres.fr
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Stéphane Héaume compose un véritable opéra en contant cette insolite évasion. Nous sommes dans une unité de lieu, unité d'action. le temps quant à lui se ramasse, se compacte au fil de l'imminence du danger.

Une ville fortifiée en bord de mer, un tyran qui impose une politique fasciste, un gouvernement corrompu et la menace de la fermeture définitive de la frontière que sont les portes de la cité.

Sebastian Wimer, styliste de renommée internationale, et son associé Dimitri projettent de s'enfuir, ne supportant plus de subir l'inanité de cette politique, voyant le monde de la culture dont ils sont les ardents défenseurs se ratiociner et se vulgariser. Mais Sebastian, portant secours une nuit à une jeune femme victime d'une agression qui la laisse inerte, croit reconnaître son épouse décédée lors d'émeutes quelques années plus tôt.

Impossible de quitter la ville, même si le danger croit de jour en jour, tant que celle qu'il appelle Agathe ne reprend pas conscience. Avec l'aide d'un jeune étudiant qui lui doit sa protection, il invente alors un plan d'une audace stupéfiante pour s'évader même si la Cité est désormais refermée sur elle-même.

Comment vous dire la finesse de l'écriture de Stéphane Héaume, la délicatesse avec laquelle il dépeint ses personnages, la beauté du décor qu'il a imaginé pour cette ville ancrée dans son passé, riche de monuments superbes et baroques. Oui nous sommes dans un opéra fascinant, puissant, qui s'apparente aux tragédies antiques, avec le héros sublime, la princesse menacée, le fidèle aide de camp, le traître et la figure tutélaire qui est ici la cantatrice, celle qui aide et dévoile les arcanes de la tragédie.

Le final est grandiose, la musique qui l'enchante résonne encore longtemps après avoir refermé le livre.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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Où se situe l'action ? Peu importe. On devine, au fil des pages, des noms des personnages et des rappels historiques que la Cité fortifiée se situe quelque part entre Venise, l'ex-Yougoslavie et l'Autriche.

Peu importe, au final. L'auteur sait créer une ville, ses monuments et ses quartiers, mais surtout son ambiance si particulière à la veille d'un événement politique de taille.

On suit Sebastian pas à pas, un peu perdu comme lui ; redécouvrant sa femme sous une autre identité, mais également pressé de s'enfuir et de faire fuir avec lui des étrangers à la cité.

Plus l'heure approche et plus le suspens monte jusqu'au dénouement inattendu.

J'ai aimé parcourir cette ville avec Sebastian, tenté de trouver le délateur (car on soupçonne qu'il y en a forcément un, mais qui ?), voir un nouveau pouvoir autoritaire se mettre en place.

Une très belle découverte que je dois à Zazy. Merci !

L'image que je retiendrai :

Celle des oiseaux si particuliers de cette côte (adriatique ?) qui vient se fracasser contre les vitres de la maison perchée de Sebastian.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2386
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