Si le XVIe siècle a produit un artiste vraiment remarquable, sous le double rapport du talent et du caractère, c’est celui dont je m’occupe en ce moment. Orfèvre, sculpteur, graveur, monétaire, écrivain, Cellini, qui vit le jour à Florence, a développé d’immenses facultés dans tout ce qu’il a entrepris. Sa vie elle-même est la plus aventureuse, la plus contrastée, la plus extraordinaire dont un biographe puisse s'emparer. Elle a tout l’attrait, tout l’imprévu du roman le plus compliqué, et fait puissamment ressortir celte richesse d imagination, cette violence passionnée, celte soif inextinguible de célébrité qui firent a la fois la gloire, la honte et le malheur de ce grand artiste.
Enfin il arriva un moment où le roi de France, unissant ses instances à celles d’un prince de la maison d Est, le cardinal de Férare, parvint à faire cesser la captivité de Cellini. Ce cardinal était un de ses admirateurs les plus zélés ; c’était lui qui lui avait commandé, parmi plusieurs autres travaux importants, la fameuse salière en or ciselé et émail, ayant appartenu longtemps à la cour de France, ensuite à Ferdinand d’Autriche, auquel Charles IX en avait fait don, et qu’on voit de nos jours au palais du Belvédère, à Vienne.
Nous venons de nommer Memling, ce grand artiste, en général si peu connu en France : c’est à lui, à ses ouvrages, que nous consacrons.l’étude suivante. A défaut du talent qui nous manque, pour faire sentir toute la sublimité de ses productions, cette étude ne sera pas sans intérêt aux yeux des abonnés des « Annales archéologiques»; car le peintre dont elle les entretient se rattache, par ses inspirations et ses travaux, à tous ces beaux monuments gothiques, objets de leur amour et de leur admiration.
Hans ou Jean Memling a eu le sort de beaucoup d’hommes célèbres, en ce que la date précise de sa naissance et de sa mort, ainsi que beaucoup de particularités de sa vie, ne sont point parvenues jusqu'a nous. On n’est pas même d’accord sur le lieu où il a reçu le jour. Les opinions les plus probables se réunissent cependant pour établir qu’il naquit en 1430, à Bruges, ville si longtemps habitée par lui, et où se trouvent le plus grand nombre et quelques-uns des plus parfaits de ses ouvrages.
C’est comme peintre et comme guerrier que Memling suivit encore le duc Charles dans sa fatale expédition contre les Suisses. En ces temps de valeur et de foi, même à des époques plus rapprochées de nos jours, les artistes et les poètes se servaient également bien du pinceau, du ciseau, de la plume et de l’épée. Benvenuto Cellini, le Camoëns, le Tasse et Miguel Cervantes nous en fournissent la preuve.