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4,1

sur 629 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un vrai coup de coeur pour ce roman qui à la fois nous parle d'un fait historique, la fameuse tondue de Chartres, mais aussi nous raconte une histoire fictive.
J'ai été emballée par l'histoire dès le début de cette petite fille, Simone Grivise, puis adolescente qui veut être un peu à part et qui croit en elle et ses capacités.
Puis vient l'Allemagne, qui déjà avant la guerre avait une importance pour Simone et cela continuera pendant la guerre jusqu'à travailler pour les allemands.
Le roman nous fait vivre une histoire d'amour hors des sentiers battus et dans le contexte de la guerre.
Le roman est aussi entrecoupé par des parties de l'épisode final, mais malgré tout ce roman se lit comme un polar.
L'auteur aborde de façon intéressante ce fait historique, sans dédouaner, ni accuser, mais nous fait réfléchir au sujet.
Le roman est aussi émouvant, même si parfois le personnage de Simone peut nous apparaître antipathique, j'ai trouvé que l'auteur arrivait à nous le montrer sous de bons côtés.
Pour un premier roman, c'est une vraie réussite.
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📍Des photos appartiennent à la mémoire collective :
Kim Phuc, la petite fille au napalm,
La tondue de Chartres…
Parfois on finit par les regarder en se souvenant du contexte mais en dissociant l'histoire individuelle… Cet instant volé à l'insu de la personne la propulse aux yeux de tous, dans son intimité, puis elle nous appartient à tous.📍

🌟Julie Heracles romance la vie de Simone en respectant la chronologie connue de sa vie, de l'enfance à cette journée d'août 44 immortalisée par le cliché de Robert Capa.
🌟Elle imagine comment cette jeune fille issue d'un milieu modeste devient germanophile et admirative du régime nazi.
Elle est jeune. Elle pense naïvement qu'être au service des Allemands va lui permettre d'atteindre ses idéaux.
Elle rencontre plusieurs personnes qui bouleversent son destin : Colette, Pierre, Eva Mévole, éminence grise peu recommandable et surtout Otto Weiss, soldat allemand qui lui ouvre les yeux sur la dictature d'Hitler.
Elle oscille entre patriotisme et collaboration tout en restant fidèle à elle-même. L'amour devient sa survie.

📍J'ai dévoré ce récit que j'ai presque lu d'une traite. L'écriture est belle. J'ai apprécié l'évolution de la pensée de Simone, ses doutes, ses certitudes mais aussi son courage et sa résilience.
L'Histoire raconte souvent le parcours des vainqueurs, des héros. C'est un autre regard, un autre parti pris dans ce livre. Je pense à la Chanson Né en 17 à Leidenstadt écrite par Jean-Jacques Goldman.
J'ai prolongé ma lecture en écoutant sur Radio France, Qui est la tondue de Chartres ? et j'ai regardé le documentaire de Patrick Cabouat.📍

C'est un destin à découvrir.
Si vous l'avez lu, j'aimerais partager vos avis.
Sinon, je vous invite à découvrir Simone. Elle m'a profondément bouleversée.
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Je ne m'étais jamais arrêtée sur cette photo de Robert Capa, datée d'août 1944. Elle montre une femme tondue, un bébé dans les bras. Elle suinte l'épuration.
Julie Héraclès, l'autrice de ce roman, a pris le temps de s'attarder et de s'interroger sur cette photo. Qui est cette jeune femme ? D'autres avant elle se sont penchés sur cette image de guerre et ont obtenu quelques réponses. Il s'agit de Simone, jeune femme originaire et vivant de Chartes, issue d'une famille de commerçants engoncés dans leur catholicisme. Petite fille, dès 1939, déçue par sa situation familiale et sociale, elle rêve à l'Allemagne glorieuse. Et elle franchit le pas. Celui de d'ouvrir la porte de la Kommandantur. Elle y devient traductrice, côtoie des nazis notoires dont un homme avec qui elle aura une liaison et ce bébé.

Julie Héraclès pose des mots et des maux sur cette histoire à laquelle il manque des réponses. Elle imagine les sentiments de Simone, ces sentiments qui l'ont conduite à être rasée un jour de liesse. Elle offre, une première fois, et pour la dernière fois, une âme à cette femme. La réhabilite-t-elle ? Non. Elle la sort de l'instantanéité du cliché pour la replacer au centre de son histoire personnelle et de la grande Histoire. Elle l'imagine enfant, grandissant au centre ville de Chartres avec des parents bourrus et une soeur dévouée. Elle est brillante à l'école et se passionne pour ses cours d'allemand. Elle connaît des épisodes plutôt traumatisants qui vont lui donner un esprit revanchard et qui vont la tourner, peu à peu, vers un ailleurs. Un ailleurs en Allemagne, là où la puissance règne et où la vie est plus belle. Mais elle ne connait grand chose à la politique, fait de mauvaises rencontres qui lui feront faire les mauvais choix. Elle est obnubilée par l'éclair nazi et ne voit même pas la réalité de la situation française. Ni même celle de sa seule amie, Colette. Juive.
J'ai trouvé le travail de l'autrice tout à fait remarquable. Sa plume aussi, au service de Simone. Crue, spontanée, orale, violente. Sa plume crache le venin hostile de la jeune femme.

Sans surprise, j'ai éprouvé un profond coup de coeur pour ce roman. Pour le sujet, la plume qui le sert, et l'héroïne, qui malgré tout, est terriblement touchante. Ce n'est pas un roman que j'oublierai rapidement, le roman de cette femme au destin prisonnier des affres de l'Histoire.
Et j'ai adoré la verve des dernières phrases. Une apothéose littéraire !
Lien : http://bibliza.blogspot.com/..
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16 août 1944, Chartres, Simone, 23 ans, est arrêtée pour conduite antinationale. Elle sait ce qui se dit d'elle, elle sait ce qu'on lui reproche, elle sait ce qu'elle a cru, celle qu'elle a été. Mais elle sait également qui elle est aujourd'hui et ce qu'elle a réellement vécu. Et elle le raconte.

L'autrice a été marquée par cette photo de Robert Capa : une femme, tondue, le visage tourné vers son bébé, qui marche dans les rues de Chartres, huée par la foule. Et elle a imaginé son histoire.
Un livre qui happe, difficile à lâcher. Une jeune fille attachante, pleine de contradictions mais courageuse.
Un premier roman à lire !
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POIGNANT ! Coup de coeur ❤️‍🔥

"Le 16 août 1944 à Chartres, le photographe Robert Cappa a immortalisé une femme, tondue, le visage inscliné vers son nourrisson, conspuée par la foule".

L'autrice s'est librement inspirée de cette célèbre photo datant de la Libération qui a surtout été synonyme d'épuration sauvage par la population française pour en tirer une fiction incroyable de réalisme et de justesse.

Vous ne connaissez rien de moi c'est l'histoire de Simone, cette fille de prolétaires frustrés qui à décidé de prendre son destin en main pour s'extraire de cette famille et élever sa condition sociale. Cette enfant qui grandit, se surpasse à l'école, décide d'apprendre l'allemand. Cette fillette qui va se fourvoyer, croire en cette nation fière et forte que promettait le Führer et finalement se "fera embocher".
Simone, cette femme libre et forte qui gardera la tête haute quoi qu'il arrive et se dira toujours: "Vous ne connaissez rien de moi".

Un premier roman impressionnant de maitrise qui alterne plusieurs temporalités. Entre ce jour où la fameuse photo à été prise et l'histoire de Simone, cette enfant qui grandit et se retrouve mêlée à la grande Histoire.
J'ai été complètement embarquée par la plume de Julie Heraclès, son phrasé court, vif, parfois familier. Toujours empli de justesse et dénué de jugement. Qui transmet plein d'émotions contradictoires et nous dépeint une héroine plus vraie que jamais.
Clairement j'ai été prise aux tripes et je l'ai refermé en sachant qu'il allait longtemps rester enraciné en moi.
La forme est plus que réussie, le fond est incroyable et le tout est porté par un souffle romanesque immense.

Je ne m'attendais pas à une telle claque. Que vous soyez amateurs ou non de romans historiques, ne passez pas à coté. Promis, vous ne serez pas décus.
C'est un coup de coeur que je vous recommande absolument ! ❤️‍🔥

J'espère que vous êtes tenté.e.s? 😇
Ceux qui l'ont déjà lu, qu'en avez-vous pensé? ✨️
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Un roman qui met en rage, et fait passer son lecteur par toutes les nuances de la colère et du chagrin... mais pas que. La couleur est annoncée dès le début : l'histoire, contée par son héroïne Simone, c'est celle de la "tondue de Chartres", cette femme immortalisée par un cliché de Robert Capa en 1944, marchant le crâne rasé au milieu d'une foule qui s'amuse de son sort, tandis qu'elle n'accorde d'attention qu'à son nourrisson. Il n'y a donc pas de surprise sur le dénouement, et le roman entrelace la narration de cette terrible journée d'août 1944 avec la trajectoire de Simone depuis l'enfance.
J'ai ressenti deux parties qui s'enchaînent naturellement : d'abord, de l'enfance à 1942. Une plongée dans la France provinciale de l'entre-deux-guerres. Simone grandit entre un père effacé dont on ne saura jamais trop ce que la guerre de 14 lui a fait, et une mère qui fait payer ses frustrations à son entourage. La crise économique amène son cortège de faillites et de jalousies ; certains cherchent des responsables à blâmer, murmurent contre "les Juifs et les métèques" et rêvent d'un homme fort qui redressera le pays. Pendant ce temps Simone, intelligente mais fille d'épiciers, se trouve en butte aux vexations de ses camarades de classe, puis rêve d'amour, et tombe de haut. Révoltée, l'adolescente développe un tempérament de feu, aspire à la liberté et à l'indépendance ; pour le plaisir de choquer tous ces gens qui la piétinent et qu'elle méprise, elle rêve de la "grande Allemagne" qui monte outre-Rhin, apprend l'allemand, où elle excelle. Il n'y a que deux lumières dans ce cortège de petitesses et d'humiliations : Madeleine, la grande soeur de Simone, mal-aimée par leur mère mais d'une loyauté et d'une gentillesse à toute épreuve, et Colette, sa seule amie au collège. Arrive la guerre.
Simone voit l'arrivée des troupes d'occupation comme un changement bienvenu : son opportunité pour une vie meilleure, peut-être. La famille a besoin d'argent, elle se fait engager comme traductrice auprès des autorités allemandes à Chartres.
Et là, arrive Otto. À partir de 1942, la trajectoire de Simone s'infléchit inexorablement vers le drame que l'on devine au bout, et pourtant à cette ombre se mêle enfin une vraie lumière. L'amour donné, reçu, le respect, tout ce qui a manqué jusque-là. Simone s'adoucit, mûrit, prend petit à petit conscience des horreurs qu'elle ne voulait pas voir. Tente de vivre malgré tout, d'être heureuse avec l'homme qu'elle aime. L'Histoire en décidera autrement. On ne sort pourtant pas meurtri du voyage, enfin pas trop. La flamme qui anime Simone brille fort au-dessus du bourbier de l'épuration. Et permet au lecteur de ne pas désespérer du genre humain.
Pour finir, le roman est à remettre en perspective par une recherche sur la bien réelle Simone Touseau, dont la Simone fictive s'inspire et donne une image peut-être plus innocente qu'elle ne l'a réellement été.
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A partir de la photo que Robert Capa a prise ce triste 16 août 1944, Julie Héraclès, à travers son roman, car il s'agit bien d'un roman, a essayé de rendre hommage à toutes ces femmes qui ont été humiliées à la "libération". Humiliées pourquoi ? Tout simplement parce qu'elles ont vécues pour la plupart une grande Histoire d'amour avec l'occupant.
Simone Grivise et Otto Weiss, ont vécus une véritable Histoire d'amour dont la petite Françoise a été le fruit. Otto Weiss, comme beaucoup d'Allemands, a été embarqué dans ce conflit dont il ne voulait pas. Il était très sincère envers Simone (comme beaucoup d'Allemands qui se sont mariés avec des Françaises par la suite).
Ce roman est bouleversant et l'on voit bien les dénonciations. J'ai encore l'image de ces deux enfants juifs, dont Simone ravitallait. Simone, comme toute sa famille, était épiée par ses voisins. Voisins qui n'ont pas hésité à dénoncer ces deux enfants qui ont été déportés...
Les dénonciations allaient bon train, le marché noir etc... Ce 16 août, on voit le crémier qui a bien collaboré, qui s'est enrichit à la solde de l'occupant et qui n'hésite pas... "à montrer du doigt" Simone !
Toutes les tondues de France ont malheureusement été "traitées comme des chiennes" à la "libération". Traitées comme "des moins que rien" par des personnes qui n'ont pas hésité "à changer de camps" "retourner leurs vestes" bref, se mettre dans le "camp du plus fort"...
Un roman qui m'est allé droit au coeur, poignant, bouleversant. Qui m'a rappeler énormément de témoignages sur cette sombre période de notre Histoire...
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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Lu pour le prix Summer 2024

Un roman qui fait polémique.. .
Je l'ai lu comme il est annoncé : un roman dont les événements sont pure fiction...et non un livre historique.

L'autrice a imaginé à partir d'une photo prise e 1944 le personnage de Simone Grive.
Cette femme a été tondue à la libération...
Elle raconte l'enfance de Simone Grivise, une enfant intelligence, ambitieuse, qui en grandissant est fascinée par l'Allemagne.
Elle a soif de réussite..elle n'hésite pas à se venger si on ne l'a respecte pas, elle n'a pas froid aux yeux. Elle accepte de travailler pour la Feldkommandantur et tombe amoureuse d'un Allemand , Otto, dont elle sera enceinte.

Simone est une femme très complexe, elle est intelligente, mais elle ne se rend pas compte des mensonges des Allemands et elle n'imagine pas ce qui se passe réellement, car le pire est inimaginable. Pendant tout le roman on est dans la tête de Simone, on vit avec elle, on suit ses idées, ses reflecions.

C'est un livre bouleversant, j'ai beaucoup aimé le style de l'autrice. le roman est très bien rythmé et j'ai beaucoup aimé l'écriture.
Un personnage que j'ai vraiment apprécié c'est Madeleine la soeur de Simone, une soeur comme on aimerait avoir qui conseille et toujours présente dans les moments difficiles. Pour moi, ce premier roman est une réussite et mon premier coup de coeur de l'année !
Je l'ai dévoré.
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Magnifique ! Ce roman raconte l enfance, la jeunesse et la vie de jeune femme de Simone à Chartres dans les années 40 et pendant la guerre. On y découvre ses blessures, sa vision de la guerre et surtout son amour très beau pour cet officier. La guerre les sépare et les plonge dans des souffrances qui vont bien au delà de l armistice.
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Passionnée par la Seconde guerre mondiale, je ne pouvais que m'intéresser à un roman évoquant "La tondue de Chartres". N'y voyez-là aucun voyeurisme malsain mais bien plutôt la volonté d'en savoir plus sur un pan tabou (et donc méconnu) de notre Histoire de France : cette difficile période de l'épuration.

En plaçant au début de son livre, cette citation de Philippe Claudel, in Les Ames grises, le ton est donné :
"Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil..."

Dans ce premier roman, l'auteure tend à démontrer qu'il peut - sur certains chemins de vie - y avoir parfois des erreurs d'aiguillage qui peuvent impacter et conditionner certains comportements.

Si je savais qu'il s'agissait d'un roman (donc d'une fiction), j'avais espéré que celui-ci serait construit autour d'une réalité attestée. le titre et la narration à la première personne tendent d'ailleurs à créer la confusion. On a en effet le sentiment que c'est bien la parole de Simone Touseau (le vrai nom de la personne concernée) qui est mise en avant (comme cela a pu être fait dans d'autres romans de portée historique).
Il n'en est rien et, personnellement, cela m'a gênée.

Donc, ne recherchez pas la vérité historique. Si les lieux, les dates et certains événements sont corrects, le nom des différents protagonistes, eux, ont été changés et l'auteure brode allègrement sur le caractère de l'intéressée, ses motivations, ses actes. Dès la dernière page terminée, j'ai d'ailleurs cherché sur Internet qui était vraiment cette femme (je connaissais la photo mais pas son nom), de quoi était-elle accusée, comment elle a vécu à la suite de cet épisode marquant de sa vie.

C'est ainsi que j'ai su après-coup que ce livre avait généré une polémique. Les descendants des personnes déportées par la faute de Simone et de sa mère vivant assez mal la façon dont la personnalité de Simone est ici décrite (une oie blanche, un peu idiote, qui n'a pas vraiment mesuré les conséquences de ses actes) et la minimisation de ce qui lui a été reproché, à savoir d'avoir pactisé avec l'ennemi, d'avoir dénoncé des voisins et entretenu des relations charnelles avec un responsable de la propagande allemand.

La façon dont l'auteure évoque ces faits (certes répréhensibles mais néanmoins possiblement compréhensibles au regard des circonstances...Qui sommes-nous pour juger ?) est sans doute trop édulcorée, trop minimisée (elle semble toujours subir les actes des autres plutôt que d'agir de son propre chef), mais aussi présentée d'une façon par trop romanesque, destinée à émouvoir le lecteur (la conception de l'enfant de Simone sur un lit d'hôpital allemand ne semble pas vraiment tenir la route).

Quelles étaient les intentions de l'auteure ? Je ne sais pas trop... Sans doute, de montrer que pour manger, pour vivre et aimer certaines femmes ont franchi un cap que d'autres n'auraient jamais franchi. Est-ce par fragilité, cupidité ou par force, à savoir, parvenir à tout faire pour survivre ? Sans doute, pour montrer aussi tout le poids de la jalousie, de la rumeur et de la malfaisance des gens (les gens la condamne comme "putain" à boche alors qu'elle n'aurait été qu'une amoureuse transie n'ayant jamais fauté avec lui avant longtemps). Sans doute, pour nous amener - nous lecteurs - à nous interroger sur ce que nous aurions fait si nous avions connu les mêmes circonstances (rappelez-vous la chanson de J.J. Goldman "Né en 17 à Leidenstadt").

Donc, il me semble qu'au lieu de chercher à pister la réalité historique à travers ces lignes, il convient plutôt de considérer ce roman comme "objet littéraire" et non comme le récit d'une histoire vécue.

Et de ce point de vue, je crois pouvoir dire que ce premier roman est une réussite et que Julie Héraclès a un réel potentiel d'écrivain à futurs succès.
La construction est audacieuse (alternance de chapitres évoquant le présent, à savoir le déroulement de la journée du 16/08/44 date à laquelle Simone est tondue et le passé , à savoir de son enfance à ce fameux jour).
La trame narrative se suit avec intérêt et est particulièrement addictive.
L'écriture est fluide. Les descriptions précises (les lieux, les rues, les personnes, le travail, la façon dont la guerre se vit au quotidien avec les rationnements et les alertes, le rôle de la milice collaborationniste) et le ressenti des différents personnages clairement perceptible (premiers émois, liens avec Eva, premier avortement, évolution de pensée politique de Simone, apparition de son amour pour Otto, etc.).
On suit avec intérêt l'évolution des choses, on compatit aux difficultés de Simone et de sa famille, on ressent au plus près le lien indéfectible qui l'unit à sa soeur Madeleine (qui, bien que fade et plutôt passive face aux événements, a sacrifié sa vie pour elle) et les pressions et tensions subies au quotidien (par l'inaction de son père, par la distance et l'alcoolisme de sa mère, par la nécessité de travailler pour manger, par l'emprise égoïste de son "modèle" féminin, par les conséquences d'un amour déçu, et par l'urgence de vivre sa jeunesse, malgré la guerre).

Le registre de langue utilisé donne à voir la réalité du milieu populaire d'où est issue Simone, malgré une relative volonté initiale de la famille de s'élever dans la hiérarchie sociale. Il est vivant, fleuri, parfois vulgaire. C'est le seul point qui m'a véritablement gênée pour deux raisons :
1/ il me semble peu probable qu'une jeune de 20 ans puisse s'exprimer ainsi à cette époque.
2/ ce registre de langue me semble être en décalage avec le niveau d'excellence atteint dans ses études par Simone. Comment, en étant amoureuse de la langue de Goethe, en côtoyant quasiment au quotidien les textes de grands penseurs et philosophes, Simone peut-elle encore penser et parler en ces termes ? Il y a là comme une incohérence ou, pour le moins, un anachronisme.

Néanmoins, malgré ces quelques réserves, c'est à mon sens un très bon premier roman qui a le mérite d'éclairer une période passée sous silence et de mettre le focus (comme Robert Capa l'a d'ailleurs fait avec cette photographie qui a servi de point de départ du roman) sur le traumatisme subi par ces femmes tondues pour l'exemple et par vengeance, traumatisme qui, je pense, a rejailli sur leur devenir (la vraie Simone est décédée à 41 ans), mais également sur leur descendance.

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