On m'appelle Spoutnik par
François Herbaux
Ne pas hésiter parfois à sortir de l'ombre un livre qui date un peu car on découvre un bel ouvrage n'ayant rien perdu de la fraîcheur de sa jeunesse. Ainsi, je viens de lire avec plaisir et d'une traite (de vache évidemment !) le beau livre de
François Herbaux,
On m'appelle Spoutnik, souvenirs d'une enfance dans une ferme de la banlieue lilloise, à deux pas de Roubaix, mais bien autre chose qu'un regard mélancolique sur une jeunesse enfuie. Rien de nostalgique ou d'ethnologique, mais beaucoup de tendresse et d'amour pour une société disparue, absorbée par la métropole.
François Herbaux ne nous entraîne pas en voyeur dans ce petit monde qui parle encore couramment le patois tout en découvrant l'élevage intensif des poules pondeuses qui finissent égorgées dans la cour pour être vendues aux citadins attirés par la bonne affaire, ou en lot à la ducasse de l'amicale laïque. Jamais pontifiant ou moralisateur,
François Herbaux pose un regard acidulé sur une petite société bigote méfiante des laïcards du quartier d'à côté. On respire le grand air de la plaine flamande et on hume le parfum exotique de la Belgique. Les animaux fréquentent les humains et finissent parfois écrasés par imprudence en traversant la départementale ou castrés quand ils sont trop indépendants pour le petit cavalier qu'on leur colle sur le dos. Entre fossés et taillis, les enfants découvrent la vie à petites touches.
C'est merveilleusement écrit et plein de trouvailles qui nous font entrer dans un monde merveilleux. Une très belle écriture, alerte, ciselée, fine et légère mais élaborée qui suscite un grand plaisir au lecteur. Alors procurez vous au plus vite
On m'appelle Spoutnik. Si vous êtes du Nord, vous redécouvrirez avec affection votre pays, si vous êtes d'ailleurs,
François Herbaux vous fera aimer ce pays, car ce n'est surtout pas un roman régionaliste mais une jolie oeuvre littéraire.
On m'appelle Spoutnik par
François Herbaux, éditions Nord-Avril, 324 p., 14 €; 2010