Je ne suis pas adepte de la critique littéraire dont je laisse la formule aux techniciens de l'affaire. Je ne suis par ailleurs pas un lecteur de Fantasy, et même le roman dans sa globalité tend aujourd'hui à m'ennuyer, et pourtant et pourtant ! C'est durant un salon littéraire où j'attendais le chaland que l'autrice de cette oeuvre à bien voulu me prêter l'un de ces volumes pour que je puisse m'occuper à mieux que regarder le plafond (et raconter des bêtises avec les collègues). Un peu d'histoire historique, de fantasy, de magie, de « loup-garoute » (permettez moi cette vanne), allez, pourquoi pas, « on tente » je me suis dit. D'autant que je possède le tome 2 que j'avais commencé sans rien comprendre avant d'apprendre que c'était effectivement le tome 2 et pas le 1. C'est que je ne suis pas le couteau le plus affuté du tiroir...
Après les trente premières pages, je l'ai tout simplement acheté, il était hors de question que je ne puisse lire la suite de ce que j'avais entamé là. C'est dire le début de cette histoire est rondement menée, car sur un lecteur comme moi, si au deuxième chapitre ça prend pas, je lâche et c'est tout.
Le point fort du roman est selon moi son rythme. Ha ça pour sûr que ça pulse ! Pas le temps de s'ennuyer, et à certains passages, je dirais même pas le temps de niaiser !
Deux mondes, un physique dirons nous, réel, froid, industriel, et un autre éthérique, magique, mystique, spirituel, s'entrechoquent et par leur déséquilibre entrainent progressivement (ou pas je dois me mettre sur le tome 2 pour avoir le fin mot) leur propre chute. Au milieu de cette collision nombre de personnages qui tentent d'empêcher le pire et de comprendre quelque chose à tout ce boxon : Emily bien sûr, et Madi ! (putain je kiffe Madi malgré son petit côte Mary Sue) et d'autres qu'il vous revient de découvrir.
J'y ai ressenti notamment un sous-texte écologique habilement dissimulé et teinté d'un brun de féminisme qui je crois en tant qu'homme m'aura plus embrumé. J'insiste en revanche sur la capacité du roman à te happer. le style est d'une étonnante fluidité, et pour un lecteur comme moi habitué à de l'essai où on doit régulièrement lire et relire certains passages pour biter de quoi on cause, j'ai trouvé dans ce style non pas seulement une plume agréable, mais un réel talent narratif dans le fil conducteur récit.
L'auteure n'est pas avare en détails et cultive une véritable passion pour les descriptions architecturale et environnementale. Quelques sentiments d'alourdissement m'ont parfois tiqué d'ailleurs à ce propos, avec quelques passages où en bon lecteur insatisfait j'ai osé lâché un ou deux « non mais c'est bon ça je m'en fous », mais rien qui n'aura nui à ma lecture. Sur les passages censés être plus léger voir humoristique, je n'aurai pas eu plus d'un sourire à me faire tirer, mais en revanche sur des passages intenses au sujet bien plus grave, c'est là que j'ai découvert tout le potentiel d'une plume à la douceur indéniable qui a su se faire âpre juste ce qu'il faut au bon moment pour faire mouche. J'ai été, chose rare sur un roman moderne, jusqu'à relire, presque jaloux je l'avoue, quatre fois en particulier une scène tellement sa tonalité m'a étonnée par sa justesse et son réalisme.
L'autre point de détail que je dois souligner : le vocabulaire est assez riche, mais ne résonne pas pédant, presque pédagogique en fait, une chose, si vous écrivez, que vous saurez difficile à obtenir. Il y a du reste de véritable pépite de fulgurance où, au détour d'une scène, une phrase est capable, de susciter un véritable Wow... Pour me le décrocher ce truc-là pourtant il faut se lever de bonne heure ! Je cite le bouquin en faisant une citation de l'une de ces fulgurances, qui si elle n'est pas la meilleure, illustre parfaitement ce que je veux expliquer pour conclure :
« Les morts meurent une seconde fois lorsqu'on les oublie »
Stéphanie Herell
Bref, allez, tentez, en achetant ce livre, vous n'aurez pas l'impression qu'on vous a volé.