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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un roman historique : La marquise des ombres, de Catherine Hermary-Vieille.

Or donc Marie-Madeleine d'Aubray vit une enfance tranquille, hélas très tôt perturbée par deux événements majeurs : l'agression perpétrée par son professeur de dessin et le décès de sa mère. Devenue adulte, elle développe une profonde antipathie pour ses proches, se marie et rencontre un homme séduisant, Godin de Sainte-Croix, alchimiste aventurier assoiffé d'argent…

-Et voilà. Roman des années 1980 plus viol : je parie que je vais encore lire un ramassis de clowneries dégueulasses sur le sujet !

-Non, justement ! J'appréhendais aussi, crois-moi, mais l'autrice travaille de façon intéressante : elle reste pudique sur les faits, elle les aborde avec délicatesse à la fois pour son personnage et pour le lecteur. Cette agression va modeler Marie-Madeleine, elle en subira les conséquences sur sa vie familiale.

-Moi, il y a un truc qui m'a gênée : le contexte historique.

-Ah bon ?

-Oui ! Je suis censée un roman sur l'affaire des Poisons, le célèbre scandale sous Louis XIV ! Seulement, comme je suis autant calée en histoire qu'une moule, les pages historiques m'ont laissée dans la perplexité la plus complète ! Je ne comprenais pas les enjeux politiques quand il était question de conflits entre factions. Et quand j'ai essayé de me documenter sur l'affaire des Poisons, je me trouvais encore plus déboussolée ! Je ne la reconnaissais pas dans le roman ! Pas de Montespan, pas de la Voisin ! C'est pas pareil ! Je suis larguée !

-Peut-être parce que le roman ne prétend pas vulgariser l'affaire ? J'ai plus éprouvé la sensation de lire un roman psychologique tiré d'un fait divers qu'une reconstitution des faits.

A mon sens, la grande réussite de ce roman tient davantage dans le portrait psychologique de Marie-Madeleine, tout en ambivalence, criminelle et victime, mère et indifférente, active et soumise, que dans l'affaire elle-même. J'ai beaucoup aimé comment elle se débat avec ses démons, comment elle pense maîtriser sa vie en faisant les mauvais choix, persuadée qu'elle échappera à la solitude et à la pauvreté.

Ensuite, j'ai adoré l'aspect vie quotidienne de l'époque ! La mode, le maquillage, les divertissements, la vie en ville, à la campagne : dépaysement garanti ! Et il y a des odeurs dans le roman, ce qui réjouit le nez de mon petit coeur amoureux des romans.

J'ai beaucoup aimé aussi l'aspect tableau animé.

-Tableau animé, mais bien sûr…

-Oui ! Certaines scènes s'ouvrent ou se ferme sur des pièces où des objets traînent. Un coup de vent soulève des rubans, les meubles sont chargés de souvenirs… cela rend le texte plus vivant, plus immersif. J'ai trouvé le résultat vraiment joli.

-Mouais… moi je reste désappointée quand même sur le côté historique.

-Hé bien, tu complèteras la lecture par un ouvrage sur le sujet, voilà tout ! »
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la vie de cette marquise est loin d etre un long fleuve tranquille ! ce qui pourrait n etre qu une bio se transforme sous la plume d Hermary Vieille en un recit passionnant et captivant au + haut point .
non seulement la vie du paris et de la campagne de l epoque mais la decheance de nombreux riches , ruinés par le jeux et donc , comme la marquise de Brinvilliers , acculés aux vols et .... aux meurtres !
beaucoup de details aussi sur le fonctionnement de la police de Louis XIV .
bref une bio a recommander a tous , meme a ceux qui ne sont pas ferus d histoire
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On découvre ici la vie de la célèbre marquise de Brinvilliers. Catherine Hermary-Vieille permet avec ce roman de dépasser la simple image de la marquise des poisons.
La reconstitution du Paris de Louis XIV est de qualité, même si, à mon goût, elle n'atteint pas l'excellence de Françoise Chandernagor avec "L'Allée du Roi".
"La Marquise des Ombres" n'en reste pas moins un très bon roman historique et un agréable moment de lecture.
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La biographie romancée est un exercice périlleux. Avec celle de Marie-Madeleine d'Aubray, marquise de Brinvilliers, Catherine Hermary-Vieille assure avec élégance mais aussi avec une froideur de glace qui surprend le lecteur avant de s'affirmer comme une méthode pas si bête que ça pour dresser le portrait d'une psychopathe. Dommage que cette méthode se révèle si frustrante à l'arrivée.

Dans le cultissime "Silence des Agneaux", Thomas Harris a magnifiquement dépeint le défaut de conscience, la maîtrise absolue et au-delà de la normale qui caractérisent le Dr Lecter, personnage inspiré, dit-on, par plusieurs tueurs en série parmi les plus intelligents. Par la suite, il ira plus loin en tentant de trouver, dans l'enfance de Lecter, la faille par laquelle s'infiltre le déséquilibre.

C'est cette éternelle question : "Le psychopathe est-il né ainsi et, sinon, quand a-t-il sombré ?" que l'on continue à poser dans le cas de serial killers comme Ted Bundy ou Ed Kemper - c'est-à-dire deux hommes qui ont usé de préméditation et, dans le cas de Kemper en tous cas, n'en ont jamais fait mystère.

Toutes proportions gardées, c'est un peu ce qu'a tenté de faire ici Catherine Hermary-Vieille pour celle dont le procès préfigura, dans notre pays, au XVIIème siècle, cette "Affaire des Poisons" qui allait menacer jusqu'à la cour de Louis XIV.

La romancière règle le problème dès les premiers chapitres : l'abus sexuel perpétré contre la toute jeune Marie-Madeleine par un professeur de dessin anonyme, fasciné par sa beauté de petite poupée docile, puis la certitude que cette beauté et le sexe sont les seuls moyens pour obtenir et retenir l'attention des autres et principalement des hommes. Comme chez la majeure partie des tueurs en série, le manque d'amour parental dont souffrit la future marquise de Brinvilliers est patent. Comme presque toujours également, on observe chez elle un repli permanent sur elle-même afin de dissimuler ses émotions les plus intimes et les plus vraies.

Pour autant, Catherine Hermary-Vieille ne se livre pas à une analyse des motivations les plus profondes de Marie-Madeleine. Elle n'évoque même pas la folie qui, lentement s'installe : elle nous laisse l'observer. Elle prend grand soin de se maintenir à distance du personnage et elle le fait si bien que le lecteur en pâtit. Lui non plus n'ira pas plus loin que la froideur pathologique, les apparences lisses et logiques. Mme de Brinvilliers tue essentiellement pour l'argent et rien ne sera dit des motifs inconscients qui la poussèrent à passer à l'acte.

Bien sûr, le XVIIème siècle ne connaissait pas encore Freud mais le lecteur du XXIème, lui, ne peut l'ignorer. Aussi, bien qu'il reste sensible à l'intérêt de cette présentation glacée de l'héroïne, en voit-il très vite les limites et reste-t-il sur sa faim : quand il referme ce livre, les ombres qui accompagnent Mme de Brinvilliers se sont encore épaissies et quelque chose d'essentiel dans cette personnalité ambiguë nous reste étranger. ;o(
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Moi qui raffole des romans historiques, j'ai été pleinement servie avec ce texte de Catherine Hermary-Vieille. 600 pages d'une précision d'orfèvre sur cette femme étrange, la Marquise de Brinvilliers, première figure de la noblesse à tremper dans ces tristes complots autour du poison, qui ouvrent la voie aux sombres messes noires de la Voisin.

Les forces de ce roman sont nombreuses. Tout d'abord, la précision des recherches est incroyable : on apprend le rôle de nombreux nobles, l'hypocrisie de la cour et des relations entre ses membres, mais aussi tous les enjeux liés à l'argent, aux dettes, à l'honneur. Mais Catherine Hermary-Vieille parvient à donner à l'ensemble un vrai souffle romanesque. On ressent pour les personnages différentes émotions, et il est difficile à l'issue de ma lecture, d'en nommer une par individu. La complexité des relations et des caractères est d'une vraie richesse.
Le personnage de la Brinvilliers est riche et sombre. Il ne s'agit pas de l'innocenter, mais elle n'est pas non plus présentée comme un monstre. La voix du narrateur parvient à se défaire de toute tentative de jugement, donnant à l'ensemble une neutralité qui rejoint de façon très intelligente l'impassibilité de l'héroïne, qui n'est motivée que par la rage. Détruite par une enfance qui lui a fait perdre confiance en la nature humaine, Marie-Madeleine d'Aubray sera méjugée par son époux, par ses frères et au lieu de s'en vouloir, elle fera de son passé une force, une emprise sur tous ces hommes qu'elle méprise. Elle ira toujours trop loin, franchissant allègrement les limites de la bienséance et de la morale en général. Ses élans de culpabilité seront brefs et intermittents. Les hommes qui l'entourent ne sont pas plus fiables, qu'il s'agisse de son père qui n'a rien vu quand il devait la protéger, de son époux absent, de son amant cupide, de son ami ambitieux.

La peinture de la vie de cette femme a cela de passionnant qu'elle part du milieu enviable de la société pour fréquenter les plus hautes sphères et finalement tomber plus bas que terre, mourant devant la foule, décapitée puis brûlée. On découvre donc la vie des familles bourgeoises de campagne, celle, plus dévergondée des nobles peu soucieux de la morale, puis enfin la pauvre vie des nobles déchus, jusqu'à la vie en prison, à la Conciergerie.

La chute de la marquise s'accompagne d'un regain de morale, d'une nouvelle foi en Dieu, en l'espérance d'une vie meilleure ensuite. Ces événements sociaux peignent donc aux yeux des lecteurs différentes facettes d'une femme trouble dont on ne sait jamais ce qui compte pour elle, quand elle est sincère ou non.

Le seul bémol que je noterai de ce roman, c'est la longueur, notamment de la fin. Les précisions historiques sont telles que parfois après plusieurs dizaines de pages, on s'aperçoit que la situation n'a pas beaucoup évolué, mais n'oublions pas qu'à cette époque, les trajets, les convocations, les enquêtes demandaient bien plus de temps qu'aujourd'hui, ce qui explique aussi la lenteur du texte.

Mais je ressors de cette lecture vraiment satisfaite, avec la sensation d'avoir appris beaucoup de choses et de façon très plaisante.

Lien : https://livresque78.com/2021..
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Avant toutes choses, je tiens à préciser que Marie-Madeleine d'Auvray m'était inconnue avant de découvrir ce livre.
Je vais davantage vous parler sur mon ressenti envers cette marquise, déjà elle a vécu quelque chose de terrible durant son enfance avec son professeur de dessins qui ne cessera de la hanter toute sa vie : ce qui engendra une certaine barrière entre elle et son mari Antoine Gobelin, bien qu'il ne sache rien même si, ce dernier lui donnera des enfants.
Ainsi, quand elle voit pour la première fois Jean-Baptiste de Sainte-Croix, un ami d'Antoine, elle succombe de suite à lui tant ils sont identiques et cela a l'air réciproque pourtant, Jean-Baptiste n'est pas fortuné mais, Marie-Madeleine subvient à ses besoins. Mais, aimant tout deux l'argent et le luxe, les dettes vont s'accumuler et donc, Jean-Baptiste n'hésitera pas à demander de l'argent pour lui à Marie-Madeleine pensant s'enrichir grâce aux placements effectués chez Penautier.
C'est à partir de ce moment-là que j'aurai eu envie que Marie-Madeleine se réveille, car naïve et trop amoureuse pour voir que ces deux hommes qu'elle aime d'une manière différente la manipule. Elle se soumet totalement à Jean-Baptiste qui rien qu'à la parole obtient tout d'elle et qui entraînera donc la distance avec sa famille et engendrera des crimes pour obtenir des héritages.
A travers cette biographie romancée, j'ai ressenti une certaine compassion pour Marie-Madeleine car quand elle avait de l'amour pour quelqu'un elle le donnait en toute confiance pourtant, pour la plupart d'entre eux, ils se sont révélés être des « ennemis ». Malgré cela, ça n'excuse pas ce qu'elle a fait envers sa famille bien que l'amour l'a rendu aveugle et surtout soumise.
Pour conclure, j'ai adoré ce livre qui dépeint une époque que j'apprécie et qui m'a fait découvrir Marie-Madeleine d'Auvray : un personnage inoubliable.
Lien : https://meschroniquesdelectu..
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Un roman passionnant, l'histoire de la décadence d'une marquise blessée dans son enfance dont la vie passera par des hauts et des bas terrifiants.
En refermant ce livre, on se dit quelle triste descente aux enfers, un destin implacable.
Le talent de l'écrivaine est de nous entraîner dans ce monde impitoyable du dix-septième siècle grâce à une fidèle reconstitution qui s'avère passionnante.
J'avais du mal à poser ce pavé qui se lit vite. L'écriture est très fluide.
Pour illustrer cette histoire vraie, l'auteure a inséré des documents réels dans le roman (des confessions notamment).
On se prend de pitié pour une héroïne pourtant reconnue comme criminelle.
Une histoire forte portée par un grand souffle narratif : à conseiller à tous les passionnés d'histoire.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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Marie-Madeleine d'Aubray, marquise de Brinvilliers, est une célèbre empoisonneuse qui fut condamnée et exécutée sous le règne de Louis XIV. Son procès fut le début de la fameuse Affaire des Poisons qui secoua Paris et la Cour par une série de scandales impliquant de hauts personnages de l'aristocratie.


Catherine Hermary-Vieille retrace ici une biographie romancée de la marquise, basée sur une solide documentation, et d'une lecture fluide, agréable et prenante.


Après une enfance sans amour ravagée par un abus sexuel, cette femme, incapable de laisser place à ses sentiments constamment refoulés, mena une existence dénuée de toute conscience morale, seulement gouvernée par l'obsession des apparences et de son ascension personnelle, et qui, d'excès en excès, la mena jusqu'aux parricide et fratricides.


Sans juger ni expliquer, le livre peint avec une froideur implacable le terrible engrenage qui la conduisit irrémédiablement à commettre l'irréparable et à courir à sa propre perte. Cette neutralité dans la description des émotions et des raisonnements de la marquise permet au lecteur de se figurer ce qu'elle a elle-même vécu, emportée vers le drame sans recul sur ses motivations et en toute ignorance de ce qui se tramait dans son inconscient.


Le livre est au final poignant, dans le sens où il décrit de bien grandes souffrances, tant chez les victimes que chez leur tueuse. En effet, quel vide intérieur derrière l'incroyable force de caractère de cette femme intelligente, indomptable et passionnée, qui, toute sa vie, aura désespérément, et jusqu'au meurtre, tenté de préserver l'armure d'apparences derrière laquelle elle tentait de conjurer ses terribles failles.


Lecture passionnante et coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une destinée bien étrange que celle de la tristement célèbre marquise de Brinvilliers, la principale protagoniste de cette redoutable "affaire des poisons" qui empoisonna le règne de notre grand roi Louis XIV.
Qu'est-ce qui a pu entraîner cette aristocrate de la meilleure société dans cette triste affaire?
C'est ce que nous montre avec beaucoup de talent et de clarté Catherine Hermary Vieille, dont la valeur historique de ses romans n'est plus à démontrer.
Un grand moment de lecture en compagnie de la haute aristocratie et de "l'envers du Soleil"...
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J'ai eu beau essayé, le personnage principal est profondément antipathique: ἀντιπάθεια. Il est aussi difficile d'être dans le camp de ceux et celles qui vont l'amener vers la patibulaire Place de Grève. Les victimes, le père, les frères, la veuve sont les seuls à pouvoir pardonner ou ne pas le faire, les Autres... Rien de nouveau sous le soleil. Mes pensées vont vers les enfants de l'empoisonneuse: lourd fardeau à porter. Et bien sûr à Geneviève, fidèle servante aimante. Son amant naif et sentimental l'abbé Jean Briancourt, le seul qui culpabilise est une autre victime influencée.Tout va très mal pour Madame La Marquise: elle l'a bien cherché. Bref, une belle brochette de coquin(e)s croqué(e)s avec talent par l'écrivain qui visiblement a fait de sérieuse recherches. Impatient de lire sa biographie sur Romy Schneider!
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