Voilà un manga qui m'a fait envie dès le départ : le titre et la couverture m'ont d'abord intriguée, et le résumé a fini de me séduire.
J'avoue que j'étais quand même un peu intimidée par la dimension mythologique, mais mes craintes ont été tout de suite balayées : d'abord, le paradoxe du bateau de Thésée est expliqué dès la première page pour donner toutes les clés au lecteur, et cette référence n'est que le point de départ de l'intrigue,
Toshiya Higashimoto s'en détache tout de suite pour nous plonger dans l'histoire.
On rencontre alors Shin Sano, un jeune homme qui est sur le point de devenir papa alors qu'il n'a lui-même jamais connu son père : il n'était pas encore né lorsque celui-ci a commis un multiple meurtre atroce en empoisonnant les enfants de l'école de son village au cyanure... Même si Shin n'a jamais rencontré son père, il a vécu une vie quasiment maudite, marqué au fer rouge par les crimes de son père. Mais ce dernier a-t-il vraiment commis ce meurtre ? Depuis toutes ces années, il n'a jamais cessé de clamer son innocence... C'est donc la question centrale qui va soutenir l'intrigue et retenir l'attention du lecteur.
Comme grâce à un coup de baguette magique (qui fait d'ailleurs penser à Quartier lointain de Taniguchi et à Erased de
Kei Sanbe), Shin se retrouve ainsi téléporté environ 30 ans plus tôt, dans le village de sa famille, alors que ce meurtre n'a pas encore été commis ! En plus d'essayer de les prévenir, Shin va par la même occasion enquêter sur la culpabilité de son père.
J'ai été tout de suite embarquée dans ce thriller temporel : l'intrigue fonctionne bien, on a tout de suite envie d'en savoir plus et on sent bien que toute la vérité n'a pas été mise en lumière pour l'instant. Ce retour dans le passé donne un petit effet "conte" et course contre la montre qui m'ont beaucoup plu.
Les personnages sont attachants. Shin, d'abord, semble être un personnage intègre et entier, mais avec ses contradictions et son envie de vivre une vie épanouie sans porter le fardeau des crimes de son père. Sa mère, ensuite, a l'air d'être un personnage avec une certaine profondeur psychologique. On sent sa différence de personnalité entre le passé et le présent, j'espère que l'auteur développera son personnage dans les prochains tomes.
Le père, Bungo Sano, est enfin (évidemment), le personnage le plus curieux pour l'instant. Avec son grand sens moral, son emploi en tant que policier et son attachement pour sa famille, on ne peut que douter qu'il ait pu commettre le crime dont il est accusé...
Les dessins accompagnent bien l'histoire. Ils sont assez classiques, mais quelques touches poétiques viennent réhausser le tout. J'ai trouvé le rythme de l'histoire très bien dosé : j'ai pris le temps de tout découvrir sans me sentir pressée de connaître la suite, mais j'ai été assez entraînée par l'histoire pour lire ce premier tome quasiment d'une traite !
Ce qui me semble le plus prometteur, pour finir, ce sont quand même les questions soulevées par le titre du livre, et l'interprétation que l'on peut en faire à la lumière de ce paradoxe de Thésée. Shin va-t-il changer le passé ? Si son père n'est finalement pas le coupable, sera-t-il quand même le père de Shin, et Shin sera-t-il le même, lui qui s'est construit par rapport à la culpabilité de son père ? Et si son opinion sur son père changeait ? Je me plante peut-être complètement avec ces questions, mais j'ai très hâte de savoir où l'auteur va nous emmener, et comment Shin va évoluer.
Bref, ce premier tome m'a beaucoup plu, à tel point que j'ai déjà acheté le deuxième ! Je compte bien m'y mettre prochainement, pour ne rien manquer de cette ambiance installée par
Toshiya Higashimoto.
Merci à Masse Critique et aux éditions Vega.