La source vitale doit toujours être la vie elle-même, non une autre personne. Beaucoup de gens, de femmes surtout, puisent leurs forces chez un autre être, c’est lui leur source vitale, non la vie elle-même. Situation fausse, défi à la nature.
Si Dieu cesse de m’aider se sera à moi d’aider Dieu…Je prendrai pour principe « d’aider Dieu » autant que possible, et si j’y réussis, eh bien je serai là pour les autres aussi…Oui, mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier une situation finalement indissociable de cette vie. Je ne t’en demande pas compte. C’est à toi , au contraire, de nous appeler à rendre compte un jour. Il m’apparaît de plus en plus clairement, à chaque pulsation de mon cœur, que tu ne peux pas nous aider, mais que c’es à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrites en nous… Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus clairement : ce n’et pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t ‘aider- et ce faisant, nous nous aidons nous-mêmes (12 Juillet 1942).
Certitude de plus en plus ferme de ne devoir attendre des autres ni aide, ni soutien, ni refuge, jamais. Les autres sont aussi incertains, aussi faibles, aussi démunis que toi-même.Tu devras toujours être la plus forte.
L'absence de haine n'implique pas nécessairement l'absence d'une élémentaire indignation morale.
La vie est une chose merveilleuse et grande : après la guerre, nous aurons à construire un monde entièrement nouveau et, à chaque nouvelle exaction, à chaque nouvelle cruauté, nous devrons opposer un petit supplément d’amour et de bonté à conquérir sur nous-mêmes. Nous avons le droit de souffrir, mais non de succomber à la souffrance Et si nous survivons à cette époque indemnes de corps et d’âme, d’âme surtout, sans amertume, sans haine, nous aurons aussi notre mot à dire après la guerre. Je suis peut-être une femme ambitieuse : j’aimerais bien avoir un tout petit mot à dire.
Peut-être toute vie a-t-elle son propre sens, et faut-il toute une vie pour découvrir ce sens.
... nous autres femmes, pauvres femmes folles, idiotes, illogiques, nous cherchons le Paradis et l’Absolu. Je sais pourtant ... qu’il n’y a rien d’absolu, que tout est relatif et nuancé à l’infini et pris dans un perpétuel mouvement, et que c’est justement ce qui rend ce monde si fascinant, si séduisant, mais si douloureux aussi.
Il y a des gens, je suppose, qui prient les yeux levés vers le ciel. Ceux-là cherchent Dieu en dehors d’eux. Il en est d’autres qui penchent la tête et la cachent dans leurs mains, je pense que ceux-ci cherchent Dieu en eux-mêmes.
Bien des gens sont encore pour moi de véritables hiéroglyphes, mais tout doucement j'apprends à les déchiffrer. Je ne connais rien de plus beau que de lire la vie en déchiffrant les êtres.
Ainsi la vie est-elle un trajet d’un moment de délivrance à l’autre. Et je devrai peut-être souvent chercher ma délivrance dans un méchant morceau de prose, de même un homme parvenu au fond de la détresse peut rechercher la sienne auprès de celles qu’on nomme si vigoureusement des putes, parce qu’il y a des moments où l’on soupire après une délivrance, n’importe laquelle.