Et à la longue je trouverais bien la paix et la clarté.
Même un corps maladif n'empêchera pas l'esprit de continuer à fonctionner et à porter ses fruits. Ni de continuer à aimer, à être à l'écoute de soi-même, des autres, de la logique de cette vie et de toi. Hineinhorchen, "écouter au-dedans".
Malgré la guerre, les privations, etc ... ce livre est un hymne à la vie. Admirable récits par une admirable personne.
J’ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout m’est connu, aucune information nouvelle ne m’angoisse plus. D’une façon ou d’une autre, je sais déjà tout. Et pourtant je trouve cette vie belle et riche de sens. A chaque instant
J’adopte instinctivement le point de vue de l’artiste et je crois qu’un jour, quand il me paraîtra nécessaire de tout raconter, j’en aurai aussi le talent
Dans ce monde saccagé, les chemins les plus courts d’un être à un autre sont des chemins intérieurs. »(…). On ne connaît pas la vie de quelqu’un si l’on n’en sait que les événements extérieurs. Pour connaître la vie de quelqu’un, il faut connaître ses rêves, ses rapports avec ses parents, ses états d’âmes, ses désillusions, sa maladie, sa mort
Pour humilier, il faut être deux. Celui qui humilie et celui que l’on veut humilier, mais surtout : celui qui veut bien se laisser humilier
Il y a des gens [...] qui prient les yeux levés vers le ciel. Ceux-là cherchent Dieu en dehors d'eux. Il en est d'autres qui penchent la tête et la cachent dans leurs mains, je pense que ceux-ci cherchent Dieu en eux-mêmes.
Il faut devenir aussi simple et aussi muet que le blé qui pousse ou la pluie qui tombe. Il faut se contenter d'être.
Si nous ne sauvons des camps [du coronavirus], où qu’ils se trouvent, que notre peau et rien d’autre, ce sera trop peu. Ce qui importe, en effet, ce n‘est pas de rester en vie coûte que coûte, mais comment l’on reste en vie. Il me semble parfois que toute situation nouvelle, qu’elle soit meilleure ou pire, comporte en soi la possibilité d’enrichir l’homme de nouvelles intuitions. Et si nous abandonnons à la décision du sort les dures réalités auxquelles nous sommes irrévocablement confrontés, si nous ne leur offrons pas dans nos têtes et nos cœurs un abri pour les y laisser décanter et se muer en facteurs de mûrissement, en substances d’où nous puissions extraire une signification, - cela signifie que notre génération n’est pas armée pour la vie.
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