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4,12

sur 610 notes
Lecture déroutante pour moi et j'ai mis du temps pour terminer ce livre.
Mais, quel talent de plume ! Si ce livre n'était pas écrit par un écrivain juif, lui-même survivant de la Shoah, je pense que j'aurais considéré ce livre comme très offusquant.

C'est donc l'histoire de Max Schultz. Pendant la seconde guerre mondiale il est un de ces génocidaires de masse dans un camp de concentration. Après la fin de la guerre il s'enfuit pour échapper à un jugement. Puisqu'il a des traits plus juifs qu'ariens, il prend l'identité de son ancien voisin juif : Itzig Finkelstein.
Itzig Finkelstein alias Max Schultz arrive en Palestine et s'y construit toute une vie basée sur des mensonges et intègre un groupe de sioniste fanatique...

Un satire avec un grand S.

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Challenge ABC
Challenge XXème siècle 2020 : LES COULEURS DU TEMPS

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L'histoire d'un bourreau qui tuait en ricanant

Contre l'histoire polie de la destruction des juifs et des juives d'Europe, contre un certain philosémitisme culpabilisé de passés inavouables, contre le consensus mou commémorant les atrocités et l'oubli des conditions d'émergence de la destruction industrielle et des bourreaux ordinaires, voici l'histoire pas politiquement correcte de Max devenu Itzig, génocidaire transformé en sioniste.

Avec une ironie dévastatrice, un talent de narrateur peu commun, Edgar Hilsenrath nous entraine dans une fiction, celle d'un quelconque assassin en uniforme SS, d'un copain d'école d'un juif coiffeur, fils de coiffeur. Un allemand ressemblant à l'image « racialisante » projetée sur les Juifs, et un jeune juif blond au nez droit.

Fiction, sarcasme, parodie, les moyens de l'auteur nous font toucher du doigt les réalités de ce passé, mieux que ne le feraient de multiples livres. Car l'auteur, grâce à son inventivité, dit ce que certains historiens cachent, nous bascule dans ce rouge et gris de haine, dans cet existant qui ne fut ni n'est indicible ou inexplicable.

C'est la force de la littérature de procéder par collages, de donner vie à des personnages et de dresser la table de l'horreur, de la banalité du mal, dans de grands éclats de rire…

Et Edgar Hilsenrath nous prouve, une nouvelle fois, qu'il est un de ces écrivains qui entraine la lectrice et le lecteur dans ses fantaisies, qui les « attachent » aux pages blanches et noires, qui les poussent à suspendre leur quotidien pour aller jusqu'au bout de l'invention littéraire.

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Une voix qui interpelle le lecteur pour ne plus le lâcher. Un ton qui plante le décor, sans fioritures, ni chichis. « Moi, Itzig Finkelstein autrefois Max Schulz » ne mâche pas ses mots.
Un vocabulaire direct, certains diraient crus, des interrogations qui laissent nulle place à un quelque conque échappatoire, il raconte son histoire. Sans concessions. Une histoire individuelle mais au combien universelle. Une trajectoire faite de dissimulations, de mensonges, de massacres de masse, de cynisme assumé et de bassesse humaine.
Fils d'une pute, faciès disgracieux à l'exact opposé du physique vanté par les Nazis, Max s'engage dans les SS. Il y fait des étincelles. Exterminateur doué, il sauvera sa peau après-guerre en usurpant l'identité de son ami d'enfance disparu dans les camps. le jeu est si maîtrisé qu'« Itzig Finkelstein autrefois Max Schulz » endossera la cause sioniste lors de la création d'Israël.
En partant d'un dispositif de narration inversée (l'Holocauste raconté du point de vue des bourreaux), Edgar Hilsenrath pousse encore plus loin le bouchon en transformant la figure de la victime apparente en celle du pire des salauds. Autant dire que ce roman a fait scandale à sa parution en Allemagne et remue toujours la petite république des lettres.
Dotée d'une humour noir poussé au dernier degré, de personnages cyniques et grotesques, cette farce grinçante frappe là où l'Histoire fait toujours mal. En démontrant avec justesse que les méchants s'en sortent souvent bien mieux que les gentils, il nous dit en creux combien les codes moraux affichés ne tiennent pas longtemps la route durant des périodes de troubles. Cette bombe littéraire atteint sa cible.
Mention spéciale au travail de Henning Wagenbreth pour la qualité et la force du graphisme de couverture.
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Lecture assez déroutante , moi ce qui m'a frappé c'est la fin du livre où le ' héros ' si l'on peut dire ; a des remords , où il ne peut s'empêcher , arrivé à la fin de sa vie , à avouer aux personnes de son entourage son imposture , ce qui est bien typique de l'être humain qui veut en quelque sorte expier ses péchés avant sa mort ; et , bien sûr , la réaction de son entourage qui croit à une sénilité , car qui pourrait penser que ce commercant exemplaire , qui pratique consciencieusement , qui est aimé par toute sa communauté , a pu être un nazi . L'auteur nous fait percevoir à travers une fiction iconaclaste que l'homme est plus complexe que ce que nous voulons bien voir , l'homme n'est pas toujours blanc ou noir , mais de différentes nuances de gris .
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Dire que j'ai trouvé ça drôle ne serait pas juste. Dire que j'ai trouvé ça original ne serait pas juste. Dire que j'ai été frappé par la beauté de l'écriture ou le style ne serait pas juste. Ce qui est juste, c'est que le point de vue sur l'Histoire de ce tour de passe-passe a eu le mérite de m'intéresser, la création d'Israël, d'un Etat Juif en Palestine, on en parle peu finalement, on parle des séquelles mais pas vraiment des idéaux, des fins, des causes... Bref, peut-être que, vous, vous n'"apprendrez" pas grand chose. Ce qui est juste, c'est que j'ai lu ce volumineux livre très rapidement et sans ennui. Ce qui est un point positif, ever.
Trois étoiles, avec un +.
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Le Nazi et le Barbier est une gigantesque farce mais
elle porte en elle un arrière-goût de culpabilité. Un
enfant violé devenant un SS féroce, puis s'engageant
pour la liberté du peuple juif, puis avouant ses fautes
et sa véritable identité : autant de retournements qui
laissent penser qu'Hilsenrath a voulu montrer qu'un
homme est égal à un autre, que tout le monde peut
devenir bourreau, qu'un juif peut naître blond aux
yeux bleux, et un aryen «pure souche» avec une
parfaite gueule de juif telle qu'on se l'imagine.
Il s'agit en réalité
d'une satire, et les personnages nous font souvent
rire. En premier lieu ce Max dont la vie pourrait être
bouleversante, si elle était prise au premier degré, ce
qu'il ne faut pas faire bien évidemment et il en donne
lui-même l'indice : "Quoi ? Vous ne me croyez pas ?"
interpelle-t-il le lecteur après avoir raconté la scène
de son viol à l'âge de quelques semaines par son
beau-père.
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Grosse déception... Très belle couverture, idée de départ très originale, je m'attendais à un grand moment de lecture... Et puis non. je ne suis jamais véritablement arrivé à entrer dans ce livre... Certains passages sont inégaux, le langage utilisé est beaucoup trop cru pour moi et finalement on arrive pas à croire à cette oeuvre de fiction... du coup, il m'est tombé des mains et je ne l'ai pas fini...
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La présentation de l'éditeur fait un parallèle avec un autre chef d'oeuvre que j'ai lu, Les Bienveillantes de Jonathan LITTLE, au motif qu'il traite la shoah "de l'intérieur", c'est à dire racontée par un bourreau. le thème est en effet le même, le risque d'empathie se répète d'ailleurs dangereusement à l'identique, mais la comparaison s'arrête là. Autant le livre de LITTLE était grave, autant celui-ci est léger et humoristique, ce qui qui a valu les plus grandes difficultés à être édité et ensuite de recevoir les pires critiques. L'auteur a pourtant lui-même connu les camps, mais on ne lui pardonne pas son style (parfois très cru) ni sa méthode de narration. J'ai personnellement adoré ce livre, la situation de ce nazi qui devient juif, et qui combat même pour la création d'Israël, est incroyable et parait pourtant plausible. Les remords ne sont pas clairement exprimés, juste évoqués, c'est ce qui amène à la réflexion. Comme Les Bienveillantes, il ne faut pas mettre ce récit entre toutes les mains, mais je le considère comme un chef d'oeuvre et suis surpris qu'il n'ait pas eu plus de retentissement depuis sa sortie en 1977.
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Pour échapper à la justice d'après guerre, Max Schulz, un génocidaire nazi, devient Itzig Finkielstein, combattant juif sioniste et plus tard barbier doté d'un coeur de rabbin. Troublante métamorphose. La psychologie de l'assassin de masse s'efface jusqu'à se faire totalement oublier. En endossant pleinement la cause de ses victimes et en contribuant avec sincérité à leur résurrection en tant que nation, chercherait-il à sauver son âme plus encore que sa peau ? Farce et fable à la fois, le Nazi et le Barbier s'achève sur le sentiment d'une justice humaine et divine impossible. Par son brio, l'auteur nous invite à en rire plutôt qu'à pleurer.

Lien : https://twitter.com/DavidOzW..
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Même si la satyre peut tout dire, Edgar Hilsenrath en fait un art a part entière.
Sur un thème aussi douloureux que la Shoah, il brosse le parcours d'un SS qui se convertit par opportunité et continue sa guerre.
L'histoire noire drôle et rocambolesque du personnage peut prêter à rire ou à pleurer mais surtout à réfléchir.
Ne sommes nous pas tous des bourreaux en puissance prêts à se repentir si l'occasion se présente.
L'homme est une bête dotée de la parole et d'une conscience qui permettent de s'excuser, de se justifier et parfois d'oublier.
Personnellement je ne veux pas oublier et merci monsieur Hilsenrath de m'y aider avec vos récits.
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