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Dans l'Irlande des années 50, la vie semble douce pour les jeunes issus de la classe favorisée. Et pourtant les drames intimes, sociaux et politiques les hantent. Un roman délicat et mélancolique porté par un style sobre et évocateur. L'histoire d'un pays déchiré, d'une génération avec ses doutes et ses aspirations, les regrets et les non-dits déchirants d'un époque.
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« J'étais pris au piège, en flagrant délit de transgression criminelle. J'avais menti. J'avais fait mine d'être ordinaire, alors que mon passé enfoui était extraordinaire. »

Sean, le narrateur, repense à sa vie. Son enfance sur la côte ouest de l'Irlande près de Galway, son amitié avec son voisin Liam dont la mère est d'origine russe, leurs pertes, leurs vies privilégiées, leurs études à Dublin, leur rencontre avec Christine, Sarah et Jamesy, leurs destins imbriqués.

« Quelques semaines jadis à Dublin, une liaison, un triangle amoureux, enfoui, indicible mais toujours là, un mystère, une voix propre évoquant une danse exceptionnelle, l'accession exaltante à un monde d'amour. »

J'avais beaucoup aimé le premier roman de Desmond Hogan, le Garçon aux icônes, son style brillant m'avait emporté loin (lire ma chronique par ici). Celui-ci par contre, son second, m'a déçue. Il y a une vraie matière pourtant et de belles promesses. Mais comment dire ? L'histoire m'a semblé presque désincarnée, butinant de loin en loin les époques et quelques vies. Certains enchaînements ne sont guère compréhensibles, comme s'il manquait des bouts à l'histoire, ou des clefs au lecteur. de nombreux thèmes sont pourtant abordés, tant politiques, le conflit nord-irlandais, que mystiques, religieux ou leurs contraires, et la place des irlandais dans le monde et chez eux ; mais ils ne sont qu'esquissés, comme une glace au parfum intrigant qu'on nous mettrait sous le nez, pour mieux nous la confisquer avant même qu'on ait pu la goûter. C'est frustrant, limite même un peu pénible.

« C'est une image de verre qui persiste quand je repense à ces années, la confection d'un vitrail, pièce par pièce sur fond de ciel. Il y avait tant d'images, chacune un atome de ce vitrail, une couleur, un ton, une variation, chacune en partance vers une vérité totale. »

Je retiendrai de ce roman quelques très belles images, et une impression un peu brouillonne d'inachevé. Déception qui ne m'empêchera pas de découvrir son troisième roman, Une rue étrange, à paraître le 10 octobre prochain chez Grasset. J'ai lu que c'était son meilleur.

« Il y a quelque chose en toi, une turbulence, une nuée d'orage jamais éclaté ou peut-être seulement une douce pluie jamais tombée. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Desmond Hogan est un auteur irlandais que je ne connaissais pas du tout. Il semble qu'il ait tendance à fuir les soleils médiatiques. le titre Les feuilles d'ombre évoque Walt Whitman et ce n'est bien sûr pas un hasard. Il y est même cité nommément. Irlande, fin des années 40, deux amis, Sean le narrateur et Liam, privilégiés, rapidement pris dans la tourmente des amours incertaines et les douleurs intestines irlandaises. Et les femmes de leur vie, enfin d'une partie de leur vie, Christine et Sarah. de leur ouest de l'île à Dublin, une Dublin encore très "bonnes soeurs" toute en rigidité, de leur jeunesse qu'on dirait bobo à leurs maturités souvent frustrées, de la Californie prometteuse à un monstère en Suisse, leur amitié ne faillira (presque) jamais.

Un fantôme fait partie de la distribution, celui de la mère de Liam, exilée russe à Galway, qui un jour entra dans la rivère et n'en sortit pas. On ne peut pas ne pas penser à Virginia Woolf. Son souvenir pèsera lourd. Ecrit dans une langue se poète, Les feuilles d'ombre se déguste justement comme ça, en reprenant à plaisir un paragraphe de temps en temps. "Oui, allez un jour dans les Wicklow, parcourez ces sentiers, ces lieux féériques, sortis des contes de Grimm et d'Andersen, et pensez à nous, à Christine sans solennité, vierge grassouillette pédalant à la traîne, à Sarah, svelte papillon gardant le rythme, à Jamesy toujours dans sa roue, sans effort excessif, à Liam en plien envol, magnifique face au temps, et doté d'une allure qui tournait la tête des fermières et souvent troublait les vaches ruminantes". Jolie balade vélocipédique, non?

A ceux qui auraient peur d'un folklore irlandais un peu envahissant, chose qui arrive, je préciserai que ce n'est pas du tout le cas. Desmond Hogan ne verse pas dans l'imagerie. Pourtant comme le pays y est présent, d'un bout à l'autre, de fond en comble. de l'attrayante et répuisive Londres aux sirénes atlantiques, du mysticisme de barde aux avirons sur la Liffey, l'Irlande est l'héroïne de ce grand roman méconnu. A plusieurs reprises on y évoque le vitrail et c'est bien ça, Les feuilles d'ombre s'apparente à la dentelle de Chartres. Desmond Hogan n'est pas un jeune auteur. Né en 1950 il a publié ce Leaves on grey en 1980. Paru en France en 2016.

"La promenade était tailladée de mots d'amour, d'intiales sur les arbres, les bancs. Un garçon, assis sur un banc rouge, lisait Keats en buvant du Coca. Une fille, debout sous un arbre, les cheveux noués par un ruban, rassemblait des mots en fixant le lointain". Hogan a écrit ça. Pourtant il ne connaissait pas Celestine.
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"Les feuilles d'ombre", ce qui donne en langue anglaise "The leaves on grey" et sonne donc bien différemment aux oreilles quand on le prononce dans la langue originale. "Leaves" sont les feuilles mais "to leave" signifie aussi "laisser" et on peut entendre ce double sens dans les mots déposés par l'auteur. Ceux/Ce qu'on laisse, qu'on a laissé sur le fond gris de notre mémoire.
Ainsi, Hogan dresse par petites touches impressionnistes les tableaux de sa jeunesse dans l'Irlande des années 50. Une jeunesse privilégiée se dessine dans ce pays tourmenté en manque de repères : l'oisiveté, les fêtes, les lectures et rencontres fortes en amitié, les pertes dont celle obsédante et romanesque de la mère de son ami Liam, beauté russe suicidée par mal d'amour dans les flots telle une Ophélie à jamais jeune, les départs, les solitudes, les choix... de son oeil très "normal", le narrateur fait resurgir de sa mémoire tous ces moments imprimés en lui au-delà du temps désormais révolu. Et ce temps révolu permet une distance rêveuse et mélancolique : "La vie est comme une tribu d'oiseaux, certains atteignent le soleil, d'autres échouent, échouent complètement.", cite l'une de ses amies internée en hôpital psychiatrique.
Que devenons-nous ?
Et comme Camus nous nous interrogeons sur la seule question philosophique vraiment sérieuse : celle du suicide. Que vaut la vie ?
Alors les couleurs apparaissent : celles des taches que font les fleurs sur le tableau : le jaune des jonquilles, le mauve d'un myosotis, le blanc des marguerites, le rouge du triomphal coquelicot, ainsi que la chaleur du soleil sur le visage diffusé par petites tâches quand on ferme les yeux et que l'on se met sous les feuilles d'un arbre.
Se laisser atteindre par la poésie, loin de l'Histoire qui s'agite et broie les hommes, peut-être que la vie est juste ça et c'est ainsi en tout cas que l'on entre dans les feuilles du livre de Hogan.
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le beau cadeau de Desmond Hogan que celui offert à ses lecteurs de se griser dans les Feuilles d'ombre.
Ils sont jeunes, et largement nantis, ils nous plongent dans les années chaotiques de leur jeunesse. entre Galways et Dublin . L'avocat Sean , le narrateur , prend la parole au milieu des années 70, déroulant comme un cinéaste leur destinée commune.


Liam, son ami d'enfance, personnage troublé par le suicide de sa mère : une exilée russe , exubérante et insaisissable. Christine, enivrée de poésie et de littérature , Sarah, la choyée, une jeune dublinoise élégante, et Jamesy, libertin, fils d'un acteur hollywoodien.


Malgré leurs privilèges, ce quintette d'étudiants va être habité par des feuilles d'ombre, qui éclairent leur vie de variations lumineuses, fragiles , parfois de menaces invisibles, qui vont les faire basculer vers la joie , l'amertume, ou vers le désespoir.
C'est l'âme irlandaise qui imprègne ce livre, Les Feuilles d'Ombre est également une déclaration d'amour à l'Irlande et un hommage à son histoire. Deux événements reviennent dans le roman, comme deux socles, à l'origine de l'indépendance des Irlandais, l'insurrection de 1916 et les Pâques sanglantes.

Mais plus que l'histoire c'est le coeur des irlandais qui nous bouleverse, entre la mélancolie et l'amour et ses multiples variations, une tragédie s'infiltre entre des paysages sombres et tourmentés, aux liaisons amoureuses qui se nouent et se dénouent entre les 5 acteurs de ce drame.

Elizabeth la maman russe de Liam tombée dans la folie avant son suicide, est un fantôme qui rôde , comme l'annonce de tragédies à venir.
Leur destin est comme un retour ”les hommes n'apprennent jamais rien” , leur idéalisme aura recréé ce mal de vivre, leurs passions se heurteront à une réalité bien mouvante celle des âmes et celle des êtres blessés pour n'avoir pas su aimer.


Merveilleux texte à la fois lumineux et poétique,qui a su nous plonger dans la mystérieuse, l'Irlande des grains, des giboulées ,de "ses ciels crémeux", des orages et des passions.
Un roman envoutant que l'on sent capable de basculer à tous moments vers l'exaltation ou vers la mélancolie, des fleurs aux parfums qui se dissolvent à l'ombre des feuilles.
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Voici cinq amis dans une petite ville, Galway ,à l'ouest de l'Irlande, pays tourmenté, hanté par son histoire qui imprégne tout au long les personnages et la narration......
Ils sont jeunes, beaux, privilégiés, dans ce Dublin chaotique des années 50.
La vie leur promettait l'insouciance et l'aisance et pourtant........

Sean , le narrateur prend la parole au milieu des années 70, déroule le film de sa jeunesse et de ses amis, en un long voyage entrecoupé d'étranges plans fixes.
Liam, son ami d'enfance, personnage romantique, hanté par le suicide de sa mère : une fascinante exilée russe ,cite volontiers Walt Whitman.
Christine, enivrée de poésie et de littérature entre Camus, Sartre, Tennison et Rupert Brooke , Sarah, choyée, dorlotée, servie, une jeune dublinoise élégante, Jamesy, libertin, fils d'un acteur hollywoodien les rejoindront.
Ils forment une bande d'étudiants désinvoltes, dansent sur la musique de Glenn Miller et la guitare de DJango Reinhardt, jouent à Jules et Jim, boivent du cherry jusqu'à plus soif, profitent de ces soirs insouciants , pas tellement préoccupés par leurs études.
Un triangle amoureux se forme entre Liam, Sarah et Sean.......

Ils grandissent, se découvrent.
Entre liaisons , séparations,mariages, voyages, désirs confus et crises mystiques, ils changent :parfois ensemble, parfois seuls leurs liens évoluent , se nouent et se dénouent dans une Irlande révoltée, divisée comme jamais, secouée, en proie à des mouvements révolutionnaires dans les années 50- 60-
Ce roman - poéme élégiaque , mélancolique, sur l'amour, l'amitié, la perte et le temps qui passe,
l'indicible beauté des terres d'Irlande, envoûtant et intimiste, accompagne les tourments d'un pays qui ne se reconnaît plus et l'errance habitée de jeunes gens qui oublient de vieillir.
La prose de l'auteur s'accorde magnifiquement aux paysages irlandais , à la lumière sourde qui les baigne, aux lourds parfums de tourbe, mais aussi à une nature riche et colorée, à la beauté fulgurante, fleurs des neiges, tulipes jaunes, iris mauves, primevères et narcisses qui parsément le ciel gris de touches colorées , à l'aide d'un pinceau comme un livre à colorier, une feuille vierge à illustrer !!

Un portrait bouleversant de l'Irlande porté par "Le climat de l'âme " en quête de quelque chose, nostalgique et fiévreux, ponctué de rires adolescents , de l'ombre des feuilles qui badinent en un brasier safran, de ballades enchantées en des temps évanouis , de ferments révolutionnaires,
de la tristesse brûlante et énivrante du passé, une ode vibrante à la jeunesse et à ses illusions perdues!
J'aime l'Irlande et les romans irlandais !
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A trente-sept ans, Sean McMahon, le narrateur, marié, trois enfants, avocat, évoque sa jeunesse en Irlande, dans un milieu aisé. Son ami Liam Kenneally, dont la mère est d'origine russe, occupe une place importante dans cette évocation du passé. On apprend dans le "livre I" (il y en a trois) qu'elle était dépressive, avait été internée et avait fini par se suicider en se noyant, devenant une sorte de légende.
A l'université, Sean étudie le droit et Liam la littérature. Walt Whitman, poète américain (1819-1892) appartient à l'univers des deux étudiants et de leurs ami(e)s. On notera d'ailleurs l'emploi du mot "feuilles" dans le titre du roman de Desmond Hogan " Les feuilles d'ombre" - The Leaves on Grey- et dans celui du recueil de poèmes de Walt Whitman "Feuilles d'herbe" - "Leaves of Grass".
A Dublin, Sean et Liam sortent beaucoup avec Jamesy, Christine et Sarah, cette dernière les fascine tous les deux. Peu à peu un triangle amoureux se forme entre Liam, Sarah et Sean.
Ce roman comporte de belles descriptions de personnages, de paysages irlandais ; il est riche en références historiques et culturelles, mais je me suis ennuyée dès le début. On assiste à des réunions de famille, à des mariages, à des séparations, mais il n'y a pas assez d'action à mon goût. J'ai beau reconnaître que l'écriture est très belle, ça ne suffit pas à m'emporter dans la lecture d'un roman.

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Le narrateur masculin revoit Liam, une personne qui a marqué sa vie. Il nous raconte alors trois moments communs de leurs vies, où chacun a montré un visage différent. le narrateur s'est construit par rapport à Liam et aux femmes qui sont passées dans leurs vies. Pendant trente ans, des années 1940 aux années 1970, nous suivons le chemin parcouru par ces hommes et femmes dans une Irlande en pleine construction politique, idéologique et religieuse.
Ce roman est une sorte de grande épopée intimiste et historique. le texte écrit à la première personne (dont l'identité ne sera révélée que plus tard) permet de rentrer directement dans l'histoire de ce groupe d'amis. Très rapidement, l'auteur joue avec les nuances pour décrire les failles sentimentales de ses personnages. Il les creuse et les explore pour en ressortir l'importance des confrontations. le roman est un tissu de relations sentimentales, sensuelles et sensibles. Il y a très peu de psychologies, ce qui explique le ventre mou du milieu du livre. En effet, en se concentrant sur les rapports sous entendus entre les hommes et les femmes, Desmond Hogan arrive à créer des attirances entre Liam et certaines femmes, entre Liam et le narrateur. L'émotion d'un instant explique le début d'une relation à trois, à deux, hétérosexuelle ou homosexuelle. L'air de rien, l'auteur questionne la place de ces femmes et hommes dans une société en pleine mutation. le sort de l'Irlande, entre politique et religion, revient hanter les 5 amis. Ils semblent un peu indifférents au devenir commun, comme si les déceptions de la jeunesse pouvaient justifier un désespoir. Mais la réaction – au sens de « reprise en main conservatrice » – qui est perceptible dans certaines scènes, ne débouche pas vraiment sur un questionnement des personnages ou même sur eux. Seule une mélancolie naît de ce passage de la liberté (des coeurs et des corps) au quotidien conventionnel. Toutefois, la fin du roman, la dernière rencontre entre le narrateur et Liam, est particulièrement bouleversante. En utilisant le traumatisme du suicide de la mère de Liam (qui se déroule au début du livre), l'auteur rattache ses personnages à une trajectoire beaucoup plus dramatique.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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A l'aube de la quarantaine, Sean retourne vers sa jeunesse, celle de sa relation fraternelle avec Liam qui s'enrichit de rencontres avec Christine, Sarah et Jamesy. Dans cette Irlande d'après-guerre, l'insouciance devrait être de mise. D'autant plus que les cinq compères sont bien nés. Mais l'ombre du suicide de la mère de Liam dont le narrateur est secrètement amoureux et les bouleversements qui secouent le pays mettent en péril l'insouciance de cette jeunesse dorée.
Par petites touches impressionnistes, Desmond Hogan raconte avec une grâce poétique et un ton intimiste et nostalgique l'histoire d'une amitié qui se délite avec le tourbillon du temps qui passe.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Ambiance nostalgique. Sans doute trop nostalgique.

Je n'ai accroché. Rien à faire. Pas 50 pages lues que j'en avais déjà marre. Malgré la bonne qualité de la narration, malgré la 4ème de couverture qui me plaisait.

Il faudra sans doute que j'y revienne. Plus tard.

Ça doit être le billet le plus court que j'ai jamais écrit ! Dommage...
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