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4,05

sur 968 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A force de voir certains romans sur les réseaux, même s'ils sont massivement encensés, on peut avoir envie de différer leur lecture, même si on pense qu'on va les aimer. J'ai des dizaines de titres ainsi en réserve dans mon cerveau, qui me reviennent en mémoire en les voyant sur les étagères de médiathèques ou de bouquineries.
Le chagrin des vivants est dans ce cas. En l'empruntant, je ne savais plus quel en était le sujet, mais la première ligne du résumé parlait des « premiers jours de novembre 1920 » : ça a été suffisant pour finir de me convaincre, car après avoir regardé tout Downton Abbey cet automne, j'ai très envie de retrouver le début du 20° siècle dans mes lectures !

Le chagrin des vivants est le titre parfait pour ce roman. Pendant cinq journées, on suit trois femmes. Une mère dévastée par la disparition de son fils en 1917. Une jeune danseuse qui cherche désespérément de la joie dans sa vie. Et une jeune femme dont la vie n'a plus de saveur depuis que son amant est mort.
En plus des hommes qui ne sont pas revenus, il y a ceux qui sont revenus, mais pas en entier, pas tout à fait eux-mêmes, traumatisés. Qu'ils doivent gagner leur vie comme colporteurs ou qu'ils n'aient pas besoin de travailler grâce à leurs indemnités, ceux-là mettront du temps pour se réveiller de leur long cauchemar.
Peut-être que le Soldat Inconnu, qui arrive en Angleterre pour le 11 novembre 1920, permettra aux unes et aux autres de guérir leurs blessures…

Je suis lassée des romans sur les guerres mondiales. Toujours la même chose. Mais celui-ci est différent, car il se déroule après, on a donc seulement les souvenirs de la guerre, avec du recul. Et si la guerre est bien sûr le thème central du roman, elle est la plupart du temps seulement en arrière-plan : il y a de la vie civile et de la féminité dans ce roman et pas seulement l'horreur de la guerre.

On a beaucoup vu le chagrin des vivants sur les réseaux. Eh bien il le mérite amplement : il se lit facilement, son univers nous emporte sans effort, il est émouvant et captivant. Je n'ai tout simplement aucun bémol sur ce roman et je lirai sans aucun doute les autres romans de l'autrice !
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Dans ce roman à la chronologie resserrée – il se déroule en effet sur cinq jours , du 7 au 11 novembre 1920 – trois femmes britanniques unies, sans le savoir, dans le même destin, tentent de reprendre le cours de leur vie : Evelyn a perdu son fiancé, Ada son fils, Hettie, dont le frère souffre de la psychose traumatique des soldats revenus du front, accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste de danse d'un cabaret londonien.

« C'est la guerre qui gagne, il n'y a pas de vainqueur » Et ce n'est pas la société qui aide les survivants à aller de l'avant, le pays laisse tomber ses soldats réduits à mendier dans la rue. Chacun détourne la tête : pourquoi ne peuvent –ils pas passer à autre chose ?On savait à quel point on avait imposé aux survivants de la shoah de se taire. Anna Hope, elle, montre la difficulté des soldats de la première guerre mondiale à dire l'indicible , elle met le doigt sur leur impossibilité à communiquer. Mais elle suit également la lente avancée vers la lumière de ces femmes, fiancées, mères, soeurs, meurtries par la vie, meurtries par la guerre .Ainsi, Ada, aidée par celle qui dit parler aux morts, comprend enfin que son salut passera par son couple, qu'il suffit qu'enfin elle regarde son mari, lui qui est si vivant, pour qu'elle même revienne à la vie.Evelyn, enfermée, cloîtrée dans son deuil, après avoir sombré dans l'aigreur et la rancoeur, s'ouvre enfin au monde dans une très belle dernière page où, magnifique, elle se retourne vers l'homme qui l'aime.

Le roman s'ouvre sur la préparation du cercueil du soldat inconnu britannique, il se ferme sur l'arrivée du convoi funéraire et la célébration funèbre. Chacun croit reconnaître dans ce soldat l'être aimé avant de comprendre que le cercueil, vide d'enveloppe corporelle, est plein du chagrin des vivants .Il faut se souvenir, dit le soldat irlandais, dont on devine qu'il sera un activiste de l'Ira. Mais pour l'instant, place au devoir de mémoire.

Tout est douleur dans ce livre poignant qui nous donne à entendre le « silence bruyant du chagrin », avant de nous laisser entrevoir que seule la parole est salvatrice et que la vie toujours l'emporte.
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D'un doigt impossible de rédiger une critique , je dirai que j'ai lu d'une traite ce roman que j'ai trouvé excellent de par sa singularité stylistique, son intrigue bien ficelée, son sujet grave sur les vivants d'après guerre en 1920 en Angleterre, et de par l'émotion qu'il m' a provoquée.
Cérémonie du Soldat inconnu .

Merci Rabanne d'avoir su me donner envie de lire cette auteure, même si c'était d'autres titres ( que je lirai).
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En novembre 1920, les Anglais attendent l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d'hommage. A Londres, trois femmes vivent ces journées à leur manière. Dans une ville peuplée d'hommes mutiques, rongés par les horreurs vécues, ces femmes cherchent l'équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les coeurs s'apaisent.
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Anna Hope, dont je découvre tardivement le talent, maîtrise décidément bien  la construction de ses romans. Plus simple, plus immédiatement " lisible" que celle de Nos Espérances,  la structure du Chagrin des vivants a,  dans sa majestueuse simplicité, une grande force lyrique qui sied à ce roman choral sur la guerre de 14.

Tel un navire brise- glaces, fendant la banquise de la guerre et de ses douleurs,  le récit central (focalisé sur la trouvaille, l'exhumation,  le transport puis l'arrivée en grande pompe du corps du soldat inconnu britannique à  Londres) , sert de moteur, et même  d'aimant  aux récits annexes, centrés sur trois figures féminines. Dans son sillage irrépressible , le corps du soldat inconnu draine et active le chagrin des vivants. Et permet, enfin, après ce long massacre, sa catharsis. Surtout celle du  chagrin des vivantes ...

 De trois femmes, donc.

 Une femme dans la maturité,  mère presque folle d'un jeune soldat mort dans des circonstances obscures,  une autre en pleine jeunesse, mais brisée, aigrie,  durcie par la disparition d'un amant . Une troisième enfin, toute jeune, que la guerre et la pauvreté ont privée des fêtes de son âge et qui vend sa fougue comme danseuse de compagnie dans une salle de bal.

Elles ne se connaissent pas, ne se rencontrent pas vraiment, mais les hommes blessés, hagards,  meurtris,  qui les côtoient comme des zombies,  tissent parfois entre elles de subtils liens que seul le lecteur perçoit.

Rien de facile, pas de retrouvailles forcées, pas de miracle. Toutes trois restent des solitaires.  le chagrin est une douleur corrosive, son poison est long à se dissiper. Tout au plus le corps du Soldat Inconnu est il un exutoire collectif qui fait que les vivants, même blessés, même essorés,  même désolés* se sentent...vivants.

Et c'est déjà beaucoup.

 * à ce propos, mon seul bémol  et qui grignote un peu ma 5eme etoile: j'ai trouvé un nombre incalculable d'occurrences de "je suis désolé (e)". Traduction un peu pesante du discret "sorry" anglais. Cela m'a un peu agacé l'oeil.  C'est ma seule critique. Désolée. ..
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En 1920, l'Angleterre attend le retour sur son sol du Soldat inconnu, un corps rapatrié depuis la France, pour une cérémonie d'hommage.
A Londres, durant les tout premier jours de novembre, trois femmes vivent cette attente et ces journées à leur manière. Trois femmes de conditions sociales différentes. Evelyn a perdu son fiancé au combat et elle travaille au bureau des pensions de l'armée. Ada est une mère qui ne cesse de voir son fils mort au front. Hettie accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste d'un club pour six pence la danse.
La guerre est une chose d'hommes. Quand ils en reviennent, ils sont traumatisés, souvent mutilés. Les femmes quant à elles sont les spectatrices d'un monde qui s'écroule. S'il est questions des hommes dans ce roman, il est aussi question du rôle incontournable des femmes pour panser les plaies.
Dans ce roman à trois voix, les hommes et les femmes se complètent. Dans l'attente d'un soldat inconnu qui retrouvera bientôt sa patrie pour reposer à Westminster, les trois héroïnes revivent leurs histoires personnelles et les douleurs qui s'y attachent. Et quand les langues se délient, alors les coeurs s'apaisent.
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5 jours, 5 moments vécues par des familles rongées par le chagrin, les horreurs de la guerre. Tous recherchent des solutions à ce que le bonheur revienne dans leur vie. 3 femmes décrivent leurs souffrances à leurs manières... pour les hommes entre les blessures physiques ou morales, membres disparus, traumatisme et perte de leur copains sur le front. Un après guerre décrit avec beaucoup de délicatesse, une cérémonie du 11 novembre oppressante et triste, des langues se délient pour des réconciliations.
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Comment rendre compte de la guerre, de la grande guerre, de toutes les guerres ? le centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918 a fait remonter en surface beaucoup d'écrits sur ce sujet. Certains ont été rédigés à cette occasion et, parmi eux, celui d'Anna Hope dont "Le chagrin des vivants" est le premier roman publié. Faire comprendre la guerre par ceux qui ne sont pas au front, la faire comprendre "après coup" dans les années du retour à la vie "normale", c'est éclairer sous un angle original les séquelles du massacre et le charnier dans lequel l'espèce humaine s'est vautrée quatre années durant.
Anna Hope s'appuie sur le choix de la dépouille du soldat britannique inconnu et sur son retour de la terre de France à Londres, en 1920. Elle nous fait vivre ce douloureux retour au travers de trois femmes dont le travail de l'une (qui a perdu son fiancé au combat) est d'accueillir les rescapés et d'établir leurs dossiers de pension militaire, celui de l'autre est de faire danser dans une salle dédiée d'anciens soldats tandis que la troisième, mère d'un disparu, divague en croisant souvent dans la rue le spectre fantomatique de son fils disparu.
le jeu de ces trois projecteurs, très habilement manoeuvrés par Anna Hope, permet, au terme d'un long travail (mais en cinq jours seulement), à chacune de ces trois femmes d'entrevoir puis d'accéder à un apaisement relatif.
Ce roman me fait penser au chef d'oeuvre que doit accomplir le compagnon du devoir pour faire la preuve de son talent. Comme le dit un critique du Guardian, on n'en revient pas d'apprendre qu'il s'agit là du premier roman de cette auteure. La maturité, la délicatesse, l'habileté à tresser les fils de ces trois destinées, le pouvoir exercé sur le lecteur dont l'attention est très vite captive, en un mot le savoir-faire de l'écrivaine est si magistral et évident qu'on place immédiatement ce coup d'essai au rang d'un coup de maître. J'ai un peu mieux compris le pourquoi de la chose en consultant la date de naissance de l'auteure : elle a écrit ce livre aux alentours de la cinquantaine.
Sans doute a-t-elle depuis longtemps travaillé son "art du roman" et peut-être jugé que des tentatives antérieures n'étaient pas assez achevées pour être publiées. Dommage pour nous de ne pas avoir eu accès à ces ébauches supposées...

Je ne me souviens plus qui m'a fait le cadeau de me recommander ce roman, mais je l'en remercie chaleureusement comme je remercierai l'ami qui m'indiquerait, sur le bord d'un chemin souvent visité, l'écart s'ouvrant soudain sur un large panorama ignoré jusqu'alors.
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J'ai lu ce livre il y a quelques années maintenant et je ne vais donc pas vous faire une longue description car, mes souvenirs ne sont pas très frais. Je sais que j'ai beaucoup aimé cette lecture, je m'étais beaucoup attachée aux personnages. .
Les trois histoires qui se chevauchent sont racontées par trois femmes en deuil. Et nous les suivons pendant 5 jours dans cette période difficile de leur vie. L'histoire que j'ai le plus aimé est celle d'Evelyn. Cette femme qui n'avance plus malgré l'aide de ses proches après la mort de son fiancé. Ce sont des femmes de générations différentes qui tentent d'intérioriser la perte d'un proche et ce roman décrit très bien ce travail. .
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Le point de vue des femmes sur la guerre est toujours différent, elle la présente souvent telle qu'elle est, débarrassée des ses oripeaux glorieux et mensongers, et c'est le cas dans ce très bon roman.
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