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4,05

sur 952 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman d'Anna Hope traînait dans ma PAL depuis 2018… À la base je l'avais acheté pour découvrir l'autrice… qui en a sorti quelques-uns depuis 🙃. Si vous avez suivi mes stories, vous ne serez pas surpris(es) en apprenant que j'ai beaucoup aimé ce récit, et que je l'ai littéralement dévoré.

Il n'y a rien de révolutionnaire dans le traitement du genre, même si la Grande Guerre n'est pas celle qui est le plus représentée en littérature, mais ces destins croisés de femmes (et d'hommes) post-guerre m'ont touchée. Des vies à jamais brisées, des cicatrices qui ont du mal à se refermer. Comment se reconstruire après de tels évènements et la perte d'êtres chers ? Que reste-t-il alors, si ce n'est le chagrin des vivants ?

Les hommes revenus du front peine eux aussi à refaire surface. À cette époque peu voire aucune considération sur les séquelles psychologiques. Des survivants en apparence, dont une majorité est incapable de travailler et reprendre une vie normale.

Novembre 1920. Londres. Nous faisons la connaissance d'Hettie, Evelyn et Ada. Orpheline de père, Hettie a dix-neuf ans et danse au Hammersmith Palais. Depuis son retour du front, son frère est muré dans le silence, incapable de travailler. Evelyn, la trentaine, travaille au bureau des pensions de l'armée, et a perdu son fiancé. Son frère Edward est revenu indemne physiquement mais à quel prix ? Ada, quant à elle, n'a jamais pu faire le deuil de son fils. Les parents n'ayant jamais récupéré le corps. Elle n'est depuis plus qu'un fantôme pour son mari.
Trois destins brisés par la guerre que nous suivrons durant cinq jours jusqu'à la cérémonie d'inhumation du soldat inconnu dans l'abbaye de Westminster, le 11 Novembre 1920.

La thématique, l'alternance des voix, le style simple et fluide mais non dénué d'émotions, une combinaison gagnante pour ce roman que je vous recommande chaudement !
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Londres - 11 novembre 1920

La ville entière s'apprête à accueillir le cercueil dans lequel repose un soldat britannique inconnu, mort au front durant la Grande Guerre, et dont l'inhumation est prévue à Westminster Abbey deux ans jour pour jour après la signature de l'armistice.
Parmi les milliers de personnes massées dans les rues de la capitale britannique, certaines ne peuvent s'empêcher de penser que ce héros est peut-être l'ami, le frère, le père, le mari, le fils qu'elles ont perdu... Et ce pourrait bien être le cas d'Ada qui ignore tout des circonstances dans lesquelles son fils Michael a péri.

Une journée d'hommage et de commémoration qu'Anna Hope a choisi de placer au coeur du 5e et dernier chapitre de ce roman, mais qui constitue en réalité la clé de voûte de son merveilleux récit. Les quatre premiers chapitres nous permettent en effet de suivre Ada, Hettie et Evelyn, durant les quatre jours qui précèdent cette cérémonie.

"Le chagrin des vivants" révèle avec justesse et pudeur les ravages insidieux et indélébiles de la guerre au travers de la souffrance ressentie par l'entourage familial des soldats, mais aussi par ceux qui en sont revenus miraculeusement, souvent envahis par un sentiment de culpabilité. Familles disloquées, enfants nés orphelins, quête de vérité, trahisons, désespoir, folie, sentiment d'abandon ou d'injustice... tels sont les thèmes abordés par Anne Hope qui nous démontre avec beaucoup de subtilité que la grande gagnante de la guerre n'est autre que la guerre.
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Tout est si juste dans ce roman ! L'émotion n'a pas besoin d'effets grandiloquents pour être prégnante. Mais rien de plus difficile certainement de parvenir à cette épure, où rien n'est trop appyé, laissant dans le suggestif ! Nous sommes ramenés un siècle en arrière dans une rue de Londres, couleur kaki. Cela pourrait être Paris, ou Berlin, à la même date, ou encore à Kiev à l'heure présente. Car en Ukraine, l'horreur des tranchées a reparu cent ans après. Cent ans après que tous les gens unanimes aient crié : « Plus jamais ça ! »
L'action de ce livre, peuplé de fantômes, et de gens voulant malgré tout vivre éperdument leur reste de vie est intemporel.

L'action se passe dans le Londres sinistré de l'après première guerre mondiale. Plusieurs personnages s'entrecroisent sur cette réalité douloureuse. Même si elles n'ont pas participé activement au conflit, elles sont elles aussi souvent atteintes de dépression larvée, en rapport à des proches disparus ou rentrés blessés des combats.
Les gueules cassées sont présentes au croisement de chaque rue, réduits à faire l'aumône, tant leur pension est misérable. Evelyn, travaille précisément au bureau des pensions de l'armée, et voie défiler toute une cohorte de mutilés, en proie à des psychoses post traumatismes récurrentes.
Le récit fait parfois des retours en arrière, comme ces pages bouleversantes sur la dernière permission du fiancé d'Evelyn, avant qu'il ne reparte au front. Elle repense à leur excursion ratée à la campagne, où elle sentait déjà l'ombre de la mort prochaine planer sur lui, tant il est peu prolixe et en état de choc.

Anna Hope parvient à distiller avec une grande économie de moyens, la présence de ces hommes disparus, hantant les mémoires. Elle s'attache aussi aux familles, aux femmes qui sont restées dans l'ombre, mais ont été indispensables à l'économie de guerre, en travaillant dans les usines d'armement.
L'arrivée prochaine à Londres, au mois de Novembre 1920 du cercueil du soldat inconnu va t'il faire office de catharsis ?
Cet événement considérable est salué par tout un peuple comme le serait maintenant la descente d'une équipe de football victorieuse, sur la plus grande avenue d'une capitale.
Il faut laver le corps de tout un peuple, faire les gestes sacrés, pour qu'il puisse retourner à la lumière. Qu'on sent croyant ou non n'a pas d'importance. Nous sommes tous faits de chair et d'âme, et nous avons besoin des autres, et du sentiment collectif d'appartenance. Ce beau livre est une prière, qui nous dit qu'il faut faire attention à la vie, à l'autre. En jouant des contrastes, Anna Hope célèbre le bonheur de vivre en temps de paix.
L'auteure s'attache à montrer en même temps cette fragilité de l'humain. Ada, en proie parfois à des hallucinations, se lance parfois à la poursuite de son fils, disparu dans la Somme. Un jeune homme, presque un enfant, dont pas même le corps n'a été retrouvé, et qu'aucune tombe ne permet de l'aider dans son travail de deuil. Ce pauvre guerrier, disparu à pas vingt ans d'âge, n'a laissé à sa mère qu'un pauvre doudou, enfermé entre les pages d'une bible, comme une relique sainte.

Jean Giono, ancien poilu, avait dans « le grand troupeau » dressé avec énormément d'empathie le sort de ses anciens compagnons. " le grand troupeau" est un de ces roman pacifiste, écrit par un homme profondément choqué par l'horreur et l'absurdité de cette guerre. Il nous parlait de cette masse indistincte de ceux qu'on pousse vers le ravin, au son de la musique militaire. Mais aussi de l'horreur qu'auront à affronter non seulement les veuves, les orphelins, mais celles qui durent s'occuper pendant toute leur vie, de la moitié d'un homme, atteint de séquelles effroyables.
A la même époque à Berlin, Otto Dix, peintre et ancien soldat, exorcisait ses démons en peignant des scènes macabres du front, où toute esthétisation de l'horreur était proscrite. Il s'attachait à représenter lui aussi le retour à la vie civile des gueules cassées, invalides, culs de jattes, dans leur caisse à savon, leur sébile posée à terre, et qui deviendront ostracisés par les nazis, comme figures de la défaite.

La meilleure dénonciation de la guerre, c'est celle qui s'attache aux conséquences dans le temps long. La littérature s'élève forcément quand elle nous parle à la fois de l'histoire et de notre humanité, et qu'elle nous met si finement en garde, sans nous faire la leçon de façon directe, mais en nous présentant des scènes de vie.
La lecture de "la chambre des officiers" ce beau roman de Marc Dugain, m'avait lui aussi ramené des années en arrière, à l'époque où notre pays, dans les années 60 était encore plein de ces gueules cassées de 14, qui montraient à la fois même aux gosses le vrai visage de la violence, le prix de la lutte, et tout autant la capacité de résilience de certains.
 C'était l'époque où mon père achetait des tickets de la loterie nationale « Tranche des gueules cassées »….Il n'a jamais gagné.
Bien peu parlaient de ce qu'ils avaient vécu. Je me souviens que nous allions les accompagner au monument aux morts, par classes entières, immobiles dans le froid mordant de Novembre, écoutant la sonnerie aux morts.

J'avais un copain, dont le grand-père était assis depuis des lustres dans un fauteuil au dessus duquel était attaché un cadre contenant toutes ces médailles, comme le prix payé au fait qu'il n'avait plus de mâchoire et de nez. On a oublié tout ces ombres qui entouraient les 30 glorieuses, et nous réunissait encore à la guerre. Aux deux guerres en fait, très présentes alors par le poids des témoins directs, des combattants, et même encore des ruines.
Il ne faut pas masquer toutes les cicatrices, les lieux de mémoire. Ils nous parlent de l'indicible. Mais ils ne doivent pas occuper évidemment toute la scène. On peut faire confiance à la jeunesse de toute façon pour danser dessus.

L'appétit de vivre des générations d'après guerre vient de la nécessité. Hettie et Doreen, jeunes filles coiffées à la garçonne, et se trémoussant au son du jazz, ne recherchent qu'à se remettre dans le rythme pulsionnel de la vie, dans les boites de nuits balbutiantes du west end de Londres. Elles sont en accord avec les rêves d'une époque à venir qui donnera le Charleston, et les récits enfiévrés de John Fitzgerald. Leur hardiesse, et leur maladresse touchante sont surmontées par la force vive de la jeunesse, qui s'affranchit des conventions de garde à vous, et les fait danser de façon endiablée. Même si une part de leur innocence a été volé par le malheur de leurs proches.
Les traumas ne sont pas tous apparents, et les décompensations immédiates. J'ai le souvenir des ces soldats survivants de guerres perdues, que j'ai vu en psychiatrie, en tant qu'infirmier, et qui décompensaient des dizaines d'années après le combat. Soldats perdus d'Algérie, décompensant parfois trente ans après les faits, casques bleus de Yougoslavie, ayant fait face à l'horreur, sans avoir pu arrêter les exactions sur les civils.

La guerre de 14 a fait progresser énormément la chirurgie, et bien sûr avant tout de reconstruction. La prise en charge des chocs post traumatiques au début du conflit n'existait pas. Les catatoniques, ou ceux qui se lançaient dans la danse de Saint Guy étaient vus à l'époque comme des simulateurs, qu'on se faisait fort de faire repartir au combat. On les avait considéré au début du combat, comme faisant "du cinéma" allant parfois jusqu'à fusiller pour désertion ceux qui restaient tétanisés et étaient incapables de combattre…
Voilà le portrait vrai de la guerre, loin des images Hollywoodiennes de super héros. Les guerres contemporaines ont ramené les mêmes symptomatologies. Au moins quelques films s'élèvent au dessus des autres. Tel « Un long Dimanche de fiançailles », issu du roman de Japrisot, et mis en scène par Jean Pierre Jeunet.
Mon grand père a survécu à Verdun, mais a sombré lui, dans la dépression et la solitude, provoquant l'abandon de son fils, confié à des cousins de Bretagne, à cette âge tendre, où tout se joue. Les diagnostics post traumatique à l'époque n'étaient pas faits, mais plus le temps passe et je passe par les âges qu'ils ont eu, et je pense à ce qu'ils ont vécu.

Je suis épaté par le fait que « le chagrin des vivants » soit le premier roman de cette auteure, tant il est maîtrisé, de bout en bout. Anna Hope est assurément une belle personne. C'est peu dire que j'avais apprécié «  la salle de bal », lu il y a un mois. J'avais hâte de me replonger dans les textes de cette autrice, qui parvient à extraire la lumière de sujets à priori difficiles, avec un talent peu commun. Je n'ai pas été déçu. Ce roman est assurément une grande réussite. Sa voix singulière me semble faire écho à d'autres auteures, en particulier Italiennes, qui m'ont ébloui, par la justesse de leur regard, et se faisant observatrice des bouleversements de la grande histoire, sur les gens du commun. Telle Francesca Melandri que je recommande, dans un livre tel que « Plus haut que la mer », ou « Tous sauf moi » et qui agissent eux aussi comme un soin aux personnes.
A l'heure où de nouveaux événements effroyables se passent dans le monde, ce roman est d'une grande utilité, en nous ramenant à l'essentiel, que semble vouloir oublier les puissants. Notre sort dépend du regard que l'on a sur l'autre, et du respect qu'on doit à chacun, du « care », des lois morales qui doivent nous empêcher de retourner au néant.
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J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui sort de mes genres de lecture habituels. Je l'ai trouvé extrêmement touchant et plus j'avançais dans la lecture plus je trouvais qu'il s'agissait d'une magnifique ode à toutes les femmes qui ont perdus leurs maris/leurs fils/leurs pères durant cette guerre, ces femmes chargées de fabriquer les munitions qui elles-mêmes allaient tuer des personnes. On a souvent tendance à les oublier, pourtant leur rôle était essentiel. Ce roman était criant de vérité, les 3 personnages que nous suivons : Ada, Evelyne et Hettie sont blessées, fragilisées, détruites par cette affreuse guerre et le deuil par la suite, il est magnifique d'assister à leur tentatives de reconstruction et leurs espoirs de nouveaux départs. Je le conseille vraiment.
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e livre est le premier roman d'Anna Hope, que je connaissais de nom, sans l'avoir lue jusqu'ici. Nous sommes dans les années 20, en Angleterre. La population, marquée par la guerre, se remet difficilement de ces années noires. Les survivants sont blessés dans leur corps et dans leur âme. Les femmes qui ont perdu un mari ou un fils tentent de se reconstruire. Nous suivons plusieurs personnages qui ne semblent pas avoir de liens entre eux mais qui sont pourtant unis sans le savoir.

Le chagrin des vivants est un roman d'une grande délicatesse. Anne Hope explore les sentiments de ses personnages avec beaucoup de sensibilité. J'ai beaucoup aimé sa façon de traiter le sujet de l'après-guerre, en choisissant de s'intéresser aux blessures de ceux qui restent. le titre, que je trouve magnifique, donne le ton du roman. Je tiens toutefois à souligner que ce n'est pas un roman triste mais au contraire porteur d'espoir. Anna Hope montre que le chagrin n'est qu'une étape, que la vie finit par reprendre le dessus.

Dominique Blanc incarne chacun des personnages avec justesse et sensibilité. Sa lecture apporte une réelle valeur ajoutée au texte.


Un très beau roman et une magnifique interprétation.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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D'une beauté et d'une dignité stupéfiante.
Je l'ai lu 2 fois et j'ai été à chaque fois submergée par les mots choisis, les descriptions...
Trois histoires universelles et le fil rouge du soldat inconnu .
Un livre envoûtant et passionnant, jamais languissant et d'une fluidité exceptionnelle.
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L'histoire de ce roman se déroule sur quelques jours seulement. du 7 au 11 novembre 1920. Il prend fin le jour des funérailles du soldat inconnu à l'église de Westminster. Quelques jours pour nous permettre de faire la connaissance des trois personnages féminins principaux. D'abord, Hettie, qui a vu son frère revenir de la guerre complétement brisé. Et puis, Evelyne, qui elle a perdu son fiancé, mort sous une bombe, et dont le corps n'a jamais été retrouvé. Finalement, Ada, qui croit voir son fils partout. Tout autant de ravages fait par la Grande Guerre. le roman nous en présente également en intégrant au récit des chapitres en italique, qui se déroulent sur les champs de bataille. J'aime beaucoup l'écriture d'Anna Hope. Ce récit est sensible, touchant. J'ai adoré les personnages et j'ai compatie à leurs blessures. Un beau et grand roman.
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Anna Hope livre avec le chagrin des vivants un roman poignant et émouvant que j'ai tout simplement adoré.
Si l'intrigue proposée ne se passe pas pendant la Première Guerre mondiale, mais deux ans après l'armistice, en novembre 1920, c'est pourtant tout comme pour nos trois personnages féminins : Ada, Evelyn, Hettie. Leur vie à toutes les trois s'est arrêtée à ces 4 années terribles, qui ont brisé leur insouciance et leur joie de vivre par la perte d'un fils, d'un fiancé ou le retour d'un frère mais qui n'est plus vraiment lui-même. Durant les 5 jours qui précèdent l'inhumation du soldat inconnu britannique, nous apprenons à mieux connaître ces femmes.
La plume de l'auteur et le choix de narration rendent parfaitement hommage au thème abordé dans le roman. L'écriture porte les émotions, les questionnements et nous immerge dans le contexte social de cette année 1920 en Angleterre. le roman progresse tout en lenteur, même si les jours semblent passer rapidement et se ressembler pour nos protagonistes en quête d'un futur qu'elles n'arrivent pas à percevoir.
Bref, un réel coup de coeur pour cette lecture, tant pour le style de l'auteur que pour le sujet très bien traité de cet après qui porte encore les stigmates du passé.
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Ce roman se passe en Angleterre en 1920 et c'est un roman sur l'après-guerre et le fil rouge de l'histoire est d'ailleurs la récupération d'un soldat inconnu sur les terres des combats pour culminer avec la cérémonie, journée nationale d'hommage.

Tout au long de cette histoire, on va suivre des femmes qui souffrent des conséquences de la guerre : Evelyn, jeune fille de bonne famille, qui a perdu un doigt alors qu'elle travaillait dans une usine d'armement pour l'effort de guerre et surtout qui a perdu l'homme qu'elle aimait au combat. Un deuil qui ne peut pas en être réellement un car ils étaient amants mais leur relation n'était pas officielle. Donc elle doit vivre son deuil dans le secret. Son travail actuel au bureau des anciens combattants l'amène à être en permanence confrontée au malheur des hommes et au souvenir de son amour perdu.

Il y a aussi Ada qui a perdu son fils aux combats mais qui ne se remet pas et elle a des visions de son fils qui reviendrait la voir. A cause de son deuil ou de son impossibilité à faire vraiment son deuil, elle s'éloigne de son mari et s'isole.

Nous suivons aussi Hettie, une jeune femme qui essaie de prendre son indépendance en étant danseuse professionnelle dans des salles de bal. Elle rencontre des anciens combattants et a du mal à comprendre son propre frère qui souffre de choc posttraumatique. Elle va rencontrer un jeune homme fantasque et très porté sur l'alcool.

Des liens entre les femmes, directs ou indirects, vont apparaître petit à petit, au-delà de leurs expériences dramatiques de la guerre.

J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai trouvé bien écrit (et très bien lu par Dominique Blanc -à part quand elle lisait les noms de villes anglaises comme « Leicester » 😉 ). J'ai retrouvé l'ambiance de « Downton Abbey » avec les différents milieux sociaux du début du 20e siècle. On sent bien que la société est à un tournant.

Mais surtout j'ai trouvé vraiment intéressant de voir l'après-guerre du point de vu de celles qui n'ont pas combattu mais qui subissent tout autant les conséquences des combats. D'ailleurs, la cérémonie pour le soldat inconnu, qui ne faisait pas forcément l'unanimité, se révèle être un moment qui permet à beaucoup de personnes de pouvoir faire du deuil national un deuil personnel.
Lien : https://ennalit.wordpress.co..
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C'était LE livre à avoir lu d'Anna Hope dont j'avais précédemment découvert la jolie plume avec « La salle de bal » et « Nos espérances ». Un titre tout à la fois évocateur autant qu'énigmatique et qui va faire entendre à travers trois personnages de femmes les sanglots douloureux infligés par la première guerre mondiale à la dizaine de millions de foyers qui pleureront un fils, un père, un mari. Aucune légèreté dans ce récit, chaque personnage s'y présente engoncé dans son chagrin mêlé de culpabilité et de regrets. Chacune des trois femmes traîne au fil des chapitres ce lourd jupon plombé, trempé dans le sang des innocents morts au combat et imbibé du « chagrin des vivants ». le récit s'ouvre sur les préparatifs militaires liés à l'organisation de la cérémonie d'inhumation officielle du soldat inconnu à Westminster Abbey pour la commémoration de l'Armistice. Peu significative au départ, elle va prendre tout son sens quand elle réunira à Londres autour d'un cercueil drapé dans les couleurs du drapeau, toutes ces familles en deuil qui pour la plupart n'avaient pas encore pu enterrer leurs morts. Anna Hope va raconter les quelques jours précédents cette cérémonie qui va réunir ces trois destinées de femmes. Tout d'abord, Evelyne, vieille fille aigrie, la trentaine, qui semble régler ses comptes avec l'Armée en exerçant un emploi au bureau des pensions attribuées aux invalides. La guerre lui a volé tous ses projets de bonheur en lui prenant son fiancé. Elle tente de survivre, le coeur alourdi par la perte et l'amertume. Ada, la cinquantaine, n'avance plus. Son regard dérive sans cesse vers le passé et les souvenirs d'avant. Quand son fils était encore là et pas étendu quelque part dans un champ en pays inconnu. Quand son mariage avait encore un sens et son foyer une âme. La douleur de la perte est ravivée chez Ada par la visite d'un représentant, ancien soldat qui laisse échapper le prénom du fils disparu. A-t-elle rêvé trop fort encore une fois ? Comment abandonner tout espoir quand on n'a pas pu ensevelir le corps du cher disparu ? Enfin, la jeune Hettie, danseuse de compagnie, va croiser le chemin d'un sombre mais élégant capitaine revenu vivant de l'enfer mais hanté à jamais par le bruit des combats. Comment vivre la naissance d'un amour quand on a vu toute l'humanité broyée et foulée dans la boue d'un champ de bataille ? Un roman étendard comme un écho des milliers de douleurs de chaque mère, soeur, fille ou amoureuse se réveillant pantelante de nuits agitées recouvertes du voile de leur deuil. Un récit habile et finement construit où le fil qui brode ces trois destinées va venir refermer les plaies et tisser son motif. Un roman qui parle d'un sujet mille fois traité mais avec un angle intéressant – celui de la mémoire des femmes impuissantes à guérir et à soigner – qui n'avait – je pense – encore jamais été abordé.
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