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4,05

sur 966 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cinq jours avant le 11 Novembre 1920. Dans ce premier roman, l'auteur nous amène à la rencontre de trois femmes, Ana, Evelyn et Hettie. Chacune tente de vivre sa vie, de se reconstruire malgré le chagrin qu'à provoquer la première guerre mondiale.
L'une a perdu un fils dont elle ne parvient toujours pas à faire le deuil, croyant l'apercevoir à chaque coin de rue, hanté par sa présence. L'autre en veut à la terre entière de lui avoir enlever son fiancé. Et enfin, la troisième est une danseuse, qui fréquente les nouveaux lieux tendance d'après guerre. Découvre le jazz, la légèreté, l'insouciance.
Des destins, des milieux et des âges différents pour ces trois femmes, qui se retrouvent liés par L Histoire, par cette parade organisée pour ce fameux soldat inconnu.
On entre progressivement dans le quotidien de ces femmes. Confidences, blessures, souvenirs, espoir. L'auteur nous emporte dans un tourbillon d'émotions et de sentiments.
Le point de vue m'a totalement conquise, se placer du côté des femmes dans une époque en général traitée d'un point de vue masculin était une formidable idée et apporte une véritable étincelle au roman. Sensible, sans jamais tomber dans les violons, l'alternance des chapitres est très équilibrée et permet de plonger dans ces morceaux de vies.
Sans oublier la partie historique, ces recherches qui ont été menées pour arriver à un récit parfaitement documenté. Qui nous apprend énormément sur ce soldat inconnu.
Un magnifique premier roman ! que je ne peux que conseiller vivement si vous ne l'avez pas lu. le deuxième d'Anna Hope est déjà sur ma liste de l'été.
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Le chagrin des vivants, je le connais. Je le connaissais bien avant d'avoir lu le livre d'Anna Hope.
Je le connais à travers ce que me racontais ma grand-mère lorsque j'étais enfant.
Ce chagrin, elle était malheureusement très bien placée pour en parler, elle qui avait perdu ses quatre frères lors de la "grande" guerre.
Seule fille dans une fratrie de cinq enfants, elle s'est retrouvée fille unique à la fin de la guerre.
Un traumatisme dont elle ne s'est jamais remise.
Et c'est là l'interrogation principale de ce roman : la guerre terminée, les vivants peuvent-ils se remettre de leurs traumatismes ? Peuvent-ils se sortir de leur chagrin ?
Le chagrin des vivants, c'est ce qui reste après la guerre ; c'est ce qui relie ceux qui ont survécu, c'est ce qu'ils partagent sans le savoir.
Les dirigeants l'ont bien compris, et pour établir une sorte d'unité nationale, organisent une cérémonie qui devrait rassembler le pays : en novembre 1920, toute l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat Inconnu, à qui un hommage national va être rendu le 11.
Anna Hope nous fait revivre cette journée, ainsi que les quatre qui la précèdent, principalement à travers la vie de trois femmes qui ne se connaissent pas.
Chacune d'elle a son chagrin, chacune d'elle a perdu quelqu'un ou quelque chose ; toutes ont perdu leur vie d'avant.
Vont-elles se joindre à la ferveur populaire ? La cérémonie va-t-elle leur apporter un début d'apaisement, un début de réponse à leurs interrogations ?
J'ai adoré ce roman très bien écrit et très bien construit.
Le récit alterne entre les différents protagonistes, dont les blessures apparaissent petit à petit. Si certaines sont physiques et très visibles, d'autres sont plus insidieuses car intérieures, intimes ; elles sont invisibles mais bien présentes.
J'ai suivi ces personnages attachants parce qu'Anna Hope les a formidablement bien réussis. Ils sont réels, ils vivent sous nos yeux, ils sont terriblement humains, avec leurs faiblesses mais aussi leurs forces.
La guerre est finie depuis deux ans.
Militairement finie, oui. Parce que dans la vie des gens, elle ne l'est pas. Et l'on se demande si elle le sera un jour...

Ed dit à sa soeur Evelyn :
"Et quoi qu'on puisse en penser ou en dire, l'Angleterre n'a pas gagné cette guerre. Et l'Allemagne ne l'aurait pas gagnée non plus.
− Qu'est-ce que tu veux dire ?
− C'est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours."
Il trace un cercle en l'air avec sa cigarette : c'est comme s'il dessinait l'ensemble des guerres, si innombrables soient-elles, l'ensemble des guerres passées et l'ensemble des guerres à venir.
« C'est la guerre qui gagne, répète-t-il amèrement, et celui qui ne partage pas cet avis est un imbécile. »

Ed a raison. La guerre ne fait pas de vainqueurs. Elle fait des morts et des vivants souffrants. Personne n'en réchappe, personne n'en ressort intact.
Anna Hope s'est certainement beaucoup documentée pour écrire un livre si juste. Elle nous offre un point de vue original puisque ses personnages principaux sont des femmes.
Le chagrin des vivants est un magnifique roman, intense et sensible. C'est le premier de l'auteur, et c'est une grande réussite.
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« le chagrin des vivants » d'Anna Hope est un premier roman bouleversant, maîtrisé de bout en bout avec un style d'écriture d'une profonde délicatesse. le questionnement, en toile de fond, c'est celui de la place à accorder au chagrin, au deuil d'un mari, d'un fils, d'un père mort durant cet effroyable premier conflit mondial. Comment continuer à vivre malgré l'indicible horreur de ceux partis, mais aussi de ceux qui sont revenus et qui doivent composer avec les traumatismes dû à leurs expériences de guerre. Ce livre distille, malgré son sujet grave, une forme d'apaisement, de paix face au destin de ces trois femmes. le poids du passé, la question du deuil, les interrogations sur les sommets de cruauté dont sont capables les hommes entre eux et pourtant, là, au milieu du chaos, des vestiges épars de ces guerres tragiques, la vie qui s'accroche. Chacune de ces femmes chemine à sa façon, sans que jamais l'auteure ne les juge en aucune façon. Elles ont leurs failles, leurs doutes, leur force et leur façon propre d'envisager la suite de leur vie. C'est intelligent, élégant, grave mais aussi léger quand il le faut, vous l'aurez compris c'est un très beau roman que je vous conseille chaleureusement.
Lien : https://thedude524.com/2016/..
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Elle m'a déposé au pied de son fauteuil et j'ai senti, à la délicatesse avec laquelle elle l'avait fait, que je l'avais profondément touchée.
Elle est encore dans sa bulle : l'atmosphère générale si pesante, tant imprégnée de la douleur de ces hommes meurtris par la guerre. Ils sont revenus, n'ont pas de travail, aucune reconnaissance de la société. Et le fil rouge, la préparation du soldat inconnu (ou plutôt les os relevés à plusieurs endroits), qui arrive à Londres. le long cheminement de la France en Angleterre.
Emouvant.
La longue attente de ces hommes, de ces femmes, la reconnaissance de ce qu'ils ont vécu.
Elle a aimé l'écriture fluide, la description des sentiments de toutes ces femmes : celle qui a perdu son fils et qui continue à le voir partout, ne pas le laisser partir surtout ; celle qui a perdu son fiancé, qui résiste en essayant d'aider ceux qui sont revenus ; et enfin celle qui accompagne les soldats sur une piste de danse pour un instant leur faire oublier…
Je sais qu'elle mettra un peu de temps à s'en remettre, elle est sensible.
Belle journée
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Novembre 1920. La première guerre mondiale est terminée depuis deux ans, mais pour ceux qui restent, les rescapés, les endeuillés, le glas n'en finit pas de sonner. Anna Hope nous livre dans le chagrin des vivants, les portraits particulièrement touchants de trois femmes marquées par la perte. Un frère, un fiancé, un fils. C'est toute une nation qu'elle raconte, engluée dans la difficulté d'aller de l'avant. La cruauté inimaginable de la guerre.

Très documenté, le chagrin des vivants se passe sur cinq jours, du 7 au 11 novembre 1920. Les chapitres alternent à Londres entre Hettie, Evie, Ada, et de courts passages en France autour du rapatriement du corps du soldat inconnu. Tous ceux noyés dans la boue des tranchées, tous ces corps qu'on n'a jamais retrouvés, et les autres, enterrés en France mais sur les tombes desquels les familles ne peuvent pas aller se recueillir car le voyage coûte trop cher. C'est eux, leurs familles, leurs amis, que l'on croise dans ce roman.

La plume d'Anna Hope est élégante et son analyse des tempéraments, très fine. Cela rend certaines scènes d'autant plus violentes. Élans, détresse, colère, amertume, elle nous livre ses personnages dans leur entière humanité. Ceux pour qui c'est devenu un crime d'être heureux ; ceux qui veulent espérer en l'avenir.

Un premier roman poignant, une très belle réussite.

« Alors que le silence s'étire, quelque chose devient manifeste. Il n'est pas là. Son fils n'est pas à l'intérieur de cette boite. Et pourtant elle n'est pas vide, elle est pleine d'un chagrin retentissant : le chagrin des vivants. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Je trouve que le chagrin des vivants devrait presque s'appeler le chagrin des survivants, tant ce roman intense, magnifique et douloureux, parle ainsi et avec une grande justesse de ceux qui sont revenus de ce carnage que fut la première guerre mondiale. Ils sont revenus tant bien que mal, certains mortifiés, totalement brisés dans leurs corps. Mais les survivants sont aussi celles et ceux qui ont attendu leur retour, parfois en vain. Comment vivre, comment survivre lorsque celui qu'on aime ne reviendra plus ? Que sont devenus ces corps sans vie, broyés dans la boue argileuse des tranchées ? Comment faire le deuil d'un corps qui ne revient pas ? Et lorsqu'ils sont revenus, meurtris dans leur chair, parfois amputés d'un membre, les yeux perdus dans un rêve à jamais brisé, comment vivre, comment survivre après cela ? Comment travailler lorsqu'on revient infirme ? Comment tout recommencer ?
Nous sommes en 1920 à Londres, précisément cinq jours avant l'arrivée à Londres du cercueil du soldat inconnu, le 11 novembre 1920. Le roman se pose sur les cinq jours qui précédent l'événement. Anna Hope a construit son roman autour de trois femmes qui prennent la parole durant ces cinq jours.
Ce n'est pas la première fois qu'un récit accorde une place importante au rôle que les femmes ont joué durant cette première guerre mondiale, puis après la guerre. Mais ici le roman fait entendre leurs voix, de manière à la fois sobre et magnifique, dans une lumière dramatique, presque de fin du monde. Elles ne se connaissent pas, du moins pour l'instant.
Ce sont trois femmes que je trouve rebelles à leur manière, pour certaines c'est de manière très forte, pour d'autres cela viendra plus tard, dans la tragédie que cette guerre laisse après elle.
Ce sont trois femmes habitant Londres, qui ont toutes les trois une relation à la guerre. Elles sont par ailleurs toutes issues de la classe ouvrière, celle qui a payé un lourd tribut à la guerre, ce qui les unit aussi d'une autre manière. Une forme de solidarité humble, silencieuse, une chaîne qui ne connaît pas de frontières dans cette blessure collective.
Le roman s'articule avec harmonie dans la résonance des mots de ces trois femmes. Il y a tout d'abord Evelyn, dont le fiancé a été tué, qui travaille au bureau des pensions de l'armée. Il y a ensuite Ada, mère éplorée et qui ne cesse d'apercevoir son fils Michael pourtant tombé au front. Il y a enfin Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste de danse du Hammer-Smith sur des airs de jazz. Son père n'est pas revenu de la guerre et son frère, bien que revenu, ne s'en remet toujours pas...
Deux ans après la guerre, la guerre est encore là. Les cicatrices sont parfois flagrantes. Les séquelles que laisse une guerre derrière elle ne sont pas toujours que physiques. Et ceux qui ne sont plus là deviennent des fantômes, se perdant dans le dédale du chagrin des vivants.
Ces trois voix de femmes sont magnifiques, presque ordinaires et c'est aussi ce qui les rend profondément émouvantes dans leur geste de tous les jours. Nous avons les voix d'une mère, d'une compagne, d'une fille. le deuil les a frappées. La douleur est pourtant la même. Ces hommes étaient aussi des enfants. Elles sont ordinaires dans leur douleur et pourtant le roman se construit presque comme une tragédie grecque, nous les voyons cheminer comme si elle marchait vers le même horizon.
Cette tombe du soldat inconnu, d'un soldat que personne ne connaît, ne serait-ce pas la meilleure manière de pouvoir faire enfin le deuil tant attendu... ?
Il y a pourtant ici ou là une forme d'espoir qui se détache de cette nuit boueuse. Reconstruire... Reconstruire les corps et les coeurs. Les jours d'après. Pas à pas. Recoudre les gestes meurtris, oubliés, désappris par la mort tout autour.
Réapprendre à vivre pour ne plus survivre.
Anna Hope nous le dit avec des mots d'une justesse touchante.
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Anna Hope nous raconte l'histoire simultanée de différents personnages, au cours de quelques jours du mois de Novembre 1920, à Londres. Même si la première guerre mondiale est terminée depuis de nombreux mois, elle est très présente. Des gens remplissent encore à ce moment-là des dossiers pour obtenir une pension de guerre. Les souvenirs sont difficiles à contenir, surtout quand le deuil n'a pu avoir lieu faute de corps à enterrer. La misère est grande, tous les métiers sont bons à prendre, y compris danseuse rémunérée à la danse …
Chacun fait comme il le peut, avec toutes ses hontes, ses défauts et qualités. Les personnages sont si bien rendus que l'on se sent proche d'eux, à cent ans de distance. Cela donne toute sa force à ce beau récit.
De plus, sa lecture est très agréable. Tout pour plaire pour ce premier roman.

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Magnifique roman.
Très subtil et doucement mélancolique.
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Beau roman à trois voix, empreint de douceur malgré la gravité du sujet traité. C'est une époque que (presque) plus aucun d'entre nous n'a connue mais dont nous avons tant entendu parler. L'écriture est belle. Tout ce patriotisme dont les "grands" ont abusé et toute la lucidité avec laquelle L Histoire est ré-écrite font de ce livre un objet de méditation.
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Anna Hope nous fait suivre trois femmes dont le destin a été bouleversé par la Première guerre mondiale. Nous découvrons les blessures, la douleur de la perte ravivée par l'arrivée du soldat inconnu

L'auteur a fait le choix de séparer son roman en fonction des jours jusqu'au 11 novembre. le récit livré par Anna Hope m'a permis de comprendre que chaque personne, touchée par ce deuil tragique, pouvait imaginer son enfant/compagnon/frère reposant là et surtout de rendre au hommage au si nombreux morts.

A travers ces femmes, nous rencontrons d'anciens soldats qui réintègrent difficilement la société anglaise que se soit suite à leurs blessures physiques ou celles invisibles des traumatismes psychiques parfois plus violents et imprévisibles, voire une association des deux. Anna Hope a réussi à transmettre l'ensemble de ces émotions au lecteur, à rendre le récit vivant sans pour autant le rendre oppressant. Elle ose aborder un sujet longtemps tabou et qui continue à me choquer : l'administration militaire ordonnant de fusiller de jeunes déserteurs pour éviter les mutineries et fuites.


J'ai trouvé intéressant, le fait qu'Anna Hope écrive les ressentis de ces trois femmes représentant différents âges de la vie. Ainsi, Hettie est le symbole de cette génération à l'aube de sa vie, qui souhaite seulement que la vie reprenne son cours. Tandis qu'Evelyn est l'image de l'amante, de la femme au bord de l'abime après le décès de l'homme qu'elle aimait. Enfin, Ada représente toutes ces mères qui ont perdu leurs fils et qui ne pourront jamais vraiment leur deuil en l'absence de corps, d'explications sur la mort de leurs enfants et de tombes pour leur permettre de se recueillir.

Dans le chagrin des vivants, Anna Hope nous livre un récit émouvant, touchant, sensible sur un sujet difficile et violent. Elle ne cherche pas à omettre la vérité mais utilise des termes simples. On espère que tous ces personnages aux aspects parfois sombres parviendront à se pardonner leurs actes, à se relever et à vivre la vie qui leur a été offerte.

Lien : https://autempsdeslivres.wor..
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