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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ne demandez pas à Delphine Horvilleur comment ça va… car depuis les massacres du 7 octobre en Israël, l'autrice et femme rabbin a du mal à trouver le sommeil et à répondre aux interrogations de sa communauté.

Cherchant des réponses tellement difficiles à trouver, elle entame ici des conversations avec ses grands-parents décédés, avec ses enfants, avec la paranoïa juive et même avec le Messie. Des dialogues réels ou imaginaires où même son attachante grand-mère au fort accent yiddish se met à prendre la parole. Elle, qui ne disait pourtant jamais grand-chose lorsqu'elle était encore en vie, ne peut dorénavant plus reposer en paix et se mêle à des conversations parfois étranges où l'autrice va jusqu'à utiliser les chansons de Claude François et même « Il était une fois l'Homme », le célèbre dessin animé qui a bercé mon enfance, afin de nous expliquer ce qu'est l'antisémitisme.

À l'instar de Tahar Ben Jelloun et son roman « le racisme expliqué à ma fille », Delphine Horvilleur cherche à nous ouvrir les yeux sur cet autre mal latent qui traverse l'histoire sans jamais se faire éradiquer. Tout comme le racisme, l'antisémitisme demeure toujours là, tapi dans l'ombre, montrant parfois le bout de son nez au détour d'une petite remarque moins innocente qu'elle n'en n'a l'air, voire d'un regard légèrement de travers ou trop appuyé, attendant un événement tragique ou une crise pour refaire surface. Un avion dans une tour, un massacre lors d'un festival de musique et tout le monde se retrouve très vite dans le même sac… les musulmans dans celui des terroristes et les juifs dans celui de Netanyahou et de ses mesures extrêmes.

La multiplication des actes antisémites en Europe est là pour confirmer ses propos, mais, en tant qu'héritière de la peur de tout un peuple, Delphine Horvilleur bascule forcément beaucoup plus loin dans l'effroi et la crainte d'une histoire qui pourrait bien à nouveau se répéter. C'est au moment où elle demande à son fils d'enlever l'étoile de David du collier qu'il porte autour du coup que le lecteur saisit pleinement la peur et le déchirement qui habitent cette maman rabbin depuis le drame du 7 octobre 2023 et qu'elle tente de partager au fil de ses dialogues.

Je n'avais lu que « Vivre avec nos morts » de Delphine Horvilleur jusqu'à présent et j'ai pris grand plaisir à retrouver la finesse de sa plume, ainsi que l'humour et l'autodérision dont elle continue de faire preuve malgré les circonstances, notamment au détour de quelques blagues typiquement juives qui m'ont à nouveau fait pouffer de rire. Un sourire qui disparaît néanmoins très vite en pensant certes au déchirement et à la stigmatisation de la communauté dont elle se veut ici porte-parole, mais en pensant également à la souffrance inacceptable des Palestiniens… qui n'est malheureusement pas l'objet de cet essai…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Un livre sans chapitre X, comment ça va pas ?

Aussi invraisemblable que cela paraisse, Grasset publie 10 conversations de Delphine Horvilleur, numérotées de I à XI, mais sans chapitre X.

Censure ? choix délibéré ? erreur ? je serais curieux de découvrir la clé de cette énigme.

Quoi qu'il en soit, ces conversations avec sa douleur, ses enfants, ses grands-parents, alternent avec celles avec Claude François, Rose, Israël et le Messie, et résultent du massacre du 7 octobre qui nous révèle que, 80 ans après la chute du nazisme, l'antisémitisme poursuit ses massacres et que, en France, aujourd'hui, la police sonne à la porte des israélites pour demander « y a pas moyen de changer votre nom sur la boite aux lettres ? … ça rassurerait beaucoup vos voisins »(page 33).

Delphine Horvilleur tente de rassurer sa famille, sa communauté, en plaçant le 7 octobre dans la longue lignée des progroms endurées par le peuple juif. Avec humour, avec gravité, elle nous mêne de la sidération à l'espoir d'un monde meilleur, de la haine au dialogue et ce plaidoyer doit être lu par tous ceux qui combattent pour la paix.

Mais son ouvrage oublie totalement le Hamas. Comme si, pour mettre fin à la Shoah, les alliés avaient oublié les nazis ? Comment imaginer une paix sans mettre hors de combat le Hamas et ses collaborateurs ?

C'est peut l'objet du chapitre manquant … un livre sans chapitre X, comment ça va pas ?

PS : le chef d'oeuvre du rabbin Horvilleur : Vivre avec nos morts
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Bienvenue dans « Ca passe ou ça casse » l'émission du Phoenix. On va tenter de vous convaincre en parlant notamment du début. Alors, ça passe ou ça casse ?

Aujourd'hui au menu :

« Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre » -Delphine Horvilleur - 160 pages – Grasset - le 21 Février 2024

Il s'agit d'un recueil de conversations « vraies ou imaginaires » …
Conversation avec ma doleur –
« Oy a brokh' » désigne la capacité très juive de savoir se plaindre avec humour. La puissance d'un sanglot qui pouffe de rire.
C'est censé être une conversation sur la douleur mais j'y vois beaucoup d'humour.

Conversation avec mes grands-parents –

Conversation avec la paranoïa Juive –

— de Dieu ? Tu parles de Dieu, Mémé ?
— Mais non. Ça, c'est les goys qui l'appellent comme ça, ceux qui croient en lui… Nous les yids, les jvifs, on lui donne toujours un autre nom. Parfois, on l'appelle ADONAI, mais, comme on est un peu intime avec lui, et que ça fait très longtomps qu'on lui parle et qu'il s'en fout, alors on lui donne des petits noms mignons.

(« Adonai » est aussi une chanson de « Eths » donc je n'arrive pas à savoir si elle est contre ou pour la religion Juive… Allez écouter ça sonne bien en tout cas…)

Conversation avec Claude François –

Conversation avec les Anti-Racistes –

Etc …

(C/C du résumé)…
*« Fracassée comme tant d'autres après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l'auteur voit son monde s'effondrer. (…) Dans la fièvre, elle écrit alors ce petit traité de survie, comme une tranche d'auto-analyse qui la fait revenir sur ses fondements existentiels. »

Que vous soyez juifs ou non, cela pourra vous plaire. Il n'y a pas de hiérarchie des douleurs.

Alors ça passe ou ça casse ?!...

Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Quelle femme merveilleuse !... Une femme rabbin qui ose élever la voix à un moment où la parole des juifs est inaudible. Elle le fait avec une sensibilité incroyable en puisant dans son inconscient de petite fille juive qui place sa voix, mais aussi celle de tous ses ancêtres, morts depuis longtemps, avec qui elle aime échanger, débattre, ergoter... Son propos est une petite musique intime qui trahit une richesse de coeur, mais aussi surtout une sourde angoisse. Une angoisse partagée par tout un peuple qui, depuis le sixième siècle d'avant notre ère, n'arrive pas à se faire accepter, se faire oublier, noyer dans la masse du vulgus pecus. Non un juif sera toujours à part dans les yeux des autres. Avec tact, humour et légèreté, elle nous renvoie le miroir de nos ostracismes qui se cachent à eux-mêmes, de cet antisémitisme latent qui puise ses racines tellement loin que son rejet est nécessairement un acte de rébellion contre ce qui nous détermine. le silence qui a suivi les attaques du 7 octobre a été étourdissant, au regard du charivari qui a accompagné la réaction d'Israel. Une subjectivité généralisée qui n'est pas née ce jour-là. Cela remonte à loin, très loin... Delphine n'est pas là pour accuser, ni défendre ce qui n'est pas défendable. Elle se place au niveau de l'humain, des réactions instinctives et émotionnelles qui naissent de ces drames. Une communauté sous le choc qui se cache, dissimule ses signes ostentatoires, et se serre les coudes face à ce présent détestable et honni, mais aussi surtout face à l'avenir. Un avenir qui inscrit ses pas hélas trop facilement dans la boue du passé, et ses marécages qui ensevelissent. J'ai eu de la pitié à ce récit, notamment face à cette femme qui ne vit plus de voir son fils jouer au foot avec son étoile de David à la poitrine. Une cible bien trop ostensible dans une société qui a décidé de s'affranchir d'une partie des siens.... Qu'ils sont touchants tous ces juifs dont elle éveille le souvenir ! Un grand-père amoureux de la langue française qui se défend de parler yiddish. Une grand-mère au français écorché qui trouve dans le chanteur Claude François des acquaintances lointaines avec son peuple, pour ne pas parler d'un passé très lourd qu'elle préfère garder pour elle. Delphine parle joliment de la condition juive, sans jamais évoquer la Shoah, pour échapper à l'accusation de victimisation dont les siens sont crédités. Elle parle du coeur et de ses nuits sans sommeil depuis un certain jour d'octobre. Ce livre est merveilleux. Il fait réfléchir sur la vision que nous avons de nos voisins, si proches, si intégrés, mais aussi si différents dans leur volonté de poursuivre ce qui est leur nature intime. Un livre nécessaire pour ouvrir les yeux, simplement, sans préjugés, ni condamnations préalables.
Lien : https://calembredaines.fr
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On l'aime Delphine Horvilleur. On l'aime parce qu'elle est ce qu'elle est et qu'elle nous ressemble. On l'aime parce qu'elle rend son lecture juif, même s'il ne l'est pas. On l'aime parce qu'elle est un petit conglomérat d'humanité. Ses conversations d'après le 7 octobre la font aimer plus encore. Des conversations qui montent en puissance et qui lui permettent d'échapper à la sidération qui l'a saisie. Une plongée dans l'incompréhension de l'antisémitisme. Un retour sur ses origines, sur ses deux banches familiales, l'une qui a le pessimisme de ceux qui n'ont pas réchappé à la Shoah, l'autre qui a l'optimisme de ceux qui ont pu en éviter le choc frontal. Ce grand-père qui dit je t'aime en corrigeant l'orthographe du mot ghetto. Et puis il y a Delphine, la mère, qui reçoit une leçon de courage de son fils, lequel refuse de dissimuler le magen David qu'il porte au cou. La Delphine, politique, perdue, comme tant d'entre nous, qui explique à ses enfants que désormais elle s'est mise à la boxe, qu'il ne peuvent faire leurs études à Harvard et qu'elle est de droite, tant une certaine gauche – la leur pas la nôtre – s'est égarée aux confins de l'antisémitisme. Et puis Delphine, la sage, la lettrée, la rabine qui nous apprend l'origine d'Israël. Ce n'est pas un lieu mais un homme, un homme faible qui a vaincu mais un homme cabossé à la hanche meurtrie. Finalement, après avoir hésité, avoir même été un peu déçu au début, le lecteur est confronté à un magnifique texte sur la vulnérabilité : le juif, mais à travers lui, l'humanité entière ne trouve sa force que dans sa vulnérabilité, dans la conscience de sa vulnérabilité.
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La rabbin Delphine Horvilleur nous revient avec un texte attendu, dont la rédaction a commencé après les événements du 7 octobre dernier. Plus qu'un commentaire géopolitique, historique, ou encore un manifeste pamphlétaire, l'autrice propose une réflexion éminemment personnelle. Face à l'énormité de la situation, qui dépasse, submerge - comment trouver les mots ? qu'est-il possible / besoin de dire ? Delphine Horvilleur convoque (se retrouve hantée par) ses grands-parents, l'une juive apatride et l'autre juif français, assiste à leurs échanges houleux, dialogue avec “la paranoïa” mais aussi Kamel Daoud ou encore Wajdi Mouawad, exprime le surgissement de l'antisémitisme dans tous les recoins de sa vie, ceux de la société, et la peur primale, commune, qui vient se loger dans les gestes les plus quotidiens, auprès de ses proches.
Un texte bref et sensible qui ne propose pas de solution, mais place le verbe et le dialogue avec l'autre au centre de la sidération, pour la dépasser peut-être.
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Ce livre explore la douleur et les problèmes auxquels la communauté juive est confrontée après l'événement du 7 octobre. Malgré la gravité des sujets abordés, le livre est facile à lire et offre une réflexion approfondie sur les défis auxquels la communauté juive est confrontée. C'est un ouvrage captivant.


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Encore une fois Mme Horvilleur se place comme celle qui se veut unir et non diviser. Jamais elle ne met en opposition sa Terre d'Israël aux pays de notre Monde. Jamais elle ne met en opposition sa religion aux autres. Elle rêve d'unité.
C'est pourquoi ce 7 octobre l'a détruite. Mais pas seulement elle. Elle et tout le peuple juif à travers les siècles. La référence, c'est la Shoah mais comment l'oublier depuis les années 40,surtout quand en 2023 la crainte est là, en permanence. Se croyaient-elles en totale sécurité les victimes de la rue des rosiers à Paris. Parce oui, l'antisemitisme existe.
Quand on a en soi des soucis qui troublent notre sommeil, on en parle. Ce livre est un condensé de ses conversations intérieures.
En fait, elle nous parle à nous aussi, lecteurs et lectrices, et c'est important de l'écouter. Même moi qui suis hâté.
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Je ne connaissais pas la plume de Delphine Horvilleur. Mais j'aime beaucoup la façon d'aborder les choses avec justesse et un pointe d'humour. Un sujet lourd, traumatique,horrible, à aborder que le 7 octobre 2023. L'horreur mais comment l'aborder de façon juste, comment y réfléchir, comment se relever. Delphine Horvilleur femme rabbin dont un des ses rôles principaux sont : écouter ses sujets et les réconforter, les apaiser… comment le faire quand on est soi même dans la tourmente. On peut dire que ce livre est un essai. Une réflection avec elle même, ses enfants, mais aussi avec ses grands parents (morts) avec qui elle parle. Et surgissent des mots, des phrases, des souvenirs qu'ils lui disaient. ÇA S'EN VA ET ÇA REVIENT Je l'ai lu en audio. le livre était lu par elle-même.

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Dans ce court opuscule, DH réagit aux événements du 7 octobre et pose son regard sur l'histoire du peuple juif dans une forme originale : la conversation. Ni larmoyant, ni accusateur, utilisant parfois l'humour, elle nous donne à réfléchir sur la condition de ce qu'est être juif au 21e siècle. Un livre qui fait réfléchir sur le difficile dialogue entre religions et la menace de ceux qui s'enferment dans les extrêmes.
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