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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais qu'est-ce que tu fais là, Delphine ? Roulée en boule, par terre, dans le noir ?

7 octobre ? Quoi 7 octobre ? Ah oui. 7 octobre. Mais enfin, faut pas prendre les choses comme ça ! C'est tragique, c'est sûr, mais c'est pas en restant prostrée dans ce couloir que ça va aller mieux. Allez, ressaisis-toi ! On a besoin de tes lumières, de ton intelligence ! On a besoin que tu sois juste et inspirante !

Au regard de rage noyée de détresse qu'elle me lance, je comprends que je fais fausse route. Apparemment la question n'est pas de savoir de quoi nous avons besoin.

Depuis le 7 octobre, elle est ravagée, Delphine ses « conversations après le 7 octobre » le disent assez. Et il va falloir faire bien attention avec mes mots car je vois bien qu'ils embarquent plus que je ne crois qu'ils disent. Et que ça peut faire très mal.

Oserais-je dire que cette lecture m'a mise mal à l'aise ? Après tout, oui, cette réflexion à laquelle elle me mène oblige à tout mettre sur la table. Je n'ai d'abord pas aimé que Delphine Horvilleur se sente abandonnée par nous. Qu'elle ait pris personnellement le soutien timoré des Français après les attentats du 7 octobre. C'est vrai, quoi. Ca n'est pas à elle qu'on n'a pas manifesté de sympathie outre mesure. Ce n'est juste pas possible de manifester sa solidarité à un peuple gouverné par un pouvoir aussi abusif et violent.

Comment ça, ce que je dis est insensé ? Comment ça je mélange tout et je fais mal en disant n'importe quoi ? Des jeunes gens qui allaient danser, des bébés, des familles, des hommes et des femmes ont vu la terreur, la violence et la mort prendre possession de leurs existence du jour au lendemain. Sans qu'ils aient fait quoi que ce soit de plus ou de moins que la veille. Sans qu'ils se soient engagés à faire de leur existence une monnaie d'échange contre telle ou telle idée. Juste des hommes et des femmes. Qui ne représentaient en rien la politique de Netanyahou. Qui étaient juste eux.

Ah oui. Vu comme ça... C'est désolant. Et on ne peut pas ne pas le voir comme ça ? D'accord. Oui, tu as raison, Delphine, nos réticences à vous manifester de la compassion sont abjectes.

Mais la riposte engagée tout de même, tu peux pas dire, mais l'assassinat de milliers de civils dans la souricière de Gaza, mais toutes ces vies, cette armée qui avance, va tout raser, qui torpille les hôpitaux… vraiment, ça, on peut pas le cautionner. Et puis, tu vois bien que si on se dit solidaires de vous, on l'est avec tous ces racistes qui détestent les Arabes. Et ça, c'est pas possible non plus. On est des gens bien, nous. Eduqués et ouverts au multiculturalisme. On ne peut pas pleurer avec vous, ce serait taper sur les autres. C'est compliqué. Tu le vois bien !

« Avec tant d'autres, je cherche les mots, ceux qui diraient vraiment aux Palestiniens ET aux Israéliens que jamais leur douleur ne me laissera indifférente, que l'on peut et l'on doit pleurer avec les uns ET les autres. (…) Mais le langage fait défaut… précisément parce qu'il inclut des « mais » qui nourrissent un peu plus la douleur des uns et des autres. « le 7 octobre furent commis des actes ignobles MAIS… » « Des femmes juives ont été violées MAIS… » « le sort des enfants de Gaza est terrible MAIS…. » « Des innocents ont été utilisés comme boucliers humains MAIS…. » Je vomis tous ces « mais » qui piétinent les responsabilités des uns et des autres, et qui assassinent notre humanité. »

Tu es en train de dire que sous couvert d'un discours ouvert et sensé, je bafoue toute commisération ? Toute attention élémentaire à la douleur de l'autre ? Et qu'on ne me demande pas d'être géopolitique au Café du commerce mais de manifester une empathie avec ta douleur. Avec la douleur de ceux qui sont juifs ? Avec la douleur de tous ceux qui ont mal ? D'accord. Ca se tient.

Mais alors pourquoi c'est difficile pour nous de le faire ?

C'est là où le malaise a encore davantage grandi en moi. Là où j'en ai pris plein la figure. Ca commence avec la « conversation avec la paranoïa juive », Delphine Horvilleur revient sur ses ascendants, ses grands-parents qui ont, pour certains été sauvés par des Justes et pour d'autres été exterminés. Ces énormes trous que ça fait dans la représentation de soi. Cette méfiance toujours latente. L'histoire se répète. La question est de savoir quand. « Celui qui n'est pas héritier de cette peur ne peut comprendre ni ce qu'elle convoque, ni ce qu'elle provoque ».

Eva Illouz, dans Les émotions contre la démocratie en parle également « La Shoah a changé à jamais la conscience juive, à la fois en Israël et dans les rangs de la diaspora. le massacre paneuropéen des Juifs a conféré à l'antisémitisme une signification quasi métaphysique : l'ampleur de la destruction était telle qu'il était presque inévitable d'interpréter la haine des Juifs comme une haine éternelle, inexpugnable et totale, un phénomène inscrit dans l'ordre du monde lui-même. Les ennemis se succédaient dans une chaîne du mal continue et peut-être sans fin (…) le caractère radical de la Shoah a rendu très difficile sinon impossible d'envisager le monde autrement qu'à travers un grand récit qui a structuré la conscience juive moderne : on en est donc venu à définir le monde par son intention d'annihiler les Juifs – une interprétation difficilement évitable au regard de la persistance et de la radicalité de la haine à leur endroit. »

Et c'est bien ce que nous dit Delphine Horvilleur aussi. Sous nos dénégations civilisées (« mais où vas-tu chercher ça ? Vraiment, ma belle, tu deviens parano »), elle détecte autre chose, tout un air du temps qui ne parle pas d'antisémitisme, qui ne prononce pas le mot. Tout un discours que je pourrais peut-être reprendre à mon compte, sans réfléchir, parce qu'il m'a l'air sensé. Et qui contient, une haine nauséabonde.

Ce qu'elle dit, c'est que notre société est antisémite. de manière souterraine, larvée, à bas bruit la plupart du temps. Mais que les ferments haineux qui couvent de tout temps n'attendent que le détonateur d'événements ou de crises pour s'afficher, tranquillement décomplexés. « Aujourd'hui, la haine contre les juifs s'alimente, de façon paradoxale, de l'antiracisme affiché. On y fait un raccourci génial : soyons du côté des faibles, des victimes et des vulnérables. le problème est que dans le catalogue des faibles, il y a beaucoup de monde… mais les juifs n'apparaissent nulle part. Bizarre, bizarre… même quand ils sont assassinés, défenestrés, brûlés, torturés, violés ou kidnappés, rien ne suffit à les rendre assez faibles, ou dignes d'être protégés. Leur vulnérabilité reste toujours à démontrer. »

Bon, là, je m'insurge. Je ne suis pas d'accord du tout. Je ne crois pas que ce soit parce que je considère les juifs comme toujours trop puissants pour être plaints que je ne prends pas fait et cause. C'est parce que je fais un amalgame entre l'Etat d'Israël, la politique qu'il mène et l'identité des cadavres. Ce n'est pas mieux. Mais je n'arrive pas à croire que, poussée dans mes retranchements, j'en arrive à renier ces altérités que constituent toutes les religions, les origines ethniques, les cultures dont je ne suis pas complètement mais qui me parlent tellement.

Voilà. On y est. C'est là où, plus que d'un malaise, j'ai souffert à cette lecture d'une blessure. J'ai eu l'impression qu'elle m'insultait. Qu'elle me griffait et me reprochait ce que je n'étais pas. Mais pourtant, cette réticence à clamer mon empathie univoque, je l'ai bien éprouvée, non ?

Y a-t-il chez chacun d'entre nous cette capacité à rester aveuglés par un sens commun coulé sur de l'immonde ? Abritons-nous tous cette propension à nous hisser sur nos convictions morales afin de juger, de condamner et de s'exonérer ? En fait, lorsque je décide de qui vaut ma compassion, qui le fait ? Quelle part de moi prend le pouvoir et embarque toutes mes autres identités dans cette prise de position ?

Delphine Horvilleur, lorsqu'elle écrit Comment ca va pas ? écrit avec son identité de rabbin, juive donc. Et on le lui a reproché. On l'a trouvée plus communautariste que dans d'autres de ses livres. Quel dommage, une fille si bien !

Eh, minute, et nous ? Avec quelle identité pense-t-on quand on dit ça ? L'universaliste Blanc des lumières, laïque et bien dans ses convictions suprémacistes ? Celui qui a résolu de donner un Etat à Israël après la Shoah (parce que, bien sûr, il disposait de la terre et des hommes, dominant qu'il était). Celui qui avait mis sous protectorat cette région du monde après la chute de l'empire ottoman. Quelle légitimité ! Hmmm.

Alors qui doit-on chercher en soi pour penser ce 7 octobre et tout ce qui en découle ? Je vois bien tout ce que mes attentes à être moi aussi rassurée et guidée peuvent faire de tort à qui pleure déjà, simplement dévastée. Je vois bien aussi combien mes mots, en s'insérant dans la trame d'un environnement sociopolitique de plus en plus clivé, peuvent mal dire, mal faire et contribuer au désastre ambiant. Avec quelle humilité il faut plonger en soi, écarter les postures. Retrouver seulement l'élan du coeur. Arrêter de penser pour éprouver.

Dis, Delphine, est-ce que je peux me mettre juste là, à côté et pleurer avec toi ?
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Le traumatisme du 7 octobre 2023 ne pouvait laisser indifférente cette autrice, et c'est sous la forme de conversations avec les membres de son entourage qu'elle nous donne son point de vue, avec l'empathie qu'on lui connaît et dont elle est pétrie. Mais, (conjonction de coordination qu'on ne peut ignorer avec le fameux « mais ou est donc ornicar ? ») dont Delphine Horvilleur stigmatise l'utilisation abusive pour amoindrir l'impact d'un propos qui le précède, une plus grande tolérance, une plus grande écoute, une plus grande retenue à la contradiction des propos de Dominique Eddé lors de la LGL du 13 mars 2024 l'aurait rendue plus crédible.
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Ce livre est presque une essai, du moins un recueil de pensées. C'est le troisième livre que je lis de Delphine Horvilleur et je reste toujours touchée par son intelligence et son écriture. Et même son humour.

Depuis le 7 octobre 2023, (les frappes du Hamas contre Israël) son monde se déchire, se disloque, et elle ne comprend plus grand chose. Alors, elle s'invente des conversations, avec son grand-père, amoureux de la France et de sa langue ; avec la paranoïa juive ; avec ses enfants ; avec le Messie ; etc. Ce sont plus des rencontres et des impressions que de réelles conversations finalement qu'elle imagine. le tout ponctué d'anecdotes, de souvenirs, d'explications, d'humour aussi. J'ai particulièrement aimé la partie avec la paranoïa juive, touchante et vibrante d'humanité et de douleur.
Ce n'est pas un recueil de solutions ou un plaidoyer facile pour la paix, mais vraiment les pensées d'une intellectuelle touchée par des événements dramatiques, qui se demande comment ça peut évoluer, comment ça peut être éviter.

Lecture hautement intéressante.
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Dans ce livre, Delphine Horvilleur s'interroge sur les impacts qu'ont eus l'attaque du Hamas sur Israël et la riposte israélienne sur elle-même, sa famille, ses relations professionnelles ou amicales, la communauté juive et la société en général. Elle le fait sur le mode qu'elle affectionne, celui du dialogue. Elle met en scène des conversations, réelles ou imaginaires. Elle y rencontre notamment des poètes ou des artistes, comme Anne Sylvestre ou Claude François, ses enfants et surtout deux de ses grands-parents.
Comme d'habitude, Delphine Horvilleur est une formidable conteuse et elle montre une bonne dose d'humour et d'autodérision (ah ! les blagues juives !, avec parfois un second degré assumé. Elle reprend des réflexions déjà présentées dans plusieurs de ses ouvrages. Son grand-père, parfait exemple de l'assimilation des juifs dans la France de la première moitié du XXe siècle, et sa grand-mère, immigrée des Carpates avec son inimitable accent, lui permettent de parler de la présence (ou de l'absence !) de Dieu dans l'histoire, de l'origine de l'antisémitisme et de sa persistance, avec un détour par Claude François. Delphine Horvilleur revient aussi sur des récits bibliques, comme le combat de Jacob contre l'ange ou la création du monde. A ce propos, elle rappelle que nommer les choses, c'est ce qui différencie Adam des animaux et cela nous invite à être attentifs aux mots que nous utilisons. "Quand les mots n'ont plus de sens, le monde nous défigure. "
Un texte très fort, où Delphine Horvilleur lie l'intime et l'universel et qui nous appelle à être des "gens qui font du bien" pour "reconstruire un autre monde" et "retrouver l'espoir" !
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A l'heure où une étudiante juive s'est vu refuser l'accès à un amphithéâtre à Sciences Po, ce livre écrit par Delphine Horvilleur est malheureusement brûlant d'actualité... en espérant qu'un jour il ne le soit plus.
Oy a brokh...
Quel est le point commun entre Cloclo et Il était une fois l'Homme, le célèbre dessin animé des années 70 ? La réponse peut paraître surprenante, mais c'est l'antisémitisme. Eh oui, Delphine Horvilleur ne déroge pas à la tradition de l'humour juif, humour du désespoir. L'axe majeur de son livre repose sur le LANGAGE, seule force qui peut (ré)unir les peuples et les religions (d'ailleurs, toutes les dictatures ont créé leur novlangue). Je digresse... La grande rabbine empreinte de sagesse et d'érudition convoque ici ses ancêtres, ses enfants, Dieu pour discuter avec eux. de sa grand-mère au fort accent yiddish, elle entend cette petite ritournelle "ça s'en va et ça revient, c'est fait de tous petits riens...". de ses souvenirs d'enfance, elle retient ce dessin animé historique qui montrait dans le fond, que quelle que soit l'époque, le mal revenait sans cesse. L'éternel retour...
Toutes ces réflexions lui ont été imposées par les massacres du 7 octobre 2023 et la sidération, colère, incompréhension, tristesse qui ont suivi. En 1945, les Juifs ont pu se dire que vu ce qu'ils avaient vécu, ils étaient à l'abri. Non. Juste après ces attentats, les actes antisémites ont explosé en France. Comment être encore victimes de ce mal nauséabond, qui les pousse à la peur, voire à la honte.
Delphine Horvilleur veut comprendre. Sentiments intenses mêlés. Pourquoi ces "oui, mais..." (des femmes israéliennes ont été violées... oui mais. Des bébés ont été assassinés... oui mais) ? La souffrance des Palestiniens est intolérable... oserait-on un "oui mais..." ? Les Juifs de France n'ont rien à voir avec le Hamas ni avec Netanyahou.
Donc, envers et contre tout, Delphine Horvilleur convoque histoire, philosophie et religion, avec toute l'érudition qu"on lui connaît.
Le texte est entouré d'un poème d'un écrivain palestinien et d'un poème d'un écrivain israélien. Si cette union pouvait aussi avoir lieu autre part que sur le papier.
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Suite au 7 octobre, Delphine Horviller comme beaucoup d'entre nous a été choquée.

Ce livre est son exutoire pour exprimer son ressenti .Colère , souffrance , incompréhension ...
Comment exprimer que ça ne va pas ?

Avec son humour caractéristique au milieu de toute cette souffrance , son livre est découpé en conversations qu'elle aura avec sa douleur, ses enfants ,ses amis , ses grands-parents décédés , Rose une amie , des personnes anti-racistes , Israël et même avec le messie .

Elle convoque même Claude François avec sa fameuse chanson "ça s'en va et ça revient " ... Les expressions apprises enfant , trouver des réponses aux questions existentielles grâce à la grammaire.
L'antisémitisme. Revient encore et toujours au centre des conflits .

Elle est convaincue que seul le dialogue pourrait faire stopper cette guerre incessante , alors avec elle , soyons dans l'espérance .

"Je me demande donc comment nous pourrions inventer une autre langue, pour dire « comment ça va pas ». Se le dire les uns aux autres et pas juste chacun de son côté. Je m'accroche aux générations passées, et à leurs tentatives, avant nous, de se relever par les mots, de catastrophes vécues."
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Comment ca va pas ? Je ne vous pose pas la question…et je n'ose la poser à Delphine Horvilleur. Suite aux attentats du 7 octobre dernier en Israël, elle a tenté, à défaut de panser, en tout cas d'apaiser par les mots, un peu de sa souffrance hurlante, de sa douleur indicible. Un livre concis et intelligent, écrit à la faveur de ses insomnies nouvelles. L'écrivaine, ébranlée comme jamais, décortique de manière très lisible à la fois, sa condition de femme juive, et la situation d'un pays en guerre. Elle mêle avec brio le minuscule et le majuscule. Elle entame ainsi diverses conversations réelles ou imaginaires, de son point de vue d'enfant, de mère, de rabbin, d'amie… Révélant ainsi de nouvelles failles, celles qui fissurent ses fondements existentiels. Un véritable cri du coeur brisé, cri du ventre broyé. Qui m'a bouleversée.

Delphine Horvilleur possède l'art de la narration aisée et accessible pour faire comprendre tous les sujets. Quels qu'ils soient. Religieux ou non. Un talent rare dont elle use en fascinant son lectorat. Sans oublier les notes aiguës d'humour et celles plus graves qui arrachent des larmes. Un ensemble poétique composant une délicieuse musicalité. Elle signe là un récit introspectif aux dimensions néanmoins universelles.

J'ai souri, ri, pleuré.

J'ai entendu.

J'ai aimé.

“Quand je te lis, Delphine, je ne tiens pas ton livre entre mes mains, je l'oublie. Il s'évapore. Seuls restent tes mots, ancrés. Je suis assise face à toi et tu me parles. En tête à tête. Captivée, je t'écoute avec attention. Et avant que je ne te pose des questions complémentaires, tu m'apportes les réponses que je désire entendre. Tu m'éclaires et me remues à la fois. Je te quitte hantée. Merci pour ça.”

Une lecture clarifiante et lumineuse qui ne laisse pas indemnes.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Après avoir beaucoup apprécié la plume de Delphine Horvilleur grâce à ses livres « Vivre avec nos morts » et « Il n'y a pas de Ajar », j'avais hâte de découvrir ce livre contenant ses réflexions et ses questionnements consécutifs à l'attaque perpétrée par le Hamas en Israël le 7 octobre dernier et aux bombardements incessants de la Bande de Gaza qui s'en sont suivis. J'ai toujours beaucoup estimé la capacité et la volonté de l'auteure, dans ses écrits comme dans ses interviews, de conserver son objectivité en toutes circonstances et en dépit de ses sentiments et de ses « fantômes » personnels.
Dans ce récit, elle nous présente une succession de conversations réelles, avec ses enfants ou « ceux qui lui font du bien », ou imaginaires, avec ses grands-parents décédés, avec sa paranoïa juive et même avec Claude François, et cela sans jamais se départir de son humour pointu et habilement disséminé.
Bien évidemment, elle perçoit les évènements actuels avec sa sensibilité de rabbin et de femme juive portant en elle tous les traumatismes que l'Histoire a infligés à son peuple et pourtant elle parvient, une fois encore, à conserver cette humanité qui la caractérise. Elle tente de comprendre ses propres ressentis ainsi que ceux de ses semblables, mais aussi de ceux qui leurs sont hostiles dans le cadre de la situation actuelle où beaucoup semblent s'évertuer à opposer irrémédiablement un camp à l'autre en excluant toute empathie réciproque et toute volonté de conciliation.
Si je devais en tirer une conclusion, ce serait celle d'un « spectacle » inhumain où chaque « camp » souffre et où l'obstination aveugle de certains à vouloir prendre position pour l'un ou pour l'autre conduit à oublier que la douleur de l'un n'exclura jamais celle de l'autre.
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Quelle belle voix dans cette nuit qui s'étend depuis le 7 octobre.
Une voix qui en criant son désespoir et sa souffrance nous appelle a la pleine humanité.
Celle qui ne veut pas choisir un camp contre un autre.
Celle qui dit démasque les exigences de condamnation des souffrances infligées aux Palestiniens, exigences qui rappellent celles formulées aux musulmans après les attentats du 13 novembre.
Celle qui raconte si bien la spécificité de l'antisémitisme, ancrée dans la mémoire de ces ancêtres, de ceux sauvés par des justes comme ceux partis en fumée a Auschwitz.
Une lecture absolument essentielle.
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C'est avec beaucoup de talent que Delphine Horvilleur nous offre ces conversations nées de son effroi après le massacre du Hamas dans les kibboutz de la périphérie de Gaza.
Son impérieux besoin d'écriture, hors des sentiers battus de la géopolitique et des idéologies toutes aussi haineuses de tous côtés, la démarque des pro-x de tous bords. Et ça c'est d'un courage inouï aujourd'hui où l'injonction générale est de prendre parti.
Bien sûr elle ne peut parler que de là où elle vient, de son histoire personnelle composée de ses fantômes, d'un passé oh combien douloureux dont elle a pu croire un instant qu'il était à jamais révolu.
Alors comment trouver encore les mots pour sortir de cette haine qui empoisonne les relations, les espoirs de liens pacifiés ?
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