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sur 2186 notes
Un livre plutôt interessant, très réaliste mais.....quelle triste fin.
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N°354 – Août 2009.
PLATEFORME - Michel HOUELLEBECQ – Éditions Flammarion.

Il y a des auteurs que je lis pour le plaisir et d'autres que j'aborde parce que leur notoriété les a précédés et qu'il convient de savoir qui ils sont... J'ai donc lu Plateforme!

L'histoire commençait bien, si je puis dire « Mon père est mort il y a un an. Je ne crois pas cette théorie selon laquelle on devient réellement adulte à la mort de ses parents. On ne devient jamais réellement adulte ». Je ne sais pas pourquoi, mais ces premières phrases laissaient présager des relations difficiles entre générations ou des développements personnels sur la vie. C'est classique mais souvent intéressant parce que l'écrivain y apporte sa vision du monde, son vécu... D'ailleurs il précise aussitôt « Il avait profité de la vie, le vieux salaud, il s'était démerdé comme un chef... ». On apprend ensuite que le père a été assassiné, qu'une enquête est en cours, que l'auteur est fonctionnaire, célibataire, la quarantaine et part pour la Thaïlande, sans doute pour se changer les idées... mais on s'aperçoit très vite qu'il est sensible à la beauté des femmes, ce qui n'est pas blâmable, loin de là! Au fil des pages, et même rapidement, le lecteur se rend compte que toute sa vie se résume au sexe et et que cela devient même mono-thématique à tendance obsessionnelle, avec des détails érotiques qui ne ressortent pas exactement de la description littéraire. On comprend bien, dès lors, que cette destination n'a pas été choisie par hasard et qu'on va avoir droit aux incontournables. D'ailleurs cela ne tarde pas «  Moi aussi on m'a massé le dos, mais la fille a terminé par les couilles » intervins-je sans conviction ».

Il y a aussi, dans le groupe de touristes, ces improbables dialogues entre membres d'un séjour, ses inévitables fantasmes, ces rencontres parfois sans lendemain...On y fait la connaissance d'individus médiocres qui cherchent avant tout à se mettre en valeur, mais aussi des partenaires d'un été. Classique là aussi! Il finit par croiser Valérie, une femme sensuelle avec qui il décide de vivre à son retour à Paris et à qui il suggère de redynamiser une chaîne d'hôtels-clubs qui périclite. « Propose un club où les gens puissent baiser...il doit forcément se passer quelque chose pour que les occidentaux n'arrivent plus à coucher ensemble ». C'est vrai après tout et on peut parfaitement accorder foi à cette phrase « S'il n'y avait pas de temps en temps un peu de sexe, en quoi consisterait la vie » et puis « Les gens ont besoin de sexe c'est tout, seulement ils n'osent pas l'avouer »... Cela fonctionne, au début, parce que la demande est forte et Valérie et lui envisagent de tout quitter pour s'installer en Thaïlande pour officialiser une entreprise de tourisme sexuel... Et puis tout bascule à cause d'un attentat islamique où sa compagne trouve la mort. Celle qui était « une exception radieuse » ne sera plus désormais qu'un remords de plus dans sa vie qui, on le sent bien, va chavirer...

L'auteur qui, à l'occasion, prononce des aphorismes qui peuvent faire débat, dénonce le tourisme sexuel avec provocation, la déliquescence du monde occidental, mais aussi donne son avis sur l'islam, pose un regard critique sur les Allemands [« Plus que tout autre peuple, ils connaissent le désir de leur propre anéantissement... Leur compagnie pourtant est apaisante et triste »]...

J'ai donc lu ce livre, pas vraiment bien écrit à mon goût, jusqu'au bout, davantage comme un roman érotique, c'est à dire sans passion, sans réel intérêt, pour pouvoir me dire que j'avais déjà lu quelque chose de Houllebecq et ne pas être tenté de porter sur lui un jugement à priori qui ne me serait dicté que par des critiques extérieures. Pourtant, je dois bien avouer que mon attention n'a été attirée que dans les dernières pages, quand l'auteur jette un regard désabusé sur cette vie qui n'a plus d'intérêt pour lui parce que la femme qui la justifiait n'est plus là et qu'il est condamné définitivement à vivre sans elle  «  Vieillir, ce n'est déjà pas très drôle, mais vieillir seul, c'est pire ». Avec elle et grâce à elle, sa petite vie parisienne et quotidienne avait soudain pris des couleurs, à cause du sexe, sans doute, mais pas seulement [Elle (Valérie) faisait partie de ces êtres qui sont capables de dédier leur vie au bonheur de quelqu'un, d'en faire très directement leur but. Ce phénomène reste un mystère... Si je n'ai rien compris à l'amour, à quoi me sert d'avoir compris le reste? »].

Alors, peut-être pour entretenir le souvenir, revenir à une vie plus conventionnelle il revient en Thaïlande, mais seul, sans illusion, pour exorciser sa douleur [ « Il est probable que je ne comprendrai jamais réellement l'Asie, et ça n'a d'ailleurs pas beaucoup d'importance. On peut habiter le monde sans le comprendre, il suffit de pouvoir en obtenir de la nourriture, des caresses et de l'amour ».

Il prend conscience de lui-même [« J'aurai été un individu médiocre, sous tous ses aspects »]. Dès lors la mort peut venir et l'attend sans vraiment la craindre parce qu'elle est l'issue normale de ce passage sur terre qui maintenant n'a plus d'intérêt pour lui [« On ne vient pas à Pattaya pour refaire sa vie mais pour la terminer dans des conditions acceptables » et l'écriture est peut-être un exorcisme... ou peut-être pas!

Un roman qui ne prend sa réelle épaisseur qu'à la fin et qui me laisse une impression mitigée, une sorte de malaise.


Hervé GAUTIER – Août 2009.http://hervegautier.e-monsite.com 

Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Michel, bureaucrate entre deux âges, part en voyage organisé en Thaïlande. Il y découvre les amours tarifées dans les salons de massage et surtout fait connaissance de Valérie, une jeune femme travaillant dans le milieu du tourisme. Il en tombe éperdument amoureux, mais la tragédie n'est pas loin.
Livre écrit avec tout l'art de Houellebecq : fluidité, ton décalé, le style inimitable d'un écrivain de très grande classe. le lecteur est captivé dès le début et ne lâche plus le bouquin qui se lit avec une grande facilité. La première partie peut être considérée comme un simple récit de voyage, mais on passe très vite aux choses sérieuses : la recherche du bonheur, de l'amour et de la sensualité. Bien sûr, certains pourront trouver que l'auteur en fait une tonne dans des scènes de sexe relevant de la pure et simple pornographie. Mais il me semble tout de même que tout ceci renvoie à la vision matérialiste et désenchantée du monde occidental tel que le conçoit Houellebecq. On est d'accord avec lui ou pas. On arrive à ses conclusions ou à d'autres. En tous cas, il ne laisse personne indifférent, signe qu'il a frappé juste : là où ça fait mal. C'est à cela qu'on reconnaît aussi les grands écrivains et les grands penseurs.
Les pages sur l'Islam qui ont tellement révulsé les bien-pensants et les fanatiques en font partie bien entendu. Comme quoi un livre sur un sujet en apparence assez banal peut amener à une réflexion profonde.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Plateforme est le neuvième livre de M.Houellebecq que j'ai lu. J'avoue immédiatement que c'est, de loin, celui qui m'a le plus déçu. Houellebecq oscille entre son côté dépressif et désoeuvré – le vide, et son autre facette censée remplir ce vide : le sexe, à défaut de trouver l'amour. A la différence de ses autres oeuvres, Plateforme n'offre que ces deux facettes, à de rares pages près, et qui servent une intrigue tortueuse qui s'achève hâtivement. Je considère que la littérature relève de l'art, c'est-à-dire du suggérer une représentation du monde à travers le carcan du langage et ses règles. Lorsqu'une oeuvre quitte la suggestion et la représentation elle quitte cette noblesse pour rejoindre la bassesse. Ce roman s'inscrit malheureusement dans ce registre, les scènes de sexe relevant non pas de l'érotisme mais de la pornographie. A chacun ses plaisirs de lecture, mais comme le dirait Baudelaire je conçois les livres comme lui le dessin qui (…) « est une lutte entre la nature et l'artiste. Il ne s'agit pas pour lui de copier, mais d'interpréter ». Il y a mille façons de dépeindre l'être humain comme vil et misérable, lorsque l'écrivain se place à ce place à ce niveau il ne fait qu'y entraîner son oeuvre.
Les points qui méritent cependant d'être abordés sont les suivants.
Le titre : la plateforme représentant un espace où deux catégories très différentes d'individus se rencontrent, pour assouvir leurs besoins respectifs. Les occidentaux, que l'on pourrait considérer comme nihilistes, égocentriques et esseulés, en soif de sexe et d'épanouissement sexuel. L'amour n'existant plus en occident, puisqu'y règne l'égocentrisme et la réalisation de soi, alors que l'amour est justement le don de soi. Les autres individus étant attirés par les devises et motivés par le pouvoir qu'ils ont de rendre les autres heureux à travers ce don de soi, fut-ce t il vénal. Sans dévoiler l'histoire, la plateforme apparaîtra comme un moyen concret de relancer une industrie du tourisme qui peine à se renouveler. le thème incarné par ce concept est, comme d'habitude chez Houellebecq, le déclin moral de l'occident, la perte de valeurs et de sens des sociétés qu'il regroupe.
Les personnages : à part Valérie, Michel et Jean-Yves, aucun n'a d'intérêt. L'auteur propose un petit échantillon de la population française au début du roman avec la composition d'un groupe de touristes allant en Thaïlande, mais cette proposition n'aboutit à rien.
L'islam comme réponse et menace à la crise de l'occident : là aussi, je me tairais sur l'histoire. Cependant, ce thème apparaît déjà chez Houellebecq (le livre date de 2002, bien avant Soumission). L'islam apparaît comme une réponse violente et conquérante à la mollesse d'un occident en panne de transcendance, dont la seule proposition de bonheur se tient dans le consumérisme et le plaisir éphémère, à défaut de bonheur durable.
En (courte) conclusion, ne croyez pas que je suis seulement déçu par le contenu libidineux de ce livre. C'est une des composition majeures du livre, à se demander si Valérie n'est pas un fantasme de Houellebecq…Rien de beau n'est proposé, à part des séances orgasmiques et des parties à plusieurs…Quand au reste, la réussite de la chaîne hotellière menée par Jean-Yves et Valérie se fait sur des bases si fragiles qu'il aurait mieux valu les éluder, et la fin du roman aboutit tragiquement (pour l'auteur-narrateur et le lecteur) à un désastre.
La carte et le territoire, voici au final le roman le plus complexe et réussi de ceux que j'ai pu lire de Houellebecq. Considérant que la qualité de sa plume n'a fait que se tarir depuis, Plateforme ponctue définitivement mon parcours Houellbecquien.

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Indéniablement Michel Houellebecq est un romancier qui manie la plus avec brio. Pas une phrase dans laquelle l'on s'ennuie ou se perd ; et avec ça, il n'abuse pas, comme d'autres, de formules à répétition. Je suis stylistiquement séduit, comme j'ai pu l'être à la lecture d'Extension du domaine de la lutte. CEPENDANT, je suis dérangé par les idées et par le thème même du roman qui met exagérément en avant l'importance des relations sexuelles dans ce que l'auteur prétendrait être un mode de vie capitaliste et occidental. A ce premier bémol s'ajoute celui des provocations au politiquement correct qui ont nettement réfréné ma lecture et mon plaisir.
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J'ai décidé récemment de lire du Houellebecq, surtout suite au débat autour de son dernier livre, Soumission, qui m'intéresse et que je souhaiterai découvrir un jour. Mais en attendant j'ai du me rabattre sur ce livre que j'ai déniché dans les bacs d'occasion. Et je me suis laissé à le lire principalement parce que je le voyais sur le sommet de la pile et que je voulais découvrir cet auteur controversé dont on entend tout et le contraire. Et j'ai effectivement beaucoup de questions qui me restent au final. Parce que je ne suis pas certain de ce qu'il faut tirer de ce livre.


Ce livre est dérangeant, mais en même temps je le trouve assez long. C'est surtout parce que le personnage principal n'est pas attachant, même s'il en a bien conscience. Et également parce qu'il ne se passe pas grand chose, même si je comprend bien tout l'intérêt du roman. Mais vers le milieu du livre, une période plutôt longue défile durant laquelle il y a uniquement une mise en place du dernier acte. C'est dommage, parce que j'avais la sensation d'une retombée d'effet, après un début plutôt très bon et que je trouvais intéressant.

En dehors de ces considérations, j'ai beaucoup apprécié ma lecture, même si je ne sais que trop en penser. Certes, plusieurs considérations sur l'islam faites au sein du livre m'ont laissés perplexe, mais je n'ai pas vraiment d'avis tranché sur la question d'une islamophobie latente dans l'oeuvre. Certaines considérations, bien que peu flatteuse, sont malheureusement le triste reflet de la réalité. Sans compter que dans la façon de l'apporter au livre, Houellebecq ne se démarque jamais clairement pour une position ou pour une autre. Alors qu'en tirer ? Ce qu'on veut, dirais-je, et je ne veux pas chercher la petite bête, je prendrais simplement ce que j'y ai trouvé pour me faire mon propre avis.
D'autre part, le livre fait une belle part au sexe, dans plusieurs cadre : les protagonistes le vivent, en parlent, le font et débattent dessus. Entre tourisme sexuel, libération des moeurs, vie sexuelle de couple et considération sur la sexualité de société, c'est un tableau assez curieux mais complet qui est dressé. Tableau avec lequel je ne me trouve pas en accord, mais qui est une représentation très intéressante, orientée et peu optimiste sur notre société. Je crois que le meilleur moment est lorsque l'un des personnages principaux déclare : "notre société ne marche pas. Et en plus, on l'exporte."

Ce livre est dérangeant dans son ton. C'est très critique envers la société, et en même temps cette critique n'est pas si acide, elle est simplement très réaliste de l'univers dans lequel nous vivons. L'industrie du loisir et du tourisme est foutrement glauque, c'est un fait, mais il est des choses qui doivent parfois être envoyée à nouveau en pleine gueule. Et en même temps, c'est quelque chose que j sais ne pas soutenir, ne pas vouloir. En tant que tel, ça redonne foi dans certaines de mes valeurs, et ça conforte certaines de mes idées. Notamment autour du tourisme sexuel, qui est bien présent dans nos vies, qu'on le veuille ou non.

Un livre étrange mais qui m'a plu, quoique je ne sais quoi en penser au final, mais je sais ce que j'en ai tiré, et c'est le plus important à mes yeux. J'ai apprécié certains points de vues émis dans le livre, je n'étais pas d'accord avec tout. Mais c'est appréciable d'avoir un roman dans ce style qui remue certains points sombre de notre temps. J'ai surtout découvert Houellebecq et ça m'a encouragé à continuer sur ma lancée, je crois que l'auteur a quelque chose de positif à dégager, et je vais tenter de continuer sur ma lancée. Je pense que ça va me plaire, quoiqu'on en pense. C'est toujours un plaisir de découvrir ce genre de choses.
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Pour une fois qu'il y a une belle histoire d'amour chez Houellebecq, ne boudons pas notre plaisir. L'auteur s'est laissé aller et on en redemande. le roman idéal pour débuter avec cet auteur. Comme toujours très documenté, sur l'hôtellerie cette fois, et le tourisme en général. L' Occident ne sait plus à quel saint se vouer. Car il n'y a plus de saints ! Seul le sexe, tarifé souvent, et la frustration demeurent. Houellebecq décrit comme personne nos contradictions, errances et hypocrisies. Et puis un livre qui, dès la première page, démarre par "il en a bien profité mon père, il a mis sa bite dans la chatte à ma mère" (cité de tête), cela ne fait certes pas rire tout le monde, mais moi si, à une époque si collet monté, cela fait du bien !
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Le premier roman que j'ai lu de Michel Houellebecq: une réussite. du sexe, de l'aventure, de la culture, des rebondissements... tout cela dans un style maîtrisé et amical.
Un très bon livre que je vous recommande.
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Michel vit dans le 13ième arrondissement (comme un certain Michel Houellebecq à une époque...), voit la vie en noir et a une vision du sexe bien à lui qu'il cherche à décliner dans des clubs de vacances pour adultes. L'écriture de Michel Houellebecq est toujours intéressante, les scènes érotiques sont bien réussies (et assez nombreuses !), j'ai lu ce livre à très grande vitesse et je vais continuer à explorer l'oeuvre de cet auteur (mais à mon rythme et en prenant le temps d'oublier les critiques).
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c'est assez dérangeant que le narrateur soit autant obnubilé par le sexe, ce narrateur insipide qui cherche à vivre et qui trouve cette fille formidable qui répond à tout ses besoins sexuels. C'est quand-même glauque,- C'est bien écrit, facile à lire, mais je n'aime pas ce mélange de perversité, de cruauté, de messages sur l'actualité... pas vraiment un roman à lire pour se détendre
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