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Citations sur Soumission (478)

Nietzsche avait vu juste, avec son flair de vieille pétasse, le christianisme était au fond une religion féminine.
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Un couple est un monde, un monde autonome et clos qui se déplace au milieu d'un monde plus vaste, sans en être réellement atteint ; solitaire, j'étais traversé de failles.
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Les hommes de Cro-Magnon chassaient le mammouth et le renne ; ceux d’aujourd’hui avaient le choix entre un Auchan et un Leclerc, tous deux situés à Souillac.
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Selon le modèle amoureux prévalant durant les années de ma jeunesse (et rien ne me laissait penser que les choses aient significativement changé), les jeunes gens, après une brève période de vagabondage sexuel correspondant à la préadolescence, étaient supposés s'engager dans des relations amoureuses, exclusives, assorties d'une monogamie stricte, où entraient en jeu des activités non seulement sexuelles mais aussi sociales (sorties, week-ends, vacances). Ces relations n'avaient cependant rien de définitif, mais devaient être considérées comme autant d'apprentissages de la relation amoureuse, en quelque sorte comme des "stages" (dont la pratique se généralisait par ailleurs sur le plan professionnel en tant que préalable au premier emploi). Des relations amoureuses de durée variable (la durée d'un an que j'avais pour ma part observée pouvait être considérée comme acceptable), en nombre variable (une moyenne de dix à vingt apparaissant comme une approximation raisonnable), étaient censées se succéder avant d'aboutir, comme une apothéose, à la relation ultime, celle qui aurait cette fois un caractère conjugal et définitif, et conduirait, via l'engendrement d'enfants, à la constitution d'une famille.
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page 198 [...] Sur le plan intérieur Ben Abbes accomplissait un parcours sans faute. La conséquence la plus immédiate de son élection est que la délinquance avait baissé, et dans des proportions énormes : dans les quartiers les plus difficiles, elle avait carrément été divisée par dix. Un autre succès immédiat était le chômage, dont les courbes étaient en chute libre. C'était dû sans nul doute à la sortie massive des femmes du marché du travail -elle-même liée à la revalorisation considérable des allocations familiales, la première mesure présentée, symboliquement, par le nouveau gouvernement. Le fait que le versement soit conditionné à la cessation de toute activité professionnelle avait un peu fait grincer des dents, au début, à gauche ; mais, au vu des chiffres du chômage, les grincements de dents avaient rapidement cessé. Le déficit budgétaire n'en serait même pas augmenté : l'augmentation des allocations familiales était intégralement compensée par la diminution drastique du budget de l’Éducation nationale - de loin le premier budget de l’État auparavant. Dans le nouveau système mis en place, l'obligation scolaire s'arrêtait à la fin du primaire - c'est-à-dire, à peu près, à l'âge de douze ans ; le certificat de fin d'études était rétabli, et apparaissait comme le couronnement du parcours éducatif. Ensuite, la filière de l’artisanat était encouragée ; le financement de l'enseignement secondaire et supérieur devenait, quant à lui, entièrement privé. Toutes ces réformes visaient à "redonner toute sa place, toute sa dignité à la famille, cellule de base de notre société" [...]
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Pendant toutes les années de ma triste jeunesse, Huysmans demeura pour moi un compagnon, un ami fidèle; jamais je n'éprouvai de doute, jamais je ne fus tenté d'abandonner, ni de m'orienter vers un autre sujet; puis, une après-midi de juin 2007, après avoir longtemps attendu, après avoir tergiversé autant et même un peu plus qu'il n'était admissible, je soutins devant le jury de l'université Paris IV - Sorbonne ma thèse de doctorat : Joris-Karl Huysmans, ou la sortie du tunnel. Dès le lendemain matin (ou peut-être dès le soir même, je ne peux pas l'assurer, le soir de ma soutenance fut solitaire, et très alcoolisée), je compris qu'une partie de ma vie venait de s'achever, et que c'était probablement la meilleure.
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[...] le passé est toujours beau, et le futur aussi d'ailleurs, il n'y a que le présent qui fasse mal, qu'on transporte avec soi comme un abcès de souffrance qui vous accompagne entre deux infinis de bonheur paisible.
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Sur le plan matériel, je n'avais pas à me plaindre : j'étais assuré jusqu'à ma mort de bénéficier d'un revenu élevé, deux fois supérieur à la moyenne nationale, sans avoir à accomplir en échange le moindre travail. Pourtant, je le sentais bien, je me rapprochais du suicide, sans éprouver de désespoir ni même de tristesse particulière, simplement par dégradation lente de la "somme totale des fonctions qui résistent à la mort" dont parle Bichat. La simple volonté de vivre ne me suffisait manifestement plus à résister à l'ensemble des douleurs et des tracas qui jalonnent la vie d'un Occidental moyen, j'étais incapable de vivre pour moi-même, et pour qui d'autre aurais-je vécu ? L'humanité ne m'intéressait pas, elle me dégoûtait même, je ne considérais nullement les humains comme mes frères, et c'était encore moins le cas si je considérais une fraction plus restreinte de l'humanité, celle par exemple constituée par mes compatriotes, ou par mes anciens collègues. Pourtant, en un sens déplaisant, je devais bien le reconnaître, ces humains étaient mes semblables, mais c'était justement cette ressemblance qui me faisait les fuir ; il aurait fallu une femme, c'était la solution classique, éprouvée, une femme est certes humaine mais représente un type légèrement différent d'humanité, elle apporte à la vie un certain parfum d'exotisme.
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L'humanité ne m'intéressait pas, elle me dégoûtait même, je ne considérais nullement les humains comme mes frères, et c'était encore moins le cas si je considérais une fraction plus restreinte de l'humanité, celle par exemple constituée par mes compatriotes, ou par mes anciens collègues. Pourtant, en un sens déplaisant, je devais bien le reconnaître, ces humains étaient mes semblables, mais c'était justement cette ressemblance qui me faisait les fuir...
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Mon père habitait un chalet dans le massif des Ecrins, il avait depuis peu (enfin, tout du moins, je ne l'avais appris que depuis peu) trouvé une nouvelle compagne. Ma mère déprimait à Nevers, et n'avait d'autre société que son bouledogue français. Cela faisait une dizaine d'années que je n'avais plus guère de leurs nouvelles. Les deux baby-boomers avaient toujours fait preuve d'un égoïsme implacable, et rien ne me portait à croire qu'ils m'accueilleraient avec bienveillance. La question de savoir si je reverrais mes parents avant leur mort me traversait parfois l'esprit, mais la réponse était à chaque fois négative, et je ne croyais même pas qu'une guerre civile puisse arranger l'affaire, ils trouveraient un prétexte pour refuser de m'héberger; ils n'avaient jamais été, sur cette question, à court de prétextes.
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