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3,51

sur 4048 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
le drame de ce roman est d'avoir été publié un jour noir, le 7 janvier 2015. Toute cette polémique autour de ce livre en a sans doute été amplifiée par le drame de Charlie Hebdo.
Je crois qu'il faut considérer " Soumission " comme étant un roman écrit par un intellectuel et à lire au second degré. Houellebecq n'a rien d'un prophète ou d'un devin, il trace simplement une politique fiction. Naturellement provocateur, ce bouquin devait de toute façon nous faire réagir.
Je pense sincèrement que ce n'est pas dans l'anticipation qu'il faut prendre au sérieux cet ouvrage mais dans l'actualité. A le lire, qui est responsable du résultat de ces élections du futur ?
Sans doute la montée de l'extrême droite, avec un score symbolique au premier tour proche de celui des Nazis en 1933. Je regrette que l'auteur ne donne pas une estimation de l'abstentionnisme. L'analyse de la situation créée de toute pièce en aurait gagné en crédibilité. L'alerte, si message de l'écrivain il y a, est là.
Belge, c'est toujours avec inquiétude que j'observe l'irresponsabilité de nos voisins francophones. Entre 40 et 60 % d'abstention. Dans mon pays, le vote est obligatoire mais il n'est pas rare que 10 % de l'électorat sabotent son bulletin de vote ou ne se présente pas au bureau malgré le risque d'amende, il est vrai, rarement appliqué. Il ne faut pas voir dans l'obligation de vote une loi antidémocratique, bien au contraire. C'est comme l'enseignement, il est obligatoire pour que chaque citoyen puisse profité de cette avantage offert par l'état providence. il n'empêche que malgré tout, il faut compter environ 10 % d'illettrés dans nos pays occidentaux. Imaginez que si l'enseignement n'était pas obligatoire et qu'il y aurait 40 % de la population qui n'éduqueraient pas leurs enfants. le vote, c'est la même chose. Fuir son devoir de citoyen, c'est laisser libre cours aux extrémistes et autres fondamentalistes, c'est devenir un illettré de la démocratie.
Quant à l'avenir et un gouvernement islamiste en France ? Je n'y crois pas une seconde. Les Musulmans sont par trop divisés dans leurs convictions les plus profondes et beaucoup ont trop d'intérêts économiques ou sociaux pour avoir la fantaisie de voter pour un dogme. Et puis, avant de toucher à la constitution, il reste le référendum en France ou la majorité des 2/3 en Belgique. Je crois que nos démocraties et nos libertés sont efficacement protégées.
Donc, à la lecture de cette fiction, ce conte ou plutôt cette fable politique, pas de panique, tirons simplement les leçons et prenons nos responsabilités pour d'avantage entretenir nos libertés.
Et puis le style, c'est du Houellebecq, c'est bien écrit, j'aime beaucoup.
PS : je modifierai peut-être cette critique, ma lecture étant toujours en cours.

Voilà, roman terminé! Je confirme, c'est une histoire à prendre au second degré. Pas de quoi en faire une polémique. le style est excellent. L'histoire, vue du personnage, prof d'université désabusé, est jalonnée de pensées profondes, patinée de philosophie, de politique, d'économie, de religion, d'opportunisme ( sans doute comme dans tous les états du monde, qu'ils soient autocrates, démocrates ou théocrates ) et de culture, avec, sans doute, une pointe d'autoportrait.
Sans être vraiment passionnant d'un bout à l'autre, ce livre reste un bon moment de littérature. S'il m'en reste une réflexion, si l'islam s'imposait dans nos démocraties, serais-je assez opportuniste pour m'assoir sur mes convictions profondément laïques pour me soumettre à ce dogme et voir ainsi mon avenir reprendre espoir ?






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Quelques semaines après avoir achevé la lecture de Soumission, je reste très perplexe quant à l'oeuvre surement la plus controversée de Michel Houellebecq. Décrivant une islamisation institutionelle de la France, Houellebecq (comme à son habitude, d'après ce que j'ai pu comprendre), nous emmene surtout dans le quotidien triste et monotone d'un homme ordinaire et dépressif. Si je reste très sceptique sur la portée de l'oeuvre face aux conséquences néfastes et haineuses qu'elle pourrait déclencher, si tombée entre de mauvaises mains (surtout maintenant que les positions personnelles de l'auteur sont connues), je suis tout de même impressionnée par la fluidité de l'intrigue menée par Houellebecq: on se perd dans le roman, on veut toujours en lire plus, ne pas s'arrêter. Si le thème pose question, la construction du roman est bien faite et passionnante, et je ne peux m'empêcher de vouloir voir la note de fin comme un signe pacifique: peut-être qu'après tout, Houellebecq n'est pas si pessimiste quant au futur qu'il décrit.
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Nous sommes en 2022. Un professeur réputé, spécialiste de Huysmans, enseigne avec peu de conviction dans l'Université Paris III. Agé de quarante-quatre ans, il est resté célibataire et ne s'engage jamais dans ses aventures amoureuses, si ce n'est dernièrement avec Myriam, jeune et jolie étudiante juive.
Sa vie paraît toute tracée et ennuyeuse. Pourtant, l'accession au pouvoir d'une coalition musulmane modérée, d'une droite anémiée et d'un parti socialiste réduit à sa plus simple expression va bouleverser sa vie. Alors qu'il se pense athée et libre penseur, ses certitudes vont se trouver ébranlées par cette révolution qui ne dit pas son nom. Tout le problème est de savoir jusqu'où ira sa propre soumission à un monde en mutation radicale, tant spirituelle que sociale.
Contrairement à ce qu'on a voulu faire dire à Houellebecq, le propos de son roman n'est pas social, antimusulman ou réactionnaire. L'histoire contée est d'abord celle d'un homme perdu, d'autant plus perdu qu'en tant qu'intellectuel, il ne porte pas en lui la part de spiritualité qui lui permettrait d'élargir son champ de vision sur le monde. On pourrait le penser dépressif car il est solitaire et boit beaucoup. Il est simplement perdu, sans repères autres que son univers universitaire clos. La spiritualité va lui apparaître à l'occasion de cette révolution européenne qui porte l'Islam et ses préceptes au-devant de la scène, chacun se trouvant dorénavant impliqué, qu'il le souhaite ou non. Et le héros du roman n'échappe pas à cette mutation de civilisation inexorable.
Comme souvent, c'est une forme de cynisme consommé et une quête de dérision qui mène l'auteur sur les traces de son héros. On aime ou on déteste. C'est selon. Personnellement, j'apprécie les écrivains qui délivrent un message sans complaisance sur le monde.
Ce chemin sans concession est pavé de belles pages, délicieuses et magnifiquement écrites. L'érudition du personnage (de l'auteur ?) laisse le lecteur pantois et par moments émerveillé. En fermant, à regret, ce livre, je me suis dit que j'avais bien de la chance de trouver pareille lecture dans ce monde aseptisé et bien-pensant, royaume de la pensée unique !
Houellebecq n'est pas un auteur engagé, n'en déplaise à ses détracteurs mal intentionnés. C'est un homme honnête et sensible qui regarde le monde à sa façon, très désabusée et parfaitement lucide. Son roman, La carte et le territoire, avait obtenu le Goncourt. Soumission, moins consensuel, n'aura pas de prix littéraire. Mais le succès enregistré en librairie, même s'il est un peu le fruit de la polémique ambiante et de bon ton qu'on fait systématiquement à Houellebecq, montre combien les vrais lecteurs ne se trompent pas en voyant là un grand roman.

Michelangelo 2015
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Malgré mon désintérêt total pour la politique française, j'ai quand même trouvé un certain plaisir à lire Soumission et à me laisser entraîner dans les élucubrations de Michel Houellebecq sur ce qui pourrait se passer dans un avenir très proche, si un parti musulman arrivait au pouvoir en France. On est dans une dystopie, mais les personnages évoqués et le futur si proche dans lequel est planté le récit font qu'on ne peut que le considérer comme une anticipation assez réaliste. Et finalement, on ne peut s'empêcher de se demander si on doit le considérer comme une mise en garde ou comme l'espoir d'un avenir meilleur. Bref, une lecture qui met quand même un peu mal à l'aise, agrémentée de références littéraires intellectuellement agréables.
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On retrouve dans cet ouvrage l'auteur égal à lui même (ou à l'image qu'il se donne) : grinçant, sexiste, sans réel tabous et pas vraiment d'un optimisme criant ! Mais la richesse de la fiction et surtout la prose finement ciselée de ce livre m'ont fait passer un très bon moment de lecture.
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Houellebecq and I, avons de nombreux points communs*.
Il aime Huysmans et moi aussi, tout comme il écoute sûrement Nick Drake lorsqu'il lit. Il a de plus cette ironie misanthropique que j'affectionne et que peu de gens autour de moi reconnaissent pour ce qu'elle est. Cette amertume teintée d'ironie face à la bêtise renouvelée et pourtant constante d'un monde sans étonnement.

Au point que l'écrivain justement fasse le pari d'un possible paysage politique et social français qui, au fond, n'est plus si loin de notre réalité. Un paysage s'appuyant sur la courbe montante des mentalités rétrogrades actuelles d'où qu'elles viennent.

Continuateur du grand Huysmans, l'universitaire mis en scène par Houellebecq se veut décadent dans une Europe elle-même décadente vouée à être renouvelée par la mystique islamiste, par la repopulation arabe. Si par ennui, sécheresse mentale son héros hésite à la conversion, l'attrait de quelques femmes serviles aura-t-il raison de sa raison ?

Ce petit confort bourgeois qui semble tant importer à Huysmans est-il supérieur à toute idée religieuse chez cet érudit solitaire ?
La thèse est tentante car s'il est bien une question que la mystique gonfle à éclater, c'est bien celle de la souffrance. Cet insupportable dolorisme chrétien qu' aucun homme sensé ne souhaite, a-t-il entrainé la décadence de notre civilisation écoeurée de s'être roulée dans autant de guerres immondes ?

D'un style fluide, pervers se vautrant peut-être une peu trop dans la pornographie le roman file sous nos yeux et nous étonne toujours. Si Houellebecq est loin d'avoir cette beauté formelle qui nous emportait aussi chez Huysmans, cette poésie amère qui le caractérisait, il est son méritant disciple.

* Mais je ne fume pas et bois modérément.
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Convaincant, fin et visionnaire ! Les choix qu'a fait Michel Houellebecq pour son ouvrage, sont importants. D'abord le milieu dans lequel évolue le personnage principal. Il s'agit du milieu intellectuel élitiste parisien, le peuple de France est occulté (les élites le méprisent certainement et ne le consultent plus depuis longtemps). Un vide énorme entoure la vie du protagoniste (les récits graveleux sont là pour le souligner), et cette absence de morale ou de religion dans sa vie, devra être tôt ou tard être comblée, ainsi que l'exige la nature.

L'arrivée d'un gouvernement musulman en France a une cause bien particulière et très réaliste, il ne s'agit pas en effet de guerre civile : les identitaires sont importants mais n'ont personne contre qui se battre (le terrorisme salafiste conserve une place mineure). La raison ultime de ce changement de gouvernement est l'obsessionnelle et continuelle « reductio ad hitlerum » (le point Godwin) qu'on oppose au parti nationaliste français parvenu au second tour. Au nom du « plus jamais ça ! » (expliqué par le traumatisme de l'holocauste), l'UMPS est obligé d'aller au bout de sa logique et de prendre la décision fatale.

Toutefois, c'est la page 300 de l'ouvrage édité chez Flammarion, la dernière page, qui m'a le plus éclairé. Celle-ci ne comprend qu'une ligne « Je n'aurais rien à regretter ». le message m'est apparu clairement : vidée de son identité, de sa force et de son charme, la France n'a plus rien à apporter, sacrifions la donc au profit des pétromonarchies, qu'avons-nous à perdre ?
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Le dernier roman de Michel Houellebecq, « Soumission » (éditions Flammarion, 2015), est certes un livre provocant et dérangeant, une satire politique qui ne peut laisser indifférent. Mais il s'agit avant tout d'une fiction centrée autour de la vie et des pensées du personnage principal et narrateur du roman, François, un universitaire spécialiste de Huysmans, dépressif solitaire à l'existence sans but.
Ce roman peut en effet déranger. de par son sujet et ses allusions à des personnalités existantes, de par la soumission à l'Islam acceptée par le personnage principal, etc. Mais c'est surtout en raison de l'anticipation politique proposée par Houellebecq que « Soumission », chahutant l'image de notre société contemporaine, a bousculé le monde littéraire. Est-ce si grave ?

Personnellement, j'ai lu ce livre en le prenant pour ce qu'il est : une oeuvre de fiction, sans aller chercher plus loin, sans faire d'amalgame et sans rapprocher son contenu des terribles événements qui se sont produits en France, quelques jours après la parution du livre. Un roman dont la parution est peut-être arrivée au mauvais moment... Mais peut-on pour autan accuser son auteur ?

Michel Houellebecq a souvent été provocateur. Mais il y a aussi du second degré chez lui. Il est en tous les cas un auteur qui s'est toujours montré apte à capter, d'une manière éclatante, l'atmosphère de notre époque, les craintes, les peurs et les inquiétudes de notre société.

J'ai aimé lire « Soumission » ; j'ai aimé l'écriture de Michel Houellebecq ; la vie trouble et désoeuvrée de son personnage principal, le cheminement de ce dernier jusqu'à la soumission m'ont intrigué. Une fois le livre refermé, je me suis naturellement posé la question de savoir comment je réagirais et comment j'agirais moi-même si cette fiction devenait un jour réalité. Une réflexion personnelle, profonde et intime.

François, le personnage principal et narrateur du roman déclare « Je n'aurais rien à regretter ». Après la lecture de « Soumission » de Michel Houellebecq, au sujet de ce roman, je n'ai rien à regretter.
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Ce que j'ai aimé : Bon, ben Houellebecq, on connaît l'équation de ses romans : un pauvre type + un sujet bien sulfureux + un milieu à nous faire découvrir. Comme d'habitude, c'est efficace. Et puis les médias lisant en diagonale, ne retiennent que le sujet bien sulfureux. Alors que le sujet principal, c'est encore et toujours le pauvre type. Je pense que ce mec-là, à force de monomanies romanesques, finira par décrocher le Nobel de littérature. Et puis, Houellebecq arrive toujours à nous faire vivre et à nous détacher en même temps de la décadence occidentale. Il a le regard étrange et pénétrant, ou en tout cas, sa vision me perturbe vraiment et je trouve que son pauvre type, toujours lâche, est un peu de nous tous. Il cède toujours du côté obscur, parce que c'est la voix de la facilité. Ici, Houellebecq nous montre un changement brutal sociétal, mais qui se passe sans bruit, dans l'apathie la plus totale. de la même manière, l'auteur nous montre que les valeurs soit disant républicaines ne signifient plus grand chose pour personne, et qu'il n'y a plus vraiment de valeurs. D'ailleurs, le moindre mec un tant soi peu charismatique et ambitieux réussira à implanter les siennes. Houellebecq me tuera toujours de sa lucidité.

Ce que je n'ai pas aimé : Je suis moins enchantée que lors des Particules Élémentaires. Peut-être parce que la misère sexuelle me parle plus que la religion. Ayant grandi en fin de siècle, j'ai vécu le chemin inverse, du religieux vers l'athéisme, ou plutôt le je m'en foutisme. Pour moi, comme beaucoup de mes contemporains, la religion est quelque chose de moribond, voire qui n'existe presque plus. C'est marrant, mon correcteur a voulu écrire pustule, coïncidence? Je ne pense pas. Force est de constater, surtout depuis Charlie, que ce n'est pas le cas. Je m'en fous, je préfère rentrer la tête dans le sable.
Lien : http://wc.pressepuree.fr/sou..
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Ayant lu à peu près tout et n'importe quoi sur ce livre, j'ai pour ma part été ravi par cette oeuvre d'anticipation-fiction réfléchie et bien foutue. M'ayant été offert peu de temps après sa sortie, j'ai été embarqué rapidement dans l'histoire et j'ai dévoré le livre assez rapidement, texte jubilatoire même si sombre et dystopique. Comme quoi, Michel Houellebecq peut faire de l'excellent.
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