le drame de ce roman est d'avoir été publié un jour noir, le 7 janvier 2015. Toute cette polémique autour de ce livre en a sans doute été amplifiée par le drame de
Charlie Hebdo.
Je crois qu'il faut considérer "
Soumission " comme étant un roman écrit par un intellectuel et à lire au second degré.
Houellebecq n'a rien d'un prophète ou d'un devin, il trace simplement une politique fiction. Naturellement provocateur, ce bouquin devait de toute façon nous faire réagir.
Je pense sincèrement que ce n'est pas dans l'anticipation qu'il faut prendre au sérieux cet ouvrage mais dans l'actualité. A le lire, qui est responsable du résultat de ces élections du futur ?
Sans doute la montée de l'extrême droite, avec un score symbolique au premier tour proche de celui des Nazis en 1933. Je regrette que l'auteur ne donne pas une estimation de l'abstentionnisme. L'analyse de la situation créée de toute pièce en aurait gagné en crédibilité. L'alerte, si message de l'écrivain il y a, est là.
Belge, c'est toujours avec inquiétude que j'observe l'irresponsabilité de nos voisins francophones. Entre 40 et 60 % d'abstention. Dans mon pays, le vote est obligatoire mais il n'est pas rare que 10 % de l'électorat sabotent son bulletin de vote ou ne se présente pas au bureau malgré le risque d'amende, il est vrai, rarement appliqué. Il ne faut pas voir dans l'obligation de vote une loi antidémocratique, bien au contraire. C'est comme l'enseignement, il est obligatoire pour que chaque citoyen puisse profité de cette avantage offert par l'état providence. il n'empêche que malgré tout, il faut compter environ 10 % d'illettrés dans nos pays occidentaux. Imaginez que si l'enseignement n'était pas obligatoire et qu'il y aurait 40 % de la population qui n'éduqueraient pas leurs enfants. le vote, c'est la même chose. Fuir son devoir de citoyen, c'est laisser libre cours aux extrémistes et autres fondamentalistes, c'est devenir un illettré de la démocratie.
Quant à l'avenir et un gouvernement islamiste en France ? Je n'y crois pas une seconde. Les Musulmans sont par trop divisés dans leurs convictions les plus profondes et beaucoup ont trop d'intérêts économiques ou sociaux pour avoir la fantaisie de voter pour un dogme. Et puis, avant de toucher à la constitution, il reste le référendum en France ou la majorité des 2/3 en Belgique. Je crois que nos démocraties et nos libertés sont efficacement protégées.
Donc, à la lecture de cette fiction, ce conte ou plutôt cette fable politique, pas de panique, tirons simplement les leçons et prenons nos responsabilités pour d'avantage entretenir nos libertés.
Et puis le style, c'est du
Houellebecq, c'est bien écrit, j'aime beaucoup.
PS : je modifierai peut-être cette critique, ma lecture étant toujours en cours.
Voilà, roman terminé! Je confirme, c'est une histoire à prendre au second degré. Pas de quoi en faire une polémique. le style est excellent. L'histoire, vue du personnage, prof d'université désabusé, est jalonnée de pensées profondes, patinée de philosophie, de politique, d'économie, de religion, d'opportunisme ( sans doute comme dans tous les états du monde, qu'ils soient autocrates, démocrates ou théocrates ) et de culture, avec, sans doute, une pointe d'autoportrait.
Sans être vraiment passionnant d'un bout à l'autre, ce livre reste un bon moment de littérature. S'il m'en reste une réflexion, si l'islam s'imposait dans nos démocraties, serais-je assez opportuniste pour m'assoir sur mes convictions profondément laïques pour me soumettre à ce dogme et voir ainsi mon avenir reprendre espoir ?