J'ai tellement aimé la saga des Cazalets que lorsque j'ai vu que les éditions de la Table Ronde allait sortir un autre roman de l'autrice, j'ai tout de suite eu très envie de le lire. Je les remercie énormément pour cet envoi.
Avant de parler du roman en lui-même, j'aimerais dire un mot de la préface, que j'ai trouvé particulièrement intéressante. On y apprend beaucoup de la vie de
Elizabeth Jane Howard, et je trouve que cela donne un autre éclairage sur certains événements de la saga des Cazalets, surtout lorsqu'on sait qu'elle s'est inspirée de sa propre histoire familiale pour écrire cette série.
La longue vue s'ouvre sur une scène de dîner mondain, dans le Londres de 1950. Antonia et Conrad Flemming donnent un dîner à l'occasion des fiançailles de leur fils. Derrière les apparences policées, on découvre les failles et les secrets des personnages, en particulier de Antonia, qui sera en fait celle que l'on suivra pendant tout le roman.
La longue vue n'est en réalité que le second roman écrit par
Elizabeth Jane Howard. La particularité de ce roman réside dans sa construction originale. Pour nous lecteurs, qui avons l'habitude d'avancer dans l'histoire, il nous faut ici nous adapter à remonter le temps. de 1950, nous passons à 1942, où Antonia retrouve Conrad à l'occasion d'une permission. Puis en 1937, nous les retrouvons en vacances à Saint-Tropez. En 1927, nous les suivons pendant leur voyage de noce et leur installation dans leur vie de couple. Enfin, en 1926, nous découvrons le pourquoi de ce mariage qui n'a jamais semblé harmonieux. Cinq époques, cinq parties pour remonter aux origines d'une relation, la vie d'une femme qui constate amèrement l'échec de son mariage.
A ce propos, je trouve d'ailleurs la couverture très bien réalisée, elle rend bien cette impression de mise en abîme, de récit dans le récit, avec un focus de plus en plus précis, qui révèle de plus en plus la réalité, au delà des impressions et faux-semblants.
On retrouve ici, comme dans les Cazalets, le style de l'autrice, très travaillé, avec de riches descriptions, et un humour pince-sans-rire et subtil. L'analyse et la description des caractères est incontestablement un point fort de l'autrice, qui narre comme personne les petits et grands travers de ses personnages, si bien qu'il est à la fois difficile de les apprécier, et difficile de ne pas les comprendre. Ils sont imparfaits, perfectibles, humains.
Malheureusement, là où ces points m'avaient captivée à la lecture des Cazalets, le charme n'a pas totalement opéré ici. Je ne saurais dire si c'est la faute à mon état d'esprit à la lecture du roman, ou au roman lui-même, mais j'ai eu des hauts et des bas pendant cette lecture. J'ai eu du mal à entrer dans le récit, mais j'avais déjà eu cette sensation avec les Cazalets, donc je pensais accrocher par la suite. Mais j'ai trouvé le récit inégal. Certaines parties m'ont semblées vraiment longues, les descriptions un peu trop nombreuses, et je me suis parfois ennuyée. D'autres étaient plus rythmées et m'ont davantage captivée, mais globalement, le récit n'a pas réussi à capter mon intérêt dans la durée.
Les éditions de la Table ronde nous offrent donc ici un roman très riche, à la construction aussi brillante que déroutante, mais qui n'est pas exempt de longueurs, et où je me suis parfois ennuyée. Je pense qu'il aurait fallu aller un peu plus à l'essentiel, resserrer le propos pour le rendre encore plus pertinent.