AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 55 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je referme La longue vue, dernière réédition d'un roman de Elizabeth Jane Howard par les Editions Quai Voltaire/La Table Ronde et je suis impressionnée dans un premier temps par l'originalité de la construction choisie par l'auteure.
En effet, elle prend le parti de remonter le temps pour peindre le portrait de son héroïne, Mrs Antonia Fleming, qui organise un dîner pour annoncer les fiançailles de son fils Julian. Cette circonstance est l'occasion de revenir sur le passé d'Antonia : qui est-elle, a-t-elle toujours été cette femme sous la domination d'un époux à la forte personnalité : odieux et sans respect pour celle qui partage son existence, la réduisant à un rôle de domestique pour la bonne tenue de sa maison et de son existence ?
En retraçant son évolution, l'auteure dépeint sur 24 ans (de 1925 à 1950) un milieu social aisé, où les caractères sont finement étudiés, où les comportements résultent souvent des évènements du passé. Peu à peu au fil du retour sur le passé on découvre ce qui a façonné chacun, femme et époux, et comment ils en sont arrivés là à travers leurs jeunesses, la guerre, les maternités etc...
Comme dans la saga des Cazalet, on esT immergé dans la vie de cette famille et surtout dans les pensées d'Antonia, dans ses rêves, ses espoirs, ses désillusions. Une vie passée à ne pas voir, ne pas avoir vu et la manière de scruter non Pas l'horizon, le futur, mais plutôt le passé, démontre à quel point cette écrivaine faisait preuve d'observation sur le monde qui l'entourait, s'attachait à décortiquer la psychologie de ses personnages, surtout féminins, de leur condition et leur éducation, soumis aux circonstances et à leurs milieux sociaux.
Deuxième roman publié par l'auteure en 1956, il était les prémices de la saga des Cazalet dont on retrouve ici une sorte de "brouillon" étudiant une famille sur plusieurs années et générations, avec un je ne sais quoi de Jane Austen (citée d'ailleurs comme référence par l'auteure à plusieurs reprises) par la manière d'être témoin à travers ses personnages d'une société et de ceux qui la composent. J'ai d'ailleurs également trouvé à Antonia Fleming des similitudes avec Mrs Clarissa Dalloway de Virginia Woolf (et pour moi c'est un compliment).
J'ai aimé même si la construction m'a un peu déstabilisée dans un premier temps mais que j'ai trouvée finalement originale car il y avait un certain suspens à découvrir ce qui avait fait ce que chacun des personnages était.

Commenter  J’apprécie          200
Ce roman dépeint la vie d'Antonia 43 ans qui va marier son fils. En 1950, elle se rend compte que son propre mariage prend l'eau. Avec elle on remonte le temps et on la découvre à des époques différentes : en vacances où son mari rentre sans elle plus tôt, un autre chapitre sur sa toute nouvelle vie d'épouse. On remonte encore sur sa fin d'adolescence chez ses parents et son premier amour.
Un roman d'une justesse incroyable qui décrit un milieu bourgeois anglais et le rôle de la femme épouse. Les hommes sont également de la partie et c'est pas triste !
Un régal de retrouver la plume de l'auteure. Je remercie Babelio et les éditions de la Table ronde pour cet envoie dans le cadre de Masse Critique.
Si vous aimez les portraits de femme, l'ambiance british bourgeoise et les aléas du coeur, foncez !
Commenter  J’apprécie          200
Après avoir beaucoup aimé la saga des Cazalet, j'avais envie de lire ce roman.
La construction est très originale car le premier chapitre commence en 1952 et on remontera ainsi le temps jusqu'en 1926.
Le personnage principal est Antonia Fleming, elle a 43 ans au début du roman et un fils sur le point de se marier. A l'occasion de la réception de fiançailles de son fils, elle réfléchit sur le propre échec de son mariage et de sa vie en général. En effet, sur le plan financier et vu de l'extérieur, elle a une belle vie car elle est mariée à un homme riche , Conrad, et ils ont deux maisons. Elle s'occupe de ses maisons et a une vie mondaine. Mais son mari la délaisse de plus en plus, il a une maîtresse plus jeune.
La plus grande partie du roman consiste en une introspection d'Antonia, de ses sentiments, elle remonte ainsi jusqu'à son enfance, lorsque son père ne lui manifestait que de l'indifférence et sa mère se moquait un peu de son apparence physique. Elle évoque ses déceptions sentimentales, les diverses désillusions qu'elle a vécues.
Une très grande acuité de la psychologie féminine, mais au final un peu ennuyeux par moment et déprimant.


Commenter  J’apprécie          191
C'est un très bon roman que nous propose l'auteur de la saga des Cazalet.

Cette fois, nous entrons d'ans l'histoire d'une femme de la bourgeoisie britannique de 43 ans au travers de 5 épisodes de sa vie. Ces derniers nous sont décrits à rebours par rapport à l'ordre chronologique.

Cette technique de narration nous permet d'avoir une vue sur la vie de cette femme comme au travers du petit bout de la lorgnette. Nous partons d'une époque où la trajectoire de vie de cette femme paraît bien fermée pour remonter vers l'époque de la jeunesse où le champ des possibles restait ouvert.

Comme à chaque fois, l'auteur nous décrit un paysage psychologique complexe pour chacun de ses personnages et fait la critique d'une société très emprisonnée dans ses carcans sociaux.
Commenter  J’apprécie          150
J'ai tellement aimé la saga des Cazalets que lorsque j'ai vu que les éditions de la Table Ronde allait sortir un autre roman de l'autrice, j'ai tout de suite eu très envie de le lire. Je les remercie énormément pour cet envoi.

Avant de parler du roman en lui-même, j'aimerais dire un mot de la préface, que j'ai trouvé particulièrement intéressante. On y apprend beaucoup de la vie de Elizabeth Jane Howard, et je trouve que cela donne un autre éclairage sur certains événements de la saga des Cazalets, surtout lorsqu'on sait qu'elle s'est inspirée de sa propre histoire familiale pour écrire cette série.

La longue vue s'ouvre sur une scène de dîner mondain, dans le Londres de 1950. Antonia et Conrad Flemming donnent un dîner à l'occasion des fiançailles de leur fils. Derrière les apparences policées, on découvre les failles et les secrets des personnages, en particulier de Antonia, qui sera en fait celle que l'on suivra pendant tout le roman.

La longue vue n'est en réalité que le second roman écrit par Elizabeth Jane Howard. La particularité de ce roman réside dans sa construction originale. Pour nous lecteurs, qui avons l'habitude d'avancer dans l'histoire, il nous faut ici nous adapter à remonter le temps. de 1950, nous passons à 1942, où Antonia retrouve Conrad à l'occasion d'une permission. Puis en 1937, nous les retrouvons en vacances à Saint-Tropez. En 1927, nous les suivons pendant leur voyage de noce et leur installation dans leur vie de couple. Enfin, en 1926, nous découvrons le pourquoi de ce mariage qui n'a jamais semblé harmonieux. Cinq époques, cinq parties pour remonter aux origines d'une relation, la vie d'une femme qui constate amèrement l'échec de son mariage.

A ce propos, je trouve d'ailleurs la couverture très bien réalisée, elle rend bien cette impression de mise en abîme, de récit dans le récit, avec un focus de plus en plus précis, qui révèle de plus en plus la réalité, au delà des impressions et faux-semblants.

On retrouve ici, comme dans les Cazalets, le style de l'autrice, très travaillé, avec de riches descriptions, et un humour pince-sans-rire et subtil. L'analyse et la description des caractères est incontestablement un point fort de l'autrice, qui narre comme personne les petits et grands travers de ses personnages, si bien qu'il est à la fois difficile de les apprécier, et difficile de ne pas les comprendre. Ils sont imparfaits, perfectibles, humains.

Malheureusement, là où ces points m'avaient captivée à la lecture des Cazalets, le charme n'a pas totalement opéré ici. Je ne saurais dire si c'est la faute à mon état d'esprit à la lecture du roman, ou au roman lui-même, mais j'ai eu des hauts et des bas pendant cette lecture. J'ai eu du mal à entrer dans le récit, mais j'avais déjà eu cette sensation avec les Cazalets, donc je pensais accrocher par la suite. Mais j'ai trouvé le récit inégal. Certaines parties m'ont semblées vraiment longues, les descriptions un peu trop nombreuses, et je me suis parfois ennuyée. D'autres étaient plus rythmées et m'ont davantage captivée, mais globalement, le récit n'a pas réussi à capter mon intérêt dans la durée.

Les éditions de la Table ronde nous offrent donc ici un roman très riche, à la construction aussi brillante que déroutante, mais qui n'est pas exempt de longueurs, et où je me suis parfois ennuyée. Je pense qu'il aurait fallu aller un peu plus à l'essentiel, resserrer le propos pour le rendre encore plus pertinent.




Commenter  J’apprécie          100
Pour les lecteurs de la saga des Cazalet, vous y retrouverez sensiblement la même ambiance: même milieu social, même époque.

Mais cette fois-ci, on s'attachera à un seul couple: Antonia et Conrad Fleming. Il s'agit d'un couple dysfonctionnel, d'ailleurs ils ne vivent pratiquement plus ensemble. Ils ont deux enfants adultes, qui sont sur le point de reproduire le schéma du mariage de convenance voué à l'échec.

Ce qui fait la particularité de ce livre, c'est qu'à partir d'une soirée, en 1950, pour les fiançailles du fils aîné, nous allons remonter le temps pour découvrir quatre autres périodes clés, des moments charnières de la vie de ce couple. Ce sont ces moments, qui ont fait ce qu'ils sont aujourd'hui.

L'écriture d'Elizabeth Jane Howard est toujours aussi précise. Son attachement aux détails et aux sentiments en font une lecture toujours aussi agréable et poétique.

C'est la voix d'une génération passée. La voix des femmes qui n'ont aucun pouvoir sur leur propres vies et sont manipulées par les desseins des hommes. La voix des couples enlisés dans un mariage malheureux.
Avec cette impression de fatalité lorsque le schéma se répète encore et encore au fil des générations.

Et je pense que c'est encore d'actualité pour de nombreux couples, et de nombreuses femmes.

Merci à Babelio et aux éditions Quai Voltaire pour l'envoie de ce magnifique roman!


Commenter  J’apprécie          60
La longue vue (2024), le deuxième roman de la romancière anglaise Elizabeth Jane Howard (1923-2014) paru en anglais en 1956 et dont la version française datant de 1958 vient de bénéficier d'une nouvelle traduction, est la chronique de l'échec d'un mariage et celle d'une désillusion amère.

Dans ce roman à la construction à rebours fort originale couvrant vingt-cinq ans de la vie de Mrs Fleming, Elizabeth Jane Howard choisit de revenir sur la vie de son personnage principal en débutant par la fin. le roman s'ouvre ainsi en 1950 sur un dîner organisé pour les fiançailles du fils aîné d'Antonia et Conrad Fleming dans leur maison londonienne du quartier chic de Campden Hill Square. A quarante-trois ans, Mrs Fleming se révèle être une femme certes aisée mais, derrière les apparences policées, malheureuse et désillusionnée, profondément seule et négligée par son odieux mari.

« J'ai été extraordinairement amoureux de toi, autrefois. »

A partir de là, en cinq parties se déroulant successivement à Londres, Saint-Tropez, Paris ou encore dans le Sussex entre 1950 et 1926, Elizabeth Jane Howard dévoile progressivement les dessous d'un mariage malheureux et très bancal en s'intéressant à Mrs Fleming à différentes étapes de sa vie : en tant que mère tout d'abord, puis en tant que jeune épouse, amante, fille et enfin jeune fille. Au fur et à mesure qu'elle remonte le temps, nous plongeons chaque fois un peu davantage dans l'intimité de Mrs Fleming qui devient progressivement Antonia, une jeune femme en pleine construction, mue par ses rêves et ses espoirs. Mais les failles apparaissent et avec elles, le désenchantement.

Ecrit trente-cinq ans avant le premier tome des Cazalet, La longue vue démontre déjà la grande capacité de l'autrice à analyser la condition féminine, à observer de façon très fine les comportements et les sentiments à l'oeuvre dans un milieu social aisé étriqué et dominé par les convenances, les non-dits et les faux-semblants. Bien que La longue vue se caractérise par une atmosphère sombre, triste et désillusionnée, il n'en reste pas moins que le portrait d'Antonia Fleming, femme résignée, moquée et façonnée par ses parents et son mari, est touchant et fort réussi.

A lire également sur le blog
Lien : https://livrescapades.com/20..
Commenter  J’apprécie          50

Elizabeth Jane Howard (1923-2014) est certainement l'une des écrivaines anglaises les plus sous-estimées du XXe siècle.
En France, elle s'est fait connaître avec la tétralogie « La Saga des Cazalet » dont le premier opus a été publié en 2020 par la maison d'édition La Table ronde qui poursuit, avec « La Longue-vue », son travail de réhabilitation d'une autrice si habile à disséquer les sentiments et les relations humaines.
La scène inaugurale se déroule en 1950 dans une maison d'un quartier cossu de Londres. le couple que forment Antonia et Conrad Fleming depuis plus de vingt ans s'apprête à célébrer les fiançailles du fils aîné.
Comme à son habitude, le paterfamilias, toujours sûr de lui, s'amuse à écraser avec cruauté ceux qui n'ont pas son sens de la repartie.
Quant à sa femme, intérieurement affligée par son comportement, elle reste digne en toutes circonstances, habituée qu'elle est à maîtriser ses émotions et la peur qu'il lui inspire.
Comment en est-on arrivé là ? Comment un mariage qui aurait dû être heureux a-t-il pu sombrer à ce point dans une incommunicabilité et une incompréhension conduisant les époux à échanger au moyen de lettres ?
Dans un compte à rebours qui nous emmène en 1942, en 1937, en 1927, puis en 1926, à des moments essentiels dans la vie d'Antonia, Jane Elizabeth Howard retrace son parcours.
À dix-sept ans, Antonia est une oie blanche subissant l'indifférence de son intellectuel de père et les moqueries d'une mère toujours avide de séduire.
Une relation avec un homme plus âgé sera le déclencheur de son mal-être et d'une vie fondée sur le malentendu.
Avec une grande finesse psychologique et une grande modernité (le livre a été édité en 1956 en Grande-Bretagne), l'autrice fait le constat de la condition de la femme, réduite à un objet de désir et à sa capacité soi-disant innée à « tenir une maison », que les hommes s'emploient à modeler.
Malgré quelques longueurs, « La Longue-vue » est un roman intelligent et poignant avec un sens de l'introspection singulier qui est la marque de Jane Elizabeth Howard si lucide sur la comédie humaine faite de faux-semblants et de mensonges.

EXTRAITS
En la considérant, Mr Fleming trouvait difficile de croire à L'Origine des espèces.
Il était fatal, songeait-elle, de grandir aux côtés de quelqu'un.


Lien : https://papivore.net/littera..
Commenter  J’apprécie          50
Voici une histoire à la narration assez originale en ce qu'elle est construite à rebours. Nous commençons le récit en 1950 avec un couple désunis, Conrad et Antonia Fletcher, dont les enfants s'apprêtent à potentiellement gâcher leur vie amoureuse. Puis 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, la partie la plus courte, où Antonia semble totalement soumise à son mari. 1937, un tournant assez important dans leur vie. 1927, les tout débuts de leur mariage. 1926, les premiers émois de la jeune Antonia, vivant encore chez ses parents.
Dans ce roman, on découvre à l'envers comment les personnages évoluent et il arrive qu'on change d'opinion sur eux ; après tout, on ne peut pas vraiment juger les personnages sans connaître leur passé (qui arrive, ici, à la fin). On navigue dans les pensées des personnages qui semblent tous porter un masque pour paraître autre que ce qu'ils sont et/ou pensent.
Ce qui est particulièrement intéressant et ingénieux, c'est qu'on a des échos de ce qu'on lit, dans le passé, et donc plus tard dans le roman : on finit par comprendre certaines choses, paroles, actions, anecdotes, qui s'éclairent à la lumière du passé des personnages que nous découvrons en aval. le titre est ainsi particulièrement bien choisi car c'est comme si, de 1950, une longue-vue nous permettait de voir de plus en plus loin dans le passé, aux moments charnière de la vie de ce couple et plus particulièrement celle d'Antonia. Car ce roman, en plus de parler de l'incompréhension entre les gens, du manque de réelle communication et du fait que le paraitre à l'air plus important que l'être, est aussi un roman sur la place de la femme au début du XXe siècle, un tournant féministe, où certaines femmes tâtonnent entre le patriarcat ancré, l'émancipation, et la liberté.
C'est étrange car ce n'est pas du tout mon style de lecture habituel (j'aurais dit entre Proust et Austen) et pourtant je me suis laissée absorber par l'histoire et surtout les personnages et leur passé : comment en sont-ils arrivés là ?
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (272) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}