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sur 1331 notes
Les pages sur lesquelles s'inscrit L'homme qui rit ont cette particularité :
Elles se tournent mais ne se refermeront jamais.
Victor Hugo voulait instruire les hommes.
Politique, philosophie, poésie tout s'entremêle, se croise dans son récit.
Sa plume, tranchante, profonde, minutieuse, forte n'est jamais légère.
Tant de choses sont dites, annoncées, tant de mécanismes sont expliqués, tant de comportements dénoncés.
En ce 17e siècle, l'Angleterre a tranché la tête de Cromwell et les lords renforcent leurs pouvoirs assurant leur richesse, et maintiennent sous leurs talons la gorge du peuple.
La misère ne connaît pas d'époque.
Partout la même : aux mêmes causes, les mêmes conséquences.
À la lecture de ce roman, publié en 1869, comment ne pas revenir à la lecture des « Châtiments » ? Dans ces poèmes on y trouve déjà tout le récit.
À ceux qui dorment – 1853 : « Réveillez-vous, assez de honte ! »
Force de choses - Jersey 1853 :

« L'homme, adore à genoux le loup fait empereur ;
Qu'en un éclat de rire abrégé par l'horreur,
Tout ce que nous voyons aujourd'hui se résume. »

« Ce qu'on fait ici-bas s'en va devant ta face ;
À ton rayonnement toute laideur s'efface »

« le voyant, le savant, le philosophe entend
Dans l'avenir, déjà vivant sous ses prunelles,
La palpitation de ces millions d'ailes ! »

À l'obéissance passive – 1853 :
« Puisque les âmes sont pareilles à des filles ;
Puisque ceux-là sont morts qui brisaient les bastilles,
Ou bien sont dégradés ;
Puisque l'abjection, aux conseils misérables,
Sortant de tous les coeurs, fait les bouches semblables
Aux égouts débordés ;
Puisque l'honneur décroît pendant que César monte ;
Puisque dans ce Paris on n'entend plus, ô honte,
Que des femmes gémir ;
Puisqu'on n'a plus de coeur devant les grandes tâches,
Puisque les vieux faubourgs, tremblant comme des lâches
Font semblant de dormir,
Ô Dieu vivant, mon Dieu ! prêtez-moi votre force,
Et, moi qui ne suis rien, j'entrerai chez ce corse
Et chez cet inhumain ;
Secouant mon vers sombre et plein de votre flamme,
J'entrerai là, Seigneur, la justice dans l'âme
Et le fouet à la main,
Et, retroussant ma manche ainsi qu'un belluaire,
Seul, terrible, des morts agitant le suaire
Dans ma sainte fureur,
Pareil aux noirs vengeurs devant qui l'on se sauve,
J'écraserai du pied l'antre et la bête fauve,
L'empire et l'empereur ! »
Ils en feront un film. Soit...
Mais lisez Victor Hugo. Lisez tout de Victor Hugo.
Il a mis toute sa peine et tout son espoir pour nous écrire si bien, si généreusement que nous devons lire ses mots et ne pas nous contenter de regarder.
Hugo ne nous a jamais demandé d'être spectateurs, ils nous a toujours supplié de ne jamais oublier que nous étions Acteurs.
Chez Hugo, la vie n'est pas un spectacle de foire.
Pour nombreux elle est tragédie - voilà la honte.
Pour certains elle n'est que comédie - voilà leur songe.
« Réveillez-vous, assez de honte ! » voilà ce que Victor Hugo nous prédit.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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L'homme qui rit fait partie des livres que je suis sûre de ne jamais oublier. Un grand Hugo mais c'est un pléonasme, non ? Respect Victor !
L'histoire tient du génie et Victor HUGO est un virtuose.

Pour la forme, on y retrouve l'écriture foisonnante, passionnée, grandiloquente, lyrique de l'auteur. Pour le fond, c'est un pamphlet violent dénonçant l'injustice.

En quelques mots : Un enfant est abandonné sur une plage anglaise. Il s'appelle Gwynplaine et recueille un bébé qui gisait auprès de sa mère morte de froid. L'errance les mènera jusqu'à un bateleur qui comprend que Gwynplaine a été mutilé, atrocement défiguré. Pour les faire vivre, l'homme montera un spectacle mettant en scène l'orphelin. Gwynplaine sera alors connu jusqu'à Londres sous le nom de L'Homme qui Rit.... le mythe du monstre avec un coeur pur, comme dans Notre Dame.

C'est un récit à couper le souffle avec des descriptions formidables d'une nature déchaînée. Comme j'ai pu le lire dans plusieurs critiques, c'est vrai, le trait est un peu appuyé. On y trouve de nombreuses variations sur le même thème et une vision un peu manichéenne de l'âme humaine, noirceur ou pureté sans nuance selon les personnages.

Le compte détaillé par le menu du cérémonial des Pairs d'Angleterre est pour le moins lassant, mais cet aparté n'enlève rien à la force du roman.

La Scène de l'enfant au pied du gibet où tournoie un pendu secoué par la tempête et disputé par les corbeaux venus piller la dépouille, avec les bruits lugubres de la chaîne du supplicié, du vent déchaîné et des oiseaux fossoyeurs, est, je pense, l'une des plus fortes de la littérature. du moins, pour ce que j'en connais…c'est-à-dire, pas grand-chose, comme dirait Nastasia !
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Victor Hugo nous entraîne avec sa verve habituelle dans l'histoire de Gwynplaine, l'Homme qui Rit.
On s'engage alors dans un roman dense et fourmillant. L'histoire court de 1690 à 1705, en Angleterre. Hugo multiplie les scènes fortes, entre le cadavre goudronnée, la tempête en pleine mer, les prouesses de Gwynplaine, la duchesse ô combien perverse et pervertie...
A la fois portrait historique d'une époque et pamphlet social et politique, le récit décrit avec forces détails tous les univers rencontrés, que ce soit les pairies anglaises, l'exécution de la justice, ....
Il démontre également la spirale malheureuse à laquelle peut conduire l'accès à la noblesse. En effet, les malheurs s'abattent brutalement sur Gwynplaine au moment où la vérité sur sa naissance est révélée.A la Green-Box de saltimbanques, lieu étroit d'un bonheur simple succèdent des palais labyrinthiques, véritables nids de couleuvres, entre la duchesse Josiane, le noir personnage de Barkilphedro qui tisse sa toile telle une grosse araignée malfaisante, l'inintelligence et l'arrogance des Lords, ...

Avec les personnages de Gwynplaine et de Déa, Hugo met en scène deux âmes belles et pures, sous la garde d'Ursus et du loup Homo. Sous ses airs bougons de philosophe misanthrope, Ursus cache un coeur généreux et paternel.
Hugo joue beaucoup sur les oppositions. Ainsi le petit monde de la Green Box, indigent mais riche de lumière et de bonté opposé à l'aristocratie pervertie par sa puissance, son oisiveté et son argent. Ou encore quant à la mutilation faciale de Gwynplaine: lui si laid et difforme cache à l'intérieur une âme magnifique alors que l'aristocratie, personnifiée en particulier par Josiane, présente d'agréables visages qui révèlent des personnalités laides et tordues.

Gwynplaine, de par la chirurgie destructrice qu'il a subie, est l'homme condamné à faire rire les autres. Ce qui lui permettait de gagner sa vie de saltimbanque l'empêche cependant d'exprimer ses sentiments. Il n'y a qu'à lire la scène de son discours à la chambre des lords: se faisant l'avocat des petits, il ne reçoit de ses pairs que quolibets et rires sarcastiques. Il est ainsi condamné à n'être pas pris au sérieux, ses paroles, ses larmes, son désespoir étant noyés par le masque de rictus rieur qu'on lui a plaqué sur le visage.

En ce qui concerne le style du roman, Victor Hugo mêle les grandes envolées lyriques à la comédie. Il multiplie les longues digressions, ce qui peut parfois rebuter. Ses descriptions occupent tout de suite des pages et des pages, devenant parfois redondantes, notamment quant au désespoir de Gwynplaine vers la fin du roman. Son érudition impressionnante n'est pas sans une touche de pédanterie.
Malgré tout, L'Homme qui Rit est un roman majeur qui m'a complètement emballée. J'ai suivi avec grand intérêt le destin de Gwynplaine. On sent d'ailleurs combien Hugo s'est attaché à son personnage.
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Bon.
M. Hugo, il n'y a pas à dire, il envoie du lourd.
C'est romanesque, emporté, révolté.
Le style est à l'avenant, avec des quelques envolées brillantes, une ironie piquante.

L'oncle Victor, parfois (souvent) est agaçant,
avec ce côté "J'ai tellement plus de vocabulaire que toi pauvre lecteur! Je vais t'en mettre plein la vue".
Il faut aimer le vocabulaire maritime, quelques descriptions, digressions interminables, des leçons d'étymologie laissant pantois mon dictionnaire ("canapé", "boulevard" de mémoire)
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La misère des pauvres et le luxe des riches : l'homme qui rit est l'alchimie de ces deux extrêmes, une âme humaine qui oscille entre le bien et le mal.
Peu importe l'époque, le lieu ou la condition, l'argent et le pouvoir sont de terribles tentations pour tout homme, la générosité et le partage sont d'horribles sacrifices que peu d'hommes sont capables d'honorer et Victor Hugo n'a pas peur de le crier haut et fort, un roman d'exeption comme à son habitude
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LE Livre......
Je suis resté scotché a re lire absolument dans quelques temps
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Oubliez "Notre-Dame de Paris", oubliez même "les Misérables", et précipitez-vous sur ce chef-d'oeuvre.
Pour moi, le meilleur de Victor Hugo. Il est mieux connu que d'autres, mais le style est à son apogée et ne dessert pas l'intrigue.
Les descriptions tiennent du prodige, les personnages fascinants.
Je me suis incliné devant le génie.
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Un livre qui m'a coupé le souffle… Peut-être à cause des grandes phrases et des amples descriptions, mais surtout pour le côté envoûtant de sa lecture.
Une lecture qui n'est pas facile, un livre qui se gagne à la force du poignet… J'ai pu y rester plongée, happée pendant des heures et m'apercevoir que je n'avais pas parcouru 100 pages (d'un pavé qui en compte plus de 600 dans mon édition de poche). Mais que c'est agréable, que cela fait du bien à l'esprit de lire ces lignes érudites, travaillées, intelligentes (ne me croyez pas pédante ou élitiste ou intellectualiste, je ne pense être rien de tout ça, j'aime juste, de temps à autre, que l'on s'adresse à mon intelligence, qu'une lecture soit ardue, mais que cela en vaille la peine)…
C'est vrai que les longues digressions, les énumérations des lords et de leurs titres, possessions ou privilèges peuvent parfois être rébarbatives et il m'a fallu un peu de volonté parfois pour ne pas sauter quelques pages assommantes. Mais L'Homme qui rit n'en reste pas moins un livre prenant et passionnant.
Arrivée à ce point de ma critique, il faut que je confesse que ceci est en fait le premier livre de Victor Hugo que je lis (à l'exception d'une version abrégée des Misérables il y a bien longtemps et du survol d'un ou deux ouvrages…). Je ne sais trop comment j'ai entendu parler de ce livre, certes pas l'in des plus connus de Victor Hugo, mas je me souviens avoir tenté de le lire lorsque j'avais 16 ou 17 ans. C'est donc une relecture que j'ai faite ici, plus longue, plus attentive, où les digressions ne m'ont pas gênée dans mon envie de connaître la suite de l'histoire.
Et ce qui m'a le plus frappée, peut-être, c'est le sarcasme permanent dont Victor Hugo tisse son récit et ses descriptions du système politique anglais. Une royauté, où le bon vouloir du roi fait office de loi… Comment Victor Hugo, le pourfendeur de Napoléon peut-il en faire l'apologie, si ce n'est sur le ton de l'ironie mordante, où chaque phrase est un dard acéré planté dans le plumage de l'aigle fossoyeur de la Révolution et de ses idéaux. Je ne m'attendais pas à ce ton ironique, à cette écriture sempiternellement au second degré de la part d'un auteur que l'on pare d'habitude de tous les oripeaux du sérieux et de la gravité. Cela rend cette lecture jubilatoire, pleine de sourires en coin et de petits rires sous cape, certainement pas ce à quoi je m'attendais de la part d'un des monstres sacrés de notre littérature nationale !

Un mot de l'intrigue tout de même. L'Homme qui rit est Gwynplaine, enlevé enfant et défiguré afin d'en faire un animal de foire, et ce sur ordre du roi du fait d'une filiation gênante. Mais Gwynplaine vit heureux, ignorant ses origines, adopté par un philosophe bourru et son loup, aimé d'un amour pur par l'aveugle Déa. Les évènements, la fatalité, les jalousies et les mesquineries des grands de ce monde viendront troubler ce bonheur simple, le spectacle d'autrui se débattant dans la toile d'un difficile destin étant le remède préféré des aristocrates pour occuper leur oisiveté ostentatoire et leur mépris sans borne de ceux qui ne se sont pas donné la même peine qu'eux pour naître là où il fallait. Vient alors le temps des choix, mais aussi celui des désillusions quand celui qui se croit un destin, une mission, s'aperçoit qu'il ne peut rien contre la bêtise ou l'institution en place.
Une intrigue aux ressorts usés et re-usés dans la littérature, le gentil homme du peuple opposé aux aristocrates pervertis, mais Victor Hugo sait donner un tour particulier à son histoire et sait nous tenir en haleine, soit par des retournements de situation bien menés soir par des digressions au verbe maîtrisé. Et ne nous y trompons pas, sous couvert d'un roman historique, Victor Hugo parle bien de son présent, mais de notre présent aussi. Les systèmes politiques ont évolué en apparence, mais pas toujours dans les faits et cette oeuvre demeure d'une grande actualité.
Une très belle lecture pour de longues après-midi faites de solitude et de concentration. Je ne peux que recommander, encore et encore.
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Victor Hugo n'est jamais plus à l'aise que dans le grandiose, le gigantesque, le superbe, le foisonnant, le débordant, .....
Chaque page apporte son lot d'informations sur les lords anglais, sur la philosophie sociale, sur la beauté de l'amour, sur la force de la nature, à chaque page on trouve une formule, un morceau de bravoure, une réflexion profonde, une dissertation, un portrait, ...
Quel plaisir de lecture, même quand Victor en fait trop ...
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