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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Qui ne se souvient du désormais classique Trois hommes dans un bateau, où, il y a plus d'un siècle, Jerome K. Jerome emmenait les doubles littéraires de deux de ses amis dans une descente de la Tamise parsemée d'anecdotes comiques et de réflexions philosophiques sur le cours de l'existence ? En hommage appuyé à son devancier, Philibert Humm s'autoproclame capitaine d'un frêle esquif rebaptisé Bateau, et, pomponné d'un bachi de matelot, se lance à l‘été 2018 sur le cours de la Seine, de Paris à la mer, pour d'authentiques et savoureuses pseudo-aventures, pleines d'humour et d'auto-dérision, en compagnie de deux copains, Samuel Adrian et François Waquet, respectivement promulgués pour l'occasion quartier-maître écopier et major de l'expédition.


« La pratique du canotage présente un inconvénient majeur : il est nécessaire de ramer pour avancer. » Optimistes et débrouillards, les trois compères ont bien bricolé une voile de fortune. Mais, entre leur maladresse, l'indocilité du vent et la précarité de leur matériel, il leur faudra huit jours de rame pour parcourir les 360 kilomètres jusqu'à la mer, un effort ridiculisé par la vitesse de la route et du rail qu'ils ne cessent de croiser sous la forme d'imposantes oeuvres d'art plantées au milieu des détritus : viaducs ferroviaires et ponts autoroutiers. « Nous avions ramé la journée durant et n'étions qu'à neuf stations de la place de l'Étoile. » N'importe, la bonne humeur règne, et, nonobstant une ou deux prises de bec et quelques frayeurs dans les remous de péniches et les écluses, quand survient un orage ou lorsque Bateau chavire, le trio trace sa route entre les bivouacs à la belle étoile – même si souvent parmi les immondices -, et les rencontres inattendues ou programmées, comme ce pique-nique avec la famille Tesson sur l'île de Chatou.


Maniant fort bien la langue française, ses figures de style et son imparfait du subjonctif, l'auteur, faussement léger et très pince-sans-rire, profite des temps calmes de la navigation pour des « ventilations narratives », explorant très pittoresquement, voire même poétiquement, les lieux échelonnés tout au long de la Seine, et convoquant, l'air de rien, maintes références rares et érudites. Toujours drôle et railleur, le reportage de voyage devient jubilatoire lorsqu'avec le plus complet cynisme, l'auteur caricature son propre personnage dans un rôle de meneur autoritaire, arrogant et mesquin - « Je suis assez insensible aux grandes douleurs humaines, celles des autres en particulier » -, et lui fait endosser des réflexions amères, parfois très peu politiquement correctes : « La démocratie est une affaire trop sérieuse pour qu'on laisse s'en mêler n'importe qui. Ce qui met à mal ce régime, c'est qu'il s'adresse aux médiocres, à cause du nombre. (…) La loi du nombre mène immanquablement à la paresse et la ruine. »


L'on s'amuse de bon coeur au long de ce texte entièrement au second degré, dont l'esprit et l'humour ne déparent pas celui de son modèle anglo-saxon : une friandise que la qualité d'écriture et l'érudition de son auteur rendent franchement gastronomique. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Comme il est bon de rire, merci !

3 amis, à peine 30 ans, adeptent du "Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît car tu risquerais de ne pas t'égarer" décident sur un coup de tête d'une randonnée sur la Seine de Paris à Honfleur, au crépuscule de l'été. Ils embarquent à bord d'un canoé négocié sur le Bon Coin et voguent la galère.

A tous ceux dont l'aventure est au fond du jardin,
ou mieux encore sur le trottoir d'en face,
cette époquée nautique ravira votre goût pour le voyage de proximité.

Le long de la Seine, là où on rencontre des gens très ordinaires et plein de particularisme. C'est l'aventure du non-évènement.

C'est très drôle, absurde, enchanteur et avec le sens de la formule.
Certain reconnaitrons un hommage au classique britannique "3 hommes dans un bateau" de Jérome K Jérome. Et d'autres comme moi se suffiront d'une épopée non ordinaire mais tellement loufoque et fringuante !





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Voilà un écrit qui renouvelle totalement le genre "roman d'aventures". Il va sans aucun doute faire de l'ombre aux récits du célèbre voyageur qu'est Sylvain Tesson. Pas rancunier pour un sou, ce dernier a tout de même accepté d'y jouer les "guest star".

A la fois guide touristique, guide de survie en milieu hostile et bible du marin néophyte, son achat est un investissement rapidement amorti, surtout si vous avez pour projet de descendre la Seine jusqu'à la mer, à la rame sur une coquille de noix, accompagné de deux énergumènes encore plus incompétents que vous (si cela est possible...).

le style employé par l'auteur (qui pourrait faire pâlir de jalousie un Académicien) contribue grandement à mettre en valeur le côté sérieux de l'aventure. Les nombreuses références de qualité, littéraires ou autres, enrichissent fort justement le texte. Je me souviens notamment de l'une d'elle à propos d'un livre dont on ne parle pas assez souvent : "Martine prend le train".

J'espère que vous aurez compris que ma critique est à prendre au second degré tout comme le récit totalement décalé de cette aventure loufoque. J'ai accepté de me laisser porter au fil du courant (l'esquif n'avance pas vite), faisant le plein d'une multitude de non-évènements avec bonheur grâce à l'auto-dérision dont fait preuve l'auteur. Une parenthèse drôlissime qui invite à lâcher prise et qui fait du bien. J'accorde un 19/20 à ce livre lu dans le cadre de la sélection pour le Prix Passeurs de Mots 2024, auquel participe ma médiathèque, et dont le thème est pour cette année l'humour. Un bien beau programme...
C'est finalement vers ce roman que va se diriger mon vote. Il est en compétition avec "SamouraÏ" de Fabcaro (j'ai hésité avec celui-ci), "Les autres ne sont pas des gens comme nous" de J. M. Erre, "Miracle à la combe aux Aspics" de Ante Tomic et "Petiote" de Benoit Philippon.
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Déjà le nom et le prénom de l'auteur, puis la couverture et le titre, prêtent plutôt à la légèreté et à l'humour ; Non ? de fait si ce récit est d'aventure, il est surtout fait d'autodérision et de drôlerie. Car on est plus proche d'Oreille Rouge d'Éric Chevillard que des textes de Sylvain Tesson.
Jacques Dutronc se demandait si l'aventure est au coin de la rue, ici elle est au bout de la Seine, à trois dans un canoë pour deux, au départ de Paris. le plus dangereux sur la Seine c'est de boire la tasse ; dysenterie assurée ! Si vous cherchez ce genre de petites aventures, goûtez plutôt à la Loire … mais je m'éloigne 😉. Quelques rencontres, des anecdotes, des digressions philosophiques ou poétiques, le lecteur se laisse emporter par une écriture « relevée » mais infiniment légère. du coup les jolies citations pleuvent :
« Je crois que je serais très envieux des Français si je ne l'étais pas moi-même …»,
« de toutes les aventures, l'aventure amoureuse est sans conteste celle qui m'aura le plus dépaysé »,
« On trouve bien des enseignements dans les livres mais rien ne vaut à mon avis l'expérience personnelle »,
« … l'insouciance est l'un des ingrédients du bonheur, laquelle insouciance cesse d'être à l'instant même où on prend conscience de celle-ci … (il) raisonnait depuis des hauteurs qui me sont inaccessibles »,
« Je date d'ailleurs le déclin de l'Occident à l'essor des couleurs fluo, au début des années 1980 » …
Je vous recommande aussi une réflexion sur la démocratie et ses limites (et pas seulement à 3 sur un bateau) p.140/141, et une autre sur les loisirs, qui ne sont plus ce qu'ils étaient (décidément notre société capitalisto-libérale pourrit vraiment tout), p.188/189.
Un très chouette bouquin (qu'on m'a offert), que je compte prêter autour de moi, mais façon balle de Jokari, c'est-à-dire qu'il reviendra dans ma bibliothèque 😉.
Allez, salut.
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Mon Dieu,pour ramer,j'ai ramé sur la lecture de ce roman!
Ce périple sur un fleuve ,en l'occurrence la Seine ,que je connais bien ,habitant près du Havre,m'a semblé un calvaire: Trois hommes partis à l'aventure dans un canoë ,pas très fiable ,avec pour voile une tringle à rideau et un rideau de douche,de Paris au Havre ,sur la Seine;Cocasse ,me direz-vous ,et cela aurait dû me faire sourire ,hélas, mes zygomatiques sont restés de marbre.Je n'ai pas été réceptive à l'humour de Philibert Humm.
J'ai peiné à finir son roman ,lu dans le cadre de : Terres de Paroles : élection du prix: 1er roman.
Mais j'avoue que si le fond ne m'a pas conquis ,la forme ,le style a été pour moi excellent,l'écriture, parsemée parfois de mots nécessitant de regarder la définition à été positif.
Je regrette de ne pas avoir apprécié ce genre d' humour ,il en sera peut-être autrement pour vous si vous lisez ce 1er roman de Philibert Humm.⭐⭐⭐
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Ce petit livre est une pépite !! On passe un très bon moment aux côtés de ces jeunes apprentis marins qui sur un coup de tête, décident de suivre la Seine depuis Paris jusqu'à la mer sur un simple canot !

L'écriture de Philibert Humm est très drôle avec un phrasé qui me fait penser à un certain Mr Audiard et cette façon de décrire les personnages et les dialogues.

Un passage est à tomber, lorsqu'ils font une pause dans le village de Poses dans l'Eure, dans une brasserie en attendant que l'orage passe . Une scène qui pourrait tout à fait être interprétée avec messieurs Blier, Ventura ou Blanche!

Bref cette aventure fut un vrai régal et mon seul regret étant que la Seine ne fasse pas 2000km afin que ce livre soit plus long ;)
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Éric Neuhoff m'a coupé l'herbe sous le pied. Je lui pardonne, la cause est juste. J'allais commencer cette note de lecture en annonçant le livre le plus léger, le plus drôle, le plus malicieux, de la rentrée littéraire 2022. Mais l'éternel gamin de la critique littéraire et cinématographique, nez en trompette et épis capillaires en goguette, a clamé le premier son enthousiasme pour Roman Fleuve en première page du Service Littéraire d'octobre. de la même façon il traite Philibert Humm d'énergumène, ce que je m'apprêtais aussi à faire ici ; tant pis, il me reste : foufou, dingo et zozo.
Par contre Neuhoff a une formule lapidaire que je n'aurais jamais trouvée : “ Philibert Humm n'aura pas le Goncourt. Il n'aura que des lecteurs. ”.

Le plus loufoque de cette histoire est qu'elle a toutes les apparences de la véracité. Une photo dans le journal où Philibert Humm a été pigiste l'atteste. le bateau s'appelle bien Bateau, l'auteur-narrateur-capitaine au centre est fièrement coiffé d'un bonnet marin à pompon (je sais maintenant qu'on dit bâchi) ; avec ses deux copains (moins de 90 ans à eux trois) ils ont descendu la Seine de Paris à Honfleur au mois d'août 2018 dans un canoë à pagaies.

Le récit romancé de cette expédition intrépide, dont le titre est déjà une sacrée trouvaille, est dédié : “ À mon oncle Agathe. ” Ça commence bien. Suit une citation d'Alphonse Allais en exergue, puis une hilarante soit-disant note de l'éditeur.
Roman Fleuve est un hommage, subrepticement avoué à la page 235, à Three Men in a Boat de Jerome K. Jerome (1889).

À peine larguée l'amarre et quitté le quai sous le pont du Garigliano, nos trois marins d'eau douce perdent l'ancre du canot ! Peu importe : la débrouille, l'improvisation, et les muscles, feront office d'expertise et de préparation.
Il y aura deux chavirements judicieusement répartis au long de la navigation, des bivouacs au milieu des immondices sous des ouvrages d'art (pont de RER, d'autoroute, etc.), une mutinerie, des "ventilations narratives" quand il ne se passe pas grand chose sur l'eau, et beaucoup de mauvaise foi de la part d'un narrateur qui se pousse du col en aventurier donneur de leçons inutiles à ses subordonnés matelots. Ils ont bien du mérite : l'un comme écopier principal, l'autre en major autoproclamé ; ils sont de tous les chapitres, en permanence en but aux moqueries désobligeantes et mesquines de leur capitaine. On les plaint... pour rire.

Tout ça donne une lecture pétillante d'un bout à l'autre, et ça aussi c'est un exploit : tenir la longueur avec de l'esprit, de l'humour, et l'envie avant tout de donner du plaisir au lecteur. Un vrai bonheur.

Il y en aura certains bien sûr pour poser la question : est-il bien sérieux et responsable de lire (pour un lecteur ; et d'écrire pour un écrivain) léger quand l'heure est grave (ou qu'on croit qu'elle l'est) ?
C'est Philibert Humm lui même qui répond déjà dans ses Tribulations d'un Français en France (2021) :
"On me repro[che] aussi de verser dans l'anecdote et le calembour, de me livrer à des fantaisies, d'être un rigolo en somme. On me l'a pourtant fait copier cent fois : “Il n'est pas permis d'être léger quand l'heure est grave.” Depuis l'enfance, j'attends que cette heure passe. Je ne quitte pas des yeux le cadran. L'aiguille est comme grippée, elle n'avance pas. Nous devrions essayer de changer la pile."
Joli ? non ?

Lien : https://tillybayardrichard.t..
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Excellente lecture.
J'ai eu peur au début quand l'auteur nous parle de sa peur des cygnes. Je me suis dit : "si c'est tout le long comme ça, cela va être mortellement ennuyeux !". Car ce petit passage sur les cygnes m'a semblé gratuit et sans lien avec l'histoire. C'est l'avis de l'auteur de haïr les cygnes... et s'il continue ensuite avec des avis personnel sur tout, cela n'a aucun intérêt. Mais la suite m'a complètement séduit. le ton est léger, l'enjeu aussi, mais les réflexions ne le sont pas tant que ça. Et puis on sent à travers ces lignes l'amour d'un pays, l'amour des belles lettres.
C'est donc un véritable très bon moment de lecture que je conseille sans hésiter. C'était un cadeau de Noël, et un très beau cadeau !
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Un vrai plaisir de lecture dans ce monde de brutes ... ou plutôt le temps de l'évasion quand grondent les canons, les insultes, les outrages ... Ni viol, ni cancer, ni guerre, ni pandémie ! Ici, on prend le temps de souffler et de faire de l'humour, tout en se taquinant un peu sur des détails et en imaginant un monde meilleur, même quand le danger est imminent. J'ai adoré ce roman audacieux parce que hors norme, capricieux et joyeux, quoique souvent empreint d'une certaine tristesse née de la nostalgie.

Oh, comme j'aimerais en lire plus souvent des pareils !
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TROIS HOMMESDANS UN CANOT.
Frais, naïf, hilarant, tel est le style de cette épopée fluviale sur la Seine de Paris à la mer. Ces trois jeunes gens ne sont pas dénués de courage à s'embarquer, sans même l'expérience d'un scout marin, sur un canot à pagayes à deux places.
Tout arrive aux marins d'eau douce sans expérience : chavirage, canot suspendu au quai au jusant, arraisonnement par la police maritime, navigation entre les cargos comme un vrai passage du rail d'Ouessant.
Une comique Odyssée racontée à la Petit Nicolas de Goscinny doublée d'une visite historique des bords de Seine. A ne pas manquer!
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