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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« J'aime ton sommeil mieux que ta vie. Tu m'appartiens mieux quand tu dors. Au moins tu ne changes pas. Tu ne ris pas avec d'autres. Je ne voudrais pas que tu aies de petites intrigues avec d'autres. Je ne suis pas capable comme tes nouvelles camarades de vivre dans la haute atmosphère des livres. »

WOW quel roman ! Je viens vraiment de vivre une belle rencontre littéraire, à la fois tendre et intense. J'aurais tellement voulu que cette histoire ne prenne jamais fin et que je puisse la retrouver chaque soir, ne serait-ce qu'à travers quelques lignes, que je parvienne à lire entre les marges les sentiments amoureux qui y sont évoqués avec fougue et spontanéité. L'auteure et narratrice, Claudie Hunzinger, nous raconte les amours de sa mère Emma, dont elle ignorait l'existence jusqu'à ce qu'elle reçoive à ses funérailles un colis contenant des centaines de lettres. En parcourant les pages de ces mots tendres, elle redonnait vie à un amour plus grand que nature. Un amour passionnel, foudroyant, celui de sa rencontre avec Marcelle au début du siècle dernier, vers 1907.

L'auteure se souvient de sa mère comme d'une femme peu affectueuse, distante et incapable de proximité. Elle se questionne sur les raisons qu'elle a eu de rester toute sa vie silencieuse sur les sentiments qu'elle éprouvait envers Marcelle. Elle avait 17 ans à l'époque quand, dans un village de la Côte-d'Or, Marcelle et sa famille viennent s'installer tout près de chez Emma. Elles s'aperçoivent de loin, d'abord farouchement, puis se revoient à un bal du village. Au cours d'une deuxième rencontre, lors d'un mariage, elles se regardent à peine, toutes en émotions retenues. Marcelle « 2 ailes E », femme casse-cou, sauvage, troublante, excessive et « hautement inflammable » - est-ce suffisant pour la décrire tant le personnage est beau ? - a été amoureuse de sa mère. Elles ont vécu deux années d'amour passionné, période durant laquelle Emma est devenue femme, jusqu'à ce qu'une distance se crée. Marcelle, souffrante, la supplie de revenir, de se souvenir de leurs nuits et du désir profond installé sous les draps de leurs jouissances. Emma s'intellectualise. Dans le fossé qui s'est creusé entre elles, cette intellectualisation n'y est pas pour rien… Jalouse du savoir d'Emma, qui la plonge dans un sentiment douloureux d'infériorité à son égard, elle tente tout pour lui plaire. En vain…

Il y aura aussi Thérèse, Lucie, Marguerite… Mais le coeur du roman pivote autour de cet amour entre Emma et Marcelle. Déchirement de chaque instant, elles se quittent, renouent, se quittent encore jusqu'à la rupture finale. Claudie Hunzinger revient souvent sur la souffrance infligée par sa mère à sa partenaire. Elle exprime ouvertement lui en avoir voulu, ne pas comprendre, puis finit par se prendre d'affection pour Marcelle, l'incandescente. Sa mère pousse l'audace jusqu'à lui demander l'autorisation d'en aimer une autre. Qui était donc cette femme, secrète, puissante, indépendante et spontanée ?

Quoi qu'il en soit, les femmes qui habitent cette histoire sont toutes éprises de liberté. Elles vivent hors d'une époque, affirmées et rebelles. Elles sont belles et vivantes. Et l'auteure nous les raconte en épousant leurs sentiments aux beautés de la nature. Ce récit est une grande métaphore, un poème d'amour…

« Emma, vous avez l'amour de l'équilibre ; moi, celui des excès. Vous, plus de puissance de compréhension ; moi, plus de puissance de sensation. »

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« Vous êtes la fille la plus vivante que j'ai jamais rencontrée »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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De toute façon, c'est vrai, je suis une inconditionnelle de Claudie Hunzinger : je guette son nom sur les présentoirs des librairies et lorsqu'un livre d'elle sort, je me jette littéralement dessus. Je ne le lis pas tout de suite, oh non… je fais durer le plaisir. Je le tourne et le retourne, scrute dans les moindres détails la couverture, lis quelques pages, par ci, par là, pour me mettre l'eau à la bouche, et puis j'y vais, je fonce.
Je ne suis jamais déçue. Jamais. Je reconnaîtrais son écriture entre mille, pleine de sensualité, de poésie, de couleurs, d'odeurs, de sensations. Parfois je m'arrête dans ma lecture, comme frappée de beauté : une phrase toute simple, là, inattendue, légère, pleine de poésie, me transporte. C'est magnifique. Je fais une pause et la relis.
Et je crois que pour L'incandescente, Claudie Hunzinger s'est surpassée (mais je dis peut-être ça à chaque fois que je termine un de ses livres !)
Le sujet ?
La narratrice (Claudie ?) a quinze ans lorsqu'elle trouve, au fond d'une vieille armoire de famille, dans les affaires de sa mère disparue, un carton de lettres de jeunes femmes, des « enfants terribles », condisciples de l'École normale d'institutrices. Celles qui retiennent particulièrement son attention sont signées : Marcelle.
La narratrice, en parcourant cette correspondance, se rend compte que la jeune femme « habitait un recoin » de sa famille, qu'elle était là, sans être là.
Parce que sa mère l'avait aimée.
Marcelle écrit beaucoup, plusieurs fois par jour. «Voulant vous cacher que vous me plaisiez, je ne vous cachais pas que vous me déplaisiez ». Elle est une séductrice, Emma ne résiste pas.
Les deux femmes sont très différentes : « Si dès le début, Emma écrivait avec un projet littéraire derrière la tête, Marcelle, elle, écrivait pour envoûter Emma. »
Marcelle ne compte pas, elle donne, elle s'offre, écrit des « lettres sauvages, exquises, vénéneuses ». Elle aime les fleurs, en dispose dans toute sa maison, en envoie par la poste, en parle dans ses lettres : « Je voudrais voir des roses, je voudrais voir du lilas, du lilas lourd, du lilas chaud, du lilas qui s'écroule ». Elle a « des crises d'adoration pour les fleurs ».
Tandis que l'une veut devenir adulte, l'autre court dans l'autre sens, appelle les adultes « les barbares », grimpe aux arbres, court pieds nus dans la neige, se disperse, jaillit, rayonne, fille de feu insoumise. Elle « dit que le monde la possède et qu'elle veut le posséder en retour. » Emma, la sérieuse, la puissante, apprend, travaille, se concentre, aime aussi mais supporte mal que Marcelle lui fasse « connaître l'insoutenable expérience de la dépossession d'elle-même. » Elle a besoin de « garder le contrôle », de se maîtriser.
La fille d'Emma va donc écrire le roman de Marcelle. Peut-être est-ce ce qu'Emma aurait voulu. Qu'elle « prenne en charge ce ballot de lettres ».
Deux ans mythiques, de folies amoureuses, de danses dans les herbes. Puis, la séparation : Marcelle prend un poste en maternelle à Châtillon-sur-Seine, Emma poursuit en troisième année à Dijon et écoute attentivement les cours de Mademoiselle Aymé.
Marcelle écrit : « J'aime ton sommeil mieux que ta vie. Tu m'appartiens mieux quand tu dors. », « Je déteste Mademoiselle Aymé et son règne qui vous intellectualise. Vous allez disséquer même mes lettres. », « J'exige votre affection », « Emma, vous avez l'amour de l'équilibre ; moi, celui de l'excès. Vous, plus de puissance de compréhension ; moi, plus de puissance de sensation. »
1928, Marcelle tombe malade : la tuberculose. Elle doit se rendre au sanatorium des Instituteurs de Sainte-Feyre, dans la Creuse, « genre de paquebot immobilisé au milieu du murmure des eaux… On y meurt atrocement. On meurt sans en avoir l'air. Lentement. »
« Emma, si je meurs, m'écrirez-vous ? » lui demande-t-elle…
On y vit aussi, comptez sur Marcelle pour faire du bruit, rire aux éclats, lire des poèmes… un vrai gang de jeunes filles tenant à peine debout et qui courent à perdre haleine dans les couloirs et les jardins… au risque de se faire renvoyer.
Chaque jour, la narratrice, fille d'Emma, se plaît à lire les lettres de Marcelle, à retrouver Marcelle. Elle lui ressemble, songe-t-elle…
Il y aura aussi les autres filles : Hélène, Thérèse, Marguerite dont les portraits et les mots parcourent les lettres : « Des êtres un peu fantastiques, hybrides, moitié chevelure de fée et sabre, moitié dragon et pieds nus. »
Des femmes qui resurgissent, qui renaissent à travers les lettres : elles ont étudié, se sont aimées, ont souffert. Certaines sont mortes bien prématurément, d'autres ont été torturées, anéanties par l'Histoire. Mais, elles ont vécu. de chacune d'elles, il eût été possible d'écrire un livre, la tentation est grande parfois de s'aventurer du côté de Thérèse, petite Antigone, ou d'Hélène.
Et puis, il y a un autre paquet de lettres dans l'armoire : celles de Marcel avec un seul l, écrites en allemand… C'est l'Histoire qui s'invite, « avec sa grande hache », comme disait Perec. le mari d'Emma s'appelait Marcel : « les deux grandes passions d'Emma portaient le même prénom ». Il est des hasards dans la vie… En 1940, suite à l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, il faisait partie de ceux qui avaient dû se reconvertir par la force « de Français en nazi ».
Parler du père aussi, peut-être, un jour…
Des portraits flamboyants, généreux et sauvages de femmes vivantes et aimantes, sans retenue. Un hymne à la vie et à l'amour à l'état pur comme un diamant. Un texte de toute beauté qui brûle de sensualité et de folie, la folie de celles qui aiment, malgré tout.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Une vieille armoire, réouverte. Des liasses de lettres, éparses. Des bribes d'un passé, insoupçonné. Des mots posés sur des existences, étourdissantes. Celle d'Emma, l'incandescente et Marcelle, la virevoltante. Amies, amantes, âmes soeur. Les années 20, les années 30. le tourbillon de la vie. Et la narratrice, fille d'Emma, qui des décennies plus tard, parcourt ces vies, à travers les lignes, au détour des phrases, entre les mots. Et envisage, au-delà de la page. À cela se mêlent les souvenirs d'enfance de la narratrice – l'auteure... –, qui tour à tour les éclairent et les assombrissent. S'esquissent alors la pudeur, la crainte, la tendresse, la confusion, et les perceptions, les sentiments, les couleurs du temps, le parfum des fleurs. Quant au personnage de Marcel – sans « 2ailesE » –, déroutant homonyme, le futur mari et père des enfants d'Emma dont l'esprit plane au-dessus des lettres, il se fait jour au fur et à mesure des réminescences de l'auteure augurant un prochain livre qui le révélera.
Pour l'heure, nous suivons le fil de l'histoire de Marcelle. Celle qui a tant aimé Emma. Un amour qui commence à l'adolescence sur les bancs de l'école. Deux jeunes filles aux caractères opposés, mais fascinées l'une par l'autre. Marcelle est vive, légère, naturelle et spontanée, proche de la nature et des éléments. Emma est réfléchie, cérébrale, elle veut tout maîtriser, tout dominer. L'air et le feu. Marcelle deviendra maîtresse d'école, pas à la hauteur d'Emma qui elle, poursuit ses études pour enseigner la littérature. Un jeu de correspondances s'installent alors entre les deux jeunes femmes. Emma répond avec parcimonie aux lettres de Marcelle, s'éloignant doucement au bras d'une certaine Thérèse... mais Marcelle persévère... jusqu'à ce que la tuberculose s'insinue dans sa vie. le sanatorium, la mort qui rôde, la rencontre et la perte d'amies, la peur, la souffrance, les soubresauts de la vie.
Un roman de l'intime, de l'amour, de la mort, de la mémoire, de l'embrasement. Des fragments de vies, restitution et rêverie entrelacées. Et le rayonnement d'une phrase, que je n'oublierai pas : « La littérature n'est-elle pas l'enfance retrouvée. »
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Marcelle et Emma se rencontrent un jour d'été 1923, dans un petit village de Bourgogne. La blonde et la brune, la raisonnable et la fantasque, s'aiment passionnément et se le racontent dans des lettres. Toutes deux éprises d'émancipation et de connaissance, elles commenceront leurs études ensemble avant d'être séparées par des problèmes d'argent, des choix de vie opposés et enfin par la maladie qui enferme Marcelle dans l'atmosphère ouatée et mortifère des sanatoriums tandis qu'Emma prend son envol dans le monde. Mais jamais ou presque, Marcelle ne cessera d'écrire à ce premier grand amour, cette âme soeur inégalée.
L'autrice et plasticienne alsacienne Claudie Hunzinger est la fille d'Emma, ce personnage qui apparaît en négatif dans le livre, à travers les lettres que lui adressait Marcelle. Dans cette correspondance sur laquelle se base le récit, Marcelle, dont l'autrice dit avoir trouvé en elle une soeur, y dépeint une histoire d'amour d'une force et d'une audace étonnante. Ce roman, d'une grande sensibilité et écrit dans une langue magnifique, fournit également un tableau de la condition des femmes durant ces “années folles”, parenthèse de légèreté entre deux tragédies qui auront particulièrement touché l'est de la France où se déroule l'histoire.
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