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« Les variations Goldberg » avec à la baguette Nancy Huston. Affiche au combien alléchante. Un soir d'été une jeune virtuose du clavecin offre à un cercle d'amis ce moment de grâce. Nancy Huston pénètre dans le cerveau de chacun au rythme des fameuses variations. La musique adoucit les moeurs, l'écriture talentueuse de la canadienne aussi. Finesse, intelligence, cette parenthèse enchantée est un vrai bonheur de lecture. Et histoire de prolonger le plaisir , on s'octroie le droit de prendre un trente et unième siège pour écouter la musicalité du texte sur la partition de Bach. Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Merci Madame Huston.
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Il est toujours étonnant d'entendre ses voisins de travée étouffer une bonne grosse toux dès que la lumière s'éteint dans la salle. Au théâtre, au concert, dès que les conversations cessent, le corps prend sa revanche : alors même qu'on s'apprête à célébrer l'Art et l'Absolu, voilà le grattement de gorge qui s'immisce.
Et quand bien même nous pourrions oublier nos narines qui picotent ou nos genoux qui atteignent presque notre menton (les places n'étaient pas chères, on aurait dû se méfier), en écoutons-nous pour autant les interprètes en frac ou robes longues pour qui nous faisons silence ? Bien sûr que non. La musique ne sert que de bruits de fond à nos pensées, des plus triviales (« Les Quatre Saisons », ah oui, faut que je rappelle Pôle emploi) aux plus cruelles (Ça lui fait quel âge, maintenant, à la mezzo ?) en passant surtout par un stream of consciousness carabiné qui nous emporte des dernières vacances ( con allegrezza) aux prochains motifs d'engueulade (rinforzando).
Nancy Huston s'immisce dans la tête de 30 spectateurs (et une claveciniste) et de cette forme un peu futile, c'est tout ce qui reste des variations Goldberg. La musique comme passe-temps. « Et est-ce qu'ils se rendent compte qu'ils vieillissent en m'écoutant ? » se demande l'interprète. La musique pour ne pas s'avouer qu'on n'a rien à se dire. « Vite ! la radio. Un peu de reggae. Ça nous remet ensemble. On risquait de partir chacun dans sa parano privée. Maintenant on peut taper du pied ensemble, ça montre qu'on est sur la même longueur d'onde. ». La musique pour se la péter. « La musique, c'est la fuite chic […] Tu peux prendre un air pénétré, ajuster ton corps dans la position numéro 52 dite de Béatitude esthétique, puis te payer une heure de fantaisies gratis et bye-bye Bach. » La musique pour s'endormir. « le silence a été maté, et je suis comme pulvérisé par la musique. Si je parviens à prolonger cet état encore quelques minutes, le temps de me déshabiller, de mettre mon pyjama, d'accrocher mes vêtements dans l'armoire et de me laver les dents, je tomberai enfin dans un sommeil de plomb. » La musique pour civiliser notre sauvagerie. « Les filles qui pleurent, les garçons qui rêvent d'être Mick Jagger ; les milliers de spectateurs qui se piétinent pour arriver plus près de la scène, plus près des cinq corps fétiches, si bien que ces corps doivent être entourés et protégés par une douzaine d'autres corps d'hommes forts, sans quoi la foule arracherait aux musiciens leurs chemises, leurs pantalons, leurs instruments, leurs chaussettes et leurs cheveux : la volonté de destruction inhérente à ces soirées ne pourrait plus être contenue. » La musique parce qu'il est bon d'y être sensible. « Je pleure parce que c'est beau ! Mais qui t'a dit que c'était beau ? N'est-ce pas parce que tu connais les noms de Bach et d'Oïstrakh que tu penses que ça doit être beau ? » La musique parce que le classique est une histoire de classes. « C'est ainsi que la musique que nous sommes en train d'entendre fut appréciée : par les grandes dames des salons littéraires et leurs amis oisifs, sous des chandeliers et des plafonds peints en or, alors que la grande majorité des Français vivait dans la misère. »
Enfin, ça, c'était avant. Aujourd'hui, il manque une 31° variation qui les engloberait toutes : la musique vivante parce qu'avoir des voisins qui se raclent la gorge, soufflent bruyamment et sont trop grands d'au moins 15 cm, depuis un an, on en rêve tous.
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40 ans déjà que ce livre a été écrit.
Et il n'a pas pris une ride.
Un des rares Nancy Huston que je n'avais pas encore lu, et encore une révélation.
Je ne me lasse pas de son talent et de la finesse de son écriture.
Liliane Kulainn, célèbre musicienne, convie trente de ses amis à un concert de chambre.
Elle interprétera au clavecin Les variations Goldberg de Bach.
Et chacune des variations sera représentée par les pensées d'un invité.
Un vrai bonheur que cette lecture.
Chaque personnage est une personnalité attachante.
Certains sont en accord total avec la musique, d'autres y sont plutôt indifférents.
Chaque variation donne envie de l'écouter.
Je pense d'ailleurs que je le relirai un jour en les écoutant.
De la musique, de la sensualité, des réflexions diverses, une écriture parfaite.....
Que demander de plus pour un lecteur ?
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Le premier texte, ARIA, prend des allures d'angoisse du gardien de but au moment du penalty. Une concertiste s'interroge sur sa capacité à respecter (en 96 minutes) le tempo d'une oeuvre écrite il y a deux siècles par "un monsieur qui portait une perruque poudrée" et de la capacité du public à la comprendre, à l'apprécier, à la ressentir conformément à ce qu'elle l'exécutante sous "la contrainte de performance" et le "vieux monsieur" en ont imaginé...
La comparaison entre l'interprète de conférence choisissant ses mots, son vocabulaire, le ton, le phrasé, et la concertiste est juste. Les mots et les notes pénètrent par l'oreille et dans le premier cas sont filtrés par le cerveau.
"Mais une note de musique, ça ne veut rien dire. Une note plus haute ?Une note plus basse ?(...) Un peu de rythme ? Une reprise ? Ça va, vous sentez les larmes venir ?"
Autour de ce thème, les trente variations et les deux ARIA de Nancy Huston interrogent la composition musicale, sa transposition au XXème siècle, sa signification sociale, "musique classique musique de classe" dit Manuel dans le texte XXVIII, "j'écris jamais avec un clavier. J'écris avec l'infini" affirme Jules Serino...
Chaque texte est l'occasion d'explorer une dimension de ce qui fait notre rapport à la culture, à la création, toujours avec la même distance qu'est supposé avoir le concertiste lorsqu'il exécute une oeuvre en se demandant pourquoi et pour qui il le fait, pour lui, pour honorer le compositeur, pour le public, pour rien, pour la gloire ?
Nancy Huston propose plusieurs niveaux de réponse pour susciter notre propre interrogation : pourquoi ?
De l'étudiante qui se lève chaque matin à six heures pour faire ses gammes au concertiste chevronné qui s'interroge sur l'authentique, au journaliste désabusé interrogeant les rigueurs de la performance des musiciens, aux amants qui se séparent tout doucement sans faire de bruit, tout incite à rejoindre et à faire notre les variations de Nancy Huston...
Admirable !
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Quelle magnifique idée que ces variations…humaines ! Car qui n'a pas eu lors d'une audition, d'une conversation, d'un discours quelconque, son esprit qui partait de manière incontrôlée dans des pensées ou vers des horizons lointains, pour revenir, après quelques secondes d'égarement, vers l'objet duquel son esprit s'était détourné ? Nancy Huston nous fait découvrir, par ce stratagème, trente personnages, trente façons d'être, trente façons d'envisager la vie, l'image de soi, la relation aux autres,… le style est précis, rapide. On est comme dans un film Choral et on en sort enchanté. Un vrai régal.
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Quelle belle mélodie que celle des mots de Nancy Huston! Tout comme j'avais adoré lire "Dolce Agonia", j'ai beaucoup apprécié "Les variations Goldberg", premier roman de l'auteur, où dans un style un peu différent mais avec la même finesse et une profondeur similaire, elle nous invite à découvrir tour à tour les pensées intimes de quelques humains qui se trouvent, plus ou moins par hasard, réunis ce soir de la Saint-Jean, autour d'un clavecin, pour écouter une amie commune interpréter les variations Goldberg de Bach.

30 variations - 30 invités - 30 tranches de pensées et de vies... le style change au fil du récit, selon le personnage qui pense, mais il reste tout au long puissant et prenant grâce à des phrases courtes et d'une grande force d'évocation. Portés par cette l'écriture belle et dense, les réflexions que les protagonistes partagent avec nous prennent une consistance et une intensité très touchantes.

Alors à quoi pensent-ils ces intellectuels de tous bords, que seul leur amour de la musique et peut-être leur amitié pour l'interprète rassemble ce soir? Ils pensent à la musique bien sûr! A Bach aussi. A l'art et à la culture, et à la place de celle-ci dans notre société. Mais ils pensent aussi à l'amour, à l'amitié, au passé, à la nourriture, au sexe... Quand on se lance dans le libre courant de la pensée, il ne faut pas s'attendre à quelque chose de compacte ni de linéaire, alors quand ce sont 30 personnes qui pensent, on s'imagine bien que ça explose dans tous les sens!

Avec une grande sensibilité et son habituel regard sur la nature humaine, acéré et doux à la fois, Nancy Huston nous offre avec "Les variations Goldberg" un joli petit bijoux d'intelligence. Je vous le recommande chaudement, et vous invite bien entendu à le lire en écoutant les fameuses variations de Bach que le récit épouse parfaitement!
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J'avais déjà lu trois ou quatre livres de Nancy Huston dont Dolce agonia que j'avais beaucoup aimé pour sa réjouissante cruauté. Amoureux de musique classique (Les Variations Goldberg j'en possède quatre versions sans compter toutes celles que j'ai pu écouter sur You Tube ou en concert...), et sachant que ce titre éponyme était le premier livre de notre canadienne j'en ai commencé la lecture avec un à priori plus que favorable. L'ouvrage a la particularité de calquer l'oeuvre de Bach : trente variations donc trente chapitres. Plus le thème, une aria, qui revient après la trente et unième variation ; la boucle est bouclée. Liliane, claveciniste émérite (pas professionelle mais beaucoup plus qu'amateur) invite trente de ses amis a un petit concert privé. Les trente variations de Bach vont se transformer en trente variations hustoniennes sur chacun des invités. Je dois avouer (je devais être "à l'ouest" comme on ne dit pas chez moi :-) n'avoir pas du tout "embrayé" sur l'histoire. Dés le second chapitre j'ai perdu pied (mais c'est qui celle-là ? qui parle ?), heureusement les chapitres sont courts (on peut les lire le temps que la claveciniste joue une variation...si on lit vite...), et puis je me suis souvenu de Dolce agonia livre dans lequel Nancy Huston avait utilisé une technique semblable : passer chaque invité au scanner , lui faire accoucher ses pensées intimes hors la comédie sociale. Ici les trente invités monologuent loin de la musique de Bach. Comédie sociale, comédie, comédie...si proche de la tragédie pour certains de nos mélomanes d'un soir. Une fois compris le procédé ( même la lecture de la 4e de couverture ne m'avait pas parue très explicite...c'est dire) , je me suis délecté des tranches de vies, si exotiques pour moi, toutes plus ou moins reliées ensemble (c'est ça qui est dur, relier qui à qui ) . Certes, tous ces protagonistes fanfaronnent dans un milieu social bien défini (non, il y a un ouvrier, enfin un artisan, il est menuisier...), mais soyons prince, passons outre....
Et au fur et à mesure que Liliane enchaînait les variations mes impressions premières se sont évaporées : oui ce livre est une réussite magistrale , dès lors que l'on a compris le "procédé". Nancy Huston a composé son livre ,tel Bach, en écrivant trente variations sur un même thème : la difficulté de vivre : " Nous sommes tous au fond d'un enfer dont chaque instant est un miracle" , c'est de Cioran et je trouve que ça s'applique merveilleusement à ce livre et à l'oeuvre de Nancy Huston même si je crois savoir qu'elle n'aime pas trop ce penseur nihiliste....
Une fois terminé ce livre il faut écouter (ré-écouter) les Variations Goldberg. MA version : Zhu-Xiao-Mei. Au piano bien sûr (Liliane ne serait pas d'accord..). Pianiste chinoise qui me fait verser des larmes autant par ce qu'elle joue de Bach que par sa propre vie.
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Quand le moral ne va pas trés fort , Nancy Huston invite pour un voyage assez incroyable élaboré sur les bases de cette oeuvre magistrale de la musique classique . Et le résultat c'est une oeuvre magnifique , qui prend le lecteur dans ces filets pour un voyage que l'on oubliera pas .... La maestria de l'écriture , l'habileté scénaristique , tout cela et plus encore , autant de qualités dans un livre magique qui fait du bien . En complément on à envie de mettre en fond le cd de cette piéce majeure de la musique classique , et au final on est pas loin du bonheur . Un trés grand livre à découvrir !
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C'est apparemment le premier roman de Nancy Huston et je dois dire que je suis assez déçue. J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour entrer dans la structure de ce drôle de livre.
Une femme, Liliane, interprète lors d'une soirée privée les variations Goldberg, de Bach. le concert dure une heure et demie et tout au long de cette narration, Nancy Huston prête à chacun des auditeurs de pensées plus ou moins en rapport avec la musique, souvent aucun rapport d'ailleurs.
Je ne suis pas entrée dans les histoires de chacun, je n'ai pas compris tout de suite qu'il y avait, en fin de livre, la liste des participants...
Par contre j'ai écouté ensuite la musique de Bach avec plaisir.
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Une jeune femme invite ses proches à l'écouter jouer les Variations Goldberg, de Bach, au clavecin. 30 variations, 30 chapitres, 30 invités tour à tour narrateurs. On perce les pensées et les émotions de chacun. Au fil des pages se tisse un ensemble cohérent, une histoire collective émerge au travers des histoires individuelles.
Un style dense, poétique, sensible, au service d'une construction littéraire originale.
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