Les variations Goldberg/
Nancy HustonNancy Huston est une écrivaine franco-canadienne née en 1953.
Sa carrière de romancière commence en 1981 par «
Les Variations Goldberg ».
Musicienne avertie elle joue du piano, du clavecin et de la flûte et la musique intervient souvent en toile de fond dans ses romans et notamment dans celui-ci.
Le style de ce récit est assez différent de celui plus épuré et allégé de son roman «
L'Empreinte de l'Ange » publié en 1998 et que j'ai commenté par ailleurs.
En effet l'auteur use de styles différents selon les variations c'est à dire selon les personnes concernées par cette réflexion.
Il faut reconnaître que
Nancy Huston fait preuve d'une belle originalité en utilisant comme canevas de son roman l'aria et les trente variations du chef d'oeuvre de Bach pour nous offrir une mélodie des mots tout en finesse et subtilité qui analyse les pensées des trente personnes réunies autour de ce clavecin qui égrène ses notes dans la nuit de la
Saint Jean sous les doigts magiques de Liliane, virtuose reconnue. Un moment où le temps suspend son vol.
Tous les grands thèmes sont abordés, l'art, la culture, la musique, l'amour, le sexe, l'amitié et cette romance s'épanche avec une grande sensibilité.
« La musique est bâtie sur le silence. » Paradoxe, mais vérité essentielle.
«
Les Variations Goldberg reprennent non pas la mélodie du thème, mais seulement l'agencement de ses harmonies. »
« Je regarde les gens autour de moi, je me dis : est-ce qu'ils savent seulement qu'ils sont vivants ? »
Cependant l'intérêt des réflexions proposées par l'auteure est inégal : on ne voit pas toujours le rapport avec les Variations de Bach. de tourner trop souvent un avis en dérision finit par lasser.
Certains points de vue sont discutables et il est regrettable que de façon péremptoire
Nancy Huston nous assène ses convictions. Ou alors ce sont celles des personnages présents. On ne sait pas. Comme par exemple :
« On est tellement habitué maintenant à la virtuosité qu'on joue Bach à toute vitesse comme si c'était du Chopin ou du Liszt et les pianistes bousillent la polyphonie…Quel scandale, quand même, les gens qui jouent Bach au piano ! » Assurément,
Nancy Huston ne semble pas aimer le jeu de
Glenn Gould !
En résumé un ouvrage original écrit par quelqu'un qui visiblement aime la musique.